elle se fait bergère elle devient agneau
agneau sous ses lèvres agneau sous ses crocs
agneau sous ses dents agneau
sous l’aube qui vient mordre sa peau et ((un coup sur le bout du museau pour))
se regarder dans le blanc des yeux se dévorer les prunelles de leurs vœux ;
elle se fait bergère ((se mange agneau)) ;
si elle avait des ailes
les étendrait pour faire beau
mais,
elle n’est qu’ange tombé sur terre sans rien d’autre que son halo
alors
elle le déploie
tout autour d’elle
((tout autour d’elles)) pour
parfaire le tableau.
elle lui donne une prière
lui offre
un nom ;
m a r i e t t e
comme chantait m a r i a
qui a ses louanges o h lo i n t a i n s ;
mère du christ qui a sévit ici-bas,
comme un messie bien piètre ((séraphine le remplacerait tout aussi bien))
car il ne suffit de sortir d’une étable pour s’offrir aux crocs des humains
((car car car elle lui dit mariette elle lui dit maria
car elle lui offre mariette un bout de ses mains
car mariette elle croit))
elle croit qu’elle la dévorera ;
séraphine s’y laisserait bien faire si de chair elle était faite
la sienne est pourrie aussi sale que son aura
un peu gris un peu froid un peu congelé ((pour éviter les rats))
y grouillent pourtant dans ses entrailles les vers des chérubins
((pourriture retournera aux cieux si jamais tu as les lassitudes qui viennent hanter les yeux)).
petite louve lui offre un sourire comme séraphine lui a offert le sien
mais elle,
le ponctue de ces lyres qui ont des crocs bien canins
((que séraphine voudrait s’y glisser pour goûter aux blessures qui font l’adrénaline))
ou simplement se dépecer de ce corps qui la maintient si ((bas si bas si bas
ça fait tomber la gravité c’est aussi dur
que de marcher
sur le sol sur le gravier))
pieds nus,
qui s’enfoncent dans la neige froissée.
les rayons de l’aube viennent déjà envelopper leurs valses parallèles
comme une bergère qui se fait agneau et un ange qui se fait proie
comme une louve qui s’offre à elle pour y glisser ses bras ;
voulait-elle manger son cœur comme une bête affamée elle lui offrirait ses louanges
voulait-elle y planter sa langue pour goûter à satiété le goût de son sang
lui offrirait-elle un bout de ses ailes
«
car je cherche toutes les jolies louves qui sont perdues dans les prairies enneigées. les mains dans les vôtres, je n’ai de fuite
que la sentence de vos lippes. »
elle voudrait bien courir s’envoler mais
elle a les pieds ancrés gelés sur le sol qui semble se moquer ;
elle a les menottes emprisonnées dans les pattes qui la serrent
oh,
séraphine n’a déjà d’yeux que pour ses jolies mirettes
qui viennent lui chanter l’état sauvage des instincts primaires
un goût
de liberté ;
qui court sur sa peau enchaînée
se voulait-elle ange ou simple mortelle
séraphine voulait simplement,
son cœur
à elle ;
et parfaire sa collection sur l’autel
ding dong sonne la cloche de l’église, ah
«
c’est bientôt l’heure des prières,
((m   ; a r i e tt e)). »
c’est divin comme souffle qui vient englober ses lèvres rouge carmin gercées bleutées ;
un épanchement de vie qui vient lui accorder une âme plus pure
de son halo tout gris tout gris
((voulait-elle l’emmener à la messe
son front contre sa tête
comme une bénédiction des saintes
celles qui murmurent des secrets endoloris)).