Tes talons claquent sur les pavés alors que les portes automatiques s’ouvrent pour vous laisser entre au sein de ce centre commercial. Malgré le monde noyant les lieux tu te sentais … chez toi. Aux côtés de l’homme partageant ta vie tu observes les enseignes vous entourant, d’abord silencieuse en poussant votre enfant gazouillant de temps en autres en cherchant votre attention. Il y avait cette sensation de retour à la surface qui noyait tes moments de déprime quant à votre condition.

C’était idiot à dire mais tu appréciais l’endroit, sincèrement.

Pourtant tu ne savais jamais par où commencer tant le choix était là, tu voulais te laisser aller aujourd’hui pour vous faire plaisir qu’importe la note à la fin : au pire vous pourrez vous serrer la ceinture pour la fin de mois.

« Tu veux qu’on commence par vous trouver une peluche ? »

Tu pouffes de rire après un léger silence pour appuyer ta taquinerie.

« Ou plutôt pour Lizzie et le vilain lutin qui lui vole ses jouets ? »

Toujours ce petit regard pour jouer le jeu avant de lui pointer un magasin de jeux pour enfants. Lui attrapant même le bras tu le tires avec toi pour le forcer à te suivre de peur qu’il ne tente de se défiler ou d’argumenter tu ne sais quel mensonge.

« Et fais-toi plaisir, c’est moi qui offre cette fois ! »

Tu suis Abigaël en essayant de t’effacer un peu, un peu plus en recul comparé à elle, presque trop timide. Tu te fais tout petit, autant que tu le peux, triturant parfois tes doigts dans ce centre commercial renfermant bien des trésors. Parfois tu jettes un œil sur la poussette et tu crains toujours un accident, alors tu fais attention à tout, pour que tout se passe bien pour vous trois.

Recoiffant maladroitement tes cheveux tu te contentes de soupirer, observant chaque devanture des magasins que tu connais pourtant assez bien, vu que vous venez régulièrement par ici.

« Nous trouver une peluche ? »

Sur le coup, tu ne comprends pas, tu es même choqué de l’entendre dire ça. Tu n’aimes pas trop qu’elle insiste comme ça, parce que tu préfères nier en bloc de piquer les peluches à votre enfant quand il n’en veut pas.

« Je comprends vraiment pas chérie. »

Pourtant tu ne peux t’empêcher de jeter un coup d’œil vers les premières peluches qui se dressent ici et là quand elle vient t’emmener avec toi dans la boutique. Tu râles un peu, tu aurais préféré t’effacer dans les ombres et ne pas en ressortir sous la honte mais à la place tu vas devoir faire un choix.

« Lizzie aime quand c’est tout doux et quand on peut l’attraper difficilement avec des petites mains. »

Instinctivement, tu viens prendre deux peluches qui te conviendraient plus à toi qu’à ce petit bout de chou qui semble pourtant émerveillé par tout ce choix. Tu les lui tends pour qu’il vienne les jauger de ses petites mains et rejeter celle qui ne lui plait pas, et son choix se fait très rapidement, parce que Lizzie a déjà ses goûts bien définis.

« Je crois qu’on a déjà trouvé son choix favori. Mais Lizzie va finir par manquer de place dans son berceau, non ? »

Pauvre bébé, qui doit avoir plus de peluches dans son petit lit que d’espace pour étendre ses jambes.

« Chéri … »

Roulant des yeux tu le laisses prendre les devants dans ce magasin en t’appuyant un peu plus sur cette poussette pour le regarder choisir entre les animaux sous le regard pétillant de cette petite fille gazouillant tout ce qu’elle pouvait pour attirer l’attention de son paternel. Il connaissait ses goûts en la matière bien plus que toi, c’était indéniable et le voir si attentif aux envies de Lizzie vient t’arracher un sourire délicat que tu ne peux cacher.

Souvent même du nez tu tentes une nouvelle petite provocation tendre en faisant le tour et rejoindre la petite accroupie tenant déjà son choix entre ses toutes petites mains.

« Tu devrais changer de voie et devenir expert en peluches. »

Observant la pauvre peluche rejetée tu tends la main pour l’attraper et la jauger sous toutes les coutures comme pour faire mine de t’intéresser à tout ça. Pourtant ton sourire taquin trahit l’idée sournoise que tu avais en tête en gardant le jouet en tissus contre toi en te redressant.

« On peut lui prendre les deux. Et au pire elle pourra finir dans notre chambre au cas où elle en perd une. Qu’en penses-tu ? »

De toute façon tu ne semblais pas décider à lui laisser le choix en récupérant la peluche choisie par Lizzie en attrapant ses petites mains pour lui demander de lâcher et lui sourire délicatement. « Maman revient ma chérie, elle va acheter la peluche. » Lui embrassant le front tu jauges ton époux en lui souriant à lui aussi. «Je vais payer je te retrouve dehors avec Lizzie si tu veux qu’on aille manger quelque part ? »

Roulant les yeux, tu sais très bien qu’elle a compris la supercherie. Tu serres doucement la peluche délaissée, mal aimée ; toi, tu l’aimes bien, dès que c’est doux tu aimes bien de toute façon. Dans un soupir tu t’apprêtais à la reposer mais ta femme vient te la chiper, pour l’emmener avec elle.

