Il pourrait faire l'éloge de Mathilde pendant des heures durant, mais il préfère éviter devant les enfants. Ce serait beaucoup trop gênant. Il les imagine déjà faire de nombreuses remarquer et chatonner à propos d'amour. Il préfère éviter.

Oui, elle était là, avec les enfants.

Qu'on lui dise qu'Althea ai besoin de lui le fait vraiment chaud au cœur. Plus chaud qu'un chocolat chaud. Fenrir ne doit pas s'en rendre compte, ne doit pas savoir à quel point entendre cela fait du bien. Mais c'est vrai. Cela lui fait du bien.

Merci.

Et l'autre question est plus douloureuse. Il s'apprête, comme par réflexe, à répondre le chiffre habituel. Ce n'est plus le cas. C'est une horreur. Il ne veut plus dire de chiffre exact, pas lorsqu'il en était si sûr avant.

Une trentaine. Certains
sont devenus grands.

Et d'autres n'auront jamais eu cette chance.

C'est logique qu'elle soit là, à ce moment. T'imagines qu'ils comptaient faire remonter tout les enfants pour les rendre à leurs familles. Enfin, sauf que vous savez désormais qu'ils n'auraient pas pu retrouver leurs familles. Triste histoire. C'est devenu un traumatisme, cette journée.

"Beaucoup de jeunes sont devenus adultes très rapidement, à Polaris. Trop vieux pour venir à l'orphelinat, trop jeunes pour travailler et devoir subir les galères de la vie d'adultes. Heureusement, vous êtes ici pour cette trentaine."

Franchement, tu sais pas trop quoi dire. Tu sens que t'as un peu tué l'ambiance avec ta question. Mais c'est pas bien grave parce que t'as l'habitude de relancer les soirées.

"J'y pense, si vous avez besoin de quelqu'un pour accompagner les enfants à Polaris un jour, hésitez pas, je vous dois bien ça ! Et puis ils ont l'air de m'apprécier."

Oui, l'ambiance est un peu morte, mais le chocolat chaud soignera les cœurs. Voilà que Thaddeus verse de bonnes grosses cuillère dans le lait chaud, avant de tourner le tout avec une louche. Il éteint le feu, tout en continuant d'écouter les paroles de Fenrir, avec lesquelles il ne peut qu'être en accord. Et cette proposition est aussi alléchante qu'un bon chocolat chaud. Voici quand bon homme de foyer, Thaddeus se munit de mitaines pour porter la grosse marmite jusqu'au salon.

Comment dire non à une telle proposition ?
Nous faisons régulièrement des sorties en ville.
Je ne suis pas sûr de si nous continuerons ...
Nous attendrons de voir la situation avant.

Ils ne peuvent pas prendre le risque de partir à Polaris avec ces choses qui rôdent, même s'il espère que la situation se calmera. Il secoue la tête et sourit au petit Loïc qui est le premier à arriver avec sa tasse. Et une autre pour l'invité, monsieur le Rhinocéros. A la louche, Thaddeus les remplit et voit l'enfant tendre à l'inviter à boire, les yeux brillants.

Cela ne peut que le faire sourire.

Tu hoches la tête quand il parle. Effectivemen, tu n'as pas croisé de monstres sur la route, mais tu comprends également qu'il est impossible d'être trop prudent, dans ce genre de situations. Alors tu te dis que ça attendra plus tard, cette histoire de promenade à Polaris. Le temps que les autorités installent des bus, peut être. Ou n'importe quel moyen de transport, à vrai dire.

"Pas de soucis, mon offre tiendra toujours dans quelques semaines, vous savez."

Il a un calme que t'arrives pas à décrire et qui est bien loin de ton esprit sauvage. Tu attrapes le chocolat chaud -qui est brulant- et tu poses rapidement la tasse sur la table avant de souffler sur tes doigts pour pouvoir survivre à cette attaque de chaleur. Une fois fini, tu prends une gorgée qui réchauffe ton corps tout entier.

"Il est excellent ! Les enfants ont de la chance de vous avoir ici. Franchement, j'aurais presque aimé tomber plus jeune pour vous avoir comme modèle."

Il sourit à cet invité qui le remercie bien trop pour tout ce qui s'est passé; qui se propose de les accompagner jusqu'à la capitale. C'est fort aimable de sa part, il ne peut pas dire le contraire, loin de là. Thaddeus l'observe de la même façon qu'il agit avec les enfants, un sourire presque amusé quand ce dernier manque de se brûler la langue et qu'il souffle sur ses doigts. C'est lui qui agit ainsi face aux petits, attrapant les mains et soufflant pour que la douleur passe, murmurant des mots de réconforts comme une formule magique. Il ne se permettrait pas d'agir ainsi avec un inconnu, bien que celui-ci l'eu déjà pris une fois pour un trampoline.

Les portes de cet endroit
sont toujours ouvertes.
Peu importe l'heure, ou
peu importe l'âge.

Même cette idée de modèle lui rappelle les fameux quand je serais grand, je voudrais être comme mon papa. Hélas, Thaddeus n'est pas vraiment père et il le sait très bien. Il fait de son mieux pour combler certains creux, ceux des enfants dit-il, les siens cache t-il.

Un modèle ?
Vous n'avez pas besoin d'en avoir.
Vous en êtes devenu un.

Tu réagis pas des masses à sa première phrase, à part par un sourire. C'est au moins un endroit un peu tranquille de la région, c'est vrai. Tu espères bien qu'il n'arrivera jamais rien de mal par ici. Thaddeus est un homme bon et il ne mérite pas plus d'horreurs.

"J'y penserais la prochaine fois."

C'est sur sa deuxième phrase que tu tiques carrément plus. Déjà parce qu'il a l'air d'être l'homme le plus calme du monde et parce que c'est un compliment que tu ne pensais jamais vraiment recevoir quand t'as quitté le système scolaire à 16 ans.

"Eh c'est... c'est un sacré compliment que vous me faîtes, là, m'sieur Thaddeus."

Super gêné, tu retournes boire trop vite du chocolat chaud pour cacher que tu rougis. Tu devrais pas rougir, non ? C'est pas comme si t'avais pas l'habitude des compliments. Mais celui là, il te touche différement.

"Je pense pas être un modèle, mais je prend volontiers votre remarque."