Mathilde observe la neige tomber au dehors, appuyée contre le mur près de la fenêtre. Les petits flocons viennent se poser sur l'épaisse couche déjà présente mais il fait trop froid en cette fin de journée pour passer un bras dehors.
Les enfants seront ravis demain de s'habiller pour fouler cette neige encore vierge de tous pas. Apposer la marque de leur petits pieds ou faire des anges avec l'aide de Thaddeus.
Mathilde soupire, Mathilde passe un doigt sur la vitre humide pour y écrire une simple lettre. Elle se languit, aujourd'hui un peu plus que d'autres jours. Parce qu'elle se souvient de la naissance de son petit être d'amour. Elle ferme les yeux pour retenir ses larmes mais seules, ses paupières ne peuvent pas y faire grand chose. Alors elle les essuie avant qu'elles ne creusent un peu plus les sillons déjà présent sur ses joues.
Après quelque secondes pour reprendre contenance, elle se redresse et continue son chemin dans le couloir pour venir ouvrir la porte de la salle de jeux. Elle reste pantelante un instant, les yeux survolant les objets ici et là. A ce stade ce n'est plus du bazar, c'est l'apocalypse.
Elle serre les points et se retient de crier, après tout les enfants sont tous déjà couchés et Thaddeus lui a déjà demandé de ne pas les réveillés même si c'est parce qu'ils ont fait des bêtises.
Mais la colère est sourde et même si ce n'est pas grand chose pour les autres, pour elle ça signifie le chaos qui règne toujours dans son cœur. Elle a déjà tenté d'y faire le ménage, de ranger chaque chose à sa place. Mais cela fini toujours par déborder, comme à l'image de la pièce.
Et comme d'habitude, Mathilde enrage contre elle, contre ce trou immense dans sa poitrine. Alors elle hoquette contre la douleur et la rage, accrochée au chambranle de la porte pour ne pas tomber, mais sans grand succès.
De femme elle est passée à chaton. Petite boule de poils posée sur le tas de vêtements qui l'entourait jusqu'à présent.

La soirée est déjà bien avancée. Thaddeus vient de border son dernier putto, comme il aime les appeler à l'italienne. Ces enfants lui rappellent tous les petits anges des peintures du grand art, sûrement à travers les yeux espiègles. Comme chaque soir, il avait tenu à leur raconter une histoire. Il avait pris un carnet vierge qui traînait dans son bureau et l'avait ouvert devant cet arc de cercle pas plus haut que trois pommes. Avec de grands sourires, il avait raconté des contes aux plus jeunes, ceux-là même qui ne pouvaient pas dormir sans une histoire. Encore, encore, avaient-ils demandé vaillamment. Il n'avait hélas pas pu répondre à cette demande. Il avait porté la plus jeune au lit et les autres avaient suivis. Les voici désormais tous couchés.

Un sourire satisfait sur le visage, il veut raconter son bonheur. Il toque à la porte de la chambre de sa tendre amie, mais aucune réponse ne lui parvient. Si elle dort, il ne peut guère la réveiller. Alors que le dos de sa main se dirige de nouveau contre le bois pour frapper, ses yeux sont interpellés par la neige. Il abandonne son action et se dirige tout droit vers la fenêtre. Du blanc à perte de vue, encore et encore. Il n'en peut plus. Il revient sur ses pas et sans demander cette fois, il accède à la pièce. Celle-ci est vide. Où se trouve donc Mathilde ? Inquiet, le voici parti à sa recherche. Il semble faire les pièces une à une, sans oser prononcer le nom de sa collègue, de peur de réveiller un de ses protégés.

Mais voilà qu'au rez-de-chaussé, l'une des lumières est allumée. La salle de jeux. Trois grands pas suffisent à y parvenir. Une once d'espoir pointe le bout de son nez, mais il se rend bien vite compte qu'aucun humain ne s'y trouve. Au sol, du tissu qu'il reconnaît du jour même. Sur celui-ci, une boule de poils inoubliables. Thaddeus soupire alors que ses lèvres sont toujours étirées dans un charmant sourire. Il prend la peine d'éteindre la lumière, se disant que cela rendrait la situation plus agréable pour cet adorable chaton. Il entre et ferme la porte derrière lui, ne désirant pas qu'on assiste à cette scène. Le voilà qui fait blocage de toutes possibles ouvertes avec son dos. Il se laisse glisser au sol. Il se penche en avant laisse ses doigts s'installer dans l'air, à quelques centimètres du museau de l'animal. Cette même main va ensuite caresser doucement le crâne de la créature, pendant que l'autre main se glisse sous la pile de vêtements afin de la soulever. Prenant à la fois les habits et Mathilde dans ses bras, Thaddeus se cale du mieux qu'il peut dans cette salle sombre.

