Tu l'écoutes en gardant le silence. Parfois ton regard dérive vers un endroit connu de toi seule. C'est fini les paillettes et les grands airs. A quoi bon continuer sur ce chemin qui se termine par un précipice ? Tu ne verrais pas le grand trou devant toi et tu te jetterais à corps perdu dedans.

Tu reviens à He ... à Jun et tu l'observes alors qu'il termine sa phrase. Puis tu secoues doucement la tête et cette fois tes yeux se plissent alors que tu lui souris tranquillement. Pour une fois que tu n'as pas envie de frapper un de tes interlocuteur ... C'est étrange les sentiments humains. Parfois tu aurais envie d'enfermer toutes ces personnes pour ne plus jamais les revoir. Leur discussions sans intérêt, ces femmes bien trop bruyantes. Mais là ce n'est pas la même chose. Tu ne peux pas être sûre qu'il soit foncièrement gentil avec toi dans l'unique but de l'être. Tu ne sais pas lire dans les pensées des autres, alors tu ne sais pas s'il y a une autre raison à ses paroles. Mais tu as envie d'y croire. Tu lui offres un nouveau sourire et tu sors de ton silence. Un peu plus et ce serait devenu gênant.

« Alors Jun, vous pouvez me tutoyer. Je pense que je vais rester regarder, je suis curieuse de voir votre spectacle maintenant. »

Tu hoches la tête d'un air entendu, sûre de ce qu'elle veut faire maintenant. Tu as peut être mis du temps à te décider mais à présent tu sais que tu veux le regarder à l'oeuvre, lui et sa troupe.

« Si ça ne vous dérange pas, je repasserais vous voir à la fin ? Et ensuite je prendrais le miroir de sortie pour rentrer chez moi. »

Enfin si ton pouvoir te laisse sortir par le bon miroir cette fois-ci. Tu refermes doucement la porte derrière toi et te dirige vers les premières loges. C'est la première fois depuis la chute que tu vas voir un spectacle et tu te rends compte que ça te plait. Tu es même un peu excitée que ça commence. Tu suis les instructions de Jun et tu arrives sans encombre à prendre place dans un endroit calme. Comme il l'avait dit. Personne près de toi, ce qui t'arrange tu n'avais pas vraiment envie de taper la discussion avec d'autres inconnus. Même si tu as été agréablement surprise depuis que tu es sortie du miroir du jeune homme. Un autre sourire s'étire sur tes lèvres et tu pousses un soupir en t'installant plus confortablement en attendant le début de la prestation. Parfois ton pouvoir à du bon. Un léger rire passe tes lèvres en repensant à ta discussion avec Jun, tu t'imagines arrêtée par un costumier et jetée sur le devant de la scène sans savoir quoi faire. Tu aurais pu être incroyablement ridicule. Tu sais tenir ton rôle à la perfection mais tu ne penses pas être une bonne comédienne pour jouer d'autres rôles que le tiens. C'est assez drôle en y pensant.

L’ambiance quelque peu tendue dernièrement était finalement devenue de nouveau plus calme, presque légère même. Lorsque Kiana fit part au maitre de l’endroit qu’il peut la tutoyer et qu’elle souhaitera sans doute le voir après la représentation avant de repartir chez elle ; Jun se surprit à sourire simplement, sans pousser le moindre soupir de soulagement.
Elle suivit par la suite ses indications… ou au moins la première vu la direction qu’elle avait prise en sortant de la pièce et l’homme se concentra sur ce qu’il lui restait de préparatif. Perfectionner cette illusion, retrouver ce fichu chapeau qui avait mystérieusement disparut derrière une porte, respirer un grand coup et travailler sa voix légèrement afin de parler et chanter un octave plus bas histoire d’avoir un ton plus agréable à l’oreille. Et sourire. Tacher de garder le sourire qu’il avait pu avoir dans ce fugace et surprenant moment qui s’achevait à peine. Certes il serait légèrement différent, de par son côté calculé et le fait qu’il soit incorporé à un discours mais on arrive rarement à une réplique 100% parfaite, peu importe les artifices et méthodes employées.

