Icare a cette fâcheuse tendance à se lancer dans des aventures bien étranges, quand il serait bien aisé de les éviter. Mais vivre à Polaris, ça signifie être entouré d'une flopée de gens qui, pourtant l'ignorent bien fâcheusement. En réalité, il est parfois un peu insistant (souvent), a tendance à pousser les gens à s'ouvrir plus aisément quand, lui, laissait ses sentiments bien enfermés dans le coffre fort de sa tête. Mais aujourd'hui, il refusait de se faire ignorer une nouvelle fois par la jeune fille qu'il voit sans cesse passer devant son immeuble, qu'il a déjà essayé d'interpeller pour lui poser quelques questions (sur le sport, sur le temps, sur tellement de chose ça brisait son petit cœur tout mou). Mais elle ne s'arrêtait jamais. Ni pour une réponse, ni pour un regard. Et il pouvait clairement s'apparenter à un petit chiot mal-aimé, mais avait décidé qu'aujourd'hui, il aurait bien une réponse à ces questions auxquelles la méchante jeune femme n'avait jamais répondu.

Ainsi avait commencé l'épopée, la course derrière l'adolescente lui rappelant sa propre jeunesse (papy) en cours de sport, à embêter Hélianthe en toutes circonstances. Mais là n'était certainement pas le sujet, non, non. Et la demoiselle courait tout de même sacrément vite, et avait des écouteurs dans les oreilles. Ce qui expliquait probablement le fait qu'elle n'ait jamais répondu à ses paroles, ni les dernières fois, ni celle-ci. Et pourtant, elle accélérait toujours un peu, épuisant le pauvre homme qui essayait d'attirer son attention en lançant des "hey!". Et il était sur le point d'abandonner, quand elle se retourna soudainement. Et ses prochaines paroles créèrent une certaine stupeur, probablement visible sur son visage, qui se transforma en un rire. Vraiment? Elle n'avait rien trouvé de plus menaçant que ce caillou? Il se tint l'estomac, et s'appuya sur ses genoux, essayant de calmer son rire. Oh, elle était amusante, cette fille. Même si elle l'avait royalement ignoré tout ce temps.

« Je ne sais pas exactement dans quel cadre vous auriez à vous servir de cette pierre, vraiment. Ce n'est pas comme si je comptais vous égorger aujourd'hui. »

Essuie les quelques larmes au coin de l'oeil, il se reprend un peu et pose ses mains sur ses hanches. Peut-être qu'il n'a pas une classe incroyable, dans ce nouveau survêtement de sport, parce qu'il ne l'a encore jamais porté. Il faut dire qu'on ne lui a pas spécialement été d'une grande aide pour son choix, et Risa a refusé de l'accompagner, cette fois-là.

« Qu'est-ce qui vous met en panique, comme ça? »

Énervée...

Tu étais passée d'un état apeurée à un état agacé très rapidement. Le bougre de criminel osait se moquer de toi et ta pierre. S'était-il déjà prit une pierre sur le coin du crâne. Savait-il que la pierre que tu tenais dans la main, basique cependant, était bien plus dense que son crâne d'imbécile ! Avec ça, tu aurais pu lui ouvrir le front et montrer au reste du monde qu'un homme pouvait vivre sans cerveau !

Enfin non il ne pouvait pas, mais c'était plus dans le sens métaphorique du termes... Dans tout les cas, tu te contentas de jeter la pierre doucement à coté de toi, ayant remarqué de toute manière qu'il n'était pas vraiment intimidé...

Bon sang... Si tu avais eu tes drones sur toi, le vieux aurait pu connaître l'arsenal qui s'accompagnait avec ta fougue de la jeunesse. A défaut, il ne faisait face qu'à une adolescente dépitée, totalement en sueur après avoir de longues minutes à être suivi par un pervers en manque de fraîcheur !

- Je ne sais pas ?! Un vieux que je ne connais pas se met soudainement à me suivre tout en affichant des grimaces dignes des heures les plus sombres de l'histoire ?!

Tu gueulais légèrement ton mécontentement. Pour le moment il n'avait cependant rien tenté physiquement parlant. Tu te savais séduisante et reine de beauté, mais au point d'attirer les ancêtres du quartier !

- Puis vous imaginez la honte aux journaux demain ? "L'espoir de la ville retrouvée égorgée par le tueur au survêt" ! Ça me ferait déjà chié de crever mais partir comme  ça...

Ta langue de vipère ne possédait aucune limite et ton coté médisant était constamment tourné pour ton incroyable faculté à sortir un flot de parole continu sans jamais t'arrêter.

- Vous n'avez pas mieux à faire que de poursuivre une jeunesse que vous n'avez manifestement plus ?!

Au moins, tu étais honnête...