« Tu es sérieuse, là ? »

Tu lances immédiatement un regard à Lizzie qui vient te le rendre après quelques secondes, pour finalement glousser et tendre les mains vers toi. Visiblement, le petit poupon ne comprend pas ce qu’il se passe mais apprécie le geste, à tel point qu’elle fait comprendre son contentement de ses petits rires.

« J’ai envie d’un truc gras, et Lizzie aussi. »

Les bras croisés tu la regardes partir, fronçant les sourcils pour finalement attraper la poussette et ressortir du magasin non sans avoir louché ici et là. C’était vraiment le paradis des bébés et des voleurs de peluches ici. Heureusement que le bébé n’était pas encore assez capricieux pour chercher à toucher à tout, tu espères sincèrement que vous serez d’assez bons parents pour bien l’éduquer.

D’un coup d’œil, tu essayes d’évaluer la queue dans la boutique, et en attendant qu’Abigaël revienne, tu te permets de venir jeter un coup d’œil sur ton holokit pour regarder des conneries, laissant l’enfant gazouiller l’air tout content.

« Je suis plus que sérieuse. »

Et peut-être même sévère un peu aussi sans t’en rendre compte. Attendant un long moment à la caisse tu jettes toi aussi quelques petits regards vers eux pour voir s’ils allaient tous les deux bien -au cas où Griffin tenterait de récupérer des rats mutants pour Lizzie – avant de payer et revenir vers eux. Lui souriant tu déposes la peluche sous votre petit poupon en la regardant tendre ses petites mains vers vous pour les prendre, la papouiller et repartir avec l’homme en quête d’un restaurant.

« Le contraire m’aurait étonné dis donc. Lizzie aura le droit à quelques frites mais pas plus je ne veux pas qu’elle finisse comme nous à commander dès qu’on a la flemme de faire cuire des pâtes. »

Poussant la poussette tu observes les innombrables restaurants du centre, hésitant un moment avant de finalement t’arrêter à une borne pour pouvoir y voir plus clair et loucher sur toutes les enseignes envisageables.

« Fast food ou asiatique ? J’ai peur qu’on trouve bien pour Lizzie dans un resto asiatique mais je laisse monsieur choisir, vu que c’est toi qui veux quelque chose de bien gras pour ce midi. »

Petit sourire en coin tu observes le plat puis les passants avant de finalement contourner à nouveau la petite poussette pour aller t’occuper de votre enfant qui remue encore ses petites mains pour jouer avec les tiennes et les attraper.

« On va aller manger un burger Lizzie tu te rends compte ?! Dis à Papa de bien choisir surtout ! »

Tu ris un peu stressé à l’idée qu’Abi ait découvert ton secret. Tu crois encore dur comme fer qu’elle n’a rien remarqué, emmenant le poupon dehors qui commence déjà à faire son petit caprice. Tu essayes de la calmer en venant lui papouiller le crâne en attendant que ta femme revienne pour calmer Lizzie.

« Tu veux dire que tu veux la faire manger sainement ? Pff ! C’est dommage qu’elle doive attendre encore quelques mois avant de pouvoir goûter un bon fast food. Lizzie ne sait pas ce qu’elle rate. »

Et c’est avec une grande satisfaction que tu l’entends glousser puis gazouiller, bref, communiquer comme un enfant quoi. En fouillant les enseignes, tu sais tout de suite ce qui te fait envie et ce qui te donne moins envie. Tu réfléchis à peine, ton choix s’est déjà porté sur un burger. L’asiatique attendra un autre jour plus clément.

« J’ai vraiment besoin de répondre à ta question ? Allez viens, on y va. »

Poussant la poussette, Tu viens parfois amuser Lizzie en lui faisant prendre quelques virages quitte à agacer la populace qui veut juste tracer son chemin. Un petit bébé, ça excuse bien quelques déviances non ?

Une fois arrivé, tu jettes un œil à l’enseigne avant d’entrer. Ça va aller vite, tu vas laisser ta femme commander tranquillement et aller t’installer de ton côté.

« Tu sais ce que je prends. Si il y a quelque chose pour Lizzie prends-lui un truc, ça lui fera très plaisir. »

« Peut-être que c’est dommage mais c’est pour sa santé et tu devrais faire pareil, tu as pris un peu de bide ces derniers temps. »

Assez pour te permettre de lui faire remarquer et le forcer à se mettre au sport avec toi. La malbouffe ne t’a pas épargné non plus et il était hors de question que votre petite princesse sombre dans les méandres de la facilité : il allait falloir lui apprendre à manger de tout dès son plus jeune âge et tu ne comptais pas plier à ce sujet.

Observant alors ton homme tu le suis dans le centre commercial en devinant tout le suite le choix qu’il a rapidement fait. Non il n’avait clairement pas besoin de répondre à ta question et en le voyant si entreprenant avec la petite tu ne pouvais que sourire.

