new horizons

Adieu le désert, bonjour Celestia. Ou plutôt, Polaris, la capitale. Un peu triste d’avoir vu Caliban prendre une autre direction, convaincue qu’il aurait pu avoir sa place à Polaris, ou, tout du moins, à tes côtés, toutefois, les choses étaient ainsi faites et puis, ce n’était pas parce que tu lui disais au revoir que c’était un adieu. Tu irais faire des visites à la Vallée des Constellations dès lors que tu en aurais l’occasion. C’était une promesse que tu t’étais faite mais que tu lui avais fait à lui aussi. Peut-être que toi, tu aurais pu l’accompagner, accepter l’offre faite par les recruteurs (de ce que tu avais compris), cependant, tu avais été charmée par ce qu’on t’avait dit de Polaris et puis, ce n’est pas comme si tu as vraiment eu le choix. Trop curieuse, peut-être trop rapide en affaire, tu avais attrapé le cristal offert par ces derniers avant même d’en comprendre les implications. Ton sort avait été scellé dès lors que tu avais vu le cristal disparaître et ta place était désormais tout au nord du continent, dans les montagnes enneigées.

On t’avait fait savoir que tu aurais de l’aide, une fois que tu aurais traversé la sécurité importante qui surveillait les entrées tout comme les sorties de la capitale. Tu étais surprise de voir tant de surveillance, toutefois, à quelque part, ça te rassurait. Après tout, tu avais connu la misère, ces dernières années. Tu avais connu les campements improvisés, les communautés formées pour être rapidement abandonnées. Tu avais connu la violence, la mort, les monstres décimant tout ce qui se trouvait sur leur chemin. Tu ne pouvais donc pas cracher sur un peu de tranquillité d’esprit, sur ce sentiment de sécurité si agréable qui venait de naître en toi maintenant qu’on t’avait laissé passé pour entrer dans la ville. Jade de Celestia. C’était désormais chez toi, ici. Tu te dis que t’es pas trop mal tombée, sans mauvais jeu de mots.

Sourire sur les lèvres, ton regard émerveillé passant sur à peu près tout et n’importe quoi t’entourant, tu mets quelques secondes avant de remarquer celui qui s’est approché de toi. Ce n’est que lorsque ton nom se fait entendre que tu comprends qu’il s’adresse à toi, t’amenant ainsi à lui accorder un peu de ton attention dissipée. - Oui, c’est moi ! Tu as la voix légère, un sourire enthousiaste sur les lèvres, l’air tout particulièrement heureuse d’être ici. C’est normal. Tu viens de quitter un monde hostile pour quelque chose d’impressionnant, pour une ville où la technologie semblait avoir pris le dessus, t’amenant à penser à toutes ces villes que tu n’avais pas eu l’occasion de visiter, à la surface. Tous ces voyages tu n’as pas pu faire. Tu chasses rapidement ces pensées de ton esprit pour tenter, vraiment, de te concentrer sur l’homme qui te fait face. - C’est toi qui va m’aider à faire mes premiers pas ici, c’est pas ça ? Un moment de pause. - C’est trooooooop cool. Oui, vraiment trop cool. Tu fais un pas vers lui, lui attrapant le bras, tout ça pour aller dans une direction quelconque. Certes, tu devrais le laisser guider, mais t’as vraiment envie de découvrir tout ce qui t’entoure.

new horizons

Tu avais désormais un nom à mettre sur son visage. C’était donc lui, Pavel, qui allait s’occuper de t’aider à faire tes premiers pas dans cette grande ville dont tu ignorais tout. Cette ville qu’il te tardait de découvrir, ton regard attiré par toutes les lumières, toutes les enseignes et tous ces visages. C’était une grande ville bourdonnant d’activité, la cacophonie des discussions tout autour de toi avait quelque chose de rassurant, de réconfortant. Voir des piétons pressés, une mère avec son enfant, des adolescents traînant dans les lieux publics avec quelques adultes excédés par leur présence, tout respirait d’une vie que tu ne connaissais plus depuis des années. Il y avait une normalité dans ce décor, avec cette voiture passant devant toi, te forçant à t’arrêter, qui te faisait te sentir bien, presque comme chez toi. C’est peut-être pour ça, au final, que tu as accepté la proposition de Celestia. Pas parce que tu as assimilé un cristal par mégarde mais bel et bien parce que c’était ce qui se rapprochait le plus de tout ce que tu avais connu par le passé.

