« Es-tu certain que c’est bien ici? » tu t’étais efforcé de bien prononcer les mots, préférant t’adresser à ton client d’un degré de politesse se situant au juste milieu du ‘coincé du cul’ et ‘on a élevé les cochons ensemble’. C’était comme ça que t’aimais gérer ton business; un brin de camaraderie et de légèreté tout en projetant une aura modérée de professionnalisme. Modéré, parce que vous étiez tout de même dans le désert, où il n’y avait personne au-dessus d’une autre -c’est ce que t’aimais bien croire- et, puis… qui vouvoyait dans le désert? Cette forme de politesse, t’avais l’impression, était propre à un style se rapprochant davantage aux grandes citées; et des prisonniers à cravate. Lentement, tes mains se croisèrent contre ta poitrine; une façon subtile de faire comprendre à ton client que t’avais beau avoir un peu de temps pour lui, mais t’avais pas toute la journée non plus. Après, tout, le temps c’est de l’argent. Et l’argent, t’en avais besoin pour voyager, explorer et éventuellement, faire le tour du monde pour la retrouver. À ton plus grand damne, cette tentative se voua en échec, car le client ne broncha pas.

« Hmhm. » Ce bruit guttural fût la solution. Hébété, ses yeux rencontrèrent les tiens.

« Désolé, c’est la chaleur… » dit-il penaud, provocant chez toi, un simple haussement d’épaules. Bien sûr qu’il faisait chaud; vous étiez en plein désert; soleil à son zénith. « Mais oui, c’est bien ici… je reconnais cette dune. » Dune qu’il pointa du doigt. T’haussa un sourcil; sceptique. Après 5 ans de vie dans ce four, des monticules irréguliers de sable, t’en avais vu et revu, et après la millième, à quelques grains de différence, elle ressemblait toujours autant à la première. Tu te tues, retenant tout commentaire sarcastique de s’échapper de ta bouche; là n’était pas le moment de froisser le client. T’étais comme ça, Maverick, préférant estomper les traits le plus forts de ta personnalité pour faire bonne impression; parce que tu savais qu’un client content, s’était de la publicité gratuite. Évidement, tu n’avais aucun mal à t’affirmer lorsque tu tombais sur des pommes pourrîtes; leur faisant savoir que ton temps était précieux. N’empêche, tu étais d’un naturel curieux.

« Et… qu’est-ce qu’elle a de différent de toutes les autres; cette dune? »

Tu hochas la tête au fur et à mesure qu’il déblatérait ses raisons, et, au bout de la ligne, tu senties que cette simple question avait approfondit votre lien, qu’il te faisait un peu plus confiance et qu’à ses yeux, les chances que tu sois un escroc s’amoindrissait. T’étais comme ça, Maverick, pensant que ton sens de l’observation était assez aiguisé pour distinguer les changements d’ambiance. Il y avait aussi cette façon dont il avait souri, comme s’il était content que tu lui poses la question, que tu t’intéresses; qui t’avait mis la puce à l’oreille. T’aimais bien penser que t’avais des aptitudes pour la psychologie et… même si la plupart du temps, t’avais des idées arrêtées -forgées d’observations, de faits et d’expériences; t’étais toujours capable de t’arrêter et d’écouter les autres; les laisser faire leur point et leur propre idée, jusqu’à ce qu’ils dépassent la limite de l’absurde. Parce que, Maverick, même si t’étais doté d’un excellent sens de l’humour et capable d’auto-dérision, il restait tout de même que t’étais ce genre de personne allergique au non-sens. Et quand quelqu’un franchit la limite de l’absurdité, t’hésites pas à le lui faire savoir; la douceur et le tact employés, le tout relatif au degré de débilité.  

« Reprenons. Donc… ce que tu cherches, c’est bien une note écrite sur du… parchemin? » Avec l’expérience, t’avais arrêté de questionner les objets qu’on te demandait de trouver. Au fil du temps, t’avais compris que la valeur sentimentale que pouvait accorder une personne à un bien variait drastiquement d’un individu à l’autre.

« Oui, c’est bien ça. Si ça peut t’aider, l’encre est bleue. Et, euhm, il y a des cœurs sur les ‘i’. »

Hautement spécifique; tu n’allais pas te plaindre. C’est ce qu’il te fallait, d’ailleurs, des détails. Et plus tu en avais, plus ça te facilitait la tâche. Comme de fait, tu n’avais aucune difficulté à visualiser cette note et, comme un détecteur de métal, t’avais la sensation qu’à droite, à quelques mètres de distance, vous trouveriez ce qu’il cherchait.

« Suis-moi, » lui dis-tu, l’entraînant vers la direction ressentie. Le sentiment se faisait de plus en plus fort, jusqu’à atteindre un paroxysme prenant la forme d’une accélération cardiaque. C’est là que tu sus que vous étiez au bon endroit. Tu te penchas et tes mains plongèrent dans la mer de sable et creusèrent.

« Ah! » Le client s’exclama à la vue du bien qui commençait à se montrer visible. Sans attendre, il se pencha à son tour et attrapa le bout de parchemin qu’il tira, tel on le ferait avec une carotte. « Meeeerci! », qu’il dit, t’entraînant contre ton gré dans une étouffante étreinte. Un frisson parcourra ton échine et d’un geste brusque tu mis de la distance entre vous deux; rompant le contact. Les contacts physiques d’usage ne te dérangeaient pas; ce qui te dérangeait, c’était ceux… intimes. Les démonstrations d’affection te rendaient mal à l’aise et autant que possible, t’aimais ne pas en être la cible.

Plutôt, tu lui tendis une main; qu’il serra volontiers. Tu sortis ton holokit, pianotant tranquillement.

« Alors, nous avons le déplacement, la requête en tant que telle… étant donné la facilité, je vais laisser tomber la prime de réussite, ce qui totalise ce montant. » Tu tournas l’appareil vers le client afin de lui montrer la légitimité des calculs. « En ce moment, j’accepte le polar et le luma, merci d’avoir fait affaire avec moi. »

Maverick en bref;
Moralité grise, déterminé, perspicace, préfère la raison aux sentiments, émotionnellement distant, relativement raisonnable, prône le vivre et laisser vivre, sait se défendre, workaholique, tsundere de type b, aucun mal à socialiser, à de la difficulté à s’attacher, pense que la plupart de ses relations ne sont qu’en surface, professionnel et discipliné, easy-going et carefree, à une aura de dude chill, observateur et pragmatique, tendances condescendantes, maniaque du thé, etc...