Du bout de ses doigts il frôle le cou poilu de son amie. Il ne fait pas cela pour l'embêter, mais pour détendre ses muscles. Il se doute qu'une transformation comme celle-ci ne doit pas être agréable, il refuse donc de s'en moquer, surtout que cette boule de poils est adorable. Pourtant, il ne peut s'empêcher d'être amusé.

Mathilde, Mathilde,
qu'as-tu encore fait ?

Le petit chat pousse un miaulement lorsque l'immense Thaddeus le prend dans ses bras, certainement pour montrer son mécontentement. Mais à part taper de sa patte, la main qui vient à sa rencontre, la petite Mathilde ne peut rien faire sous cette forme face à ce doux géant. Malgré elle, elle ronronne sous les caresses et maudit sa condition de chat. Son pelage roux et ses rayures noires auraient pu faire d'elle un grand et majestueux félin. Mais au contraire, c'est une petite chose fragile à l'aspect de tigre, simplement.
Le petit chat pousse un soupir et pose sa petite tête contre lui, déjà fatigué face à l'approche de la deuxième transformation. Mathilde sait que la douleur ne va pas tarder et pendant quelque jours, se déplier va être compliqué. Elle a des articulations de petite vieille et son don n'aide pas vraiment. Mais que peut-elle y faire ?
Une petite minute s'écoule dans le silence interrompu par ses ronronnements qui l’apaisent finalement et de nouveau la transformation inverse s’effectue. Les vêtements contre elle, assise sur son ami, elle détourne les yeux et se lève tant bien que mal pour ne pas révéler trop de peau aux yeux de Thaddeus. Elle le remercie silencieusement d'avoir éteint la lumière et recule dans un coin pour se rhabiller hâtivement.

« Tu peux allumer. »

Elle se tient non loin, les bras refermés sur elle comme pour se protéger, les yeux détournés pudiquement. Parce qu'elle sait que sur ses yeux, les traces de ses pleurs sont toujours visibles. Humides et rouges. Mais elle ne veut pas ennuyer son ami, elle ne peut pas.

« Elisabeth n'a pas posé de soucis ce soir ? Elle est toujours si turbulente la veille d'une sortie. »

Elle ne s'est toujours pas rendu compte à quel point elle s'est attachée aux enfants, à quel point elle connaît leurs petites habitudes, leur moindre peur. Mais elle a peur de les prendre dans ses bras, de perdre à nouveau son âme. Alors elle recouvre l'amour par ces remontrances, les punitions. C'est son rôle de jouer à la méchante.
Enfin avec Thaddeus dans les parages ce n'est pas bien compliqué. D'ailleurs elle ne se doute pas non plus à quel point il est essentiel à son monde à présent. Qui sait ce que Mathilde serait devenue sans lui.

Dans un silence amical, Thaddeus ne fait rien. Il laisse la dame agir. Il a déjà fait ce qu'il devait faire; être là. Il ne cherche pas à trouver quelconques formes, ou observer une furtive ombre. Dès que le chaton redevient Mathilde, Thaddeus sait qu'une distance est de mise. Il laisse celle-ci s'installer sans aucun problème. Il attend les ordres. On lui annonce que la lumière peut retrouver sa place et pourtant, il n'en fait rien. Il prend le temps de se relever et de tapoter son propre derrière afin d'enlever les quelques poussières qui s'y sont collées.

Quand le bruit des tissus ne résonne plus, il se permet d'avancer dans la pénombre, sachant pertinemment que ce chemin est dangereux. Les enfants laissent toujours traîner quelques jouets par-ci par-là. Pourtant, comme habité par l'instinct paternel, Thaddeus n'en frôle aucun. Il arrive à destination, au près de celle qu'il considère comme douce. Il se permet de frôler ses coudes de ses deux mains, prêt à la guider auprès de la seule fenêtre de la salle de jeux. Il entame une douce marche, ne désirant pas brusquer la belle. Il en profite pour lui répondre, presque comme un murmure, qui pourtant se fait entendre dans ce silence.

