Il tiens un petit paquet contre lui, alors qu'il toc à ta porte. Il a l'air grave
Moebius a perdu son sourire
ce dernier a été mangé par le soleil
il a brûlé d'avoir trop aimé
il a brûlé d'avoir cruellement périt d'amour
de cet amour qu'est l'oubli de ceux qui se lave les mains du sang d'autrui mais il a eut beau frotter
il ne peut pas enlever
le siens
il a encore l'odeur
du sable mouillé
entre les doigts qui crissent lorsqu'il les ferme en un poing
qui fait flancher sa volonté il n'a pas envie non de t'affronter sur ce terrain
car Moebius a beau avoir été un grand gagnant (il estime) il ne peut que perdre face à tes yeux
qu'il sait
seront fontaine
creuseront des sillons
déborderont de la porcelaine de ta peau pour venir s'écraser tuer cet amour
adelphe que tu ressens
envers elle envers lui
envers ce que tu nommais famille
oui tout s'enfuira par les flots

Il a
peur de te perdre
car il s'en veut
quand bien même il n'a pas porté le coup
il n'a pas sut le prévoir, ne jugeait pas Carmen perdu à ce point là croyait toujours pouvoir l'étouffer d'amour entre ses bras.
mais Carmen est enfant perdue Carmen porte bien son nom car du carmin elle a badigeonnée ses doigts, peut-être pour remplacer le sang manquant de celui manquant à l'appel de son nom.
Il a
peur que tu te perde aussi,
comme Carmen
comme Andy
que tu partes à ton tour que tu dérives sur ta rivière de pleurs que tu le laisse
et il a tant besoin de toi il ne serait quoi faire sans toi mais peut-être est-ce aussi un mensonge qu'il se dit car
Moebius est un survivant et survivre il ne sait faire que ça, au détriment des autres parfois. Il a peu à protéger mais ça compte tellement, ça compte comme sa propre vie, mais le voilà amputé d'une partie de celle-ci car aujourd'hui il vient te faire de la peine il vient sous sa cape noir porter la faux qu'il ne veut pas.

Lorsque tu lui ouvres
il entre

Bonsoir Kiana

et sa voix ah, est pleine d'ombre

Assis-toi

elle ne porte pas, comme s'il essaie de la tuer dans sa gorge, comme s'il a du mal a avaler a articuler ses mots se veulent doux mais ils ont un arrière goût acéré, comme s'il a les dent serrés.

Et lorsque tu es assise
comme une sage enfant
le regard battant
Il attrape l'une de tes mains, paume au ciel, et vient poser dessus avec douceur le paquet, il retire le haut de la boîte et te laisse découvrir ce qu'elle contient : un gros médaillon doré, il y a un petit ange gravé dessus. Il est fermé, mais tu peux l'ouvrir et à l'intérieur tu trouveras une mèche de cheveux nouée. Moebius s'assit en face de toi, il abaisse sa capuche, retire son masque qu'il laisse pendre au cou et vient poser ses coudes sur ses genoux, il repasse son visage avec ses mains, vient balayer ses cheveux en arrière, avant de venir se frotter les yeux. Puis, il noue ses mains devant se bouche et te regarde sans rien dire, ou plutôt il regarde le bijou.

C'est bien maigre une vie, si vite prise
c'est bien maigre un souvenir si vite oublié il avait voulu l'immortaliser mais il ne sait comment l'annoncer, il espère que tu saurais deviner, car tu es brillante Kiana, bien plus que lui, lui qui n'est que la main qui s'abat, toi tu as le beau jour des jolis sentiers quand lui parcourt celui des fleurs fanées.

Kiana...

