Cela ne fait que quelques jours et rien ne va comme avant. Les enfants sont sombres, la mine grave. Il faut dire que certains manquent à l'appel et que cela ne changera plus. Pourtant, les choses doivent continuer de tourner. Lui comme eux. Thaddeus se force à accomplir ces tâches administratives, ces papiers à remplir, l'air fatigué. Les enfants se forcent à sortir. A se lancer quelques boules de neige, puis ne plus rire. S'asseoir sur ses marches et attendre. Depuis son bureau, Thaddeus observe cela, attristé. Il se dit que c'est le bon moment pour sortir, essayer d’interagir. Mathilde l'évite, elle aussi. Il ne lui en veut pas. Il n'en veut à personne si ce n'est à lui-même.

Armé de son plus gros manteau, et de son plus chaleureux sourire, l'adulte sort dehors pour saluer les jeunes qui lui répondent en cœur. Il fait semblant d'avancer vers la boite aux lettres, de faire tomber quelque chose et forme une boule dans sa main. Se retourne et l'envoie. La guerre est déclarée. Heureusement, cela fait rire un peu. Il devient la cible de petits attaquants virulents. Mais un des plus petits s'arrête et observe le chemin qui mène jusqu'ici. Quelqu'un approche. Alors Thaddeus reprend son dos droit. Il attend que la personne soit suffisamment proche pour l'entendre et demande.

Je peux vous aider ?

Il n'a pas vraiment envie d'être dérangé, aimerait se couper du monde plutôt que d'apprendre une triste nouvelle. L'homme a un air de déjà-vu.

Voilà deux semaines que tu es rentré à Polaris. Après être passé chez le docteur, à l'hôpital et tout ces autres trucs nuls, ta prochaine étape c'est d'aller voir les gens grâce à qui t'es encore en vie. Parce qu'on va pas se mentir, les deux types qui t'ont rattrapé quand tu t'es fait balancer à pleine vitesse, ils sont peut être responsables de ta survie.

On t'a dit que l'un de tes sauveurs était le directeur de l'Orphelinat qui se situe au village congelé. Pourquoi pas, hein. Peut être que ça explique pas mal la présence d'autant d'enfants le jour de la remontée. Enfin, quand tu arrives sur les lieux, il fait froid. Comme d'habitude dans ce village, de toute façon. Grosse doudoune sur les épaules et capuche sur la tête, tu tremblottes en arrivant. Un homme t'accueilles. Tu plisses les yeux pour le reconnaître.

"Enchanté ! Je suis Fenrir. Je voudrais parler à... Thados ? Thaddeos ? Pardon, jme souviens plus. Les médecins disent que j'ai pris de trop gros chocs pendant le combat."

Tu tens la main. Les gamins autour de toi vous regardent. T'espères qu'il va pas te mettre un vent et te dire de repartir, parce qu'il fait sacrément froid dehors.

Il suffit de quelques mots, et de son prénom écorché plusieurs fois, pour que Thaddeus comprenne à qu'il a affaire. L'homme qui s'était battu, tête la première, contre ce monstre, alors que lui n'avait rien fait. Il n'avait même pas réussi à amortir sur sa chute, puisqu'Aloïs l'avait poussé en dehors de la trajectoire. L'homme - rhinocéros - sanglier. Il fronce les sourcils et tourne les yeux vers le petit Loïc. Rhinocéros ? Est-ce qu'il venait véritablement de le nommer l'homme rhinocéros ? Certes, Loïc était jeune, mais quand même. Allait-il vraiment devoir refaire un cours sur les animaux ? Un soupire; il le reprendra plus tard sur son erreur.

Excusez le, il est encore jeune.
Je suis Thaddeus, Fenrir, mais
vous n'étiez pas obligé de faire
ce déplacement, surtout aussi
rapidement.

Un sourire. Pas un de ses plus beaux, ni de ses plus chaleureux. Ils prendront du temps à revenir, ceux qui ont fait de lui ce père aimant. Mais il essaie, tente du mieux qu'il peut. Pour montrer à tout ce petit monde que tout va bien, tout va mieux. D'un geste de la main, il se décide de proposer à Fenrir de le suivre.

