Les lumières tamisées
Ses yeux noirs illuminés
danse danse danse devant ses iris
la poupée est venue voir sa divinité et elle regarde
avec attention
chacun de ses mouvements chaque pas de deux de trois
la vois danser tant et si bien qu'elle en est happé
Mais bientôt l'envie (pressante) se fait sentir et il faut oui s'enfuir
Telle une anguille elle se faufile dans la foule, parmi les tables, les gens envoûtés.

Vient trouver du répit enfin seule, dans les toilettes des filles. Elle soupire, va faire son affaire, puis se lave les mains, elle a la mine fatiguée, la maladie ne l'épargne pas, ces jours ci elle a de plus en plus de mal a passer du temps sous sa forme humaine, elle utilise toute sa force dans ses transformations, passe son temps à bailler aux corneille, sa boutique, elle n'y passe plus trop de temps, juste pour faire quelques commandes car c'est bientôt noël et c'est la saison.

Mais alors qu'elle se sèche les mains voilà que tu
fais ton entrée
comme une reine de cabaret tu es là
et elle reste
plantée
comme si elle n'en revenait pas
Mariette hausse le nez, plisse les yeux, se fait sérieux, elle a une petite moue peinte sur son visage elle te
dévisage
clairement elle n'est pas contente de te trouver là oh pourquoi fallait-il que sa tombe maintenant ? Tu ne
mérite pas d'être ici
au spectacle de sa presque sœur chérit, nouvelle famille à laquelle elle s'accroche comme une bouée à la mer.

tiens tiens la "reine" fait son entrée, qu'est-ce tu fiche là ?!

Son ton est agressif, peu polit, elle n'en prend la peine, pas avec toi, elle n'a pas de gant pour toi, n'en a déjà pas beaucoup de toute façon, Mariette est sauvage jusqu'au bout des ongles, et tout de suite ses oreilles sortent, pointent, sa queue fouette elle a les crocs en devant et la gorge qui grogne, elle ne t'aime pas, elle ne t'aime pas du tout lorsque tu t'approches de ce qui est à elle, ce qu'elle s'est battu pour avoir, à construire, elle te veut loin d'elle, que tu ne t'approche pas (oh si elle savait) que tu ne mettes nulle part sur elle tes vilains doigts.

En dehors de la pièce étriquée, le spectacle continue, et ici, il commence, car vous allez vous donner, faire vos scènes dire vos répliques, vous faire hyènes, non, tu seras hyène, elle sera louve, et entre vous deux, c'est elle qui gagne à la majesté de sa robe noire saupoudrée. Tu es ici sur son territoire, et tu vas le payer, pour être sûr que oh non plus jamais, tu ne reviennes y poser pieds.

 

Elle prend son temps, son temps à t'ignorer, Mariette, toi est ton courroux, toi qui veut protéger ce cocon, elle te fait patienter elle tue le temps, Mariette regarde te mettre du rouge à lèvres et elle ne dit rien, elle reste sur ses gardes, quelques part, elle fait attention à toi quelques part, tu es une reine qu'elle reconnait comme telle, quelque part, elle ne pourra jamais se défaire de toi, vous êtes liés malgré elle par un même malheur et malheur à la divinité qui voudrait vous séparer, vous êtes fait pour vous mordre réciproquement, jouer de venin, vous crêper le chignon, car elle t'en veut Mariette, elle t'en veut d'exister, de l'avoir fait pleurer, pas elle non, Ludde oui, elle t'en veut d'avoir été là à l'enterrement, elle t'en veut tout simplement.

Rien ne changera hein
tu fais claquer tes lèvres, celles de Mariette se tournent dans une moue terrible, elle aimerait être écœuré de ton petit tour, de ton toi trop apprêté, mais elle ne peut pas, car elle se souvient des tendres mains de Raphaëlle, de son rire cristallin, de ses conseils beauté, de ceux qui rehausse la sauvagerie de la louve, cercle ses yeux noirs, peint contre ses lèvres le sang des impies. Quelque part, Mariette te ressemble sans le vouloir. Quelque part oui, perdu dans un pays d'ailleurs, un pays dans lequel on ne souhaite pas mettre pied mais qui toujours nous appelle, nous tire sur le cœur, de ceux que l'on dit de natalité.

Et enfin Oh reine tu daignes poser ton regard sur l'animale, tu daignes lui parler, de ton ton moqueur, de ta langue fourchée. Mariette sourit, mais ce n'est pas un doux, c'est un plein de crocs, plein d'accrocs, prêt à s'accrocher à ta gorge, te la découper en morceaux.