Il finit par descendre à son tour les escaliers, saluant les techniciens s’afférant ici et là avant de se diriger vers les coulisses et s’intéresser à la situation des autres. Remiel peinait à entrer dans une robe soi-disant trop petite pour elle, Maël vérifiait comme à l’accoutumé ses cheveux afin qu’ils soient impeccables le plus longtemps possible, cependant dans la globalité, il n’y avait pas de problème.
Quelques encouragement lancé à tout le monde et Jun se dirigea vers l’entrée gauche de la scène, armé d’un micro afin de présenter la soirée à ses convives. Il resta silencieux, avançant jusqu’au centre de l’esplanade de bois avant de se stopper et se tourner vers la salle. Il leva les mains à hauteur de coude avant de débuter :

« Mesdames, mesdemoiselles, messieurs. Je vous souhaite à tous la bienvenue au Nouveau Monde. Au programme de ce soir, une représentation… ma foi classique par rapport à notre affiche habituelle. A un détail prêt. Ce soir, plutôt qu’un magicien passant à travers les tables afin de vous divertir avant le début du spectacle, nous débuterons plus tôt afin de fêter l’anniversaire de l’établissement. »

Quelques applaudissements polis se firent entendre, tandis que l’asiatique remerciait de la tête son public, ses lèvres s’étirant. Dans l’amour de son public, il réussissait à être sincère dans ses sourires. Il ne tarda cependant par à reprendre.

« D’ici quelques minutes, vous assisterez à un show court mais explosif, combinant le meilleur du savoir faire de chaque personnes travaillant en ces lieux. Profitez de la soirée et surtout : amusez-vous bien ! »

Il tapa dans ses mains avant qu’une gerbe de flamme ne jaillisse sous lui, l’enveloppe totalement et qu’il ne disparaisse à travers elle.
Tandis qu’il serrait la main de ses acolytes gérant l’illusion et la trappe pour leur timing impeccable, il entendit bien plus d’applaudissement cette fois-ci, signe qu’il avait bien chauffé la salle. Il s’empressa de retourner près des loges et d’attendre son tour pour entrer de nouveau en scène.

Au bout d’une poignée de minute les lumières commencèrent à s’éteindre jusqu’à une obscurité quasi totale avant que de petites lueurs blanches et or ne s’allument d’un côté et de l’autre de la salle. Une fois l’ambiance changée, la musique débuta. Comme un chant venant des murs et du sol, comme une mélodie familière et inconnue à la fois.
Soudain des personnes se jetèrent du plafond et atterrirent lentement sur le sol, comme autant de plumes qui auraient été déposées, puis ils se mirent à entonner une mélodie calme et harmonieuse. Au centre de ce chant se plaçait une femme aux cheveux brun et aux yeux d’un bleu profond et au fur et à mesure que sa voix et celle de ses camarades devenait de plus en plus forte, elle levait les bras, accompagnant une fine brume qui partait des loges et avançait inexorablement vers le public.
Une fois cette partie terminée, les chanteurs repartirent vers le plafond à l’aide de câbles habilement dissimulés par des illusions, tandis qu’ils furent remplacés par des danseurs venant simplement des loges. Les lumières entourant la salle virèrent dans des tons plus rouge et noir, la musique semblait déjà plus rythmée, carrée comme pour contraster avec la mélodie continue et aux volutes de la partie précédente. Très vite, au lieu de « simplement » danser au milieu de la scène, les artistes présent furent entourés de flammes vacillantes qui semblaient accompagner leurs mouvements, comme un tango particulièrement dangereux.
Puis vint la troisième et dernière partie, les lumières arrêtèrent simultanément de produire le moindre éclairage le temps que les danseurs sortent de scène et lorsque ce furent les projecteurs qui prirent le relai, sept personnes se tenaient en ligne. Tous habillés en chemises surmontée d’un costume sombre, ils firent une légère révérence à l’assemblé avant de tendre leurs bras droit devant eux et de claquer des doigts. Au même moment, ce fut comme si les murs de la salle s’étaient craquelés et s’effondraient dans un quasi-silence et que toutes les personnes présentes s’étaient retrouvées dans la plus verdoyante et ensoleillée des plaines. Du chant des oiseaux à la caresse du vent, de la douce chaleur de l’astre du jour à l’odeur de l’herbe fraiche et des fleurs des champs, le décors avait changé. Et ils recommencèrent à claquer des doigts et en un battement de cil, ils se retrouvèrent entouré d’eau, comme dans une immense bulle alors qu’un nombre incroyable de poisson entourait à présent une salle émerveillée. Après quelques dizaines de secondes à observer cet environnement crée par l’effort conjoint de nombreux illusionnistes ainsi que d’autres personnes contrôlant le vent, les plantes et l’eau afin d’aider au réalisme, les sept personnes dont Jun faisait évidement parti, firent à nouveau entendre un claquement de doigt les ramenant tous dans cette pièce, à nouveau éclairée comme précédent la représentation. L’intégralité de la troupe monta ensuite sur scène pour saluer collectivement la salle dans une grande accolade et quelques rires nerveux et satisfait.

