Pauvre petite Poppy, tu sembles perdue dans ce nouveau monde. As-tu vraiment compris ce qui s’est passé, que la vie a changé, que ce monde n’est pas l’un de tes rêves fous? Tu sembles le savoir, mais pourtant, tu vis sur une autre planète. Poppy, quand je te vois, tu as la tête dans les nuages, tu as le regard sérieux, mais l’image que tu projettes se brise quand les bulles sortent de ta bouche. Tu vis dans un univers de licornes, où personne n’est méchant, où tout est joli, où les étoiles brillent et les gens sourient de mille dents. Tu ne vois pas le mal chez les gens, même si je te frappes, que je te dis des méchancetés, que je t’insulte ou profites de ta gentillesse, tu ne vois que le positif. Tu me trouveras des excuses, même si elles sont fausses, tu vas te convaincre que c’était correct que je le fasse. Tu es naïve.
Y a un brin de folie dans ton esprit, Poppy. Tu es restée une enfant dans l’âme, tu as oublié de vieillir. Tu aimes faire des farces aux gens, tu aimes leur faire des grimaces. Tu gardes tes écouteurs sur tes oreilles, même s’il n’y a pas de musique, pour faire croire aux gens que tu ne les écoute pas, mais en réalité, tu entends tout. Tu aimes tout savoir, tout connaître. Tu es une curieuse, une petite blette. Tu aimes bien cacher les choses, voler un petit quelque chose pour le faire réapparaître plus tard. Ça t’amuse de voir les gens se chercher, la petite veine qui bat dans leur cou, la panique en voyant qu’il manque quelque chose. Ils ne se doutent pas que c’est toi, le vilain lutin, parce que tu dégages quelque chose de calme, presque ennuyant. C’est amusant, sauf quand ça t’arrive à toi. Ça te fait bouillir, tu détestes chercher les choses, mais ça, on en parlera plus tard. Tu es espiègle.
Il a dû se passer quelque chose, parce que tu ne parles jamais de toi, tu parles de Poppy, tu te mentionnes à la troisième personne, toujours. Tu ne sembles pas le réaliser et même si on te le dit, tu ne comprends pas. C’est logique pour toi, c’est ainsi que tu es. Mais si j’insiste en te disant que c’est étrange, en te demandant de parler autrement, tu n’y arrives pas. Et si j’insiste encore, il se peut que tu craques. Devant les choses que tu ne t’expliques pas, tu paniques, petite Poppy. Tu réagis comme une enfant, tu es en crise, tu pleures, tu frappes les choses autour de toi. Tu es en colère, tu es une grande enfant qui peut faire le bacon au sol. Tu vis tes émotions à 100%, tu les exprimes haut et fort. On dirait qu’il te manque un filtre, c’est bizarre. Tu es imprévisible.
C’est étonnant pourtant, Poppy. Parce que tu es le genre de personne  qui aime prévoir, ranger les choses à leur place. Tu aimes les procédures et quand les choses sont claires et précises. Tu aimes aller du point A au point B. Quand la vie te force à devoir faire différemment, tu es inconfortable, mais tu arrives à surmonter la chose. Après une éternité de tourments, évidemment. Quel horreur quand le sandwich que tu achètes pour le repas n’est pas disponible, alors que tu prends toujours celui-là, tous les jours, ton habituel. Et alors, ça devient l’horreur. Ça te prend mille ans pour faire un nouveau choix, c’est tellement long Poppy. Tellement, que tu arrives en retard pour livrer tes colis.  Tu es une routinière.
Tu détestes être en retard, ne pas respecter les consignes. Tu as une boule dans le ventre et tu t’excuses un millier de fois. Tu n’aimes pas détourner de la loi, des règles en place. Mentir, ce n’est pas dans tes cordes, tu es mauvaise et tu n’aimes pas ça. Ce sentiment qui te dévore l’âme. Néanmoins, je sais que tu es achetable, petite Poppy. J’arrive à te faire faire des choses que tu refuserais en temps normal. J’arrive à le faire si je parle à ton ventre. Parce que tu es une gourmande, Poppy, une gourmande avec une fine bouche. Avec une boîte de macaron, c’est facile de t’acheter. Avec un gâteau au fromage avec ganache au chocolat, je te mets dans ma poche facilement. Et toutes ses choses pour lesquelles tu es interdite et fermée à l’habitude, s’ouvre à moi. Ajouter un colis qui ne devrait pas être dans ta livraison, reprendre une lettre même si elle devait se rendre au destinataire uniquement. Peut-être même ouvrir un courrier qui ne met pas adressé. Et même dans ta vie personnelle, tu es pourtant une personne fidèle et secrète, une vraie tombe pour les secrets. Or, à la vue d’un bon repas et d’un peu d’alcool, tu t’ouvres si facilement.  Tu as beau être honnête, tu es influençable.