Assise à son bureau, Sasha triait sa paperasse avec conviction. Et une légère gueule de bois. La veille n’avait pas été de tout repos et la blonde se souvenait à peine de l’heure à laquelle elle avait enfin pu sombrer dans les bras de Morphée bien au chaud dans son lit. Ressentait encore les effluves du champagnes, l’ambiance électrique de chaque pas de danse. Un peu trop d’alcool peut-être. Ainsi, ses sourcils venaient se froncer en une ligne caractéristique de mauvaise humeur. Ce qui ne l’empêchait aucunement de faire son travail comme elle l’avait toujours fait : avec manière et efficacité. Le jour et la nuit divisaient ses pensées, ses envies ; n’aurait mélangé les deux pour rien au monde. Car au sein des bureaux surplombant les mines, la russe était connue pour sa rigidité inégalable et sa tenue irréprochable. En souriait parfois de fierté. Ses cheveux parfaitement tirés en un chignon élaborée, son tailleur blanc crème et ses escarpins beiges lui avait valu plusieurs heures de travail et de réflexion. Et c’était cela tous les matins, champagne ou non.

Quelques coups à la porte lui firent lever la tête. Un « entrez » prononcé de sa voix claire, pour voir apparaître une horrible touffe verte. Sasha en grimaça de dégoût avant de reprendre contenance à l’entrée de Belle. Elles s’étaient déjà croisée bon nombre de fois ; dans les longs couloirs de l’entreprise ou sur une piste de danse. Souvenir qu’elle préférait oublier ; enfouir à tout jamais dans un recoin de son esprit. La vulgarité de ce souvenir passé l’avait hanté un bon moment, jusqu’à ce que la jeune femme se fasse finalement à l’idée qu’avec Belle, la séparation entre ses journées et ses nuits ne se ferait malheureusement jamais. Alors tout simplement, elle l’ignorait.

Ferma un instant les yeux de dépit. Pour ne pas voir son visage si peu entretenue, son jean taché et son absence évidente de soutien-gorge. Et bien évidemment, rien ne la préparerait jamais à cette affreuse couleur de cheveux. Sasha aurait voulu garder ses yeux clos pour l’éternité. Ou du moins jusqu’à ce que l’autre s’en aille et ne gâche pas sa journée.
Mais professionnelle avant tout, la russe planta finalement son regard sur le beau brun de ceux de son invité indésirée. Ses yeux, il n’y avait que cela qu’elle aimait bien ; ne le lui avouerait évidemment jamais.

« Belle. Je suis occupée, qu’est-ce que vous voulez ? »

Avant de se replonger dans ses dossiers comme si plus rien ne l’intéressait.
Non décidément ce vert n’allait pas du tout avec son teint.