Je viens pour voir Raphaëlle, le cygne qui danse, tu vois, moi et elle, on est un peu une famille, je sais pas ce que tu espères gagner à t'incruster à ce spectacle mais pour sûr Raphaëlle ne voudra jamais d'une femme froide comme toi, elle aime la chaleur.

Elle m'aime m o i comme une petite sœur certes mais les liens de sororité son plus fort que les autres, Mariette oh à son plus grand malheur, pense t'écraser ainsi, en se faisant petite sœur, elle s'apprête à manger la poussière mais elle ne le sait pas encore non, regarde la rayonner, elle est si fière de faire parti du cercle très privé de Raphaëlle, elle s'imagine à ses côtés à lui chuchoter au creux de l'oreille, se moquer de ta tenue scintillante qui essaie donc de voler les étoiles de la danseuses, avec mauvais goûts pense Mariette, mais c'est parce que Mariette ne veut rien aimer de toi, et ton style en fait partie.

Mariette fronce son nez lorsque tu utilises l'adjectif sublime pour parler de SON cygne, oui elle est
magnifique
stupéfiante
belle
envoutante
elle est tant et tant elle est
admirée
admirable grande sœur qui a pris dans ses plumes bien blanches le vilain petit canard la bâtarde des loups elle l'a
dorloté, comme l'aurait fait un parent.
A son plus sombre à son plus bas, elle as été là.
Tu ne pourras pas lui enlever ça Sasha non jamais tu ne pourras.

Et alors que tu t'avances, Mariette ne bouge pas d'un poil, elle ne fait que relever le menton pour suivre du regard ta pérégrination jusqu'à ses pieds oui elle t'aimerait à genoux que tu sois à prier que la louve déesse d'une autre contrée la même que la tienne te laisse la vie sauve à cet instant car elle serait bien capable de tuer par amour, avant non, mais maintenant, maintenant est une autre histoire, une autre Mariette, une Mariette malade tu comprends ? Elle n'a plus rien à perdre, plus rien du tout, elle a tout à gagner et elle est prête à l'arracher.

Tes mots
dégoulinent sur elle
et lui font froid dans le dos car au fond d'elle elle a
peur
que tu ais raison
mais ce n'est pas vrai ! non ! jamais ! Raphaëlle ne l'abandonnerait pas Raphaëlle serait toujours là elle sait que Mariette vient avec des bagages et elle les a caressé d'une main comme on le ferait d'un lourd passé mais qui est tout prêt à se faire dorloter oui tendre souvenirs douloureux souvenirs, tout ça, ce n'était pas grave, car Raphaëlle avait des mains pleins de soins et sur ses plaies béantes elle avait poser les pansements du divin.

Et tu la titille
tu ne devrais pas non
chercher autant la vilaine car il n'en faut oh que peu pour la trouver Mariette a toujours eut
le sang chaud qui vient des monts et des vaux glacés de surface mais à cœur bouillonnant de vie. Elle transforme son visage en gueule de loup et vient t'assaillir, de ses crocs elle attrape ton collier et tire d'un coup sec, le casse en mille morceaux, puis son visage redevient poupin, entre les dents toujours son méfait pendant. Elle le crache dans ses mains et te le jette au visage, sa voix monte, elle ne se laissera pas impressionner quand bien même elle n'est pas sur ses terres glacées.

Tu peux douter ça change rien, c'est ma grande sœur, tu entends ?! Vas-t-en avant que je te dévore ! Et je te pardonnerai tes tords !

Car elle a tord sur tout n'est-ce pas ?
Elle ne pourrait pas connaître Raphaëlle n'est-ce pas ?  
Elle ne fait pas partie de sa cour elle ne fait partie de rien du tout
prétendante de pacotille elle oublie que Mariette est confidente à celle-ci, de cour.
Plies-toi donc devant l'enfant roi !

Métamorphose
tu te transforme tu te défais de tes formes tu redeviens sauvage tu deviens l'enfant pas sage Mariette voit double Mariette voit trouble il y a
le collier au pied de tes escarpins trop grands pour ses pieds ses pieds à elle tu comprends trop grands pour jouer à la grande dame de toute façon elle ne veut pas l'être de toute façon elle ne grandira jamais alors à quoi bon
essayer de rentrer dans de jolies souliers bien vite ces derniers seront souillés de sang.
Elle
ne comprend pas Mariette
Pourquoi
tu essaies de lui faire du mal de cette façon là ça ne prend pas non vraiment
Elle
te regarde avec critique et elle sourit, elle sourit à son sourire

ah

alors c'est comme ça qu'on l'entend ? Elle a une voix plus grave que ce qu'elle pensait
alors c'est comme ça qu'on la voit ? avec ses grandes cernes ? elle est plus jolie que dans les miroirs elle trouve
noir dans noir
elle attrape ton visage entre ses mains transforme ces dernières en pattes les griffes appuient contre la douce peau des joues rebondit.

