Son ordinateur portable de ferma dans un “clac” discret alors qu’elle passa une main sur son visage. Son mémoire était terminé, et elle pourrait enfin se reposer, et penser à la visite de sa famille le lendemain. Un sourire léger lui fendit les lèvres alors qu’elle se remémorait le visage de sa mère et de ses deux sœurs qu’elle n’avait pas vu depuis si longtemps, qui faisaient le déplacement pour son anniversaire. Elle s'était déjà offert son propre cadeau, un tatouage massif bleu reprenant les motifs des céramiques asiatiques, sur lequel elle passa la main.

Elle ouvrit la fenêtre de sa chambre de bonne pour y faire rentrer l’air chaud du mois de mai, et tendit une main lascive vers un paquet de cigarettes dont elle tira un tube qu’elle coinça entre ses lèvres. Elle craqua une allumette, savourant l’odeur s’en dégageant et le crépitement de la combustion, allumant sa cigarette alors que ses paupières se fermaient.
Elle était épuisée, mais finir ce mémoire de recherche ne l’avait pas rassasié, au contraire, il n’avait que nourrit en elle l’envie de continuer à faire des recherches tout le long de sa vie.

Le son étouffé d’une playlist youtube tournait toujours sur une enceinte, et en contrebas la ville continuait de vivre, rappelant son existence par les bruits mécaniques des voitures. Le soleil rouge se couchait sur la capitale, déposant une dernière caresse sur les toitures, alors qu’Amarante laissa son crâne reposer contre la pierre chaude du rebord de sa fenêtre. Cela aurait pu être la soirée parfaite.

Son portable émit un son cristallin, l’informant de l’arrivée d’un nouveau message. Elle se leva, passant sa cigarette à moitié consumée dans une main alors qu’elle déverrouillait l’appareil pour voir le visage radieux d’une de ses soeurs devant une scène où sa mère et son autre soeur semblaient s’affairer à la création d’une pâtisserie impliquant l’utilisation de chocolat. Ses doigts cliquètement sur l’écran alors qu’elle écrivait une réponse, retournant s’asseoir sur le rebord pour profiter des derniers rayons solaires.

Elle entendit le son le plus puissant qu’elle n’ai jamais eu l’occasion d’entendre, lâchant sa cigarette de surprise alors que son batiment fut prit d’une secousse qui la secoua violemment, une fissure massive déchirant le mur face à elle. Le craquement s’accompagna du fracas mécanique de voitures percutants leurs voisines alors que leurs freins crissaient à l’unisson, se mêlant aux cris humains teinté de panique.

Amarante attrapa la rambarde, ses jointures serrées sur le métal peint et repeint sont on ne distinguait plus aucun relief, alors qu’elle se penchait en avant pour comprendre d’où venait le capharnaüm qu’elle avait entendu. Une fissure massive fendait sa rue, et elle la fixa, les yeux ouverts comme deux soucoupes alors qu’un métro traversa la fissure, déclenchant de nouveaux cri dans la rue. L’univers était devenu assourdissant en l’espace d’une seconde, elle lâcha la rambarde et se recula précipitamment vers l'intérieur de son appartement pendant qu’une nouvelle secousse ébranlait le bâtiment.

En hâte, elle attrapa une veste et fourra son portable dans sa poche, enfilant des baskets sans chaussettes, et sortit sans même prendre le temps de refermer sa porte. Elle se mit à courir sans réfléchir, dévalant les escaliers, tombant à la renverse plusieurs fois alors que des morceaux de béton tombaient à ses pieds, se détachant des étages au-dessus d’elle.

Elle ne cria pas, mais son crâne était traversé par un tourbillon de terreur, ses yeux exorbités alors que ses pieds répondaient à un instinct primaire qui leur hurlait de s'échapper le plus loin possible. La jeune femme sentait son coeur tambouriner dans sa poitrine, alors que son corps s’écrasait péniblement contre la lourde porte en bois, la poussant pour arriver dans la rue. A peine elle mis un pied sur la chaussée que la rue se déchira à nouveau dans un fracas de bitume et de tuyau, alors qu’une façade face à elle basculait dangereusement vers le sol.

Elle ne s’arrêta pas de courir. Elle entendit Paris s’ouvrir en deux derrière elle. Le souffle colossal provoqué par la chute des bâtiments s’écrasant lourdement dans la rue la souleva de terre dans un nuage de debris et de poussière tandis qu'a coté des hommes et des femmes s'effondraient frappé par des blocs de bétons.
Sous ses pieds, le sol s'ouvrit a nouveau, telle une gueule béante dotée de crocs de bitume et de metal, et l'avala avec Paris.

Lorsqu'elle se réveilla dans le tunnel, elle etait entourée par la Mort. Sous les décombres on distinguait des membres ensanglantés, et hors de sa vue, les gémissements de douleurs formaient une chorale macabre lui indiquant la force destructrice de l'événement qu'elle venait de vivre. Elle se leva, livide, devant repousser le corps inanimé d'un homme qui reposait sur ses jambes.

Elle était incapable de réfléchir, les battements de son coeur s'accéléraient et emplissaient ses tympans alors qu'elle se mis a courir vers la lumière. Elle trébucha sur ses corps et des débris, sans s'arrêter, sans baisser les yeux sur les chairs ouvertes de ceux qui peuplaient le sol et qui demandaient parfois de l'aide, sans lever les yeux vers les restes squelettiques des bâtiments détruits. Elle manquait d'air, il fallait qu'elle sorte du mouroir qu'était ce tunnel.

"Je peux pas rester ici. Désolée, je suis désolée."

Les mots glissèrent de ses lèvres comme un bruissement inaudible alors que ses larmes silencieuses roulèrent sur ses joues poussiéreuses. La poitrine serrée, le souffle court, elle s'extirpa des ténèbres du gouffre dans laquelle elle avait été jetée, alors qu'Althea se présentait sous ses prunelles embrumées.

Son coeur calma ses battements frénétiques, sa respiration cessa de siffler, et elle se laissa tomber un peu plus loin, la où le bruit du vent arrivait à faire taire les lamentations. D'autres comme elle étaient déjà dehors, furetant précautionneusement ou léthargiques. Certains s'affairaient dans la grotte, et avec le temps, le nombre de survivants grandit.

Rapidement, des groupes s'organisèrent autour des envies des vivants, vite, vite, il fallait rebâtir, il fallait survivre. La résilience humaine se mit en marche, et Amarante reprit ses esprits en mettant ce qui venait d'arriver de coté pour avancer avec elle. Elle s'entretenu avec les groupes principaux, et elle fut acceptée par le groupe de Tatsuya. Elle même considérait qu'elle pourrait s'épanouir plus facilement parmi ceux qui fondraient le Mont Celestia.

Le temps de la guérison, remit a plus tard, ne fut jamais vraiment prit, et depuis sa chute sur Althea, Amarante ne cessa plus que de s'occuper l'esprit avec ses recherches. Peut-être pour ne pas avoir a confronter les peurs qui l'habitent et sur lesquelles elle continue de bâtir son existence.