Cheveux de paille
Paille qui s'enflamme
La nuit c'est bleu mais sous le feu ça prend des tournures
Orangé
Prend garde l'eau qui dort c'est
Jamais plus fort qu'une fois éveillée

Sourire en coin
Passe muraille
Pas passe partout

La fève ça vous fait reine
Que les sales gosses la surnomme brioche ou frangipane
Que sa coiffe soit de paillasse ou brodée d'or  :

Du ventre bien rond et moelleux elle en est sorti roussoyant.

N'est elle pas drôle
Elle est de celle contre laquelle on se casse la dent
Pas drôle oui c'est ce qu'elle est la fève
Nom qu'elle s'approprie
(puisque c'est une belle allusion
Après tout
N'en faut il pas une nouvelle depuis l'assassinat de son bon César ?
Une nouvelle couronne)

Elle n'allait quand même pas s'enticher de Marie-Antoinette Mariette, la couronne elle la veut oui mais sa tête aussi.

Elle a besoin de toute celle-ci pour à bras le corps essayer de joindre les deux bouts de ce que tout un tas de gens veulent qu'elle soit de tout un tas de façon différente, ce qu'elle ne peut s'empêcher d'être, ce qu'elle aime être et, le plus élusif de tous du haut de ses 10 ans  :  ce qu'elle est réellement.

Qui
De César
De la fève
De l'alien
De l'enfant
de l'Autre

Lâché dans la nature pour sa huitaine
Plus de harnais
Plus de laisse
Obligée de jouer carte sur table qu'on lui dit maintenant
Prend garde
Les cartes font frémir leur dos rond

Mariette n'a jamais été une enfant facile
c'est ce que diront ses parents.

Tandis que sa mère enfile ses bas, le petite déjà toute harnachée en profite pour, de sa petite main curieuse, effleurer sans peur la longue cicatrice pour une fois a porté de doigts.
Touche moi pas  !  
Maman claque d'un revers cette tentative, la voix pleine d'une véhémence inhabituelle qui clash avec son apathie usuelle.
Les yeux rond comme des billes, tenant sa main au dos rougit contre elle, la petite se précipite hors de la chambre pour aller s'accrocher aux jambes de son père.

La blessure bien que close, est vive.
C'est à cause de la césarienne tu comprend Mariette  ?  Tu es née par là lui dira Papa.
Césarienne s'est un bien étrange mot pour elle, l'explication la rend interdite  :  elle comprend que ce n'est pas une manière habituelle de naître.
Sûrement quelque chose ne va pas chez elle.  
Mariette aurait bien demandé au monsieur en chemise blanche si beaucoup d'enfant naissent par césarienne, mais elle ne l'aime pas beaucoup son docteur et aussi, à peur de la réponse. Alors elle ne demande point.

Tu vois, regarde-là,
Maman pointe du doigt,
c'est lui César,
celui avec le grand nez là !  
Pour une fois Maman rayonne, elle semble si fière  ; si ça n'avait tenu qu'à elle, Mariette s’appellerait Athéna. Tandis que mère et fille parcoure l'allée consacrée a l'antiquité cette dame d'allure morose reprend des couleur, elle en deviens même bavarde, raconte des histoires d'empires et de déités à son enfant.
De quoi faire de beaux rêves
Des rêves éveillés où l'on mélange un peu tout et où l'effrayant mot s'honore d'une couronne de laurier.
Un petit soleil prend pied dans le cœur meurtri de la fillette  :  elle n'est pas peu fier d'être née en Césarienne à présent ! Tout est beaucoup plus beau et poétique sous le protectorat des puissants. L'image durera une poignée d'années avant de sombrer.