Il n'est pas non
pas fait pour ça
pas fait pour demander pardon pas fait pour les condoléances pas fait pour prendre des pincettes pas fait
pour te protéger apparemment  
car il aura jamais les bras assez longs pour entourer toute cette peine non

Et il y a ce
vide
entre
vous
si petit
si grand

Moebius est un battant il ne se laisse pas abattre c'est lui qui porte les derniers coups c'est lui qui se relève malgré tout tout tout
et toi
toi tu sais te battre aussi il l'a bien vu dans la révolution il a bien vu alors que tu échappais à tes tortionnaires
mais Moebius doute
car une peine peut rendre fou voyez Carmen
une peine peut tout emporter sur son passage, se faire foudroyante et même des années plus tard toujours faire des éclairs
et il n'est pas le bon non pour pleurer tout contre il ne l'a jamais été lui qui prend des vies comme si comme si
c'était rien une emplette voilà tout lui aussi fait pleurer les chaumières et il avait le culot de croire que ça ne sera jamais la sienne non
mais le voilà les bras ballant, il s'enfonce dans le canapé, croise les mains sur son poitrail

La révolution c'est moi elle a dit

Regardez moi
qu'elle disait
et iels se sont perdu dans ses yeux
tout perdu
et ce n'est que lorsque son corps est devenu froid qu'iels ont retrouvé la vue mais il n'y avait
ah
plus rien à voir
car la révolution c'était elle, et Samson, mais Samson aussi...Samson avait rendez-vous avec Dieu, il faut croire que sa mission était fini, et celle de Moebius elle, n'en fini jamais, car il y a beaucoup de chaumières à faire pleurer, beaucoup de pouls à sentir s'éteindre, il y a beaucoup oui, trop, un trop plein, mais ça ne lui pèse pas autant que de te faire pleurer toi, ça ne lui pèse pas du tout même, grand enfant insouciant, cruel comme un bambin l'on dira tant.

Il se redresse

et elle a dit

Il se penche en avant et vient attraper ta main qui renferme le bijou et il la serre fort entre les deux siennes, comme un cocon, pour protéger ce qu'il n'a pas su faire, ah c'est sûr c'est plus facile lorsque c'est si petit petit pas besoin de tout son corps pas besoin de toute son âme qu'un petit bijou de rien du tout qu'une mèche

Kiana, je t'aime

Et il ne cherche pas ton regard non car il ne veut pas le voir rempli de larmes il s'obstine a regarder ses mains qui couvrent la tienne couve ta peine, ce n'est pas facile mais ça doit être dit, tu l'as compris non ? Il n'a pas besoin de le prononcer, pas envie, il sait que tu sais vu comme tu t'es renfermée tu ne peux pas le tromper.

Comment ?

De par sa faute évidemment il a été
négligeant
il a été
trop aimant
car il ne peut pas détester Carmen malgré tout malgré ça
car Carmen est un animal blessé qu'il faudrait soigner mais c'est lui en parti qui a tiré il le sait il sait bien et pourtant il s'obstine à vouloir lui sourire il s'obstine à vouloir être doux avec elle comme si ça pouvait changer quelque chose comme si ça le ferait revenir comme avant, doux agneaux qui criait le mort nom.

Il ose enfin relever son regard et affronter ta peine, il ne veut pas mais il le faut, au moins pour toi, et tu n'es pas laide qu'il dirait s'il pouvait lire dans tes pensées lorsque tu pleures non car c'est des larmes emplis d'amour de regret c'est doux amer ce n'est que de l'eau mais de source claire comme le beau temps quand il fait pourtant mauvais comme le ciel bleu azur en plein milieu de l'hiver qui trompe qui laisse transparaitre le soleil qui dort dessous.

c'est trop beau
laisse exploser l'orage
qu'il ne veut pas provoquer mais ça aussi il le faut
pluie pluie pluie tombe oh roule oh abat
lave l'affront d'une vie volée trop tôt

Lors d'une protection de cargaison pour le compte de Valentine Carmen est venu pour la voler, il y a eut de la bataille, Andy a voulu l'arrêter comme nous tous mais contrairement à nous tous ça a dérapé avec elle et Carmen a mortellement blessée Andy.

Il ne dit pas qu'il y est peut-être pour quelque chose en titillant Carmen de trop près, alors que dans ses yeux il est prédateur et elle proie, qu'elle s'est sûrement senti acculée avec tout le monde qui venait pour l'arrêter, rien ne va dans cette histoire.

Samson aussi est mort de suite de ses blessures subit lors de cette même bataille.

C'était violent n'est-ce pas ? sûrement, pour lui non, pour lui qui a l'habitude du sang, mais pour Kiana...elle avait bien fait de quitter les révolutionnaires. Trop dangereux, trop d'enjeux, qui sait si elle avait été là, elle se serait peut être interposées, ça aurait pu être...elle.

