Vert Solitude

Ce fût lorsque tu voulus t’adonner à l’une de tes activités nocturnes qu’un déclic se produit. Comment cela a-t-il pu y arriver ? À celle qui pourtant ne quitte jamais le confort de ta cuisse. On te dira que c’est de ta faute ; le grand débile qui avait la responsabilité de la retirer et blah blah… Il l’a bien vue, tu ne te reproches aucun tord. Bah non, pourquoi devrais-tu? C’était son idée après tout. Mais il semble t’avoir bien toisé le brun. Il sait où peser pour que ça fasse mal (figurativement et littéralement parlant). Sans aucune honte, sans aucun respect, tu lui envoyas ce message aux petites heures du matin. Parce que tes nuits se font de plus en plus courtes et d’autant plus, depuis cette réalisation, tu n’avais pas réussi à refermer l’œil.

Ne t’en fais pas, s’il le pouvait tu ne l’aurais pas dans les pattes. Sauf que tu détiens un cristal bien pratique, Mav’rick. Sans une personne comme toi, il pourrait bien chercher l’aiguille dans la botte de foin et qui sait les jours, voire les semaines, que ça lui prendra. C’est en serrant les dents qu’il composa ce message. Aïe, quelle honte de demander de l’aide extérieure ! Ça heurte son égo alors il te projette toute la faute dessus. Crois-moi, il va loin dans ses démarches pour retrouver cette dague de pacotille. Pourquoi donc ? Pourquoi ne pas en racheter une autre au marché noir et se fermer la gueule ? Parce qu’il y rattache une valeur plutôt sentimentale à ce misérable bout de métal. Ce fût celle qui le lia de sang avec son bien-aimé. À jamais teintée, il a désormais des regrets et il se trouve stupide. À défaut de prendre une autre arme et laisser celle-ci en toute sécurité.

Ah, mais hors de question que Monsieur Ellström se salisse les mains ! Tu as fait une requête monétaire, il est donc naturel que tu fasses le boulot afin de mériter ta somme, non ? Il est évident et tu as dû le remarquer : Lucius a le crâne extrêmement épais. Essaie de lui percer, rien n’y fera. Heureusement, tu as un moyen avec les mots et tu réussis enfin à le ‘convaincre’. Il plonge ses prunelles dans les tiennes et à travers ce regard, un sentiment de rancune et d’amertume. Petit Prince ne peut pas trôner dans le confort de sa tente. Tel un enfant, il se tient de pied ferme devant toi et les bras croisés. Comme s’il n’était là que pour t’assister et t’observer faire ton numéro.

- Tant qu’à s’être bien fait chié à venir jusqu’ici, pourquoi ne pas s’en débarrasser ?

Ta deuxième option lui plut davantage. Et tranquillement, vous vous préparez pour le pire à venir. Tu détaches la glacière tandis qu’il charge son arbalète d’un carreau. « Je te jure, mec, si tu t’es trompé, c’est ici que je m’arrête. Tu le trouveras seul le copain des sables », il t’annonce en dirigeant lentement son regard sur toi tout en remarquant ta main tendue. Ses yeux font quelques aller-retours de celle-ci à ton visage. « Hm ? Dis moi pas que tu es venu jusqu’ici sans t’être préparé ? » Bien sûr qu’il la sent la machette fixée à sa taille, mais ne va pas croire qu’il avait l’intention de la partager… Enfin, s’il veut s’en sortir vivant, il est évident que la coopération est, une fois de plus, de mise. Il se fiera à toi afin que tout se déroule comme prévu, comme le jour du convoi. You’re the brain while he’s the brawn, after all!

- Tâche de ne pas la perdre, celle-là, veux-tu ?

Penses vite, Mav’rick ! Il te lance la machette comme si elle s’agirait d’une vulgaire balle (en espérant bien que Mathilde l’ait rattrapé !) Et aussitôt, il reprend sa propre arme en main et observe les environs. D’un horizon à un autre, tout est d’or et tout se ressemble. La chaleur élevée du désert vient à en déformer l’air, créant de petite vague dans votre champ de vision. « On dirait bien que tu t’es trompé. Y a pas de ver ici, allez, on se casse. » Il esquisse un rictus, fier de voir que tu n'es pas si ‘parfait’. Et comme à l’habitude, c’est en parlant du loup qu’il se pointe enfin. Les mêmes tourbillons commencent peu à peu à se former autour de vous. Premier réflexe plutôt insensé, Lucius pointe le bout de son arbalète vers le sol mais ne tire point.

- T’as un plan ? On doit retourner là-dessous ?