Jun apprécia l’accolade, car outre le fait de réunir en une seule chaîne tous ses amis et compagnons artiste, cela l’aidait à tenir debout malgré l’épuisement d’avoir maintenu durant près d’une minute, une illusion aussi complexe… et si lui, l’un des plus imminents illusionnistes de la vallée avait autant peiné, il n’osait imaginer ses acolytes. Ainsi, il conclu la représentation avec un « Merci à tous et toutes » qui s’adressait autant au public transit qu’à la troupe qui avait permit une création dont ils étaient certainement aussi fiers qu’il l’était d’eux.

Malgré toi, lorsque tu le vois s'avancer et vous expliquer le déroulement de la soirée, tu sens l'excitation monter d'un cran. Comme si tu étais prévilégiée suite à ta rencontre avec le maître des lieux. Cette idée ridicule te fait sourire, tu pourrais te moquer de toi, mais tu es trop concentrée sur ses mots pour le faire. Et puis tu ne voudrais pas manquer de respect à Jun. Alors tu écoutes sagement et tu pousses un cri lorsqu'il disparaît. Tu as beau savoir qu'ici vous avez des dons qui permettent des choses les plus folles, tu as l'impression de revenir en enfance. Mais ce n'est que le début !

Les deux premières parties te font claquer des mains en rythme ou le battre en tapotant ta main sur ta cuisse. Émerveillée, tu t'approches de la rampe comme si tu allais mieux voir en le faisant. Il faut l'avouer, il sait emmener le public avec lui. En jetant un coup d’œil à travers la salle, tu t'aperçois que tout le monde est dans le même état que toi. Tu vois les sourires enjoués, ceux qui observent avec sérieux sans pour autant avoir l'air de s'ennuyer, ceux qui ouvrent grand leurs yeux et leur bouche lorsqu'il se passe quelque chose d’inattendu ... Tu passes vraiment un bon moment.

Mais tu n'es pas au bout de tes surprises. En effet, voilà que la lumière s'éteint. Tu cherches un mouvement du regard mais il fait trop sombre là, sur la scène pour que tu puisses capter quelque chose. Puis la lumière revient et tu aperçois un visage connu. Il est monté sur scène comme il te l'avait dit.

L'instant d'avant vous étiez toujours dans le théâtre. Et maintenant vous voilà au dehors ! Cette dernière partie restera ta préférée. Les lieux changent au son des claquements des doigts des artistes et toi tu ne peux qu'observer, fascinée par tous ces paysages différents.

Le spectacle terminé, tu ne peux qu'applaudir avec entrain avant de te calmer, ton cœur battant la chamade. Tu étais clairement à fond dedans mais la folie qu'apportait le spectacle se retire petit à petit. A présent tu ressens simplement le bien être qui t'emplit lorsque tu as réussi à t'éloigner de tous tes petits soucis. Cela faisant longtemps que ce n'était plus arrivé. Avec un sourire ravis, tu descends les mêmes marches et ouvre les mêmes portes que tu as prises à l'allée pour retourner vers la loge de Jun.

Tu attends patiemment devant pour ne pas rentrer de nouveau dans son espace personnel sans autorisation et lorsque tu le vois au bout du couloir, tu agites la main pour qu'il puisse te voir. Tu n'es pas si enjouée d'habitude, il faut croire que la magie du spectacle circule toujours dans tes veines.

« Jun ! C'était incroyable ! »

Tu n'as même pas attendu qu'il soit près de toi. Telle l'enfant émerveillée que tu es.

Alors que la standing ovation continuais, l’asiatique vit ses camarades saluer. Il donna leurs noms un à un au public, il commença par ceux que l’on avait pu voir mais qui n’étaient pas moins responsable de la réussite de cette introduction : les chorégraphes et ceux s’occupant de la décoration, en bref les esprits qui avaient imaginé cette grande mise en scène. Il passa ensuite aux chanteurs et chanteuses de la première partie avant de donner le nom de ceux qui avaient dansé par la suite. Puis virent ceux qui s’étaient occupé de la réalisation de l’ambiance par l’utilisation de leurs pouvoirs. Il ne manqua pas non plus de nommer ceux qui seraient en grande partie responsable du reste de la soirée : James le barman et Boris le cuisinier.
Une fois cet interlude terminé, comme tous les autres il quitta la scène et alors que tout le monde prenait une pause bien mérité, lui se dirigea vers les toilettes du personnel : Il avait besoin de se passer de l’eau sur le visage.
Maintenant que l’adrénaline était descendue, le contrecoup de son pouvoir se faisait sentir. L’illusion de son visage vacillait et un violent mal de crâne vint à la charge. Il lui fallu quelques minutes pour récupérer. Soufflant un bon coup, il s’attelait maintenant à retrouver son invitée imprévue, Kiana.