Moebius frémit, sans s'en rendre compte ses mains contre celles de Kiana se crispent un instant, avant qu'il ne s'en rende compte et relâche sa prise. Ce n'était pas arrivé non, elle était là, ça ne se passera pas comme ça. Mais il fronce les sourcils car ces révélations sont, il le sait, à double tranchant, car une peine comme dit précédemment, peut faire tourner en rond, la vengeance est un concept plaisant quand on est une âme en peine et que l'on a envie de se sentir gagnant. Mais il n'y a rien de bon dedans, pas de vraie satisfaction, rien du tout, que de la haine et de la rage qui nous ronge.

Kiana promet moi que tu ne te mettras pas en danger

Car s'il a bien peur c'est pour toi.

Il hoche la tête.
Alors c'est dit c'est promit.
Il lâche
ta
main
Il s'enfonce entre les coussins.
Il passe
une
main
contre son visage fatigué pour une fois, se masse le front.
Il est soulagé
que tu ne veuilles pas te mettre en danger il te prend au mot
n'imagine pas la rage la sourde colère qui fait fondre ton cœur le laisse chaud bouillant lave incandescente.
Il n'imagine que la peine qui engloutie qui te rend rivière.
S'il savait....
mais il ne sait pas
et peut-être est-ce mieux comme ça. (il ne s'inquiétera pas comme ça)

Il reste silencieux un moment mais il ne sait pas comment
quelles pincettes prendre à présent car Moebius n'est pas un homme de peine il sait dire adieu et chérir le souvenirs mais il ne sait pas souffrir comment survivre à la peine non lui n'est qu'un soleil tout aussi incandescent que ta peine, il brûle brûle et sourit en pleurant, il est de ceux qui se relèveront encore et toujours, un vrai tournesol qui tourne tourne en prière à l'astre solaire il est de ceux qui pardonne, rayonnant, il est de ceux qui ne comprennent pas mais accepte, il est de ceux
alors comment pourrait-il comprendre les remous de ta mer ? la tasse trop pleine que tu peine a boire ? comment pourrait-il te protéger de cette haine qui te dévore, gagne ton corps ? Il ne peut pas, il ne peut que sourire tristement, comme un pardon à demi mot, pour ne pas avoir réussi à te protéger comme il faut, pour avoir laisser ton cœur souffrir en trop. et il
échappe un rire
un peu étouffé
un rire clair
ça lui revient maintenant

tu te rappelle lorsqu'elle m'a rencontré pour la première fois ? elle pouvait pas me piffer ahah, elle était toujours tellement sur ses gardes, mais ça lui donnait du charme je dois dire, elle a toujours été si protectrice envers toi...on se ressemble quelque part elle et moi, elle la hargne en plus.
Il soupire
puis il se lève, incapable de rester assit trop longtemps, il a les mains sur les hanches et parcourt la pièce.
Tu veux un thé ? quelque chose ? un verre d'eau ?
Il fait comme si il était chez lui alors qu'il est chez toi mais Moebius a toujours été de ceux chez eux peut importe l'endroit.

C'est le pouvoir de la révolution ça un ennemi commun, ça permet toujours de resserrer les rangs.

Il va devant les placards, commence à les ouvrir sort des tasses, regarde les boîtes à thé, en ouvre quelques unes, renifle et essaie de déterminer laquelle il préfère, même si au fond il n'a jamais été regardant sur la question. Il en met une de côté, range le reste, rempli une bouilloire et la repose sur son socle, allume le tout. Il se retourne, s'adosse au comptoir, les mains de chaque côté tenant son rebord. Il te fait face.

A vrai dire je sais pas trop si c'était une bonne idée, mais je me disais que tu aimerais avoir quelque chose d'elle, quelque chose de physique.

