Gwaa, le grincement de la porte n’est pas un doux son à mes oreilles. Ohh des armures! Est-ce du même style de ce que j’ai lu ou c’est spécifique à Polaris. Roohh, ça semble juste être de l’apparat pour montrer sa puissance. Similaire à ce que faisait les nobles à la surface. Si on serait... ma langue à fourché, les si n’aiment pas rais. Si on était dans un scénario de film, ces armures seraient parfaites pour simuler des apparitions. Qu’en penses-tu Altagracia?

Stop! Un petit retour en arrière s’impose. Je vois déjà votre confusion. N’ayez crainte ça ne prendra pas plus de 6 heures.

Depuis assez longtemps, d’innombrables voyageurs revenant d’un périple au mont Célestia racontaient que le manoir Celeste serait hanté. Ces dires, ont de plus, presque toujours été validés par les Polarien en visite à Requiem ce qui a grandement aidés à éveiller l’intérêt du public sur le sujet. Hormis, comme toute bonne rumeur qui se respecte, elle finit par s’estomper avec le temps. La popularité de celle-ci avait diminué et comme un phénix revenant de ses cendres elle refait surface. Des formes étranges, des lumières qui bougent ainsi des « témoignages » de personne ayant fui le manoir après avoir rencontré des apparitions. En temps normal, Niklas aurait complètement ignoré la rumeur, mais le fait de son retour avec autant d’ampleur est intrigant.

Il avait donc commencé à chercher dans ses nombreux ouvrages pour des renseignements concernant le manoir. Parcourant chaque établie et pille de livres pour trouver la moindre information pertinente. Une heure plus tard, il avait amassé quelques livres et manuscrits qui semblaient lui être utile. Avant de se mettre à l’attaque il alla à la cuisine se faire un thé. Que ferait-il sans son petit rituel. Au moment où il allait poser son breuvage bouillant sur son bureau que la porte d’entrée de sa demeure s’ouvrit. Ce n’était pas exactement le bon moment d’avoir un client mais bon, les risques du métier. Il allait commencer les salutations d’usage avant de reconnaître la personne devant lui. Pourquoi il n’y avait pas songé plus tôt. Un mystère dans un lieu où l’on a peu d’informations...

Bienvenue au archi …. ohh mais c’est cette chère Altagracia quel plaisir! Moi qui pensait que tu m’avais oublié! Dit-il avec un petit sourire taquin.

Tu arrives toujours au bon moment. Je suis en train de regrouper plusieurs ouvrages sur le manoir Celeste. C’est bien pour ça que tu viens me voir, non? Ah aussi, si tu as une cigarette peux-tu l’éteindre s’il te plaît. Le cendrier que je t’avais préparé la dernière fois se trouve toujours à l’extérieur. Je t’avais déjà raconté son origine, non? Et bien [...]

Le résumé commence à être un peu long, donc je vais faire court. La suite est assez simple. Après plusieurs jours de recherches et millier d’apartés de Niklas. Les deux compagnons avaient préparé un plan d’action. Direction le manoir, une fois la paperasse terminée! Voilà, je ne peux pas faire plus court. Je vous laisse imaginer ce qui peut s’être passé durant leur trajet jusqu’à Celestia. Un indice, r-i-e-n.

Ce qui nous amène à ce moment au Niklas tente de rattraper Altagracia. Leur investigation vient à peine de commencer, rien d’étrange à signaler pour le moment. Enfin, si vous trouvez qu’il n’y a rien d’étrange dans la façon d’agir de Niklas. Bref, comme à son habitude, il s’était un peu trop attardé sur des petits détails.

Niklas laissa s’échapper un peu sourire amusé à la boutade de sa complice d’investigation. Cette envie de directement foncer au cœur des choses lui allait bien. Ça le fait toujours bien rire de voir à quel point leurs approches sont différents mais complémentaire dans certaines situations. Pour faire simple, disons qu’il y a une part de gâteau dans une pièce. Je sais, mon exemple est bidon, mais j’ai faim! Altagracia va regarder le gâteau et l’analyser et peut-être le goûter avant de tirer ses conclusions. Niklas, lui, va regarder les couleurs du glaçage, analyser l’angle de la coupe du gâteau, la forme de la coutellerie et au final il va probablement même pas en prendre une bouchée. Pourquoi, répéter ce qu’elle a déjà fait. Beaucoup plus simple de lui demander d’expliquer son ressenti.

