Au cœur de la nuit vie une petite souris, elle se faufile par dessus les grilles, par dessous les bosquet, elle court elle sait la porte déverrouillée, car Aleksei l'a laissé ainsi pour elle, elle lui fait confiance, et encore une fois ce soir là, sésame, ouvres-toi, la porte cède sous son maigre poids.

Sur la pointe des pieds, elle danse, reine d'un balais où elle est première et unique danseuse, solo dans ses petites bottes rembourrées de cartons. Elle glisse dans le hall, s'amuse sans bruit, va dans la cuisine, cet havre, son garde-manger secret. Elle farfouille dans le frigo et sort des compotes, elle essaie de ne pas faire comme d'habitude, un bordel monstre, car elle pense à pauvre Aleksei qui devra tout ranger, alors elle apprend à se faire princesse, à prendre des pincettes avec ses denrées. Et lorsqu'elle entend des pas se rapprocher déjà, elle imagine son chevalier qui vient la saluer est arrivé, elle a le dos tourné mais d'une petite voix toute de miel elle dit :

Aleksei !!! tu en a mis du temps !! viens me faire des crêpes, avec de la chantilly !!! et du coulis de fruits !

Mais lorsqu'elle se retourne, une cuillère pleine de compotes en bouche, ce n'est pas toi qui apparait devant elle.
Mais une dame, une grande dame, Mariette ouvre de grands yeux, laisse tomber sa compote au sol, elle est muette, prise dans les phares. Son cœur bat à toute allure, elle n'imaginait pas voir la maitresse des lieux. Une adulte, une adulte devant elle. Sa peur est phénoménale, mais elle ne peut pas s'échapper, elle bloque l'entrée, qu'à ne cela tienne, elle retire sa cuillère doucement et la pose sur la table, puis tout d'un coup, elle se met à courir, court sur cette grande dame pour la pousser hors du chemin, elle essaie de s'enfuir mais dans la rapidité de l'action, et bien qu'elle s'enfuit avec succès de la pièce, elle se prend les pieds l'un contre l'autre, et se tord la cheville, s'affalant de tout son long au sol contre le carrelage du hall d'entrée.

Elle essaie
tant bien que mal
de se redresser, boitille un peu, n'arrive pas à s'appuyer sur ses deux pieds, elle ne crie pas, elle est terrifiée et tout dans son visage le dit, elle essaie encore de se relever sans succès et se tiens la cheville abimée avec une moue de douleur peinte sur le visage. Dans un large soupir elle fini par se laisser échouer au sol, les bras étalés de chaque côté, comme si elle était jésus sur une croix, souffrant le mal de cette contrée, souffrant bientôt ton ire. Elle respire vite, elle essaie de réfléchir à comment se dépêtrer de la solution mais tout de suite son esprit ce dit que c'est fini, qu'elle va appeler la police, des larmes naissent au creux de ses yeux et ceux-ci deviennent tout embrouillés elle a envie de hurler mais ne peut elle a si mal mal mal, mal à son corps comme dans son cœur.

La peur
c'est tout ce qu'elle ressent en cet instant, alors que tu te jettes à ses pieds elle sursaute, se recule un peu en glissant contre le sol, elle secoue son visage en tout sens pour essuyer ses larmes, ne réussit qu'à les faire couler contre ses joues. Elle fronce les sourcils, elle se demande pourquoi tu lui parles comme ça c'est pas la peine de faire ta gentille, si c'est pour la gronder par la suite, t'es comme tout les autres adultes qu'elle pense, plein d'hypocrisies, et elle n'aime pas ça oh non ! Elle a envie de se faire revêche, alors qu'elle se masse la cheville, la jambe repliée pour qu'elle puisse la toucher.

J'ai mal....elle retire sa botte, tous les petits cartons dedans tombe et s'étale contre le carrelage, elle retire ensuite ses grosses chaussettes une à une, elle en portait trois, sans ça et les cartons les chaussures étaient trop grandes pour elle, elle les avais volées à un saoul endormit dans les rues de la ville. Sa petite cheville est toute rouge et commence à gonfler. Elle grimace en tapotant à peine (elle effleure) d'un doigt la zone. Sans rien dire de plus.

Elle ne te jette pas un regard, elle n'a pas envie de te parler, qu'est-ce que tu peux y faire de toute façon ? En plus c'est de ta faute, à être dans le passage, c'est toi qui l'a fait tomber, c'est pour s'acharner contre elle, parce qu'elle est venue voler, voilà c'est pour la punir n'est-ce pas ? Les adultes n'ont que ce mot là à la bouche dès que l'on sort du droit chemin dans lequel on est sensé aller, mais Mariette n'aime pas faire comme tout le monde elle n'aime rien de mieux que de s'évader, jouer au chat perché, il fallait croire qu'en cette journée ça lui aura joué un tour.

