rouge ont la couleur des vérités ;
quand s’étalent les louanges des archanges
sur les boyaux des morts
pour mieux extraire l’élixir de leurs entrailles
des chairs qui,
sanguinolentes,
viennent en offrande de ses mains gantées
ô,
scalpel du divin que tranche ses jugements derniers.
et quand, loyale et fidèle chérubin
vient s’agenouiller devant les mortifères de son ange
car
gabriel a des paroles qui s’écoulent
comme miel en plaisance sur son cœur de piété filiale ;
quoiqu’elle ne reconnaissait de père que l’éternel qui les chapeaute de là-haut
gabriel avait l’aura d’un messager tombé pour guider
les pas des jeunes ailés qui s’écrasent par milliers sur althea ;
ou était-elle seule
messie encore trop jeune
pour réellement saisir l’importance
d’ouvrir à ciel ouvert l’esprit
et l’âme des mourants ;
elle regardait simplement en admiration pieuse
les gants de cet ange en science ((contradiction impie))
mais qu’elle lui pardonnait pour tout le
bien qu’il lui apportait à
elle
a eux
tous
((à elle et ses croyances
à elle et sa démence))
brebis égarées qu’un ou deux coups de scalpels dans le breuvage de formol
n’étaient qu’un sacrifice de plus sur l’autel des péchés
((n’avait-elle pas là,
l’écho de ses propres choix))
se rapprocher du divin en offrant en privation
les vies de tous ses fidèles
oui,
elle l’avait fait ce choix-là ;
alors une joie immense
presque extatique empli son corps menu
toujours pieds nus comme une messie qui s’était faite trop simple
pour comprendre les biens matériels,
ainsi disait-on
se faisait-elle heureuse d’obéir à la demande du grand séraphin
qui dirige le chœur des louanges chantées ici-bas
vertu des élus.
alors séraphine
séraphine le croit ((veut boire
ses paroles son savoir
la vérité qu’il caresse du
bout
des
doigts)) ;
qu’il dirigerait sa folie tout entière
elle la lui offrirait sans un regard en arrière.
formol alcool
conservation des organes qui flottent dans ce liquide sanctifié
par le propre toucher de gabriel ;
voilà qu’elle tend
les
deux
mains ;
en respect pieux ((toujours)) s’y dépose le bout d’estomac
qui bat encore d’une chaleur fatiguée
sur ses doigts crus ;
toucher à même la membrane
lisse et glissante de son dégoulinement impie
c’était une étrange sensation
agréable de tenir dans ses mains les restes d’une humaine pour mieux se faire encore,
à la fatalité la misère de leur condition ;
passer de gants à mains
comme une bénédiction ((qu’elle recevrait les bains d’acide si gabriel lui demandait
d’ainsi
périr))
pour s’élever au rang des esprits libres.
les yeux d’une lassitude froide qui
caresse,
en rétine qui scrute
le corps si blanc de la martyr ainsi écartelée sur la table
((comme un jésus déchu sur la croix d’acier
le métal découpant ses entrailles en reliques bien jetées au savoir))
c’était utiliser la mortalité la matérialité des chairs inutiles
pour nourrir la seule vérité.
((et ses boyaux ont l’honneur de venir
mourir en douceur
dans les hymnes en guérison
d’un archange venu sur terre les bercer de ses caresses tendres))
tendre comme un agneau ((un berger à ses agneaux
un berger à ses ouailles))
dévotion.
plouf
fait la relique dans le bocal.
«
qu’il m’est agréable de vous voir ainsi bienheureux. »
car elle ne comprendrait son jargon scientifique ; dans les chiffres
n’y bercent que des mensonges en hérésie
au moins savait-elle discerner le contentement de ses mentors
et elle a
un léger sourire sur ses lèvres fines
si gercées d’un désert qui bat l’âme des enfants comme fouettent les chérubins
l’ironie d’une prison de chair
les mains supputent encore de ce liquide gluant qui avait glissé le long des doigts.