Tch. C’est vraiment pas pratique de voir comme ça, pas vrai ? Avoir perdu ton œil droit, même si ça fait maintenant un peu plus de trois mois, t’es pas encore pleinement habituée. Parfois t’as encore l’impression de pouvoir voir correctement, et tu rêves de toi avec tes deux yeux… Et pourtant, t’as toujours ce putain de cache-oeil qui te bouffe la moitié de la vue. Un nouveau grognement de colère quand t’y repenses. T’en as tellement marre. Dire que ces putains de monstres avaient jamais réussi à te bouffer ne serait-ce que la jambe et au bout de même pas deux mois sur ce nouveau continent, voilà que tu perds un œil. Tu te rends compte d’à quel point c’est ironique et con, quand même ? Et en plus de ça, va falloir que tu rendes la ceinture à cet autre con.

Et… Comme si c’était pas suffisant… T’es tombée malade. Enfin, c’est pas grand-chose pour le moment. Quelques petits symptômes comme un rhume à la con, et parfois t’as l’impression de sentir ta gorge prise. Heh, pas grand-chose pour une warrior comme toi, de toutes façons. Mais donc. Tu te promènes, pour le moment, en dehors de Polaris.

Alors ouais, la ville est cool, plus elle te rappelle plein de souvenirs et tout… Mais parfois, voir un peu de paysage ça peut être fun. Parfois, te promener un peu et voir autre chose que ce putain de blanc qui peut te refiler un mal de crâne pas possible, ça fait du bien. Alors t’es sortie des plaines enneigées pour te diriger vers Australis, la nouvelle ville en construction.

Veste bien sur les épaules – une de tes préférées : Merci l’Akatsuki pour ce design qui déchire – tu te promènes non loin du chantier, mais quand même pas juste à côté. Si tu t’es barrée pour respirer c’était pour marcher dans le calme et la nature, pas pour aller d’une usine à une autre. Tu soupires longuement, marchant encore.

Et là.

Maintenant.

Ce moment.

Ton seul œil qui se pose à un endroit. Une tâche rouge dans le décor d’une tenue. Et tu ne l’avais pas vue de base. Mais là. C’est fini. Là.

Tu ne vois plus que ça.

Avec un air de musique bien trop entraînant dans la tête, tu te redresses et te diriges immédiatement vers la personne qui a attiré ton regard. Et tes mains se posent sur ses épaules.

« Cette veste ! L’Akatsuki ! » Grande fan, grande enfant qui a oublié de grandir. Dans tous les sens du terme. « Trop cool ! » Tu montres la veste que tu portes toi-même, avec exactement le même logo sur l’épaule. « Regarde ça ! J’ai la même ! » Un peu trop fan, tu l’as oublié.

Et ça y est. Tu sais plus quoi dire. T’attends juste qu’il réponde, avec ce sourire débile qui prend presque tout ton visage. Comme si t’avais oublié tout le reste.

Wait…

T’as oublié tout le reste.

Alors si tu t’attendais à quelque chose comme ça. Voir quelqu’un avec la même veste que toi, c’est putain de pas croyable. Un petit rire de folie te prend alors que tu te dandines limite d’excitation. Même ses demandes de te calmer ne marchent pas : Sans que tu ne saches trop comment, tu perds souvent pied quand tu rencontres quelqu’un qui partage les mêmes centres d’intérêt que toi. Et surtout que, pour une fois, t’as le courage de montrer vraiment ce que t’aimes. Et ça, c’est beau, putain.

Tu laisses un ricanement échapper en regardant tout autour de toi, puis tu plonges ton regard dans celui de Benjamin.

« T’inquiètes. C’est pas pour rien que j’ai un cache-oeil. C’est pour cacher un Sharingan. » Et après ça, tu te penches en arrière, exploses de rire avant de te redresser pour le regarder droit dans les yeux.

« Les ninjas de Konoha me font absolument pas peur, mec. » Rien te fait peur. Même pas les Transcendés. Bon ok, peut-être un peu les Transcendés. Mais aussi ! Ce sont des monstres !

« Rien me fait peur, mon pote. » Nouveau ricanement, alors que tu fais un tour autour de lui. Tu viens passer ta main dans ses cheveux.

« Ah ouais, c’est des vrais cheveux. Cheveux bleus. T’as voulu faire un cosplay que t’as raté, avec ta gueule ? » Et tu ricanes, encore. Oh mon dieu, que tu es insupportable, Risa.