ah
enfin à ma hauteur
tu n'aurais pas du descendre

Si tu savais
si tu savais comme elle t'en veut
un des derniers souvenirs marquant avec son père est lorsqu'il pleure
par ta faute
par ta faute
ta faute
la faute à toi
s'il est un peu mort n'est-ce pas ?
car peut-être aurais tu pu être la voix de la sagesse, la grande dame de la ville, peut-être que tu aurais pu entre tes mains, défaire les épines de pins sur son corps, pas la louve qui chante le soir, peut-être qu'il aurait moins écouté l'appel de la forêt, car Mariette ne pouvait pas l'en empêcher, car Mariette n'est que boisé.

parce que mariette
parce que mariette
mariette mariette mariette
rien qu'elle
ce petit bout de femme
juste elle
a réussit à lui faire aimer un peu ce bois qu'il tuait tant et tant qu'il en avait du sang sur tout ces doigts
chaque balles tirées
il faut croire qu'un jour elles l'auraient rattrapé (l'ont)
et l'enfant sauvage qui n'a jamais été sage a crié au loup tout du long mais le loup c'est elle tu comprends
c'est elle
un petit bout de femme qui avait trop perdu de parents
que plus rien ne retiens que plus rien n'éveille si ce n'est
Raphaëlle
Raphaëlle et son apparence soignée, sa fragrance, son rire ses dances, Raphaëlle qui ne se laisse pas désarçonnée par la louve, qui n'a pas peur de se faire mordre, Raphaëlle qui la maquille, la fait redevenir femme
lui arrache avec tendresse les racines qui prennent place place toute la place dans ce corps trop petit pour les contenir les arbres qui aimeraient y pousser s'asseoir sur cette vie qui se veut sans vie compte à rebours activé.

Elle veut
t'arracher ce visage (son visage)
que plus jamais tu ne puisses le porter
qu'elle le garde secret car personne ne peut voir la louve comme elle est n'est-ce pas ? car elle n'est pas belle à voir (finalement)
et Mariette ne veut être que beauté, terrible, mortelle, pas envoutante comme Raphaëlle mais subite, condamnation éternelle. Et elle appuie ses griffes, les appuies tant et si bien qu'elle laisse perler des petits point rouge sur ta peau mais et si
et si c'était vrai
oh
si Raphaëlle t'aime bien
qu'est-ce qu'on fait hein ?
car Mariette ne veut plus te voir est-ce que comme les parents séparés il va vous falloir un planning pour plus jamais vous croiser ?
C'est un truc d'adulte ça, elle ne la veut que pour elle, pas touche, pas toi et tes doigts froids, tes doigts qui pourrait être chaud comme drapée dans de la soie mais qui ne veut pas qui est trop...trop haute sur tes talons.
ah
si Raphaëlle t'aime bien alors peut-être elle ne devrait pas t'arracher le visage oui non elle ne sait plus trop sa vue est brouillée ce qu'elle aimerait juste
juste ressembler à ça, ce que tu vois d'elle, c'est si beau même si sa colère la rend laide, mais elle n'y ressemble pas non car tout à l'intérieur d'elle est en putréfaction et ça tu ne peux pas le mimer non tu ne peux pas non plus mimer l'orée des forêts les sombres buissons, la lune éclatante, et le pelage rougeoyant.

Alors a la place elle te pousse de toute ses forces te pousse à t'en faire chavirer car tu fais sa taille maintenant, c'est un combat égal, et elle en profite que tu sois renversée pour attraper les trop grandes chaussures, elle les balance dans un toilette chaque donc deux, elle tire la chasse avec satisfaction, plusieurs fois, elle se dit qu'elles ont du coûter cher les jolies chaussures, tu repartiras sans, tu n'irais pas les chercher jusque dans les toilettes non ? et ce collier par terre est-ce que tu vas le ramasser, elle te sourit avec satisfaction, même si cette dernière n'est qu'une faible lueur (car elle ne serait jamais satisfaite de ta trahison).

Tu ne peux pas copier la louve en moi, mais je ne peux pas te défigurer non plus, je le ferrai bien crois moi, tu sais que je le ferrai bien n'est-ce pas ? peut-être un jour, mais pas aujourd'hui, pour ton affront, je te fais marcher pieds nu, salir tes pieds trop polit tout le temps dans leur hautes tour, te faire redescendre sur terre, là où les vraie femmes s'affairent.