-Roohhh, c’est important de vérifier chaque centimètre. Qui sait, il y a peut-être un interrupteur dissimulé qui va nous débloquer un couloir caché par une porte dérobé. À la fin du couloir, on y retrouve un pentacle utilisé pour de la nécromancie. Ahaha, j’ai vu beaucoup trop de film d’horreur de série-b. D’ailleurs, pourquoi un pentacle et pas un septacle ou un heptacle? Je n’ai jamais compris cette obsession pour le chiffre 5

Un bruit de grincement attira son attention. Il ne vit rien d’anormal à part cette drôle sensation d’être observée. Son premier réflexe fut de penser qu’Altagracia le dévisageait du regard pour le forcer à accélérer le pas, mais c’était tout le contraire il la voyait s’éloigner tranquillement en marchant comme si elle n’en avait plus rien à faire de lui. Nikla se hâta de la rejoindre.

-Mais… mais ce n’est pas juste, attend moi. Tu n’es pas la seule qui veut explorer plus en profondeur ce lieu.

La petite hésitation dans sa voix avait peut-être un peu trahi son sang-froid. Sauf que ce n’est pas à cause de la petite remarque envoyée spécialement pour le faire réagir qui en est la cause. Remarque qu’il a volontairement ignorée d’ailleurs. Certes, les supposés fantômes du manoir sont une chose, mais Niklas est bien plus préoccupé à ne se retrouver tout seul et finir par se perdre pour aboutir dans une pièce baignée dans l’obscurité en est une autre. Sa claustrophobie prendrait le dessus et il veut éviter cette situation à tout prix.

Il finit par la rattraper ce qui le calma intérieurement. Or, l’impression d’un regard froid n’avait toujours pas disparu. Niklas se concentra sur les livres qu’il avait lus avant d’arriver pour oublier cette impression. Basé sur ce qu’il connaît des manoirs de la surface, les chambres sont rarement sur l’étage du hall d’entrée. Les pièces cachées derrière les portes se tenant devant eux devraient déboucher vers la cuisine ou encore une salle de réception.

-Hmm, je ne pense pas qu’on va trouver des trucs intéressants sur cet étage, on serait peut-être mieux de chercher un escalier qui monte vers l’étage suivant. Mahh, ce n’est pas comme si on était pressé de toute façon.  C’est toi la détective, tu en connais plus que moi sur ce qui vaut la peine d’être analysé.

Il ne fallut pas énormément de temps avec que le jeune archiviste rejoigne sa compagne d’enquête. Cependant, il semblerait qu’elle avait quelque chose en tête et ça n’augurait peut-être pas du bon. Seul le temps pourra le dire. Ce qui se produit devant lui, le rendit complètement sans mot. En moins de temps qu’un cheval courant pour faire un cent mètres. Altagracia courra devient lui sans dire un mot pour se rendre dans une pièce un peu plus loin. Attention, ne lui faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Il ne la compare pas à un animal. Ce n’est qu’une métonymie.

Bref, Niklas ne comprenait pas  du tout ce qui venait de se passer. Il resta figé quelques instants avant de se secouer la tête. Probablement pour faire suite à sa remarque de cadavre d’enfant naissant dans les installations culinaires de la cuisine. Niklas en doutait, il n’avait rien lui à propos de propriétaire s’offrant au cannibalisme dans les écrits qu’il a récoltés. Cette pensée lui donna tout de même froid dans le dos.

-Waitt Altagracia, qu’est-ce que tu …

Trop tard, elle était déjà entrée dans l’une des pièces. Niklas ne put retenir un soupir de découragement.

-Voilà qui fait très professionnel... et après elle se plaint quand je m’égare. Ahlalah, elle a de l’imagination, des restants de nouveaux-né dans le four ...

