two women and a kyle

Une alarme vient te faire sursauter, toi qui dormais paisiblement. Journée de congé, une sieste bien méritée après t’être couchée aux petites heures du matin, quelle naïve jeune femme étais-tu de croire que tu pouvais profiter d’un peu de tranquillité dans cette maison. Tu te relèves donc, les cheveux en bataille que tu attaches rapidement en un chignon lâche avant d’enfiler quelque chose rapidement. Débardeur et jogging, ce qui traînait sur ton bureau, rien de bien classe mais tu n’as pas à l’être, chez toi. Ou peut-être que si, mais ça ne t’importe pas, t’as juste envie que ce bruit de malheur cesse pour pouvoir ainsi retourner te coucher. T’es sortie, la veille, comme bien souvent. T’as terminé la soirée chez quelqu’un, comme bien souvent. Et, comme à ton habitude, tu avais quitté l’endroit aux petites heures du matin, filant dans la nuit comme une voleuse.

Montant à l’étage, tu pousses la porte pour ensuite te rendre jusqu’à la cuisine, étouffant difficilement un bâillement que tu caches d’une main levée devant ton visage. Les traits fatigués, tu sembles effectivement être tout juste sortie de ton lit, faisant ainsi savoir à la fautive de ce boucan qu’elle venait tout juste de te réveiller et que donc, de ce fait, tu n’étais pas particulièrement ravie de son enthousiasme évident. Ton regard se tourne ensuite vers Kyle, lui aussi son quotidien bien souvent dérangé par les frasques de votre cadette.

- Non, ce n’est pas génial.

La main toujours levée, tu te pinces l’arête du nez avant de te diriger vers la machine à café, sûrement ce dont tu avais de besoin en cet instant précis, comprenant que tu ne retournerais pas dormir de si tôt.

- Ce serait bien si tu continuais de les oublier.

Pique lui étant adressée sur un ton agacé sans pour autant te montrer tout à fait sérieuse. Ou, enfin, oui, tu l’es, parce que vraiment, cette alarme, tu t’en serais bien passée, mais tu n’allais pas lui en tenir rigueur pour si peu. Tu en profites pour proposer un café à l’homme présent dans la pièce, celui semblant déjà prêt à s’occuper du repas (seul), ignorant effrontément celle ayant eu l’audace de briser ce calme qui avait été présent jusqu’à ce qu’elle rentre du travail.

- Tu peux t’en charger, non ? Ou, enfin, vous deux ?

Du repas. Parce que, pour ta part, t’as aucun talent en cuisine. T’en as jamais eu besoin, par le passé, et tu vis avec Claire depuis que t’es arrivée ici. Autrement dit, tu n’as jamais appris ni cherché à apprendre, ce petit côté princesse que tu gardais de cette vie que tu avais mené à la surface. Tu avais l’impression que ce temps-là était si loin, toi qui était prête à l’oublier si ce n’était pas de ces expériences qui, bien que malheureuses, t’avaient au moins permis de devenir celle que tu étais aujourd’hui. Et tu étais convaincue que cette personne était meilleure sur nombreux points que celle que tu avais été autrefois.

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Tu roules des yeux, réaction naturelle de ta part alors que tu entends la réponse de Claire. Non, ce n’est pas mignon et non, t’es pas particulièrement emballée par l’idée qu’elle ait ramené ça chez vous. Elle est déjà assez bruyante comme ça, pire qu’une gamine, t’as décidément pas besoin qu’elle en ajoute avec des objets incongrus. Tu n’ajoutes rien, te contentant de préparer le café. Une tasse pour toi, une pour Kyle et rien pour Claire. Parce que t’es comme ça, parce que ton affection se traduit de commentaires agacés, de ces regards excédés que tu lui adresses. T’es pas bien expressive, tu ne fais pas preuve de quelconque signe d’affection et au final, la seule chose qu’ils ont pour croire que tu les apprécies est que tu n’es pas partie. T’as accepté de vivre avec eux et t’es restée, parce que tu les aimes bien, peu importe ce que tu peux dire sur le sujet.

- Ouai, c’est sûrement mieux comme ça. De ne pas te donner de couteau, donc. Tu sais pas trop qui est-ce que t’allais planté entre l’objet et Claire mais, dans les deux cas, c’était sans doute mieux d’éviter de te donner une arme tranchante. - J’imagine donc que je vais jouer la cheerleader. Une autre preuve que tu les aimes bien. C’est léger mais, si vraiment ce n’était pas le cas, tu te serais contentée de retourner à ta chambre. À la place, tu prépares le café de Kyle comme tu le sais qu’il l’aime, les habitudes de votre quotidien partagé se faisant sentir, avant de déposer la tasse à ses côtés et d’aller toi-même t’asseoir en les observant.

Tu ne t’es pas opposée aux pâtes, déjà parce que ça t’allait puis aussi parce que, refusant de faire quoi que ce soit pour aider aux repas, t’allais pas non plus imposer tes caprices. La Moïra d’avant, celle qui vivait à la surface, l’aurait peut-être fait, mais t’as changé, avec le temps. T’as recommencé à vivre, ici, t’as tiré un trait sur les démons de ton passé. Certains reviennent, parfois, mais tu les gardes à distance, t’accroches à ce calme agréable qui ponctue désormais ton quotidien. - Ça me va, j’aurais qu’à vous inviter. Je vous dit juste pas quand. Tu hausses les épaules, sourire aux lèvres avant de tourner ton regard vers Kyle. - Quoique, toi, je t’invite quand tu veux hein. Le tout accompagné d’un léger rire, dit si un ton léger, amusé, suivi d’un clin d’oeil. Oh, tu n’es pas bien sérieuse, mais t’es comme ça, puis, il est mignon, Kyle. Alors, tu peux bien t’amuser un peu.