Il remonta donc les escaliers qui menaient vers l’étage, jeta un œil à la loge et la trouva vide, Jun se rappela alors qu’elle lui avait dit qu’elle repartirait par le miroir et se dirigea donc vers sa loge afin de voir si elle l’avait attendu… et même si elle était restée jusqu’à la fin. Qui sait ?
Après tout ce n’est pas parce que ça plaisait à une majorité que tout le monde serait satisfait par la représentation. Il vit cependant la jeune femme à la chevelure de feu, agitant son bras devant la porte de sa loge pour attirer son attention avant de le complimenter à distance pour la prestation. Il pouffa de rire, une bien curieuse et impatiente jeune fille quand même.
S’approchant en quelques foulée, l’homme aux cheveux blanc sourit à la demoiselle avant de lui répliquer :

« Content que cela vous ait… » il leva les yeux au plafond en signe d’exaspération envers lui-même avant de reprendre « Je veux dire, content que ça t’ait plu. Les premières représentations sont toujours les plus stressantes et vu les efforts que celle-ci nous demande, je pense que nous nous abstiendront de la présenter tous les soirs. »

Il sourit à celle qui s’était trompée de chemin et se retint de lui demander quelle partie elle avait préférée. Si elle avait la moindre remarque elle le ferait surement savoir et il ne souhaitait pas l’assommer en d’inutile conversation. Même si bon, elle arborait un large sourire et semblait encore pleine de l’énergie que chacun des artistes présent ce soir avait pu transmettre à l’assistance.
C’était bon à voir. Ça changeait surtout diamétralement avec la pseudo panique qu’elle et lui avaient pu ressentir à l’instant de leur rencontre et en toute honnêteté c’était vraiment plus agréable.

Jun fit signe à Kiana de le suivre. Après tout ils n’allaient pas rester devant cette porte éternellement quand même. Il alla vers l’un des meubles, l’ouvrit et observa sa collection de spiritueux et se servit un verre d’une liqueur de fruit poussant uniquement dans les neiges éternelles des hauteurs de Celestia. Le fruit ressemblait à une baie bleutée et donnait une sorte de vin pétillant très léger au goût entre la menthe et la mirabelle, une association étrange mais très intéressante… et un taux d’alcool digne d’un cocktail très léger en plus. Il décrivit le breuvage et en proposa un verre à Kiana.
Il ne voulait pas particulièrement la retenir mais ça serait quand même un peu triste de repartir si vite et sans discuter, même si cela pouvait être de tout et de rien… Et rien de mieux que siroter un verre tout en papotant. De son côté il avait fini pour la soirée, il avait donc tout le temps du monde devant lui, à moins qu’un problème ne pointe le bout de son nez. Ce qui arrivait toujours aux moments le plus intéressant bien évidement. Comme quoi, Dieu n’avait pas fini de se foutre d’eux.

Oui ça t'a fait agréablement plaisir. C'était quelque chose à voir et tu es heureuse d'y avoir participé. Surtout s'ils ne le font pas souvent.
En plus, tu n'aurais jamais pu parvenir ici sans ton don qui n'en fait qu'à sa tête. Parfois il a du bon ! Une oubliée qui va voir un spectacle ? Avec quel argent déjà ?

Tu suis l’illusionniste et tu acceptes le verre, curieuse. Au désert on peut certainement trouver de l'alcool mais c'est trop cher pour toi. Du coup ce sera ta première fois ! Et c'est très agréable, comme il a pu te le décrire. Un fin sourire passe sur tes lèvres, c'était une journée agitée mais finalement c'est une des choses que tu aimes ici. Tu ne sais pas comment va se déroules les heures.
Et parfois, lors de certaines journée, tu peux vivre des instants incroyables qui t'éloignent de ta vie fade et sans saveur. Tu peux te permettre d'être toi même, sans façade le temps de quelque temps. Avant de redevenir la Kiana du dessus.
Tu tapote ta joue d'un doigt distrait pour ne plus y penser et tu penses à combler le silence que tu avais instauré. Tu y as trouvé un certain apaisement après tout ça. Mais le prolonger serait gênant pour tous les deux.
Tu pousses un soupir après avoir bu une nouvelle gorgée et tu luis souris. Pas de ceux que tu lui as déjà servi. Mais un vrai, celui qui vient de toi et non de ton masque.