C’est avec cette horrible image en tête qu’il avançait vers la porte de la pièce où la jeune détective venait d’entrée. Difficile de dire si son esprit lui jouait des tours suite au macabre parole occupant celui-ci. Il remarqua quelque chose défia toutes logiques sur son passage. Il y avait plusieurs portes dans le couloir où il se trouvait. De l’une d’elles, il vit un jeune enfant littéralement traverser la porte et marcher pour dans la pièce qu’Altagracia avait pénétrée il y a quelques minutes auparavant. À première vue, il s’agissait d’un jeune garçon habillé de blanc. Il avait les yeux creux sans paupière. Il ne semblait pas du tout se rendre compte que Niklas existait.

L’archiviste émit un cri bien audible pour démontrant sa stupeur et sa frayeur tout en reculant de plusieurs pas et tomba sur le popotin. Il reprit, plus ou moins, ses moyens une fois que l’apparition avait disparu dans l’omble de la pièce. La petite portion de son cerveau qui restait toujours septique malgré cette incroyable rencontre lui permit de se remettre debout et courir dans la pièce ou le fantôme et Altagracia se trouvait.

-Altagracia, fait gaffe. Il y a un ...

Une fois dans la pièce il ne vit rien. Pas le fantôme, ni sa complice. Il scruta l’endroit du regard, mais tout semblait statique. Rien d’animer semblait être dans la pièce. Pour ajouter à cette longue série d’événements, la porte derrière lui se ferma brusquement. La toute dernière lueur de rationalité en lui eut le culot de prendre le dessus.

Altagracia, ce n’est pas drôle si tu es en train de vouloir me faire peur. Ha ha ha 

Les petits rayons de lumière s’infiltrant par les failles du cadre de la porte étaient la seule source lumineuse lui permettant de distinguer, en surface, les éléments de la pièce et de ne pas se cogner à chacun de ses pas. La situation était incompréhensible. Il n’avait pas imaginé les dix dernières minutes. Sa complice d’enquête était entrée, à pas de course même, dans cette pièce. Peu de temps après suivi d’un enfant ou du moins quelque chose y ressemblant. Niklas en était certain. Cependant, les deux « personnes » qui avaient précédé son arrivée n’étaient pas visible. Il n’y avait aucune trace d’âme qui vive dans la pièce, on aurait pu entendre le chant des cafards si ceux-ci savaient chanter. De plus, il semblerait même que personne n’avait mis les pieds dans cette pièce depuis un bon moment. L’odeur de moisissure et de poussière rendrait presque n’importe qui allergique.

La fermeture de la porte aussi était tout aussi énigmatique. Ils étaient beaucoup trop loin de l’entrée du manoir pour qu’une forte brise de vent s’en charge. Et il ne se souvenait pas avoir vu une fenêtre brisée sur son passage. Pris dans ses pensées, Niklas avait complètement oublié le monde extérieur. Son esprit cartésien voulait trouver des réponses à toutes ses questions sans réponse. Pour ajouter au comble de sa malchance, il sentit soudainement quelque chose lui attraper l’épaule. Il sursauta d’un mélange de surprise et de stupeur tout en laissant s’échapper un cri qui pourrait porter préjudicie à la masculinité du jeune archiviste. En tentant de reprendre son souffle, il entendait les rires d’une voix féminine qu’il immédiatement reconnu…

-Hiiiii, sacristi Alta espèce de ...

Il ne finit pas sa phrase en voulant pas dire des choses qu’il ne pensait pas vraiment. Il prit le temps de finir de reprendre son souffle avant de s’excuser. Or, Altagracia avait déjà passé à autre chose. Il se demanda même si elle l’avait entendu. Bref, de par le tour qu’elle venait de lui jouer, il ne crut pas une seconde lorsqu’elle simula que la porte ne s’ouvrait pas. Il joua cependant le jeu. Il n’allait pas se faire avoir 2 fois.

