Par mont et par vaux, elle vient en sourde colère, froide comme une lame, venir toquer à ta porte, toc toc toc, trois coup bref, trois coup légers, trois coup emplis d'une violence que l'on suppose pas. C'est que c'est un petit bout de femme, une jeune fille en fleur qui cache la sienne sous des airs bourrus et d'enfant des neiges, de celle qui a toujours les mains froides quand bien même son cœur est chaud, à vif, brûlé.

Tu ne le sais pas encore, mais tu as vidé le bidon d'essence sur elle, allumé la mèche, voit comme elle flambe, elle et ses cheveux de paille, elle est toute enflammée, d'une flamme bleue comme l'hiver, d'une flamme silencieuse comme une lame.

Elle est venu te voir toi, juste toi, toi et tes yeux, tes cheveux, ton corps de gringalet, ton corps si dégoutant pour elle, ton corps qui contrairement au sien, n'a pas de sein, ton corps si droit, une vraie planche de pain, comparé à elle, qui est fait toute en rondeur, mais tu as ce physique qu'elle ne pourra jamais avoir, ce physique qui est trop éloigné de ce qu'elle connait, de cette gente à l'opposé d'elle, de ce qu'elle aime.

Et oh tu as le malheur de lui avoir volé son cœur, mais pas dans le bon sens non, son cœur si meurtri, entre tes doigts tu l'as broyé sans même lui demander son avis, si elle avait envie, de souffrir ainsi. Oh aujourd’hui c'est une enfant de la colère qui est venu te voir, elle vient déposer des maux dans ta boite au lettre, elle vient écrire contre tes joues des notes qui ferait peur au chien les mieux dressés, elle qui se veut louve guerrière. Tu ne lui fais pas peur, tu as beau être plus vieux qu'elle, ce n'est pas un jeune comme toi qui va lui marcher sur les pieds oh non.

Elle va t'apprendre
la vie qu'elle a apprit dans les bois
elle va t'apprendre à t'écraser
elle va t'en faire voir de toutes les couleur
de celle qui marche sur tes plate-bande sur ton corps maigrelet
d'un ton supérieur, parce qu'elle est, c'est évident, elle est le seul choix, mais tu es rentré dans l'équation et soudainement
elle n'en fait plus parti
et ça la rend furie, ça la rend triste à en mourir
elle qui aime avec tant de ferveur elle se sent fourvoyée mais ce n'est pas à sa douce dame qu'elle en veut
comment peut elle lui en vouloir ? elle qui est si douce, si pleine de bonbons, oh elle lui pardonnerait même un couteau en plein cœur, et puis elle n'avait jamais osé lui avouer, jamais, car elle sait que ce n'est qu'un sens unique sur cette autoroute là.
Alors c'est toi qui payera
payera pour deux, payera pour trois.

La porte s'ouvre et ton sourire dégoulinant apparait derrière, pouah, il est dégoutant. Il coule de partout sur ton visage, il t'enlaidit, oui elle en a ainsi décidé, bonne fée, tu seras laid. Tu seras proie, à abattre avec passion, tu sera bois, et elle, feu follet qui enflamme la forêt. Tu seras tout ce qui meurt, et elle, survivante de ce monde là.
Bonjour que tu dis
et elle a envie de te cracher dessus
de t'attraper par les cheveux, te trainer dans la rue
te faire payer oh payer tellement fort assez fort pour te casser en deux
mais vois comme elle est, elle qui a des idées derrière la tête, elle te sourit aussi
de ce sourire sombre, de celui qui ne veux que ta souffrance, que tu périsses entre ses bras, pendant qu'elle te chante une berceuse pour mieux t'endormir.

Bonjour !

et ses mots sont ronds, tout doux, elle a la voix chantante, voit, elle se fait faussement, douce, elle t'offre ses rondeurs, en emplit ses joues souriantes. Non elle ne cherche pas Hector, elle se fiche de ce dernier, elle est venu pour toi, mettre un pied dans la porte, voit comme elle s'avance, l'ouvre un peu plus, rentre sans demander avis.

Non je suis venu pour toi mais oh j'ai faim et j'ai froid, puis-je me réchauffer un petit peu chez toi ?

Dit elle
alors qu'elle est déjà à l'intérieur dans le couloir, qu'elle observe votre décoration, la jugeant de son petit nez plissé, de son regard inquisiteur, elle juge tout imparfait, rien assez bien pour sa déesse que tu as bafoué. Elle a sa petite caisse en bois dans le dos, et la retire pour la poser dans ce couloir, elle n'en a pas besoin, elle la laisse donc avec les manteaux et les chaussures, voit comme elle retire les siennes, comme si tu l'as déjà invité, comme si ça coule de source que tu dises oui, parce qu'elle te veux faible, sans conviction, sans capacité à dire non.

Alors elle saura
ton caractère vrai
si tu es un homme qui peut supporter le poids de cet amour
si elle te juge apte à le porter entre tes bras
à le soulever de terre pour mieux l'aimer dans un ciel sans nuage
dans un ciel sans orage, si ce n'est celui de Mariette, celui de sa rage.

Comme tu es minable, à la laisser entrer sans te révolter, comme tu es pitoyable, à prendre cette voix enjouée, comme si c'était un parfait dîner. Elle ne dinera que de ton cœur, elle ne veut pas de tes biscuits, mais elle dit quand même merci parce qu'elle joue à l’impoli polit. Elle se défait de sa veste et la met sur le porte manteau. Pieds nus, en chaussette, elle glisse le long de ton plancher, elle découvre les pièces sans y avoir été invité, vient s'installer dans la cuisine, regarde le mur, le sol, les ustensiles, ce demande si tu es bon cuisinier, si tu la nourriras bien, mieux que ce qu'elle aurait pu faire, elle, à la vocation chasseresse, elle qui connaissait si bien la faim au ventre, la faim du cœur.  