La lueur froide de la télévision peint les murs et le mobilier d'éclats bleu, de gerbes grise tranchantes, parfois criardes, parfois furtives, le pire reste quand ces franches couleurs se font aspirer à nouveau par l'écran, laissent une traînée d'ombres plus menaçantes encore derrière elles.
Blotti sous la table, Mariette a les yeux écarquillés, le souffle court mais silencieux. Toute son attention est rivée sur le poste dont elle dérobe les images chaque secondes qu'elle transgresse son couvre-feu d'enfant.
Papa et Maman ne l'ont pas vu, engoncé.es dans le canapé, elleux aussi happé.es par le film.
....est malade
Mariette aussi, elle a une boule dans la gorge
....a quelque chose dans son ventre
Tout l'équipage est inquiet
Mariette est pâle comme un linge, elle tremblotte, la peur la ronge mais elle n'arrive pas a détourner le regard.
Soudain,... Se met a hurler de douleur et l'horreur est à son paroxysme tandis que la bête déchire ses chairs, jaillis de ses entrailles.
Mariette hurle de terreur, d'un cris strident qui n'en fini plus
Les adultes bondissent hors de leur confort pour se ruer sur la fillette en larme, balbutiante, recroquevillée sous la table.  
Mais il est déjà trop tard
Dans le noir les lauriers ont fanés
Poignardé dans le ventre cette fois là
César s'effondre
La césarienne redeviens ce terrible terme médicale qui lui donne l'impression d'être...d'être quoi au juste  ?
Les dauphins et les orques ne l'amuse plus, ils flottent sur leur flanc et cognent contre les genoux de Marie.
Elle arbore un minois renfrognée. C'est dire qu'elle attend depuis 30 minutes déjà. Excédée et ayant froid elle se redresse et sort dans le couloir bien décidée à faire entendre son ras-le-bol. Elle s'imagine en princesse marine avec sa traine de flaques et de gouttes d'eau mais une fois arrivée a porter de voix de ses parents, elle se noie.
Mariette vient tout juste d'entendre Maman, excédée dire que ce n'est pas son enfant.
De qui  ?  
Ce n'est pas sa petite fille
Qu'on lui rende la sienne qu'elle pleure
Qu'elle s'effondre dans le ton mais reste campée sur ses pieds, sur ses positions.
Pourquoi Papa ne veut pas lui avouer, est il du côté des docteurs ?  
la nuit  
lui a pris son bébé et lui en a donné un
Autre
Qu'elle dit
et balbutie pourquoi pourquoi on ne me rend pas mon bébé pourquoi je dois m'occuper de celui qui appartiens à une autre.
Papa sait bien que c'est une crise, qu'elle est retournée dans un état de confusion, baby blues, traumatisme, il ne sait plus. Au fond elle l'aime sa fille il l'a vu l'aimer il sait, Papa sait
Mais Mariette ne sait pas.
Petite graine humaine et  de ???
Elle ne comprend pas encore toutes les subtilités de la souffrance, et subit, du haut des escaliers ou elle est restée interdite, cette douleur maternelle de plein fouet.
L'alien ce n'est plus
qu'un cauchemar, qu'une vilaine allégorie qui la tiens éveillée la nuit.
Pour sa maman il est bien là le vilain, c'est elle.
C'est Elle.

En trombe Marie s'enfuit dans sa chambre, n'entend pas la stupeur d'avoir été surprise dans la plainte de sa mère, ni les grands pas qui la talonne bien vite de son père. L'enfant s'enfuit loin dans sa chambre, sous sa grosse couette.
Elle est frigorifiée mais la colère la fait bouillir hors d'elle même, la colère et ses autre sentiments toujours d'habitude en arrière plan, dont elle ne connaissait pas trop le nom mais qui aujourd'hui explosent hors d'elle plus fort que sa colère sûrement :
sa honte,
son dégoût,
ce sentiment d'être coupable d'être.

Et lorsque son père soulève avec précaution la couverture, l'appelle d'une voix douce, c'est une enfant sauvage et rouge de terreur et de rage qui lui feule dessus, pleure, se débat pour garder la couverture sur elle, et d'une voix rocailleuse qui gronde à chaque syllabe de la laisser tranquille.
Cette nuit, elle s'endormira terrée sous sa couette, ses deux parents dorlotant son œufs de fortune en demandant silencieusement pardon.

Puisque c'est un monstre qu'iels veulent, dans toutes ses colères elle le sera.
Que personne ne puisse oublier ces mots, ces regards,
que personne n'oublie cette blessure gardée jalousement tout comme les dragons le font.
Qu'elle même ne puisse oublier la source de son malaise de toujours, enfin exposé au grand jour.
Que personne,
tonneras-t-elle,
ne lui dénie cette souffrance qui est tant a sa mère qu'à elle-même.