Putain on dirait le début d’un Shojo moisi. Entre le geste de la main très peu viril de ce mec, ou ta manière débile de direct lui toucher les cheveux à la première rencontre pour savoir si ce sont des vrais, faut croire que c’est le cas. Tu vas vraiment tomber amoureuse de ce gars, Risa ? Parce que pour le moment, t’as beau le regarder de haut en bas, il te plaît pas dans sept-milles univers différents. Peut-être que dans un ou deux c’est le cas mais faut pas déconner. Tu fronces les sourcils et tu croises les bras, plongeant ton regard – ou plutôt juste ton œil – dans le sien, avec un air en colère.

« Le cache-oeil c’est pas pour le style, retard. » Avec un petit soupir après, tu passes une main dans tes cheveux, pour te figer quand ses yeux changent rapidement de couleur.

Tu serres d’un coup les poings avant de poser violemment tes deux mains sur ses épaules, t’approchant bien trop près – à ton goût, même si tu t’en rends pas compte sur le moment – de son visage, hurlant presque en le voyant.

« PUTAIN DE MERDE. T’as un Cristal de Sharingan ?! » Peut-être que toi aussi, t’es assez attardée pour y croire. Tu te recules rapidement, te rendant compte de la proximité, avant de tousser doucement, de gêne.

« Euh, je veux dire… C’est trop cool. » Et là tu fais encore semblant. Encore semblant de pas t’être jetée sur lui quelques secondes auparavant. Tu croises les bras et détournes le regard. Comme si ton geste allait disparaître d’un coup.

« Abruti. » Prononcé dans ta langue naturelle, on dirait vraiment le début d’un mauvais Shojo.

Définitivement, t’es trop stupide pour ne pas tomber dans le panneau. Tu t’es vite rendue compte de ton erreur, évidemment, ça n’existe pas, le Cristal de Sharingan. Toi t’es juste là à trouver ça super cool. Mais bon, tu roules des yeux quand il répond, avec un petit rire gêné. Évidemment, que t’es bête.

« Eh, ça va, on fait tous des erreurs ! Citation de mes parents quand ils m’ont fait. » Puis tu ricanes, encore.

Finalement, tu croises les bras derrière ta tête, te penchant très légèrement sur le côté. Il se fait pourchasser pour ça ? Il serait pas en train de se foutre de ta gueule, par hasard ? Tu ricanes un peu.

« Ouais, c’est ça, ouais. Et moi, j’ai un mecha qui m’attend à Polaris. » Histoire de toi aussi être sarcastique et te foutre de sa gueule. C’est incroyable qu’il soit comme ça. Mais mine de rien, tu le trouves sacrément amusant. Hochant la tête, tu viens saisir sa main et tu la serres, ton seul œil posé dans le sien.

« Risa ! Meilleure catcheuse de Polaris. C’est pas moi qui l’dis, c’est la ceinture. » Nouveau ricanement, encore une fois. Et cette fois, c’est pas pour te foutre de sa gueule. Même si c’est drôle. Et rapidement, vous êtes partis du côté Shonen.

« J’peux p’tet t’aider à ne pas te faire choper, Sharingan-Boy. »

Parce que putain de pourquoi pas.

Tu ricanes quand il fait – enfin – disparaître ses Sharingan. T’y as pas cru, hein. Vraiment pas. T’es pas assez stupide pour y croire. Tu toussotes légèrement quand il les fait disparaître, secouant la tête. Un peu gênée par la bêtise dont t’as – encore – fait preuve.

« Ah, mais… Mais j’y ai pas cru, t’en fais pas ! » C’est faux, t’y as totalement cru.

Tu passes la main dans tes cheveux roux alors que tu croises les bras devant lui, fronçant les sourcils. Il vient du Désert, non ? Tu penches la tête sur le côté. Tu les trouves un peu tristes, ces gens, dans le Désert. Ils tombent aussi, et ils se retrouvent coincés à bouffer du sable.

« Ouais, j’vais t’accompagner. Ça peut être sympa ! »

Au final, tu l’aimes bien, ce gars. Même si ça a pas commencé de la meilleure façon entre vous deux, tu l’aimes bien. Tu ricanes et passes ton bras autour de son cou pour le coller à toi, avant de sourire en coin.

« T’inquièèèèètes ! J’ai tout mon temps, je fais ce que je veux de toutes façons. On peut traîner encore un peu, Benny. »

Nouveau clin d’oeil de ta part, amical.