« Je crois que je n'avais pas passé une si bonne soirée depuis bien longtemps. »

Tu hoches la tête, ton verre à la main. En paix avec toi-même.

« Tout était si bien ! Quoique ... je crois que j'ai vraiment, vraiment aimé la dernière partie. J'étais juste à d'autres endroits, c'était comme dans un rêve. un rêve fabuleux. »

Un rêve dont tu t'es éveillée changée. Le retour à la réalité va être si dure. C'est peut-être pour ça que tu restes bien enfoncée dans ta chaise.
Tu observes Jun un instant puis tu regardes les bulles remonter dans ton verre.

« Merci de m'avoir fait rêver. Sincèrement. »

Tu parais toute fragile maintenant. Tu essaies de gagner du temps ? Possiblement, mais au bout d'un moment tu sais que tu vas devoir y retourner. A ton monde de sable.
Tu inspires un grand coup et tu tapes sur ta cuisse avec ta main libre. Pour te remettre les idées en place.

« Si je met sufisemment d'argent de côté, est-ce que tu me permettrais de revenir ? Enfin si je trouve le bon miroir. »

Tu ris doucement en penchant la tête pour regarder l'objet. La porte d'où tu es arrivée.
Et où bientôt tu seras repartie.

Le patron opina du chef suite aux remarques de la demoiselle et son sourire s’étira un peu plus lorsqu’il se rendit compte que la partie dans laquelle il avait joué un rôle était celle qu’avait préférée la demoiselle. Après tout, un artiste avait sa fierté et Jun n’échappait bien évidement pas à la règle.
Face à la sincérité apparente de la jeune fille et les étoiles logées dans ses yeux qui auraient pu faire pâlir de jalousie la Vallée elle-même, le maître des lieux senti une fois de plus cette satisfaction profonde et se dit à nouveau qu’il était on ne peut plus satisfait de ses choix de vie. Ceux qui l’avaient menés jusqu’ici.
Face à la demande de Kiana, le garçon réalisa une chose : Soit la femme aux cheveux écarlates avait une grande difficulté à garder son argent ; soit-elle n’avait simplement pas le luxe d’économisé ce qui signifiait souvent vivre en dehors d’un pays. A l’instant même de cette réalisation, l’homme à la crinière nacrée eût un pincement au cœur. Plusieurs questions lui brûlaient les lèvres mais il savait très bien que les entendre ne changerait pas la situation et surtout qu’elles briseraient simplement la beauté du moment qu’il partageait avec Kiana. Il refréna donc sa curiosité et les aveux qu’il aurait lui aussi pu lui faire, se contentant simplement d’une de ses propres vérités. Ni un mensonge, ni une phrase toute faite pour ce genre de situation, simplement un constat.

« Le quotidien et nos propres situations peuvent parfois être trop dur à supporter. Dans un endroit où nous tâchons de rendre réels des rêves, comme tu le dis toi-même, il m’a semblé évident de facilité l’accès. » il marqua une courte pause et reprit. « Le Nouveau Monde n’est pas si rentable qu’il devrait l’être. Le billet d’entrée ne coûte pas grand-chose, ce sont plutôt les extra comme l’alcool, la nourriture, l’accès aux bonnes places, les visites guidées et le soit disant prestige de ma compagnie qui permet les plus grosses rentrées d’argent. Je ne pense donc pas que tu devras économiser trop longtemps pour revenir dans des conditions moins imprévues... Si tu veux boire un verre ou manger un bout à l’occasion, préviens moi simplement et j’en toucherais un mot à l’équipe, ils n’y verront pas plus d’inconvénient que moi. » a ça il ajouta un clin d’œil. « Évite simplement de le crier sur tous les toits, des gens moins sympathique que toi viendraient en profiter sans arrêt si c’était le cas. »

Jun sourit une fois de plus avant de reprendre une gorgée de sa boisson. Il décida pour le moment de ne pas assaillir de quelconques questions Kiana pour le moment. S’ils se revoyaient ils auraient tout le luxe d’échanger sur divers sujets. Pour l’heure, il savourait l’instant autant que son verre. Sa sympathie envers Kiana donnait une saveur agréable à cette discussion innocente.