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Peut-être aurais-tu pu te vexer, mais, à la place, tu te contentes d’étirer un sourire arrogant. Un sourire bien digne de toi tandis que tu dévisages la cadette, laissant finalement entendre un petit rire. - Tu es ravie de m’avoir ici. Même si tu ne participais pas au repas. Après tout, cela faisait des années que tu partageais leur quotidien, que tu t’étais habituée à leur présence et aussi agaçants ils pouvaient se montrer par moment, tu les appréciais sincèrement. Tu le démontrais juste d’une façon assez particulière, toi qui n’as jamais été très douée pour exprimer comme tu te sens et l’importance que les autres ont pour toi. Tu n’avais pas su le faire par le passé et ce n’était pas aujourd’hui que tu allais commencer ça.

Alors, assise à la table, une tasse dans la main, tu les regardes faire, ne manquant pas l’occasion de flirter un peu avec Kyle, le tout avec un clin d’oeil et un sourire enjôleur. Il voulait aller au restaurant ? Soit alors, tu pouvais l’inviter. Ça ne t’embêterait définitivement pas. - Je ne commence pas quoi ? Tu fais mine de ne pas comprendre, surprise même de son commentaire avant de secouer doucement la tête de droite à gauche. - Je pourrais profiter de bonnes nuits de sommeil, sans toi. Faisant ainsi référence à ton réveil difficile d’aujourd’hui. Il était bien vrai que tu t’ennuierais sans doute sans elle mais ça, hors de question que tu l’admettes de vive voix. De quoi qu’elle t’emmerde avec ça pour les semaines à venir.

Posant ton coude sur la table et ta tête dans ta main, ta réponse ne se fait pas tarder. - Elle aurait sans doute été meilleure si j’avais pu profiter d’un peu plus de sommeil, mais ça… Ton ton est léger, signe que tu ne lui en tiens pas rigueur. Ou, enfin, si, un peu, mais une fois l’assiette de pâtes devant toi et tout serait oublié. Tu écoutes Kyle parler de comment il a aidé un voisin avec un truc de bricolage avant de te tourner vers Claire. - Et toi, autre trouver cette abomination que je vais sûrement brûler dès que je vais en avoir l’occasion, tu as fait quelque chose d’intéressant ? Et tu étais absolument sérieuse concernant de jeter la peluche-alarme dans le feu. Restait juste à savoir quand.

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Tu hausses des épaules, gardant un sourire amusé sur tes lèvres alors que la discussion n’a rien de vraiment sérieux. Après tout, si tu ne l’appréciais pas, tu n’aurais pas accepté de la supporter ces dernières années. T’aimes juste l’embêter. C’est comme ça que tu exprimes ton affection, en fait. Parce qu’on t’a jamais appris à faire autrement. - Il y a pourtant bien plus intéressant à faire la nuit, surtout en bonne compagnie. Le sous-entendu est évident, à peine sous-entendu même. Et pourtant, tu sais qu’elle, ça ne l’intéresse pas, mais ça ne t’empêche pas de relancer le sujet. Parce que c’est quand même une partie importante de ta vie, de ton quotidien, une façon pour toi de chasser l’ennui tout comme parfois de noyer ce qui te dérange, ce à quoi tu ne veux pas penser.

Menaçant la peluche qu’elle avait ramené avec un sérieux non feint, tu soupirs en secouant la tête. Adorable ? Tu n’en étais pas convaincue. Après tout, cette abomination (tu insistais sur ce terme) t’avait réveillé, et donc, de ce fait, ne méritait aucune compassion de ta part. - Faut vraiment tu apprennes à revoir tes goûts. Un peu plus et tu lui aurais tirer la langue, une chance que tu étais plus mature que ça. À la place, tu l’écoutes te parler de ce qu’elle a fait de sa journée, à savoir une visite au palais des découvertes. Un endroit que tu appréciais tout autant qu’il pouvait t’agacer. Trop bruyant. Trop de gens. Et pourtant, il y avait de belles découvertes à faire, de quoi venir faire plaisir à ta curiosité et ton désir d’en apprendre plus.

- Il est pas trop tôt. Que tu lui dis tandis qu’une assiette est déposée devant toi. Et ce, juste avant de te rattraper. - Merci. Plus sincère, avec un sourire sur les lèvres. - Et sinon, je sais pas si je pourrais trouver quelque chose qui me ferait sourire, mais il y a définitivement des trucs intéressants. Tu as un léger soupir avant de commencer à manger, appréciant toujours autant la cuisine de ta cadette. Cela fait plus de cinq ans que tu es ici et il y a encore tant de mystères que tu ne t’expliques pas. La magie, déjà. Tu sais qu’elle provient des cristaux, mais encore ? Comment était-ce seulement possible ? Chaque cristal était différent. Chaque personne utilisait leurs dons de façon différente. Et comment ? Le don était-il influencé par celui en faisant l’utilisation ? - Mais on ira, si tu veux. Je dois aussi aller voir les cristaux en vente. Il y avait certains cristaux sur lesquels tu aimerais bien mettre la main. - Mais je t’assure que je ne m’arrête pas à tous les objets moyennement adorable qu’on croise. L’air de dire que si c’était ce qu’elle comptait faire, tu irais seule, lorsque tu déciderais d’y aller, ne serait-ce que pour ne pas perdre ton temps ni toute ta journée.