Vos égos se confondaient. Tu le sentais, que malgré l'alcool, tu ne le soumettrais pas à ta volonté. Mais ce n'était pas grave, il n'aimait pas Caer, ni Alexander... Il était là pour son tournoi et ça s'arrêtait là. Tu l'avais accepté bien avant de débuter votre conversation.
Plus tu buvais et plus tu te sentais de plus en plus receptive à ce qu'il disait. Comme quoi, les miracles existaient.

— « Je ne sais pas comment je dois le prendre... Je suis sûr que je te bats au corps à corps aussi. »

C'était probablement faux.

— « Mais un singe avec un bâton... Je crois que je n'aurais pas pu trouver meilleure image pour illustrer mon propre apprentissage de l'épée il y a cinq ans. »

C'était vrai.

Tu perds de ton hilarité lorsqu'il parle de sa victoire gagnée d'avance. Tu comprends ce qu'il souhaite expliquer, quand il a fait du sport son métier. Mais vous n'aviez pas du tout la même conception du combat.

— « Oui, je vois. En soit je comprends, c'est du sport, quoi. » Ça avait sonné plus méprisant que tu ne voulais à l'origine. Tu n'avais rien contre. Prise d'un hoquet, tu te rattrapes. « Je veux dire... tu ne te bats pas pour survivre. Tu as fait de ta passion ton métier. Et ça... c'est beau. »

La guerre des faux egos était déclarée. T'as perdu l'envie de concourir face à un gagnant Isadora. Fenrir était bien trop honnête pour se battre avec les mêmes sous-entendus que toi. C'était la force brute, celle que tu admirais plus que tout. Et c'était clair qu'avec sa mentalité, il gagnerait sûrement à la loyale.

— « Je voudrai bien t'y voir, dans une cage. »

C'est après l'avoir prononcé à voix haute que tu te rendis compte de son double sens. T'étais un peu bizarre non ? Tu lui en voudrais pas de le penser en tout cas.

— « Je ne sais pas si tu serais fait pour la guerre. Pourtant, quand on y pense... il y a ce côté divertissement. Celui qui a la plus grosse épée, la bombe la plus mortelle. Il y a des gagnants et des perdants. »

Ton regard se fait plus dur, tu conclus.

— « Mais quand tu meurs, tu peux pas te relever comme sur un ring. Tu te bats pas pour le plaisir de voir le perdant te regarder avec respect et admiration. Tu te bats pour faire valoir tes idées, ou conquérir. Economique ou politique, je préfère mille fois venir te voir demain soir à ton match. »

L'effet de l'alcool avait changé. Après l'éclat de joie éphémère retombait tristement la lucidité amère.

— « La pirate s'en va moussaillon. Tu ferais mieux de te reposer ce soir. Demain je serais dans les gradins pour t'encourager, je le promets. Je vais parier sur ta tête alors je compte sur toi pour me faire remporter le gros lot. »