Quelque chose à chérir
quelque chose à aimer
quelque chose à garder
tout contre sa peau
à pleurer lors des nuits où il fait trop chaud pour dormir
quelque chose à serrer dans son poing jusqu'à en faire blanchir les jointures
quelque chose de certain, comme une idée refrain,
la révolution c'est moi oui Andy et même si Moebius doute de l’essor de cette dernière sans ses deux figures de proue il se dit qu'un petit médaillon même si de rien du tout c'est un peu comme une révolution que l'on garde contre son cœur, de celle qu'on oublie pas, jamais, une conviction qui n'a pas de couleur, contrairement à ces pays auxquels elle fait la guerre.

C'est fini tout ça
ça s'est éteint sans un bruit
et ne laisse derrière elle que quelques remous
de ceux qu'on aimerait lisser, tisser, soigner, car si ils sont là, c'est qu'on a pas encore oublié
peut-être que c'est ça au fond, la révolution, une idée que le choie une idée que l'on s'octroie une idée qui ne mourra
et demain
qui sait
cellui qui en sera (la figure le phare dans la nuit)
mais c'est pour demain tout ça
aujourd'hui Moebius ne pense pas qu'il se cache parmi les partisant.e.s cellui qui aurait la flamme
qui ferait briller ce médaillon de fierté.

Click
l'eau est prête
Il la met dans une théière avec le thé séché, il laisse reposer, pose le tout (avec les tasses donc) sur un plateau, puis revient avec (bien qu'il ne soit pas parti bien loin) et le pose sur la table basse. Il s'assoit cette fois ci à côté de toi, vient passer un bras autour de tes épaules, donne quelques petites tapes contre la plus éloignée, là ou échouée, sa main repose.

Je ne vais nulle part.

Nulle part car ici est chez moi
ici se trouve ce que l'on ne tuera pas
un petit bout de moi
une mine endeuillée encadrée par des mèches rousses
une toi toute entière
que l'on a juré de défendre, que l'on a juré de réconforter
que l'on a juré oui
de ne plus traiter comme une enfant c'est vrai a qui on a tout dit et qui pourtant
n'a pas peur (n'a jamais eut)
de Moebius et son masque d'or, de sa cape noir et ses lourdes bottes, de son sourire qui ne sait jamais bien s'éteindre, de ses balafres qu'il porte fier, d'un homme qui a décidé de s'égarer là où on trempe les mains dans le sang. Tu n'as jamais
dit non
dit qu'il ne pouvait plus
tu as accepté cette part de lui pour le meilleur comme le pire alors il peut bien faire un effort être aux petits soins (lui qui souvent s'enfuie loin te laisse seule) et aujourd'hui tu as perdu
un chemin
mais il sait Moebius que ça ne te détruira pas car si vous vous entendez aussi bien c'est quelque part que vous vous accordez bien
Il y a en toi
un soleil qui brûlait pour quatre, ne brûlera plus que pour trois mais qui brûlera ça il le sait
et il sait que tu sais alors il n'a pas besoin de le dire il n'a pas besoin de s’enquérir de si tu t'es éteinte comme elle dans ses bras, il n'a plus besoin non, et même s'il a eut peur à un moment, ce n'était que le doute de l'instant.

C'est la vie comme on dit
souvent elle s'enfuie la vilaine
souvent elle nous fait tant de peine
mais c'est la vie et oh comme on l'aime on l'aime assez
pour serrer un médaillon contre soi
pour s'arrêter là prendre le thé, poser son deuil en face de soi
on l'aime assez pour ne pas sombrer on l'aime assez pour être sauvé il y croit Moebius
c'est peut-être pour ça qu'il ne pleure pas il préfère se souvenir d'Andy comme d'une combattante qui aura tout donnée d'elle même jusqu'à la fin, sans le regretter c'est certain.  
Alors Kiana, Moebius pense, tu ne regretteras pas ce chagrin n'est-ce pas ? tu en feras une bannière (peut-être)
tu en feras ton fer (sûrement) et il ne sera pas forcément là Moebius, car ah, le dormeur du val a bien des fougères contre lesquels s'enfoncer, y entrainer d'autre soldats tombés au combat.
mais il y pensera, à toi, en regardant les étoiles en plein désert, et même si vous étiez trois à vouloir la protéger, plus que deux maintenant, ce médaillon, ça sera un peu comme un bon charme, une protection d'amour et de regret qui se distilleront dans ton cœur vaillant.
Nous t'aimeront, Andy.