Puis, sincèrement, tu n’aurais jamais survécu dans une ville plongée dans une nuit perpétuelle. Tu avais besoin de soleil, de lumière, un peu comme une fleur qui ne demandait qu’à s’épanouir. Tu avais besoin d’un peu de normalité, de retrouver tout ce que tu as perdu jusqu’ici et, vraiment, tu avais confiance que Polaris, la capitale, pouvait t’apporter ça. Du réconfort, dans tout ce bruit ambiant et ces lumières éclatantes, qui devaient briller de mille feux lors de ces nuits où il semblait parfois encore faire jour. Parce que le monde ne s’endort jamais.

- Ouai, je pense ! ‘Fin, j’ai pas tout compris, mais eh, normalement, j’ai de l’argent de déposer dans mon compte. Je savais même pas j’avais un compte. Ça t’arrangeait vraiment, en fait, qu’ils se soient chargés de l’administratif pour toi. T’étais pas vraiment douée, ni très assidue, avec tout ce qui était papiers et documents. - Et sinon, bah, il y a toi. Tu fais parti de mon kit de départ, je pense, que je ne sois pas juste lâchée dans la nature sans savoir où je vais. Tu te détaches pour marcher plus droite, toujours aussi souriante, les pas légers, te retournant pour t’avancer à reculons et ainsi pouvoir le regarder.  

Quant à la question qu’il t’adresse, t’es vraiment pas certaine d’avoir une réponse. Parce que tu veux faire beaucoup de chose. Tu voudrais tout faire. Tout voir. Ne pas perdre de temps. Mais tu sais que ce n’est pas comme ça, que ce n’est pas aussi facile puis bon, tandis que tu passes une main dans tes cheveux, que tu te retrouves à voir des grains de sable tomber devant tes yeux, tu grimaces. - Vraiment, les douches au désert, ça laisse à désirer. Et j’ai faim aussi. On m’a aussi laissé quelques vêtements. Tu désignes le sac que tu as jeté sur une de tes épaules. - Donc peut-être que manger, prendre une douche et me changer me ferait du bien. Et après, tu me fais visiter ? Si tu veux, hein. Sinon, je peux aller me perdre toute seule, je suis une grande fille. Parce que bon, peut-être que, pour quelqu’un qui vivait ici depuis des années, la ville n’était pas si incroyable que ça. Pour toi ? T’étais comme une gamine dans un magasin de jouets.

new horizons

Il y avait bien des choses que tu voulais faire. Visiter, tout découvrir, manger, dormir, prendre une douche. Tu ne pouvais, hélas, pas tout faire en même temps et, tout ce que tu te retrouves donc à dire c’est que tu aimerais bien manger. Et prendre une bonne douche. Parce que bon, niveau commodité, le désert, c’était pas trop ça. Ça n’a pas non plus été trop ça à la surface ces cinq dernières années. Tu n’avais jamais vraiment réalisé à quel point une bonne douche chaude te manquait avant d’avoir finalement l’occasion d’en reprendre une. T’es soudainement très enthousiaste à l’idée d’une douche, de pouvoir profiter d’un peu d’eau chaude et de la bonne odeur des savons. T’aimes aussi l’idée d’avoir des vêtements propres tout comme tu as bien hâte de manger quelque chose de chaud, de préparer et de copieux. Tout ce que tu as pu connaître par le passé et que tu as dû oublier ces dernières années.

Tu l’écoutes, pas très attentive, ton attention attrapée par tout ce que tu pouvais voir ici et là. Aucun doute que tu allais te perdre plus d’une fois avant de parvenir à arriver à destination sans trop d’encombre. Pas que ce soit réellement un soucis, tu voyais ça comme une aventure supplémentaire qui te permettrait de mieux connaître la ville.  