#iwhae

Vert Solitude

T'aimes pas la façon dont il te regarde et te parle. À travers chaque manière, il essaie de te faire sentir comme la pire des merdes ; un vaut rien. Et malgré toi, il réussit graduellement. Ça fait étrange, pas vrai ? D’habitude, c’est ton rôle de traiter autrui d’une telle façon. Tu veux faire comprendre au monde entier que y a rien ni personne qui t’arrive à la cheville, mais on dirait bien que tu as enfin trouvé chaussure à ton pied, Cendrillon. Descend de ton trône qu’il te remette un peu les pendules à l’heure. Sauf que ça ne fonctionnera pas à l’instant. Et c’est ce que tu lui montres : un visage d’indifférence à des mots envenimés. Quiconque connaît moindrement sa Majesté Ellström sait qu’il ne se laisse pas abattre si facilement. Qu’est-ce ? Tu fais tout le travail seul ? Pendant un instant, il hésite à croiser les bras, t’observer et te prouver son inutilité à l’état pure.

Ça l’attriste un peu, que tu ne t’aies pas pris sa machette en pleine gueule. La barre qu’il se serait éclaté, mon gars. Ne se rendrait-il pas compte que tu as effectivement le gros bout du bâton... Tout de même, il espère que tu te goures. Pas qu’il apprécie particulièrement le temps passé en ta compagnie, mais ça l’aiderait rien qu’un peu à retrouver son pied d’estrade. Alors tandis que notre vaillant Roger vous déclare sa présence, un carreau visé vers le sol, ce que tu considères être le Roi des Empotés remarque ce regard (une fois de plus) empreint de découragement. Bah quoi, t’as une meilleure idée, il s’apprête à te balancer. Bien sûr que tu dois en avoir une. T’es le genre de gars à venir avec un plan ou deux, contrairement à Ellström qui s’était présenté avec l’intention de ne pas bouger d’un poil. Dans ce cas, pourquoi toutes ces armes? Le Suédois ne sort jamais sans quelques précautions.

Il t’observe… Un peu hébété. Le gamin qui veut à tout prix montrer à Papa qu’il peut être utile ; il se tient prêt, arbalète chargée. Tes manœuvres se déroulent à merveille et chaque geste est parfaitement calculé (ça va sans dire que ton cristal de précision aide au bon déroulement). Ta sécurité ? Il en n’a qu’à faire, ses yeux restent rivés sur ses deux précieux. Les armes atterrissent autour, l’une étant dans la direction opposée de l’autre à quelques mètres. Et il court, Forrest ! Il se précipite vers sa dague comme si elle s’agissait d’un petit animal blessé. L’information prend une seconde à se rendre à son cerveau et peu à peu, la colère l’envahit. Un drap carmin se déroule sur sa vision ; son jugement.

Pas le temps de faire une scène ! Roger n’en a pas terminé avec vous. Oh non, notre vaillant ver est également affamé et le petit morceau de chameau ne semble pas l’avoir rassasié. Il effectue l’un de ses plus beaux drifts afin de changer sa trajectoire et se lancer vers toi quand tout à coup, un cri : « CRÈVE !! » Dans lequel on peut y distinguer tout son amour et il lance (enfin) un premier carreau sur le côté de la créature. En effet, là n’était plus le temps du rodéo. Le cure-dent planté dans sa chaire lui déplaît et il se tortille un brin avant d’enfouir son ‘nez’ dans le sable. « Reviens ici, putain de cochonnerie », il s’exclame à nouveau en décochant un deuxième projectile qui le perce juste avant qu’il ne disparaisse sous terre.

- Mais qu’est-ce que tu fous ?! Laisse-le pas s’échapper comme ça !! Il s’adresse maintenant à toi.

Une quinzaine de pas vous séparent. Ne vous en faites pas, il n’est pas allé bien loin. Au contraire, le sol gronde sous tes pieds et à nouveau, des tourbillons qui s’activent rapidement autour de toi. Pendant ce temps-là, où est Lucius ? Il est parti prendre une petite marche et chercher sa deuxième lame. Il revient tranquillement près de toi tout en gardant une distance sécuritaire et t’observe d’un œil hautain. Posé dans les paumes de ses mains y trône sa dague durement amochée.

- Tu vois ça ? C’est de ta faute. Tant qu’à l’avoir dans un tel état j’aurais préféré ne pas la retrouver du tout. Comment tu veux que je me serve de ça ?... Mais bon, maintenant que je l’ai… J’imagine que je n’ai plus besoin de tes services. Ce fût un plaisir, Mav’rick.

Et tout aussi nonchalamment, il tourne les talons prêt à te laisser dans une des pires merde. Il  est frustré. Il est déçu. Et ses sentiments lui font omettre un tout petit détail plutôt important : Ton cristal de réparation.

#iwhae