Ses cheveux sont en pagaille devant son visage, ses larmes ne coulent plus, elle a mal mais supporte la douleur, elle n'a pas le choix qu'elle pense, et si sa cheville ne redevenait jamais comme avant ? Alors elle prend
peur
à nouveau
encore elle
elle ne s'éloigne jamais de trop d'elle, prête à la prendre par surprise pour la suffoquer dans des larmes sans fin dont elle ne veut pas entendre parler. Alors elle hoquète sans pleurs, elle a envie de couiner mais se retiens car elle ne veut réveiller personne car elle ne veut pas être la reine ce soir là, elle veut redevenir petite souris, se nicher dans les bras d'Aleksei, qu'il la protège de cette grande dame qui l'effraie tant.

Oh regarde comme elle se jette à tes pieds, elle essaie de t'apprivoiser, tu montres les crocs en fronçant les sourcils par dessous ta frange en bataille. Tu la regarde s'éloigner dans l'autre pièce et essaie en vitesse de te remettre sur pieds sans succès, tu t'échoues comme une baleine sur une plage. Reste les quatre pattes à terre, dans ton petit coin de carrelage. Et lorsqu'elle revient avec des mets et un torchon tu reste d'abord dubitative.

Mais il est oh si facile d'acheter son cœur en réalité oh quand bien même elle aime se faire une carapace, Mariette reste une enfant, et avec quelques tours de passe-passe on la chasse tant et si bien qu'elle en tomberait toute cuite dans vos gosiers. Elle regarde la compote avec envie mais hésite, n'ose pas, elle te regarde manger la seconde, dire que tu avais un petit creux. Son ventre à elle gargouille, il crie famine, c'est bien lui à la fin qui aura raison alors qu'elle approche une main timide d'une compote et l'emporte avec une cuillère. Elle englouti plus qu'elle ne déguste et en moins de deux le tout est vidé, le pot léché dans ses moindres recoins. Mariette a des vues à présent sur le torchon, elle le chipe rapidement, tendant un bras et puis hop là ! elle vient le poser contre sa cheville et fait mine de jouer avec ses recoins.

Ses joues sont encore rougit de ses récents pleurs, elle se demande bien ce que tu vas lui demander, tu dois sûrement oh avoir mille et unes questions pour elle et Mariette n'est pas sûr qu'elle fut prête à y répondre sans une pointe de venin. Elle réfléchi à toute allure, elle n'attend que que sa cheville aille mieux pour déguerpir, en attendant il faut qu'elle achète du temps sans vendre la mèche au loup qui en ce jour s'est éveillé à ses côtés.

Car loup tu es, tu fais peut-être ta douce à présent, mais elle devine les crocs adultes derrière tes jolis sourires, elle ne demande qu'à voir, tout se toi trop adulte trop responsable trop plein de règles, elle ne demande qu'à le sentir pour se faire hérisson et en boule se rouler, tout piquant dehors à fendre l'air à t'en faire voir oh des vertes et des pas mures.  
Mariette, elle, à un sursaut de culpabilité. Et alors que deux doigt elle les fait danser sur le torchon elle dit d'une toute petite petite voix :

Vous n'allez pas punir Aleksei non ? Il est gentil comme tout, je l'aime beaucoup, il me fait des crêpes.

Ou l'art de s'assurer que le sujet de conversation ne soit pas elle, car elle a peur de se révéler au grand jour, peur d'annoncer qu'elle vie à la rue au jour le jour, qu'elle s'échappe tous les jours aux doigts rapaces des adultes, qu'elle se carapate tel un petit chat, connait toutes les interstices où se glisser pour éviter de sévir des supplices d'interrogatoires et de placement. Elle ne fait que s’échapper et aujourd'hui, cette nuit là plutôt, compte bien remettre les couverts encore une fois pour une belle escapade, dès qu'elle sera sur pied oui dès qu'elle le sera...

Ses doigts jouent toujours avec le torchon, parler de punir, parler des menteurs, Mariette s'en veut un peu, à cause d'elle Aleksei va souffrir l'ire de l'adulte, non elle ne veut pas ! Il n'est pas un menteur ! c'est un protecteur d'abord ! elle fronce les sourcils face à ta sentence, qui sonne si forte à ses oreilles si habituées à prendre cette ruelle nommée mensonge. On peut faire confiance aux menteurs qui mentent pour faire le bien qu'elle pense, mais elle ne dit rien, ces mots sont des choses précieuses face à l'adulte, il faut qu'elle fasse attention elle aussi, sinon elle se fera croquer toute crue !

