Ne me fais pas panser par qui n’a pas été blessé — proverbe
Le ciel ténébreux offrait une sensation que le dompteur de vent avait bien du mal à assimiler. Tout dans cette étendue obscure le faisait se questionner. Pourquoi était-ce la seule région à devoir subir un tel exploit climatique ? Comment une telle prouesse pouvait elle se présenter aux hommes ? La magie avait ce goût étrange en bouche, celui que l'on aurait du mal à discerner, celui sur lequel il est impossible de mettre une identité exacte. En cela, Olvera possédait des points communs avec les habitants de la vallée, il les respectait pour ce choix et ne les voyait pas comme de mauvais bougres. Ils avaient simplement choisis une autre voie.
Pour autant il avait fait son choix, il savait qu'un jour il devrait peut-être prendre les armes contre eux afin qu'il accepte de se placer sous le même étendard que lui. Caer Hrid avait la possibilité d'offrir un nouveau monde, un réel avenir radieux et cela, nul ne pouvait prétendre vouloir se mettre sur le chemin de sa nation. Mais ce jour n'avait pas encore pointé le bout de son nez et Olvera comptait bien profiter de sa liberté de ces dernières semaines pour venir analyser la situation à la frontière. Enfin, c'est ce qu'il comptait faire jusqu'à qu'un étrange imprévu ose venir interrompre ses plans. Cette chose, elle avait osé s'en prendre à lui.
Un animal, cette créature sauvage. Une veste sur le dos, Olvera arborait une capuche dissimulant le dessus de son visage, ne dévoilant que ses lèvres un brin pulpeuses. Il marchait le bras pendant vers le sol, ne réalisant qu'une fois dans l'avant-poste que de goûtes de sang dévalaient ses doigts pour finir leur course contre les dalles au sol. La blessure était superficielle mais plutôt douloureuse — il allait devoir compter sur les autres. Une pause. L'homme devait s'arrêter un instant ; avec lenteur il appuya son dos contre le mur, libérant un soupir en longueur. « Super... » Douce ironie tandis qu'il fuyait les regards des passants.
He walks the stone, slabs under the pale glow of the magical lighting.
Olvera & Líf
Houleuse découverte
Il arpente les dalles de pierres, sous la pâle lueur des éclairages magiques. Líf vient rarement à l'Entre-Guerre, il ne s'y risque pour ainsi dire que pour tenir un étal dans le bazar, dans lequel il présente quelques uns des derniers ouvrages que la librairie a pu acquérir. Entre deux présentations d'une réécriture des grands classiques ou d'une oeuvre totalement originale, le temps ne manque pas et très souvent, le jeune homme vagabonde à droite à gauche, découvrant ainsi de nouveaux visages, de nouveaux horizons par la présence d'habitants des autres nations.
C'est durant une de ces échappées qu'il l'aperçoit, cette silhouette encapuchonnée, adossé à un mur. En temps normal, sans doute serait-il passé à côté sans réagir, sans même le voir. Mais là, quelque chose attire son attention. Peut-être est-ce dans la posture, peut-être est-ce dans la stature, mais toujours est-il que son regard s'est arrêté sur lui un instant. Et c'est ainsi qu'il remarque les quelques gouttes qui tombent de son bras pour former une petite étendue sur le sol. En effet, il y avait bien quelque chose à voir. "Excusez-moi... Est-ce que tout va bien ?"
Non, bien sûr, ça ne va pas. Mais Líf ne sait vraiment comment aborder le sujet autrement, face à un inconnu. Il ne veut ni le brusquer, ni manquer de tact, ni même le faire paniquer en sur-réagissant. Et puis, il n'est pas médecin ou soigneur, il est donc incapable de définir la gravité d'une blessure, encore moins en comptant simplement le nombre de gouttes qui tombent de son bras. "Qu'est-ce qu'il vous est arrivé ? Ah, non, le plus urgent, c'est de vous trouver de l'aide... Vous pouvez marcher ? Les tentes et bâtiments de soin ne sont pas loin !" Et il tend sa main à l'inconnu, pour lui indiquer qu'il peut l'aider à marcher si besoin était.
