Ce sont de ces neiges calmes, aux flocons doux. Icare n'a jamais connu de ces surfaces là, sur Terre. Il tend les doigts, laisse le froid gercer le bout de cette peau là, et. C'est toute magie, quand il sourit. C'est que la neige engourdit les membres pour les tuer, mais l'Homme aime s'y échapper pour s'amuser. C'est jouer avec la mort. Encore une fois. C'est oublier ces monstres aux visages horrifiés au profit des étendues blanches, tout aussi mortelles (bien que moins agressives). Et Icare s'est aventuré dans les plaines, Icare s'est échappé de Polaris car il n'est Raiponce, n'a d'obligation de rester sans cesse au même endroit (dans les tours éternelles). Et il parcourt les territoires avec la passion qu'ont les nouveaux nés de découvrir le monde, Icare, il tend les bras, il sourit face au froid, et parcourt à pieds même les étendues fauves, avec l'insouciance même de ces êtres tous frais.

Mais il y a des imprévus, dans les escapades des jolies princesses loin de leurs royaumes calmes aux terrains plats. Il se tord la cheville, Icare, se retrouve écroulé entre deux rochers, lève les yeux vers le ciel et feule tel un chat. Parce qu'il s'est retrouvé coincé, mais, étrangement, ça ne semble aussi choquant qu'il ne le pensait. Alors il essaye de se relever, il appuie sur ses mains, il se les abîme contre la roche et il grogne entre ses dents.

« Oh, bordel. »

C'est bien tout ce qui peut sortir d'entre ses lèvres glacées, tremblantes par l'inactivité. Il a le bonnet qui s'est enfui dans la chute, les cheveux rendus humides par la neige et la cheville qui commence à le chauffer. Pitié, que ça ne l'empêche pas de rentrer pour embrasser Lily, ce soir. Et dans le désespoir, entend les bruits de pas. Il lève le menton, a les yeux presque larmoyants quand il crie :

« Ohé! Il y a quelqu'un, là, en bas! »