Tu lèves les yeux au ciel à sa remarque (un peu mesquine) mais ne la soulèves pas. Tu gardes son bras accroché au tien et tapotes légèrement tes doigts sur sa peau comme pour t'empêcher de stresser et le rassurer un peu. Tu es nerveuse d'avoir ce genre de conversation. Tu avais la tête froide face à la guerre, mais la maladie t'angoissait réellement, et plus que ce que tu ne voulais l'admettre.

— « Ne dis pas ça. Je suis sûre que les savants qui se penchent sur des études de cas actuellement vont bien finir par trouver un remède, où au moins à court terme quelque chose qui pourrait ralentir la progression de la maladie. »

Tu avais mal au coeur pour lui Isa, mal au coeur car tu partageais son impuissance et que tu détestais qu'on te force à rester inactive.
Tu t'arrêtes et lâches son bras, attrapant ses mains pour le tourner face à toi. Sourcils froncés, on sentait que l'émotion cherchait à prendre le contrôle de ton visage malgré que tu le forçais à rester interdite.

— « Elle va guérir, Fenrir. Ne baisse pas les bras. »

Tu t'empourpres, décidément mal à l'aise d'être aussi sentimentalisme.

La petite pique à Alexander, tu manques de t'étouffer en déglutissant. Mais toujours parfaite, toujours impénétrable, tu te contentes d'hocher la tête en souriant.
Dans ta tête tu penses oui, quand j'arriverais à lui toucher deux mots mais le venin ne s'échappe pas d'entre tes lèvres. Fenrir n'a pas besoin de ça, il est assez en souffrance.

Tu te souviens de son mariage. Il était féérique, même s'il t'avait mis un brin mal à l'aise. En effet, tu n'étais pas arrivée à te mettre dans la peau d'Eolia. Tu ne sais pas si un jour tu pourrais épouser l'homme ou la femme que tu aimes, et tu ne sais pas si tu serais capable d'aimer tout court. Les vestiges d'un désir naissant auprès de Mephisto s'étaient définitivement effacés avec amertume lorsqu'il avait disparu dans la nature.

— « Le coup de foudre, c'est violent. »

Tu déglutis, et tu fronces les sourcils en lui lâchant les mains brusquement lorsqu'il pouffe de rire. Tu grognes et détournes le regard, presque vexée.

— « Pff, c'est malin ! Je m'inquiétais moi ! Et toi tu... »

Tu maugrées, lèvres scellées et croises les bras sur ta poitrine. Tu en viens presque à te demander si c'est pas une bonne bagarre en plein centre-ville qui pourrait peut-être vous décoincer un peu. Non... Elle n'est plus là, l'époque d'insouciance.
Tu lui montres un café derrière lui, en le pointant du doigts.

— « Viens, je t'invite. »

A force d'être dévisagée dans la rue, tu te demandes si t'aurais pas mieux fait de laisser ton épée à la maison.

Pour que t'évite de trop te prendre la tête sur votre histoire.
Tu souffles par le nez, pas vexée mais un peu blessée. C'est qu'on te reprochait trop souvent d'en avoir rien à faire de rien, de ne pas faire dans les sentiments.
Princesse de glace, sujette à l'insensibilité chronique. Et pourtant, tu veux te prendre la tête Isadora, tu veux ressentir autre chose que ce foutu vide qui t'a fait perdre l'envie d'être triste.

Fenrir est un ami.
Et sa femme est malade.
Les larmes ne montent pas mais le coeur se tord dans d'atroces souffrances, intériorisées en sourire de façade.

Vous entrez dans le Starbuck et évidemment tu attires l'attention - ton regard se braque avec antipathie sur quelques visages trop curieux.
Quand Fenrir commande, tu es presque perdue. Totalement déconnectée de ce monde moderne à force de vivre à l'ancienne à Caer.
Un peu timidement, tu inspectes les tableaux d'affichage en réfléchissant.

— « Un café s'il vous plait. »

Le serveur un peu hébété, surtout ennuyé.
Oui, mais lequel ?

— « N'importe, et je paie pour les deux. »

Assis à une table, tu plaques tes deux mains pour les réchauffer contre le gobelet. Tu repenses au parallèle de la dernière fois.
Bourrés, à vous provoquer en duel sur les tables des cavernes.

— « Tu continues de te battre Fenrir ? Je veux dire, as-tu cessé de pratiquer les tournois depuis ? »