Ne me fais pas panser par qui n’a pas été blessé || proverbe ▬
Appuyé contre ce fichu mur froid Olvera releva discrètement le tissus au niveau de son épaule. La plaie était béante, plus profonde qu'il ne l'avait imaginé. Le trajet l'avait sans doute fait perdre plus de sang qu'il ne l'imaginait d'où ce besoin de se maintenir contre cette paroi. Le soldat avait encore tout ses esprits et ne se félicitait pas de cette situation pathétique qu'il avait bien du mal à constater sans se flageller l'esprit. Pourquoi n'avait-il pas pris cette bête plus au sérieux ? Sur le point de repartir malgré la tête qui ne cessait de lui tourner, il constata la présence d'un inconnu face à lui. Prêt à le dévisager — comme il le fait si bien d'habitude, Olvera se ravise aux mots de ce dernier. Si tout va bien ? Bien sûr que non. En soit l'homme était rassuré d'avoir attiré l'attention d'un passant pour autant, il était tout aussi agacé de se donner ainsi en spectacle.
Il lui fallait assumer. « Pas vraiment non. » Redressant un peu le menton pour le regarder, Olvera mima une mine affaiblie, une goûte de sueur se permettant de dévaler son visage. « Les mots m'écorchent la bouche mais je vais avoir besoin que vous me guidiez inconnu. » Et c'est tout. Le dompteur de vent remarqua la proposition, la main tendue en signe imagé d'une proposition d'aide mais préféra la refuser. Douce dignité quand tu nous tiens entre tes griffes. Avec lenteur il se détacha du mur, plaçant sa main sur son épaule gauche histoire de contenir tant bien que mal l'afflux sanguin. « Je vous laisse passer devant je vous suis. » Ce qu'il fît en espérant de tout cœur que les tentes n'étaient effectivement plus très loin.
Tant bien que mal il mettait un pied devant l'autre. Sa vision se voulait encore nette tandis qu'il accentuait la crispation de ses doigts au niveau de cette fameuse blessure. Son bras en mauvais état, lui, se contentait de pendre dans le vide dans l'espoir de pouvoir se mouvoir ne serait-ce qu'un peu. Olvera devait parler, aussi court pouvait être le trajet il ne devait en aucun cas s'effondrer. « Navré de prendre de votre temps, mais je... » Légère crispation de douleur tandis que le Caerien reprenait comme si de rien était. « Je m'appel Olvera. » Vaine tentative de créer du contact, son regard se figeant à présent sur les dites tentes.
The stranger seems to have a rather ill-placed pride in view of his condition, but whatever.
Olvera & Líf
Houleuse découverte
L'inconnu semble avoir une fierté assez mal placé au vu de son état, mais qu'importe. Sa proposition refusée, Líf se met en marche, s'assurant de ne pas aller trop vite pour le blessé. Et rapidement, le jeune homme commence à se demander s'il fait bien de l'aider. Non pas parce qu'il pourrait être dangereux, mais simplement car il ne sait pas réellement comment l'aborder désormais. Bien sûr, c'est un questionnement purement rhétorique, car quoi qu'il en soit, il l'aurait aidé malgré tout. Est-ce qu'il doit parler ? Se taire ? De temps à autre, il se retourne pour s'assurer qu'il est toujours là, mais discrètement, pour ne pas donner l'impression de trop s'inquiéter non plus, pour ne pas froisser sa susceptibilité. Ah, qu'il est difficile de contenter un ego trop massif.