Elisabeth ne pose de soucis qu'à toi, mais
c'est pour cela qu'elle est tendre avec moi.

Thaddeus rit dans ses paroles. Ses yeux fatigués brillent d'une tendre éclat. Cette dynamique gentil flic, méchant flic l'amuse toujours. S'ils avaient voulu le faire exprès, cela n'aurait guère fonctionné.

Ils se trouvent désormais près de la fenêtre et l'homme délaisse le contact avec son amie. Il préfère produire une dernière enjambée afin de se rapprocher de la lumière nocturne. Le ciel brille sur le duvet de neige. Il écrase ses mains sur le verre et y dépose ensuite son nez ainsi que son front. Thaddeus n'a pas honte d'agir comme un de ses enfants. Il fait signe d'une de ses mains vers Mathilde afin que celle-ci le rejoigne.

Regarde, regarde donc Mathilde,
comme cette neige est la plus belle.

Un spectacle comme ils en connaissent souvent, comme il les apprécie tant.

La dame grimace alors que ses genoux et ses poignets la font souffrir, résultat de sa transformation. Elle ouvre et referme doucement ses doigts pour tester chaque articulation mais elle se rend compte bien trop vite que ce n'est pas une bonne idée. Le mal est fait alors elle délaisse ses bras le long de son corps et se concentre sur son ami. Il n'a pas allumé et semble venir vers elle. D'ailleurs il la guide jusqu'à la fenêtre et elle se laisse faire avec curiosité. Mathilde observe Thaddeus contre la vitre, un léger sourire sur ses lèvres roses, chassant les dernières larmes de ses yeux. Il a ce pouvoir Thadd, le pouvoir de ramener le calme et le soleil au fond de ton cœur. Jamais pour bien longtemps mais au moins il lui laisse du temps pour se reconstruire une carapace.

Mathilde se décroche enfin de la contemplation des traits fins de l'homme seulement éclairés par l'éclat de la lune qui caresse son doux visage. Elle se rapproche de lui et jette un nouveau coup d’œil dehors.

« Belle et pourtant mortelle. »

Sa tempe vient se poser contre la fenetre à son tour, les yeux tournés vers l'exterieur. Elle sait que sous son apparence douce et duveteuse se cache un froid mordant. Contrairement à l'image du coton et des nuages, le tapis de neige peut se refermer tranquillement sur un corps et le garder pour l'éternité.

« Sept ans ... Il a eu sept ans. »

Mathilde ferme les yeux et se concentre pour ne pas céder à la panique. Pour ne pas plonger dans ces bras froids et y rester pour toujours.

Les yeux fixant la neige sont détournés par un reflet. Le directeur ne peut pas s'empêcher d'observer du coin de l’œil sa tendre amie. La neige est certes belle, mais il y a des chefs d’œuvres qui s'expriment parfois au monde, tout comme Mathilde le fait pour lui. Un sourire. Belle et pourtant mortelle, elle se décrit. Il ne sait pas si elle s'en rend compte, mais lui trouve cette description parfaite. Amusé, il a envie de rire. Il n'en fait rien. Elle pourrait le prendre mal, ce qu'il ne désire en aucun cas. Alors, il repart à l'observation de ses traits sur la vitre, simple reflet d'une splendide beauté.

Pourtant, une ombre pointe le bout de son nez. Le cœur de Thaddeus s'écrase dans sa poitrine. La tendre Mathilde s'ouvre à lui. Que ses mots sont tristes, qu'ils détruisent tout être sur cette terre qui n'est pas la leur. Yeux écarquillés, il tourne son visage vers sa consœur. Il ne sait faire qu'une chose, dans des moments comme celui-ci. Une de ses enjambées spectaculaires lui permet de s'approcher d'elle. Le visage perturbé, il ne sait pas quoi dire. Il agit par instinct, mais veut ses paroles réfléchies. Il pose ses mains sur les épaules de la femme en face de lui, comme si cela allait lui permettre de créer un lien invisible qui lui dirait quoi faire. Il n'en sait rien.