Au fur et à mesure de son discours ton sourire remonte le long de tes lèvres. Tu hoches plusieurs fois la tête pour lui signifier que tu es d'accord avec lui, parfois penchant la tête d'une manière attentive.
Et comme au début de votre rencontre tu ne lâches pas des yeux le maître des lieux. Parfois tu fais monter le verre à tes lèvres et bien vite tu soulèves un verre vide.
Avec un léger soupir d'aise tu étends tes jambes et regarde tes pieds.
Bientôt il te faudra de nouvelles chaussures. Celles là sont fatiguées à cause du sable. D'ailleurs tu remarques que tu en as laissé devant le miroir d'où tu es sortie.
Tu relèves les yeux vers ton nouvel ami en te demandant comment il réagirait s'il savait que tu venais du désert. Tu ne le connais pas très bien mais tu ne penses pas qu'il puisse changer d'attitude envers toi juste pour ça. Mais dans le doute tu te lèves et tu viens reposer ton verre vide et tu te postes devant celui-ci observant ton reflet.
Sois réaliste, ça se voit rien qu'à tes vêtements. En tout cas c'est ce que tu penses. Tu jettes un coup d’œil à Jun dans le miroir, au dessus de ton épaule, un léger sourire sur tes lèvres.
Le masque est tombé depuis bien longtemps et bien plus vite que d'habitude.

« Promis je le garderais pour moi. De toute façon je n'ai pas grand monde à qui raconter ça. Et même, les secrets sont bien gardés d'où je viens. »

Sans secret vous ne seriez rien. Dans le désert c'est chacun pour sois, très souvent. Heureusement que le Père Lewis garde un œil sur tout ce petit monde.
Enfin c'est ce que tu espères. Tu as vu tant de gens si bons devenir des bêtes dans le désert. Abrutis par la chaleur et le manque d'eau, devenir des meurtriers pour un morceau de pomme rassis.
Des adultes se jeter sur des gamins pour un peu trop de bruit lors de leurs jeux.
Heureusement qu'il reste des gens comme Moebius, des gens qui continuent de rire et de prendre soin des autres.
Tu te tournes de nouveau vers lui et tu lui offres un dernier sourire.

« En tout cas encore merci Jun. Je ne vais pas abuser de ton hospitalité. Mais c'était vraiment une bonne soirée et j'en garderais un bon souvenir ! Attends toi à me revoir un jour ! J'essaierais de ne pas débarquer pendant que tu te changes cette fois ! »

Léger rire et tu secoues la tête. Puis tu te tournes et pose la main sur la face du miroir.
Un pas et te voilà de l'autre côté.
Ah décidément ce n'est toujours pas chez toi ça ...

Les blagues en réponses à tes affirmations précédentes donnèrent à l’habitant de la Vallée un dernier coup de baume au cœur. Lors de ses prochaines visites en pays étrangers ou dans le désert, il promouvrait d’avantage son cabaret, le fait qu’il permette l’entrée à n’importe qui et que cette entrée ne soit pas ostentatoirement couteuse.
Kiana s’apprêtait à partir et ce n’est qu’au dernier moment que Jun réalisa une chose : si elle voulait le prévenir, comment ferait-elle sans son numéro d’holokit ? Jun se dressa donc d’un bond, ou presque, de son siège avant de s’approcher de Kiana.

« Avant que tu partes ! Je te donne mon numéro ? Enfin si tu ne veux pas c’est pas grave hein, mais disons que ça serait quand même plus pratique… et je pourrais te tenir au courant du programme du moment, de tout ce qui sort un peu de l’ordinaire, etc. »

Il se frotta un peu l’arrière de la tête. Ce n’était pas dans ses habitudes de filer son numéro comme ça à une fille. C’était peut-être même une première depuis longtemps car au final son numéro c’était principalement ses employés qui l’avaient… surtout que vu la manière dont on pouvait interpréter les choses (notamment avec le fiasco du début de leur rencontre) on pouvait se faire des films sur ses intentions.
Enfin bon, Jun n’était pas à l’aise par moment, et rarement pour des choses normalement problématique d’ailleurs. C’était des détails, des erreurs venant un peu de nulle part… et pourtant il avait du franc parlé. Comme quoi ce n’était vraiment pas nécessaire.
Il nota donc son numéro sur un bout de papier et le plaça dans la main de Kiana, avant de la saluer et de lui souhaiter bonne route. Quoi qu’on en dise, la soirée avait été riche en émotion…

Bon. Une petite douche pour se rafraîchir les idées ?