Que connais tu des vraies femmes Mariette ?
c'est vrai ça
tellement vrai
et Mariette fronce les sourcils car elle ne s'attendait pas à ce que sa phrase se retourne contre elle.
Que connais tu Mariette ?
Mariette les haut talons, les jolies robes, les mains qui s'affèrent toujours trop occupées pour elle, le regard fuyant haut haut haut sous le trait d'eyeliner le regard qui ne s'arrête pas en contre bas sur la petite Mariette, le regard qui se veut exprès hésitant à son égard presque défiant, et Mariette le menton haut haut haut qui regarde tout là haut qui tend les mains que l'on attrape pas.
Ce que connait Mariette ? la glace, les lèvres résolument fermées, les baisers évités, les bonne nuit jamais souhaité, ou alors sèchement, ou alors tristement, ce que connais Mariette des femmes hein ? Elle ne connait que
le froid
tout comme toi
que le monde qui détourne le regard de soi
elle ne connait que les bras qui repoussent en lieu de caresses
les rouge à lèvres qui sublimes les belles lèvres qui jamais ne touchent nos joues
la mère de Mariette était une vraie femme qu'elle dira, mais bizarrement lorsqu'elle s'en souvient elle te ressemble à toi
dans ses yeux froids
qui ont tout de la ville qui dort sous la couche de neige
du moteur des voitures qui ronronne des soirées mondaine ou elle finissait dans un coin avec son diabolo
dans son coin
l'enfant renié
l'enfant mal aimé
et pourtant elle l'aimait
juste à sa façon et peut-être ce qu'elle voit en toi Sasha c'est ce mauvais amour qui n'est que poix
et Mariette n'a qu'un seul pardon pour cela à donner et il ne te reviens pas.  

Et ça ne la touche pas lorsque tu dis ne pas la trouver belle, trop sauvage, car il y a des beautés que toustes ne sauraient apprécier, et elle en fait parti, tu ne la voit pas, cette beauté là, car tu ne l'as pas gagné, car tu l'as arrachée trop tôt et la voilà morte à tes pieds, elle n'est plus que noir fureur du fond de ses prunelles noires terreurs elle n'est plus que l'enfant qui parle aux fantômes l'enfant toujours trop autonome qui aimerait être oh aimé qui aimerait exister dans une famille chaude comme le centre du monde qui jamais ne quitte son giron et Raphaëlle pourrait l'être, non, elle l'est, comme lorsqu'elles ont dansé ensemble pendant le soir, là où il y a d'habitude que du cafard, elles ont rit tant et tant elles se sont faites sœurs par magie d'une magie que tu ne comprendra sûrement jamais car elle dépasse les apparences car elle est nichée dans le cœur que tu ne possèdes plus toi reine des glace, que tu as vendu.

La louve sourit
tes mots ne la touche pas comment le pourraient ils ? ils ne sont que l'écho d'une voix vengeresse
et de vengeance la louve en a déjà plein les bras, pas la place pour toi, elle a fait passer son message, elle n'a plus rien à faire ici si ce n'est apprécier le spectacle, alors de sa mine effrontée elle dit d'un ton léger, amusé par la situation, par toi qui essaie de garder les apparences malgré tout.

Te ressembler ? ne te méprend pas j'en suis loin fort heureusement, j'ai un cœur qui bat, c'est pour Raphaëlle si je ne t'arrache rien, dans le doute qu'elle batte bien un cil en ta faveur. Amuse toi a être "distinguée" comme tu dis si bien le reste de la soirée, tu l'es autant qu'une statue de plâtre, jolie et creuse. C'est tout ce que tu as à offrir après tout, empêtres toi bien dans tes apparences si faciles à détériorer, je porterais la couronne haute que tu ne saurais ramasser perché dans ton faux clinquant. Hmpf !

Et elle lève le menton, secoue sa longue chevelure effarouchée, puis marche résolument vers toi, te pousse du passage sans ménagement, pour aller ouvrir la porte et sortir,  elle n'allait pas rater le clou du spectacle pour toi tout de même ! Car maintenant elle en connait une autre de vraie femme, Raphaëlle et ses doux mots, Raphaëlle et sa douceur sororal la douceur d'une fraiche nuit étoilée, d'un foulard de soie que l'on enroule comme un boa, d'une beauté envoutante et qui nous laisse sans voix, pas effrayante comme toi, une beauté taquine, qui aime l'odeur des bois, qui n'a pas peur des louves comme Mariette, une vraie femme, qui sait concilier le sauvage avec le raffiner, qui sait dompter sans briser.