Elle se laisse faire, elle t'écoute comme hypnotisée par ta voix.
Peut-être se retient-elle en réalité de te poignarder (dans le coeur) - feintant de te laisser le temps de lui retourner (la tête).
Tu serres les poings, gesticules tes doigts sans oser la toucher. Tu sais qu'elle n'est pas du enthousiaste des contacts, et toi tu n'es pas vraiment dans l'optique de mourir pour de bon.
Alors lentement tu recules pour positionner ta tête en face de la sienne. Les traits crispés de ton visage ne trahissent aucune émotion vulnérable. Tu plisses les yeux un instant, cherchant dans le fond de ses yeux la réponse à sa question.

— « Il est mort. Le Leader est mort. Je n'avais plus rien à faire chez les faux-visages. »

Tu n'étais pas tout à fait honnête - certes - mais tu ne mentais pas non plus.
Tu étais persuadé que Cronos s'en était allé, avait disparu comme une ombre dans le désert. Peut-être avait-il était assassiné par ses détracteurs.

— « Je lui avais dit lorsque je l'ai rencontré. Je suis libre et je le resterai. »

Tu approches tes doigts de sa joue, mais tu ne l'effleures pas. Fasciné par la folie qui noircissait ses pupilles de plus en plus, tu prends finalement une grande inspiration.

— « Il n'y avait plus rien pour moi. »

Et tu as pitié, un peu.

— « Il n'y a plus rien pour nous là-bas. Tu le sais déjà au fond de toi. »

Il n'y avait plus rien pour toi.
Tu y étais allé un peu fort, tu n'avais pas vraiment réussi à enjoliver tes propos. Ils étaient sorti aussi bruts et durs que l'était ton coeur de pierre. Sa colère était légitime et tu sentais que tu perdais le contrôle de la situation. Tu avais pourtant éviter le sujet avec brio mais la brutalité de ta lâcheté passée revenait au galop.

Elle t'avait poussé vers l'arrière et dans un reflexe, tu avais maintenu l'équilibre vers l'arrière en tenant sur tes coudes. Les jambes et le corps allongé, la tête restait droite malgré le dos courbé. Tu serres les dents quand la lame vient caresser le dessous de ton menton, c'est qu'elle t'oblige presque à la regarder !
Tu plisses les yeux, serrant les sable du désert entre tes doigts crispés alors que les siens pressent ta chemise.

— « Linn, arrête ! »

Tu devais trouver un moyen de sortir de cette situation. Un moyen de lui retourner la tête sans qu'elle ne coupe la tienne.
Mais tu savais que l'utilisation de ton nouveau cristal de possession ne ferait qu'accroitre sa rage, décupler sa folie et anéantir tout tes maigres espoirs de paix.

— « Il y avait autre chose ! Je sais. Je ne pensais pas... »

Tant pis.
Tu appuis sur la lame pour te redresser. Le sang coule au contact de ta peau déchirée, et d'une main ferme, tu attrapes son poignet pour la forcer à reculer le poignard avec son visage.
Tes yeux trop près des siens, tu t'y plonges avec amertume et désarroi.

— « Ce n'est pas pour te quitter que je suis parti. J'ai rencontré quelqu'un Linn. Et j'ai retrouvé mon frère. La société des faux-visages, c'était mort sans Leader ! Et je ne serais jamais devenu le toutou d'Hailey. »

Tu lui craches au visage cette passion dévorante pour l'impertinence.
Presque aussi percutante que la passion dévastée que tu avais pour elle et sa repentance.

— « Je n'ai jamais voulu t'abandonner. C'est tout le reste que j'ai laissé derrière et tu étais encore dans le décor. »

J'aurais du te sauver mais tu aurais refusé.

Tu n'étais pas du genre à partager Caprice, comme tu n'arrivais pas à te démultiplier en plusieurs entités. Tu aimais peu, mais tu aimais fort. Tu ne pouvais être qu'avec qu'une seule personne, accorder ton attention qu'à une seule chose à la fois.
Cronos. Linn. Kiana, Gabriel. Kiana, Gabriel. Kiana...
Qu'en est-il de Linn désormais ? Le coeur tambourine encore dans la poitrine.

Tu t'étais affaibli.
Cette affirmation (accusation) résonne avec colère et rejet. Tu serres les dents Caprice et tu constates qu'elle s'éloigne - elle qui s'accrochait désespérément quelques minutes auparavant. Tes yeux cherchent à la capturer, à la faire revenir.
Et finalement, tu fuis encore, détournant la tête vers l'horizon.
Tu t'étais affaibli.

— « Si changer c'est faiblir... Si penser par soi-même c'est faiblir. »

Tu te jettes sur elle Caprice, tu la fais basculer sur le sable. Tu grimpes sur elle sans aucune peine, plaque ta lame contre son cou. A son tour de subir, la froideur du métal.
A son tour d'encaisser les contradictions qui font si mal. Celles qui torturent le coeur et soumet l'encéphale à une lente agonie.

— « Me traquer ?! »

Tu craches ce venin (enfin ! ) qui t'enserre la gorge et fait pulser le sang dans tes veines. T'es tendu Caprice, penché sur son ombre, perché comme le croquemitaine.

— « Quand il était encore là, il n'y avait rien de plus important que sa cause. Il n'y a eu que toi pendant des mois. »

Amer, acerbe.
Presque méchant.
Parce qu'une partie de toi la désire encore dépendante.

— « Maintenant il y a Gabriel et Kiana. J'ai trouvé quelqu'un à protéger. »

Et ça m'étouffe quand c'est toi qui joue au chevalier.