Quel mauvais ami il ferait, s'il ne peut tout simplement pas réconforter Mathilde. Le visage inquiet, il cherche un point d'encrage dans ces yeux. Il ne demande pas grand chose juste un contact. Parce qu'il sait qu'il ne peut rien faire et pourtant, il ne peut pas s'empêcher de sentir mal. La compassion est dévastatrice. Voilà la vérité, Thaddeus est,

J'en suis désolé.

Thaddeus s'approche et comme une enfant, elle se sent plus en sécurité. Et sous ses larges et chaudes paumes, elle n'a plus peur de tomber dans la neige et de mourir de froid. Oh comme ses cauchemars sont ridicules et pourtant ils la suivent jusque dans cette salle de jeux. Elle relève la tête et frotte doucement le côté de sa joue qui est à présent gelé, puis elle relève enfin les yeux vers lui après les avoir rouverts. Dans la pénombre elle aperçoit ses yeux à lui cherchant les siens. Il est toujours si prévenant ce grand homme et jamais elle ne pourra assez le remercier. Ou remercier le ciel qui lui a permit d'aterrir sur lui, après tout elle ne sait pas ce qu'elle serait devenue sans ses douces paroles ou ces gestes remplis de tendresse.

« Pourquoi es-tu si gentil Thaddeus. »

Elle ne lui pose pas la question, ça lui a simplement échappé des lèvres. Elle lui prend la main et la serre brièvement dans les siennes pour le remercier et se retourne vers l'interrupteur. Elle n'a pas la grâce de son ami et manque de marcher sur des jouets de nombreuses fois. Elle accompagne sa marche de jurons silencieux et souffle à Thaddeus de se préparer à la lumière soudaine. Le chagrin est éloigné pour l'instant alors il faut qu'elle s'occupe. Elle allume de nouveau et ferme les yeux un instant, éblouie. Mathilde papillonne des yeux et regarde son ami.

« Vas savoir pourquoi je m'exhorte à ranger cette pièce tous les soirs alors qu'ils viennent y remettre le bazar une fois le matin venu. »

A l'image de son cœur creux finalement. Elle se baisse pour ramasser les premiers jouets à sa portée et les porte jusqu'au coffres prévus pour les recueillir. Sauf que dans son cœur ce n'est pas elle l'as du rangement, c'est Thaddeus qui fait le ménage dans ta tête et éloigne les nuages gris. Mais au matin venu tout est sans dessus-dessous. Et elle sait que le lendemain matin, au réveil dans son lit vide ce sera comme d'habitude.

Ni le silence ni les ombres ne lui font peur. Il possède des craintes bien différentes que ce qui est audible ou visible. Le noir peut être aperçu tout comme l'absence de bruit. Thaddeus, homme de bonté, a une crainte bien précise. Quelque chose qui le ronge au fil des années. Il se rend bien que le problème pointera bientôt le bout de son nez. La solitude. Ceux qu'il n'apercevra plus, ceux qu'il perdra de vue.
ÊTRE SEUL.

La tendre Mathilde possède elle aussi ses peurs, il ne peut pas se permettre de la déranger avec la sienne. Alors, silencieux, elle la laisse se mouvoir, le regard qui ne la quitte pas, protecteur. Il se laisse éblouir de cette lumière qu'il apprivoise au bon matin. Un sourire. La belle ne semble pas porter les jouets dans son cœur, ou tout du moins la tâche qui en découle. Un dernier regard avec la douce neige, manteau glacé si bien porté. Il se doit désormais de l'aider. Il commence à ramasser les briques de bois, les tiens contre lui afin d'en prendre le plus possible. Pour décharger Mathilde d'un point dont elle ne voulait peut-être pas. La remarque sur sa gentillesse, Thaddeus la garde là, au fond de son esprit. Il n'a guère de raisons de rebondir dessus, alors il préfère ne rien en faire. A la place, il rit. Elle n'a pas tord. Ranger n'est pas très utile, puisque dès demain, tout sera sans dessus dessous. Pourtant, il y tient.

Voyons, si nous laissions les choses ainsi,
les petits se feraient bien mal en arrivant.
Tu les vois bien courir dès que le soleil brille,
ils glisseraient si facilement ... on ne peut pas.

