Tu n'avais pas prévu qu'elle puisse changer de comportement aussi vite. C'est une lueur vengeresse qui flamboie dans son regard et qui te réchauffe malgré tout. Cette attitude, ces yeux... tu avais eu les mêmes sur terre. La vengeance n'amenait souvent à rien, on péchait autant voir plus que celui qu'on condamnait. On se perdait dans des croisades, animées par une pseudo-justice qui apportait que malheur et désespoir. Tu le savais mieux que personne... Codie et les autres avaient tristement goûté au fruit d'une mort certaine après que tu les aies enfermés dans ce local. Tout ça parce qu'ils voulaient te trahir, tu aurais pu juste t'enfuir mais tu avais cherché à les punir.

— « Le leader hein ? Jamais entendu parler. Je ferai attention. »

Un mensonge nécessaire pour protéger tes arrières. Cela faisait que quelques jours que tu étais descendu de Paris et c'était bel et bien ce Leader lui-même qui était venu te cueillir, t'offrir une seconde chance. Un masque et une position confortable pour ne plus jamais avoir à trahir. Tu prononcerais des sentences que personne ne t'obligerait plus à éxécuter. Et si tu avais pris la mauvaise décision ? Non, tu ne pouvais pas laisser tes engagements gangrener pour un beau sourire. Dès qu'elle connaitra la vérité, toute la vérité et pas juste celle de l'organisation, il n'y aura plus qu'une once de dégout ou une indifférence amère qui te seront réservés.

— « Ce n'est pas sain, de se laisser dominer par la colère. » C'est à toi de la mettre en garde, pour la remercier. « Crois-moi, j'ai beaucoup perdu en haut. Souvent de par ma seule responsabilité d'ailleurs, à cause de cette rage qui nous bouffait tous au quotidien. Si tu joues proprement tu gagneras. »

C'était faux.
Les forts dévoraient les faibles, les loups battaient les agneaux, et ça avait toujours été comme ça.
Mais un juge reconnait l'égalité impartiale entre les prédateurs et les proies. La balance ne s'inverse pas, elle est dans un équilibre éternel, nourri par l'espoir.

— « Mais tu as l'air remontée, alors je veux bien croire qu'il s'en mordra les doigts. » Tes yeux se font plus sombres. « Comme tout ceux de son organisation. »

Tu devrais peut-être la tuer maintenant.
Tes poings se serrent derrière toi.
Tu n'en as pas envie, et tu ne seras pas bourreau, pas cette nuit.
Plus aucune des nuits.