"Vous ne me dérangez pas du tout, ne vous en faites pas ! Je faisais une petite pause, donc aucun souci." Il faut être franc, l'étal qu'il tient n'est pas le plus visité de tous ici, donc le laisser seul aussi longtemps, peu de risque. Et malheureusement, rares sont les personnes de passage à l'Entre-Guerre qui seraient prêtes à voler un livre. "Je m'appelle Líf. Ne vous en faites pas, on y est !" Quel soulagement qu'Olvera ait commencé la conversation, cela lui permet de ne pas continuer à se ronger intérieurement pour savoir comment s'y prendre. Il désigne devant lui de nombreuses tentes, de tailles diverses et variées. On peut voir d'ici l'effervescence qui règne en ces lieux, du moins au niveau des tentes les plus grandes et des bâtiments qui accueillent les blessés les plus graves qui ont besoin de soins de plusieurs jours. "Vous verrez, bientôt, vous ne sentirez plus rien !"
Une fois arrivée devant les premières tentes, le jeune homme observe les environs, se mettant parfois sur la pointe des pieds pour tenter de porter son regard un peu plus loin encore. "J'ai l'impression qu'il n'y a personne que je connais, aujourd'hui..." Il aurait préféré s'adresser à Ilona ou encore Gavrila, afin d'être un peu moins seul face à cet inconnu qui l'intimidait un peu, la capuche toujours vissé sur sa tête. Tant pis, il hèle un soigneur qui passait par là et le fait venir jusqu'à eux. "Excusez-moi, cet homme a été blessé, serait-il possible de l'examiner ?" Une demande une fois encore rhétorique. Jamais Líf n'avait vu un médecin refuser de s'occuper de quelqu'un ici, dans ce temple de la guérison qui accueillait tout le monde, sans distinction aucune. Le jeune garçon reste là, à côté d'eux, bien déterminé à rester ici au cas où il pourrait se rendre utile. Il ne le sera sûrement à aucun moment, mais sait-on jamais. Au moins, cette journée est plus palpitante que celle d'hier.
Ne me fais pas panser par qui n’a pas été blessé || proverbe ▬
olvera avait toujours été ainsi, c'est de cette manière que ses parents l'avaient élevé. Il fallait se montrer sous son meilleur jour, ne jamais courber l'échine au risque de bafouer la famille, ce nom qui représentait bien des choses. Et pourtant, oui pourtant la lame n'avait plus à s'enliser dans cette histoire de sang, il pouvait acclamer haut et fort être une nouvelle personne. Plus rien ne le plaçait dans ce carquois, il était le début d'une potentielle nouvelle lignée, les prémices d'une nouvelle ère. Pour autant rien de tout cela ne lui était suffisant ; les habitudes avaient la vie dure, le plaçant, encore et toujours, lui et cet ego sur le même chemin. Peut être un jour en empruntera-t-il un autre ? Rien n'est moins sûr car lui même avait du mal à le croire.
líf, c'est donc ainsi qu'il s'appelait. Malgré la douleur Olvera prit soin de placer cette information dans un coin de son esprit. De toute évidence il n'aurai guère le temps sur le moment de poursuivre cet échange ; ils arrivaient enfin aux tentes. Ici tout semblait organiser avec brio, les soins étaient donnés avec sérieux et tous étaient à même de recevoir cette main tendue. Il crispa un peu la mâchoire de douleur puis laissa son coéquipier du jour gérer l'arrivée. « vous cherchez des gens en particulier ? » Il se permit cette question à la vision de l'astre en pleine recherche, son regard donnant l'impression de quêter des visages précis. « prenez dont n'importe qui, je ne serais pas exigeant sur la qualité de la prestation. »
enfin il allait être pris en charge, c'est tout ce qui comptait. Dans une vive grimace que l'homme chercha à dissimuler il retira sa cape tandis que le médecin chargé de son cas attrapa un ciseau pour couper la manche imbibée de sang. Le bras semblait dénué d'une quelconque blessure à contrario de son épaule qui en plus de donner la sensation d'être déboîtée, portait la trace d'une plaie profonde. « c'est une défense d'un animal qui m'a chargé, ils étaient nombreux et je n'ai pas réussi à me déporter à temps. » Le docteur débuta les soins incitant Olvera a parler pour changer de sujet. « Je ne pensais pas la faune de la vallée aussi dangereuse, je ferais en sorte d'être sur mes gardes la prochaine fois. » Regard soutenu vers Líf.
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