Arrivée sur les lieux, tu le suis jusqu’à l’intérieur, fronçant légèrement les sourcils. - Ouai, ouai... T’as pas écouté les règles, ne considérant pas que ce soit nécessaire. Peut-être que tu aurais dû, c’est déjà plus vraiment important pour toi. - Ça me va ! Tu réfléchis pas trop à ce que tu fais, en déposant ton sac près du sofa après avoir retiré tes chaussures, ton esprit déjà plein d’informations nécessaires (ou pas tant) à ta nouvelle vie ici. Tu te diriges donc vers la salle de bain, endroit t’étant désigné par ton hôte pour les prochains jours. - C’est gentil. Merci. Le tout accompagné d’un rayonnant sourire se voulant sincère. Tu disparais ensuite dans la salle de bain, faisant directement couler l’eau avant d’aller en dessous une fois la température comme tu la voulais.

Viens ensuite un léger problème lorsque tu sors de la douche, te tenant debout sur le tapis posé au sol devant la porte. Tu as laissé ton sac (avec tes vêtements) près du sofa et tu ne vois pas de serviette. Tu décides au moins de chercher un peu, ouvrant les armoires, sans rien trouver. Ça aurait pu être problématique si tu n’étais pas aussi pudique et peut-être aussi déconnectée de la réalité. Tu as passé les cinq dernières années à survivre de peine et de misère, on ne peut pas trop t’en vouloir d’avoir oublié ce qui était normal, ou pas, en société. Surtout que tu n’y portais déjà que très peu d’importance par le passé. Tu quittes donc la salle de bain, te souciant pas trop de l’eau qui tombe sur le sol, traçant ainsi ta route jusqu’au salon. - J’ai oublié mes vêtements ici. Semblant nullement gênée de ta nudité. - Oh, et il n’y a pas de serviette dans la salle de bain. Ceci expliquant cela.

new horizons

Tu ne t’es pas posée plus de question que ça. Tu as constaté l’absence de serviette dans la salle de bain et donc, par conséquent, ton réflexe fut de sortir pour aller en chercher une. Après tout, tes vêtements sales étaient roulés en boule sur le comptoir et ceux que tu comptais mettre se trouvaient dans son sac, celui laissé dans le salon. C’est pour cette raison que tu te retrouves donc à déambuler nue dans l’appartement, tes cheveux collant à ta peau de façon assez désagréable, te dirigeant vers le salon en faisant part de tes observations à ton hôte. Tu sursautes assez violemment lorsque tu entends le fracas de la céramique se brisant contre le sol avant qu’un hurlement te parvienne. Quoi encore ? Tu comprends rapidement que c’est ta tenue (ou plutôt ton absence de tenue) qui pose problème tandis que tu te retrouves à devoir attraper une serviette ainsi que ton sac.  

La serviette cachant ainsi partiellement ta nudité tandis que tu déposes ton sac à tes pieds, tu fronces des sourcils à tes mots. Oh, il allait avoir tout le temps d’apprendre à te connaître et, aujourd’hui, il faisait ses premiers pas dans cette direction. Mieux valait éviter de t’interdire de faire quoi que ce soit, ça ne te donnait que plus envie de le faire. Tu étires donc un sourire, tirant sur la serviette pour la passer sur ta tête, t’occupant ainsi de tes cheveux en dévoilant ton corps. - Et pourquoi je ne pourrais pas ? Première question. Ton esprit de contradiction se met en marche tandis que tu lui adresses un regard presque défiant. - Et qu’est-ce que l’amour-propre a à voir dans tout ça, tu veux bien m’éclairer sur le sujet ? Deuxième question tandis que tu n’affiches qu’un sourire en coin. Un sourire presque mesquin alors que, de toute évidence, toi tu viens de te lancer dans ton activité favorite, à savoir celle du débat sans raison valable si ce n’est que ton propre divertissement. Quoi que, pour le coup, tu te sens tout de même assez investie dans le sujet. Oh, parce que tu n’as pas terminé. Tu ne lui laisses même pas le temps de répondre, même, avant d’enchaîner.