Ne restons pas dehors,
il fait meilleur à l'intérieur.

Vous vous serrez la main et il sourit. C'est plutôt cool de sa part, parce qu'il te propose de rentrer, même si le gamin derrière lui a pas l'air de faire la différence entre un rhinocéros et un sanglier. T'hésites à lui montrer que t'es pas un rhino, mais t'es pas certain que te transformer en roi sanglier en plein milieu d'une cour c'est vraiment le bon truc, alors tu pouffes un peu.

"Franchement, j'pouvais pas ne pas venir vous remercier."

Vous entrez tout les deux et tu retires tout le bordel sur toi. Tu regardes autour de toi. T'es jamais venu ici, et tu fais que découvrir. Faut dire que c'était logique d'avoir un orphelinat, mais pourquoi pas dans Polaris ? Tu sais pas trop. Ils ont pas le wifi, ici.

"C'est impressionnant, je vois que vous aidez pas juste les casse-cous prêts à se battre, vous aider aussi les enfants..."

T'es rassuré de te dire qu'au moins, les gosses de Celestia sont pas laissés à la rue comme à Caer.

"Merci de m'avoir sauvé, l'autre jour. J'aurais pu y perdre la vie."

Oui, vous vous serrez bien la main. C'est la moindre des politesses. La bêtise de Loïc semble amuser l'invité, ce qui rassure Thaddeus. Il préfère ne pas énerver cet homme, surtout après l'avoir vu se battre. Lui est bien incapable de tout cela. Pourtant, le peu qu'il sait faire, c'est-à-dire aider, semble impressionner Fenrir. Cela lui fait chaud au cœur, surtout par les temps qui courent. Voilà un sourire si sincère qui éclot sur ses lèvres.

Alors qu'il se trouve à l'intérieur, le blond prend la peine de débarrasser le nouveau venu de ses vêtements en trop, afin de les déposer sur la rampe de l'escalier, écoutant au passage ses paroles.

Vous êtes bien plus impressionnant
que moi, Fenrir. Je n'ai pas fait grand
chose. C'est un autre qui a en partie
amorti votre vol. Je peux vous donner
son numéro d'Holokit, si vous voulez.

Aloïs. Il devait encore être à l'hôpital et Thaddeus n'avait pas eu le temps d'aller le voir. Ni Astrée. Ni Altagracia. C'est à peine s'il apercevait parfois Mathilde, depuis cette fameuse journée. Mais là n'était pas la question. Il devait montrer toute l'hospitalité de cet orphelinat.

Je peux vous proposer à boire,
je peux aussi vous faire visiter.

Tu t'étires un peu en regardant autour de toi. La chaleur de l'orphelinat vient te détendre, on va pas se mentir. Tu fais non de la tête quand il te propose le numéro d'Holokit d'Aloïs.

"Pas besoin ! Je l'ai déjà. On s'est croisés à l'hôpital, heureusement. J'ai pu le remercier."

Faut dire que t'as envie de te battre avec Aloïs depuis qu'il est arrivé. Pas parce qu'il a fait un truc négatif ou quoi, mais parce que c'est un ancien de la C.I.A et qui dit C.I.A dit arts martiaux et combattant d'élite. Du coup, amélioration de tes techniques de combat.

"Oh, c'est vraiment très gentil ! Si vous avez du chocolat chaud, je ne dirais pas non. Ou un thé, sinon. Je ne veux pas vous déranger pour la visite !"

Tu ne le remarques pas particulièrement, mais quelques enfants sont rentrés en même temps que vous, et ils vous observent. C'est sûrement parce qu'ils ne doivent pas régulièrement avoir de la visite, en fait. C'est quand même carrément triste.

Au moins, quelqu'un a eu le temps de passer voir l'aigle à l'hôpital. C'est déjà cela, même s'il en culpabilise. Thaddeus n'a rien fait, il n'a pas bougé de son orphelinat, préférant être là pour les enfants. C'était son devoir, son métier, mais aussi sa famille. Ces mêmes enfants qui observent, les yeux brillants. Il se doute de ce qu'ils pensent. C'est grâce à cet homme qu'ils sont là, en tout cas en grande partie.