Mais que vois-je ? Un chemin de traverse ? sa curiosité est attisé par ce "si" si beau si doux, oh voyez comme il la capture, elle te jette un petit regard en biais et se laisser dévorer par ce dernier.
Si seulement
Si seulement tu n'étais pas une adulte, tout serait plus simple
Si seulement elle ne s'était pas fait attraper, elle n'aurait pas à rendre des comptes, ni elle ni Aleksei.
mais voilà que ce si prend une autre signification :
Si seulement tu acceptais de pactiser, Mariette.
Oui pourquoi pas, oh ce n'est rien du tout elle est sûr, pas son âme d'enfant sauvage, non, quand même pas ? Ou peut-être qu'il faudra au moins donner sa, elle ne sait pas, elle a peur, mais elle veut aider son grand frère de cœur, comme lui l'a aidé toutes ces merveilleuses nuits passées à festoyer pendant que les chats dorment.
Mais voilà que celui au nœud rose bonbon venait de l'attraper, que vas-t-elle faire, petite souris ?

De quoi ça ne va pas être possible ? je suis sûr que c'est possible moi !

bim badaboum, elle se fait manger ! Elle tombe à pied joins, dans le joli piège tendu, elle n'y regarde pas deux fois, car Mariette a un sacré carafon et elle veut rayer cette injustice nommée Damoclès qui ceint la tête blonde nommée Aleksei. Elle se redresse même, restant assise au sol, les mains venant se poser sur ses hanches, elle secoue sa chevelure et lâche même un petit "hmpf" princier. C'est qu'il n'y a pas besoin de la prendre avec des pincettes, on peut y aller à la pèle avec elle. Voyez comme son caractère refait bien vite surface plus l'on passe du temps avec elle.

Mariette plisse les yeux, sa bouche se tord en une petite moue. Elle ne dit rien, elle cogite.
Rester ici ? repasser ses plis ? mais ce n'est pas pour toujours non, juste le temps que sa cheville ne fasse plus mal. Est-elle prête à faire ce sacrifice là ? Elle détourne son regard, regarde sa cheville qui lui fait mal. Elle hésite, mais si c'est pour Aleksei...ne lui doit elle pas au moins cela ? Elle se mordille la lèvre inférieure. Si ça se trouve ça sera vite soigné, en une nuit zou, ou deux maxi, si ça se trouve ça sera oui vite fini il faut le voir ainsi.
Elle fronce les sourcils en te regardant de nouveau.
Et en échange il ne sera pas puni.

Elle pourra aussi jouer avec lui...et...tous les autres enfants....Mariette te laisse babiller, elle a mal au ventre, elle n'a pas envie de voir les autres enfants, qu'est-ce qu'elle leur dirait ? iels sont si différent. Elle fille de la ville, des crachats, et eux, dans cette idylle maison, enfants des jardins bien entretenus, tenu en laisse par la promesse d'une famille un jour peut-être pour la vie et en attendant...une jolie cage doré où se poser. La laisse Mariette l'a déposé dans les mains de ses parents, sans eux, elle n'en veut pas.

Tu ne mettras pas de collier à ce chat là, mais pour quelques jours oui...il veut bien se faire apprivoiser.
Alors elle hoche la tête sans rien dire, dit oui à tout et rien à la fois, elle ne veut pas trop parler, elle ne veut pas se faire emberlificoter dans une sentence à laquelle elle ne pourrait plus déroger. Elle s'appuie sur la fameuse Mathilde pour aller jusqu'au canapé. Ce n'est qu'une fois bien installée confortablement dessus qu'elle échappe un long soupir.

Moi c'est Mariette, comme Marie, mais avec un ette, tu vois nos deux prénoms commencent par M ! M&M ! elle joue avec ses cheveux, observe ceux jolis et long de la fameuse Mathilde, elle les admire, mais ne veut pas les même non elle est très bien avec sa tignasse toute dépeignée et pleine de nœud, elle a toujours eut les cheveux fragiles et fin, qui s'emmêlent sans fin, mais en quantité extraordinaire, ce qui lui donne un certain flaire ! puis en étant à la rue elle a pas vraiment de quoi se pouponner de toute façon donc ils restent fous.
Et ça lui va comme ça, ça la rend plus sauvage, moins sage, et elle ne veut pas l'être, pas vendre la peau de louve avant d'avoir été tuée par ce monde d'adulte gris et plein de papier.

J'ai faim, est-ce que tu sais faire des crêpes comme Aleksei ? vois comme elle a la parlote, si elle reste autant qu'elle se fasse reine, car elle n'est pas sujet Mariette oh que non ! Il les fait super bien, puis il met plein de chose dessus c'est super super joli. Elle croise les bras en s'enfonçant dans le canapé, elle semble se faire aspirer, petite souris ne semble pas du tout fatiguée malgré l'heure avancée, c'est qu'elle a l'habitude de se faire petit chat, à dormir en journée (lorsqu'elle ne travail pas), là où il fait plus chaud pour se dégourdir la nuit venue