- Parce que c’est mal ? Parce qu’une femme ne devrait pas exposer son corps de la sorte ? Tu insistes sur le mot femme, sur le pas aussi, comme pour souligner une interdiction destinée qu’au sexe considéré comme faible dans l’histoire. - La seule raison pour laquelle ça te choque c’est faute de la sexualisation du corps féminin. Je ne vois pas pourquoi est-ce que moi j’aurais à me gêner si c’est parce que des hommes ne savent pas gérer leurs hormones. Ton sourire s’étire tandis que tu te montres plus amusée. - C’est ça ? Ça te gêne ? T’as envie de moi ? Sans gêne aucune, toujours avec cette absence de filtre qui te caractérise si bien. - T’inquiète, tu ne dois pas être le seul. Tu dis ça avec un léger rire, la serviette tombant sur tes épaules, bien décidée à en débattre des heures s’il le fallait. En excluant le fait que tu le mettais sans doute mal à l’aise.

new horizons

Est-ce que tu allais t’arrêter là ? Est-ce que, maintenant qu’il était rouge pivoine et semblait dépourvu de ses moyens, tu allais te calmer ? Bien sûr que non. Ça ne serait pas si drôle autrement. Pavel avait accepté de t’aider, toi, nouvelle arrivante, parce qu’il voulait bien faire, peut-être parce qu’il voulait s’acheter une bonne conscience, tu n’en savais trop rien de ses motivations. Tout ce que tu savais, c’est qu’il devait être une bonne personne. Et toi, parce que tu étais si... Toi. Par ta faute, peut-être allait-il regretter ce geste de bonté. Ça aurait vraiment pu t’importer si, vraiment, tu n’étais pas si toi. Si Jade. - Oh ? Tu sembles presque surprise de sa réponse, des non qui s’enchaînent à une vitesse fulgurante tandis que, de ton côté, une moue se dessine sur ton visage et que tu en viennes à te mordiller légèrement la lèvre inférieure. - Donc je suis moche ? Conclusion hâtive tandis que tu retiens un rire, la voix plus faible, presque blessée, avec cette serviette qui tombe sur tes épaules et toi qui, décidément, t’amuses peut-être trop pour ton propre bien.

Ses raisons, tu peux les comprendre. Presque. Parce que c’est indécent de se balader nu. Ou, tout du moins, ce l’est selon des normes d’une société qui t’importe peu. Pas que tu sois vraiment marginale, t’aimes juste répéter à qui veut bien l’entendre que tu es un esprit libre qui ne se laissera pas avoir par l’avidité des plus grands. Finalement, c’est un rire qui s’échappe de tes lèvres. Un rire franc difficilement contenu, comme si toute cette situation t’amusait sincèrement. Ce qui est bien le cas, en fait. - Ah, c’est donc une question de réputation ? Les autres ont tant de pouvoir sur toi ? Un regard de travers et tu changes tes habitudes ? Ce n’est pas une accusation. C’est surtout une constatation presque surprise de ta part.  

Peut-être parce que toi, vraiment, tu n’en as rien à faire de ce que les autres pensent de toi.

Finalement, tu abdiques, soupirs, lèves le drapeau blanc. Ou, plutôt, tu agites la serviette dans les airs, signe de capitulation de ta part, avant d’attraper ton sac. - Saches que je suis vraiment plus jolie que ton voisin. T’en as aucune idée mais t’es sûre de l’être. Tu retournes vers la salle de bain, faisant attention de ne pas glisser sur l’eau qui s’étend sur le plancher par ta faute, pour finalement enfiler les vêtements qui t’ont été donné. Un jeans, un t-shirt banal, tu grimaces un peu à la simplicité de tout ça, au manque évident de couleur ou de style particulier. Tu allais devoir remédier à ça dans les prochains jours. - Oh, dis-moi, je pourrai te voler des t-shirts ? Que tu demandes en revenant vers lui, maintenant que tu es habillée. - Et une paire de ciseaux. Pas maintenant, mais eh... Dans les prochains jours. Designer de mode improvisée, tu avais déjà quelques idées.

- T'es chou, tu le sais ça ? Tu dis ça avec une simplicité déconcertante en lui souriant. - Tout rougissant et bégayant... Un peu plus et on croirait presque tu te moques. Oh, c’est peut-être le cas finalement. Et dire qu’il allait devoir te supporter pour les prochains jours. - Bon, alors, on sort ? Je commence vraiment à avoir faim. Et voilà que, comme ça, les derniers événements étaient oubliés et toi, tu retrouvais ton sourire rayonnant et ton regard pétillant. Tu as faim puis, tu n’as pas oublié que tu as une grande ville à découvrir.