Jusqu’au moment où il vint à nouveau se dégonfler, parce qu’il a peur du monde et parce qu’il sait pertinemment que tu as plus de faciliter à aller vers les autres. Roulant des yeux tu soupires, faussement exaspérée en récupérant ton sac à main posé sous la poussette pour récupérer ton portefeuille.

« Trouve nous une petite place tranquille, les sièges en rond ils sont sympa je trouve. »

Tournant les talons tu disparais pour aller commander votre repas à l’une des bornes de l’enseigne. D’abord le menu de Griffin puis le tien et finalement tu craques : tu pouvais bien faire une exception avec quelques frites, un yaourt et une compote non ? Il suffisait juste de faire attention pour les prochaines fois. Récupérant ton ticket après avoir payé tu t’installes dans la file jusqu’à recevoir ta commande. Remerciant la serveuse tu t’éclipses pour retrouver ton homme et t’installer à ses côtés.

« J’ai craqué j’ai pris un truc pour la petite. »

Bien installé, tu joues avec le petit bout qui continue de faire des siennes. Décidément, Lizzie peut vraiment être problématique quand elle s’y met et qu’elle ne lâche rien. Ça doit être l’envie de manger, elle aime beaucoup ça et tu la comprends tout à fait. Il n’y a rien de mieux qu’un bon repas bien gras qui viendra se fixer sur le ventre.

En attendant qu’Abigaël revienne, tu continues d’occuper l’enfant avec sa nouvelle peluche. Ses petits cris de joie te font complètement fondre, mais ça n’a pas l’air d’être la même chose pour les autres un peu plus loin. Tu peux les comprendre d’un côté, un enfant, c’est vraiment chiant. Tu étais comme eux avant. Mais maintenant, c’est révolu.

Quand ta femme revient avec la nourriture, tu viens laisser Lizzie serrer sa petite peluche contre elle. Déjà prêt à tout engloutir, tu viens néanmoins trier ce qui est à toi de ce qui ne l’est pas, avant de t’arrêter un long moment sur cette petite compote. Un truc équilibré dans un fast-food ? C’est vraiment bizarre.

« C’est aux pommes ? Je sens qu’elle va aimer. »

Te redressant, tu commences déjà à tout installer pour pouvoir nourrir la petite, quitte à ce que ton plat soit froid. Le bien-être de Lizzie avant tout, c’est ce que tu t’es promis à sa naissance. De peur de la perdre.

« Bon appétit chérie. Mange tant que c’est chaud, je suivrai après. »

Tu les observes, un petit sourire attendri étirant tes lippes alors que tu entends les soupirs exaspérés des personnes autour de vous. La petite elle s’en fiche, criant un peu, gazouillant, secouant sa peluche avant de finalement tendre ses petites mains vers son père dans l’espoir d’avoir quelque chose. Elle est votre trésor, l’évènement le plus précieux qui avait pu vous arriver depuis ces dernières années et il était hors de question que de pauvres personnes aigries ne viennes gâcher ce moment en famille.

Alors tu te tournes, les jaugeant d’un air agacé en te pinçant la lèvre comme pour retenir tes mots acerbes et probablement trop violents pour être entendus par ta petite princesse. Tu préfères te retenir, poser ton coude sur la table pour reposer ta joue dans ta main et siroter ta boisson de l’autre d’un regard exaspéré.

« C’est la seule saveur qu’ils ont, c’est déjà pas mal. »

Laissant l’homme séparer vos commandes tu attaques ta part sans attendre plus longtemps pour croquer dans ton burger et piquer quelques frites à l’homme comme si de rien n’était, presque innocente même en esquivant stratégiquement son regard pour ne pas engager la conversation sur ce sujet.

« Et si on allait au cinéma ce soir, on pourrait engager une baby-sitter. »

Parfois tu regardes Abi, t’as peut-être un peu peur qu’elle te fasse du mal mais bon c’est pas grave au pire. Elle t’impressionne vraiment et finalement tu reportes ton attention sur le fruit de votre amour, un petit bout de chou qui ne cesse de gazouiller et qui pleure rarement… En public en tout cas. Elle est un peu capricieuse mais c’est votre princesse alors elle a ce qu’elle veut quand elle veut.

« Miam miam, une bonne boisson bien sucrée pour que Lizzie s’agite dans tous les sens dans sa poussette en repartant. »

Roulant un peu les yeux tu finis de t’occuper du bébé pour finalement t’occuper de toi. Manger, c’est vraiment super important et ça fait trop longtemps que tu n’as rien mangé de bien dégueulasse. Alors tu croques rapidement dans ta bouffe sous le regard presque jaloux de la plus jeune qui étonnamment ne réclame pas.

« On peut reprendre celle qu’on a engagée il y a quelques semaines ? Elle était vraiment cool et je crois que Lizzie l’aime bien. »

Soupirant tu cherches déjà un film qui pourrait vous plaire. En ce moment il y a beaucoup de films bizarres, ça manque un peu les productions de la Terre, peut-être qu’il reste encore des copies des anciens films ?

« Je suis pas trop fan du cinéma moi… Tu veux pas qu’on fasse autre chose ? Au pire on fait juste une sortie comme ça… », dis-tu en te triturant un peu les doigts graissés par le burger.