-Quoi!, attends attends, c’est probablement à cause de l’âge du lieu. Le bois est vieux et doit donc avoir enflé ce qui fait que la porte est coincée. Si on force un peu, ça devrait s’ouvrir 

Effectivement, la porte ne s’ouvrait pas... C’était le moment opportun pour voir s’il reste des muscles dans le frêle corps du jeune homme. Il semblerait que la réponse soit un non définitif. Niklas avait tenté toutes les combinaisons possibles, il tenta de tirer, de pousser ou encore de feinter de pousser avant de finalement tirer, mais rien ne semblait fonctionner; la porte ne bougeait pas du moindre millimètre. Dans un dernier effort, il tira de toutes ses forces avant de tomber à la renverse avec la poignée de la porte dans la main.

La chute n’avait pas fait du bien. Dans cette « bizarrerie », il s’en sortait plutôt bien. Son postérieur lui avait servi de coussin et sa tête avait échappé à choc possible. En autre terme, rien de bien grave que des petits bleus. Il fallut quelques secondes à l’archiviste pour reprendre ses moyens avant de se relever. Ce n’est pas tous les jours qu’une poignée de porte sort de son socle de la sorte. Niklas pouvait déjà entendre les rires ou les réprimande; de sa complice. Ce n’était pas comme si ça allait être la première fois depuis qu’ils se connaissent que les deux avaient un petit accrochage de toute façon et certainement pas la dernière fois. Cependant, à la place de son amie c’est la porte qui décida d’être bavard, celle-ci s’ouvrir d’un fracas étouffé par le bruit inhumain. Ce qui le fit sursauter et presque retomber sur le sol.

Malgré les apparences, Altagracia qui semble être le type de personne qui va profiter de n’importe quelle occasion pour s’amuser au détriment d’autrui, n’est pas détective pour rien. Depuis, le début, elle a toujours gardé son sang-froid. Et elle le montre de nouveau. La façon la porte venait de s’ouvrir n’était aucune explicable logiquement et pourtant nonchalamment elle sortit un truc du genre « bon, c’est ouvert maintenant continuons. » Niklas n’est pas trop fringant à continuer leur excursion mais c’était un peu trop tard. Temps et aussi longtemps qu’elle voulait y rester il le devait aussi.

Déglutissions - Bonne idée, cette pièce me donne la chair de poule. Je crois avoir vu un escalier pas trop loin. Pro … "heuff" probablement la façon la plus simple. Je vais prendre les devants. Comme ça, aucune chance que tu affirmes que je veux profiter de la vue

Loin d’être ça meilleur réplique face au taquinerie de la dame, mais il en avait besoin pour se changer les idées et pouvoir avancer sans trop de peine. Effectivement, un escalier se trouvait non loin de la pièce. Il avança en direction de celle-ci et monta à l’étage supérieur. Chaque marche grinçait sur le poids du jeune homme, les clichés ne sont pas tous faux! Bref, une fois en haut, un grand couloir avec plusieurs portes pour faire changement. Un peu plus loin il semblait avoir une pièce ouverte faisant la jonction entre deux couloirs. Pour une raison plutôt évidente, l’envie d’ouvrir n’importe quelles de ces portes n’était pas au rendez-vous. L’archiviste attendit qu’Altagracia soit monté avant de malgré tout tenter d’ouvrir la plus proche de lui, verrouillé. Il tenta la suivante et même résultat.

-Génial, j’espère qu’elles ne sont pas toutes bloquées. Qui sais, il y a peut-être des journaux intimes ou autre livre intéressant.

Niklas donna un petit coup sur la porte pour montrer son agacement. Deux secondes après, il entendit un bruit similaire venant de l’intérieur. Curieux, il donna 2 petits coups cette fois en plus d’observer la détective du coin de l’œil.  Encore une fois, quelques secondes plus tard les mêmes coups se firent entendre. Ce ne pouvait pas être Altagracia. Il ne l’avait pas lâché du regard.

-Voilà qui est bien étrange et intéressant

L’archiviste donne une petite série de coups sur la porte. Cependant, cette fois, il n’eut pas la réponse escomptée. La série de coups avait été rejoué, mais d’autres suivirent, de plus en plus fort et d’un rythme saccader. Comme s’il y avait une personne prisonnière de l’autre côté qui frappe de toutes ses forces dans la porte pour se faire entendre.

- Alta … si c’est toi qui fait le bruit je veux savoir comment tu fais ….