How misfortunate...

La suite d’actions de l’adolescent fût interrompue un court instant. Alors qu’il installait l’image qui était destinée à être associée à ton contact, il releva les yeux de l’écran. Non pas qu’il jugeait les bruits qui venaient se s’échapper de ta gorge, mais il s’inquiéta légèrement. En une fraction de seconde, son cerveau avait réussit à imaginer le pire : Et s’il s’étouffe gravement, je fais quoi ? Dans un scénario réaliste, il aurait resté planté là, à côté de la personne qui aurait détenu les notions nécessaires pour te venir en aide. Heureusement, il n’a pas eu besoin de telles précautions. À travers le ton réduit de ta voix, il tente de déchiffrer les mots que tu peines à prononcer. « Bana… Bananya ? » Il te suit et répète chaque syllabe, et suite à la réalisation, il s’exclame : « Bananya ! Oui ! Vous connaissez ?! J’aurais jamais cru… » Il s’arrête. Un peu plus et il laissait son excitation parler pour lui. Enfin, ils disent souvent qu’il ne faut pas juger un livre par sa couverture. Tel dicton n’empêche pas le subconscient de se bâtir une idée dès le premier regard. Effectivement, Raziel est surpris. Pendant quelques secondes, le silence s’installe et il est sans mot. Il n’aurait pas dû assumer ; jamais il n’aurait deviné que tu connaîtrais la série à l’origine du petit chat-banane. C’est tout mignon et enfantin, certainement une telle chose ne peut pas intéresser les hommes matures comme toi. Ou du moins, c’est ce qu’il croyait. « Je veux dire… C’est une vieille série, je… J’aurais cru que le temps viendrait à le faire effacer. » T’as vu comment il essaie maladroitement de rattraper son erreur ? Tout en espérant que tu n’aies pas vu ses mots venir avant même qu’il ne puisse les prononcer.

Des iris étoilés s’accrochent aux desserts intactes sur la table. Certainement, si tu étais pour ne pas y toucher, le garçon n’hésiterait pas à y fourrer sa fourchette dedans. Et puis, que penserait le serveur lorsqu’il viendrait à débarrasser la table, voyant que les deux n’ont pas touché la deuxième moitié de leur commande ? De plus, toi-même lui avais proposé… Il vacille intérieurement entre ces deux choix. Le débat interne est si important qu’il ne remarque pas l’objectif que tu poses sur lui. Ce n’est qu’au décompte qu’il relève tranquillement son regard pour remarquer l’appareil visant son visage aux yeux écarquillés. Sauf qu’il était trop tard ; qu’il le veuille ou non, le cliché avait été prit. Une teinte écarlate peint instantanément sa figure tandis que tu lui montres ton écran. Mais pourquoi ?... La dernière fois que quelqu’un l’ait prit en photo, c’était dans l’unique but de l’humilier. L’humilier et immortaliser un moment embarrassant de sa vie. Et lorsque cela se passait, ça lui donnait envie de disparaître. Autant physiquement que dans le portable de ses agresseurs. Car il s’agit bien de quelque chose qui se veut irréversible et dont il n’a aucun contrôle. Alors il cherche le raisonnement derrière ta dernière action. Et tout d’un coup, ça commence légèrement à le faire flipper. Après tout, Raziel est beaucoup trop froussard pour s’exprimer. Il n’ose pas te dire que ça le met mal à l’aise pendant que la panique le gruge de l’interieur. Il te voit t’incliner devant lui et présenter tes excuses, mais son cerveau est préoccupé ailleurs et celui-ci enregistre à peine tes paroles. Il n’arrive pas non plus à le faire formuler des mots ou une phrase cohérente. Honnêtement, je suis certain qu’il aurait préféré une gifle.

Tu te relèves brusquement et cela a l’effet d’un claquement de doigt ; ça l’aide un peu à revenir sur Terre. Peu à peu, ses sens se réactivent, ce qui lui permet de capter entièrement la dernière phrase que tu lui adresses. Bien qu’il l’ait comprit, il ne se risque pas. L’Holokit reste où tu l’as déposé et il ne bronche pas. Toutefois, il profite de ton absence. Délicatement, il vole une partie du Mont Blanc. Nulle besoin de mentionner qu’il n’aurait guère poser ses pattes dessus si tu l’avais touché ; ça va avec son côté dédaigneux. Voyant le serveur prendre quelques minutes supplémentaires afin de déduire l’escompte de ta facture, il en pique une deuxième. Voilà un goût beaucoup plus rafraîchissant et agréable. Il finit sa bouchée avec les dernières gouttes de son café et repose l’ustensile à sa place initiale. Lorsque tu revins à la table, Raziel avait sur ses genoux un sac à dos d’un bleu pastel. Sur le dessus, non loin de la fermeture éclaire y étaient attachées deux petites formes triangulaires comme pour imiter les oreilles d’un chat. Sur la surface extérieure de celui-ci y avait une pochette transparente aux reflets holographiques dans laquelle il avait commencé à y mettre son portable. Si ce n’aurait pas été du contacte physique, il t’aurait serrer la main en guise de reconnaissance. Au lieu, il se leva à son tour de sa chaise et s’inclina en ta direction.

- Merci beaucoup pour le repas ! S’il y a quoique ce soit je peux faire pour vous le rendre, je serais ravi !

Était-il réellement prêt à partir ? Il lui restait tant à faire ; tant à découvrir de Polaris, mais tout d’abord, il lui manquait une chose primordiale. Peut-être semblera-t-il complètement stupide : Il n’avait pas la moindre idée de l’endroit où il comptait dormir ce soir-là. Certes, il avait fait les efforts nécessaires pour se rendre jusque là, sauf qu’une fois à l’intérieur, rien n’était prévu ou planifié. Avant que tu ne puisses faire un pas de plus, il t’arrête d’une interpellation : « Oh ! Attendez… J’ai une petite question si ça ne vous dérange pas. Je ne sais pas… Sauriez-vous... Enfin, vu que vous êtes du Mont, sauriez-vous recommander une hôtel ? Si possible, dans un prix abordable parce que… » Allez Raziel, il n’y a pas de honte à vouloir sauver quelques sous lorsque l’on peut ! Et pour un gamin de son âge, il s’est dit que tu comprendrais forcément. Non ?

#iwhae