La sécurité avant tout, celle de ses enfants chéris. Les siens, oui, pendant quelques temps encore. Jusqu'à ce qu'ils soient assez grands. Il en a déjà vu partir. Il attend le soir pour pleurer les départs bienheureux. Ce ne sont pas des adieux et pourtant, il ne s'y habitue jamais. Il les chérit tellement, ces tendres petits. Il ne veut pas que l'un d'entre eux glisse et se fasse mal. La bonne humeur de l'orphelinat disparaîtrait alors ... Oh non ! Triste idée noire. Il le refuse. Le voici déjà qui se débarrasse des jouets ramassés, il les dépose doucement dans le coffre adapté. Bientôt, il n'aura plus d'utilité ... bientôt, les enfants seront trop grands. Trop grands pour se rappeler de lui.

Mathilde le sait, ranger est nécessaire mais le lendemain elle les punira pour ne pas avoir rangé avant d'aller dormir. Parce qu'elle sait faire ça, qu'elle sait faire maintenir les règles dans la maison. Il le faut pour ne pas sombrer. Surtout lorsque c'est un jour particulier comme aujourd'hui. Elle soupire et ramasse d'autres jeux, des petites voitures mélangées au petites poupées.

Elle se redresse enfin en se massant le dos et observant la salle avec un hochement de tête. C'est bien mieux ainsi, ils ont fait du bon travail. Ils sont un bon duo tous les deux, ils se complètent, s'assemblent comme de bons vieux amis. Elle aime à penser que c'est son ange protecteur depuis la Chute. Il ne semble pas avoir de mauvais côtés, lui, l'ange rieur. Parfois c'est vrai qu'elle oublie qu'il reste un humain après tout, avec des pensées et des envies.

« Veux-tu un thé ou un café ? Je vais me faire un chocolat. »

Elle se dirige vers la cuisine à présent, sans allumer les pièces derrière elle, comme si elle voulait se cacher dans les ombres après s'être ouverte un peu à Thaddeus. C'est difficile pour elle d'en parler et pourtant la fleur en avait besoin ce soir.

En entrant dans la cuisine, elle allume tout de même pour ne pas se blesser et met de l'eau et du lait à chauffer. Puis elle ouvre le placard où se trouve la collection de thé et de café de son ami. Mathilde ne sait pas lequel prendre, elle n'a jamais vraiment été une fan de cette boisson. Elle est plus chocolat, le thé et le café l'énervent de trop.

Et Thaddeus, peu importe l'invitation, suivrait la Belle de Nuit sans réfléchir, déjà fort sous son emprise. Il y a des liens qui ne se brisent pas, qui semblent exister depuis plus longtemps que les êtres eux-même. Persuadé qu'il s'agit de quelque chose qui y ressemble fortement, il lui obéirait aveuglement. Ses sourires se veulent sincères, le sont toujours lorsque ses yeux croisent les siens, et ses rires le rendent lui-même heureux, qu'il espère la voir rire à son tour. Car Mathilde, bien que créature orpheline de la vie, ne semble pas se rendre que l'homme a fait d'elle sa famille, comme ses enfants qui partagent son cœur.

Ainsi les voici dans la cuisine. La lumière se fait vive, mais l'homme est habitué. Avec son amie qui traîne de nuit, il sait que la lumière arrive et repart sans prévenir. Si avenante, elle fait déjà chauffer les liquides et cherche pour lui sa boisson. Il sait au fond que s'il prononce spécifiquement le nom de ce qu'il désire, elle risque de s'y méprendre avec un autre. Alors au lieu de lui montrer cette lacune, il préfère prendre les devants. Debout derrière elle, Thaddeus lève le bras avant de prendre une boite se situant au fond du placard. Un café torréfié à la Vallée, qu'il trouve adapté avant d'essayer de dormir. Le côté étoilé, peut-être.

Celui-ci sera parfait, mais
ne sois pas choquée
si tu me sais réveillé.

Il lui sourit et s'éloigne d'elle, de deux pas à peine. La caféine, peu importe laquelle, ne lui permet pas de sombrer dans de douces voluptés. Ce n'est pas un problème, car ce serait mentir s'il n'avouait pas s'endormir, parfois, derrière son bureau, l'après-midi venu.

Tu peux t'asseoir, si tu veux,
tu en as déjà tant fait ...