Du chocolat, donc, et j'imagine
que mes petits monstres veulent
se joindre à nous.

Une exclamation de joie groupée. Très bien. Toute la petite bande s'apprête à partir en trombe dans la salle à manger, mais l'adulte rappelle qu'il faut d'abord enlever ces chaussures pleine de neige ainsi que les gros manteaux. Ils le savent, pourtant, mais c'est sûrement la joie. Ce qui leur laisse le temps de partir en avance, le blonde menant la marche vers la cuisine, afin de préparer les boissons.

Les enfants risquent d'être assez brusques,
n'hésitez pas à leur dire de se calmer. Ils ne
sont vraiment pas méchants, mais juste très
contents.

Le voici qui sort le lait pour le verser dans une grande casserole. Les enfants se chargeront d'installer les quelques tasses dans qui se trouvent dans la salle à manger.

Quand il rappelle de retirer ses chaussures, tu fais un "oups" un peu rapide qui fait rire les enfants, et tu retires les tiennes. C'est vrai, t'as totalement oublié de les retirer en rentrant. Au pire, tu passera un coup de balai tout à l'heure, si ça peut aider. Tu tires la langue aux enfants quand Thaddeus à le dos tourner, puis vous pouffez tous de rire.

"Oh vous en faites pas ! J'ai l'habitude de m'occuper de plus jeunes."

Parce qu'après tout, t'étais pas l'instructeur de l'école de catch de ta fédération pour rien ! Et puis t'es l'idole des jeunes. Ton rêve, c'était de réaliser un voeu make-a-wish, quand t'étais plus jeune. Pour faire comme John Cena.

"Chocolat, c'est parfait ! Je vous remercie du temps que vous prenez à m'accorder. Si je peux faire quoi que ça soit pour vous aider, pas de soucis !"

Tu veux aider, alors tu fais à moitié le clown à côté des enfants.

"Vous faites ça depuis longtemps ?"

Sa remarque n'était pas pour Fenrir, mais il fut quand même heureux de le voir retirer ses chaussures. La neige fait des carnages pour le nettoyage. Le héros des enfants propose son aide, mais Thaddeus se doute que s'il lui demande de sortir le chocolat, cela prendre plus de temps à le chercher, puis le sortir, que de le faire lui-même. Alors poliment, il hoche négativement la tête, allant lui-même vers le placard. Et d'un coup discret, il voit bien la scène.

Le clown ? Non très rarement.

Il ne sait pas si ce sont les actions de Fenrir ou ses propos qui font rire les petits, mais l'important, c'est bien qu'ils rient. Lui aussi, d'ailleurs, laisse échapper un rire de ses lèvres, s'empressant de rajouter.

Je tiens l'orphelinat depuis
mon arrivée à Althéa, mais
je ne suis pas seul. Mathilde
est au même titre que moi.

Oh. Depuis le début ? Et t'es au courant depuis pas longtemps ? C'est super bizarre. Faut dire que t'étais pas mal préoccupé depuis des années. C'est pas comme si t'avais vraiment eu le temps de lire les pages Facebook d'absolument tout les habitants de Celestia.

"Mathilde ? Elle était la pour la remontée ? Je suis désolé, j'ai pas pris le temps de demander à tout le monde son nom."

Tu pouffes de rire. Malheureusement, t'as pas bonne mémoire des prénoms, donc même si tu l'avais vue, ça aurait pas changé grand chose.

"J'imagine que ça doit être une personne fantastique, pour vous aider dans ce genre de tâches. Au moins autant que vous, en tout cas ! Althea a besoin de vous."

Tu regardes les petites personnes s'affairer autour de toi comme des umpas lumpas. C'est une danse très bien organisée et presque agréable à regarder. Enfin, sauf si tu prends en compte le petit à lunettes qui te fixe depuis que t'es rentré.

"Vous avez combien d'enfants ici ?"