Tu sais cuisiner ? Est-ce que tu as un métier ?

Ou es-tu de ces horribles "étudiants" qui ne rapportent pas le pain à la maison. Es-tu de ces inutiles manants ? Elle ne te le pardonnera pas, pas qu'elle te pardonne grand chose, mais ça serait ça de plus sur la liste noire de tout ce qui ne va pas chez toi, à commencer par tes cheveux, oui, la manière dont ils se dressent sur ta tête, ça ne te va pas, tu n'as pas de goût et ça se voit. Elle hausse les épaules comme si elle s'en fout, mais alors, fout de tout, mais au fond d'elle elle est folle, folle d'elle, folle de cet amour à sens unique, folle à en crever, voit comme tu l'as tué, toi si maigrelet, toi si faible et pourtant
pourtant si fort
plus fort qu'elle, que ses sentiments dévorant
plus fort que ces hurlement de louves esseulés qui a perdu son être aimé, car voilà
elle en est éprise d'un autre
comme ça fait
mal
mal
mal
dit sais-tu comment ça fait ? de se faire transpercer le cœur
ne t'en fais pas elle va t'apprendre cette douleur
elle va t'en faire voir de toutes les couleurs, que tu les saches par cœur, ses martyrs.
(démons de son cœur)

Elle te regarde du coin de l’œil, ainsi tu as des griffes, ainsi tu as des crocs, ahah elle le savait ! tu n'es pas tout miel, tu n'es pas comme elle le disait, ce jeune homme doux qu'elle laissait entendre, tu ne veux pas te laisser faire par Mariette elle devrait être contente que tu lui tiennes tête que tu montre un peu de caractère mais rien ne lui va même ce qu'elle pensait un instant tout bas, non ça ne lui va plus, rien ne va chez toi, rien de rien de rien, elle ne sait pas ce qui pourrait la satisfaire.
sûrement rien
condamné avant d'essayer, tu es
un mal qui ne se guérit pas.

Alors elle hausse les épaules et elle rit fort, d'un rire moqueur d'un rire violent qui se cogne au parois ferait trembler les murs si elle le pouvait, car tes murs peuvent bien trembler, ici git la terreur de tes prochaines nuits elle l'espère, le loup du petit chaperon et elle va te MANGER tout cru s'il le faut, ça ne lui fait pas peur, de te mordre à même la peau.

M-a-r-i-e-t-t-e et toi c'est Caliban n'est-ce pas ? Je sais déjà pas la peine de te fouler. Alors, tu cuisines, tu as un métier ? qu'est-ce que tu fais dans la vie ? Est-ce que tu vis au crochet des autres ?

Et toutes ses répliques sonnent acerbes, elle n'arrive pas à se faire douce, elle ne peut pas, tout en toi l'insupporte tout en toi la rend folle folle folle, comme un moulin à vent qui s'emballe ses paroles s'entre-coupe de tsk de tcheh d’onomatopées qui en ont marre de toi.

De toute façon ça sera bientôt fini, elle ne compte pas jouer longtemps la comédie, bientôt ça en viendra au poings et elle n'aura pas peur non, de te faire quelques bleus, de te faire saigner du nez, elle n'aura pas peur de saigner elle même car elle est une guerrière et toi, un pauvre paysan sur le chemin d'un dragon. Regardes-la bien, retiens ce visage, car c'est celui qui va te faire mordre la poussière.

Un peu ?

et son rire s'élève à nouveau, vacarme de son sarcasme, elle rit si fort, tel un ogre qui va te manger à la sauce de sa fausse nonchalance, elle se sent étrangement grande, comparé à d'habitude, elle se sent comme en plein vol, comme si elle avait trouvé sa voie : te faire mal.

Elle trouve que c'est facile, d'être méchante, comme facile de tuer, il suffit d'appuyer sur la gâchette et le coup part, hors de nous, hors de notre contrôle. Mais elle ne veut pas justement, plus être sous contrôle elle veut sortir de ses gonds, se faire gorgones, t'arracher les yeux, te pétrifier sur place, que tu sois transfixé d'un simple regard.

Alors à grand pas elle s'approche de toi, et te pointe du doigt, d'un index tremblant, d'un index accusateur.

Oh regardez moi je suis C-a-l-i-b-a-n je parais tellement grand, je cuisine et j’apprends un métier sûrement un métier nul mais je m'en fiche car je suis un i-m-b-é-c-i-l-e heureux. TU CROIS, TU CROIS POUVOIR LA RENDRE HEUREUSE ?

Et elle crie si fort, cette fois-ci contrairement à ses rires, à en faire raisonner les murs, une bonne fois cette fois là. Elle rit encore, elle tourne sur elle même, elle fait un petit geste de la main comme pour dire : pas la peine de répondre, pas la peine de te fouler, rien ne sera assez bien pour elle, jamais rien, parce qu'elle aurait du lui être destiné, à elle, E L L E, pas toi le plouc.

Elle passe ses mains dans ses cheveux compulsivement, elle se les peignes, cette belle crinières, elle les ébouriffes plus qu'autre chose, se fait lionne, quand c'est une louve qu'elle est. Oh à quoi joues-tu Mariette que veux-tu de ce pauvre garçon ? Qu'il soit à genou ? Qu'il soit à te demander Pardon ? Est-ce que ça suffirait à assécher ta soif dévorante de son sang ?