Aujourd'hui n'est pas une journée comme les autres pour Rolf: il a préparé ses affaires de bonne heure et ses outils dans un sac afin de se rendre dans un village un peu plus au nord, encore un peu plus loin dans les montagnes que ne l'est Polaris. Pour quelle raison? La veille, il a reçu une demande de devis via son holokit pour venir s'occuper de quelques réparations dans un orphelinat. C'est fort probable qu'avec les prix bas qu'il propose, on pourrait croire que c'est une arnaque ou que le travail est bâclé mais les gens qui laissent des avis sur sa boutique semblent unanimes: le travail est nickel. D'ailleurs, lorsque Rolf sait d'avance qu'il n'est pas capable de réaliser une demande qu'il reçoit ou qu'il n'a pas les outils pour, il préfère rediriger les clients vers des professionnels plus qualifiés.

Sur le chemin pour rejoindre la ville de l'orphelinat, appelé vulgairement "le village congelé", le grand blond se demande bien la quantité de travaux à réaliser et surtout le temps que cela pourrait lui prendre. Vu qu'il ne fait pas spécialement ça pour l'argent mais surtout pour aider, il préfère juste savoir ce qui l'attend pour s'organiser et savoir s'il doit prendre une chambre à l'auberge du coin ou si un aller-retour matin et soir jusqu'à Polaris lui serait plus bénéfique, en terme de temps pour travailler. Difficile pour lui de ne pas réfléchir à ce genre de petits détails: Rolf est arrivé il y a peu de temps à Althéa et c'est vrai qu'il ne s'est pas encore posé toutes les questions possibles concernant l'organisation des habitants pour vivre dans cet immense territoire. La présence d'un orphelinat indique que beaucoup d'enfants ont survécus à la catastrophe il y a cinq ans sans leurs parents, ce qui est atroce mais vu les dernières relations qu'avait le tatoué avec ses parents, il ne peut qu'essayer de les comprendre, c'est bien la seule chose qu'il puisse faire pour eux à part les réparations.

A force de réfléchir sur le trajet, le voilà quasiment arrivé au petit village qui semble plus accueillant que ce qu'on a pu lui dire avant son départ. Le froid est relativement intense ici, mais ses origines nordiques permettent au réparateur de ne pas trop s'en plaindre. L'orphelinat se dessine peu à peu devant le regard rouge de Rolf, cet endroit semble bien plus chaleureux que ce qu'il imaginait en tout cas. S'avançant jusqu'à la porte d'entrée, il observe un court instant par la fenêtre pour voir si quelqu'un est là afin qu'il puisse se présenter en bonne et due forme. Une silhouette adulte semble se trouver dans le couloir derrière la porte, alors il toque à cette dernière et attend patiemment qu'on vienne lui ouvrir. Lorsque la porte s'ouvre, Rolf s'incline légèrement et se présente:

"Bonjour, je m'appelle Rolf. On m'a contacté pour faire quelques réparations à l'orphelinat."

Impossible pour Rolf de savoir si c’est son look un peu particulier, ses pupilles rouges ou tout simplement l’ambiance à l’orphelinat qui lui vaut un accueil de ce genre, mais il ne se braque pas pour autant. Qui sait ? Peut-être que l’établissement a subi de gros dégâts et la réparation qu’il va devoir effectuer est capitale, ne donnant pas vraiment l’envie aux résidents de rire ou d’être plus chaleureux que ça. Tout cela change bien vite une fois la porte fermée, la femme qui l’a accueillie se présente sous le nom de Mathilde et le remercie de sa venue avant de lui indiquer la marche à suivre pour accéder à l’endroit qui a besoin de réparation.

« Enchanté Mathilde. Ne vous en faites pas, je vous suis. »

Malgré l’ambiance qui n’est pas parti du bon pied, Rolf affiche un large sourire chaleureux : pour lui, rendre service commence à devenir un hobby, une passion. Faire des réparations, ça lui permet de gagner un peu d’argent pour retrouver la trace de son frère et faire des voyages dans les différents royaumes afin d’en apprendre plus sur ce monde et de comprendre comment il fonctionne. Son sourire n’aidera probablement pas cette Mathilde à se détendre, mais au moins, il tente de mettre du sien pour que sa venue ne soit pas trop solennelle.

Rapidement, le grand blond se met à la suivre, remarquant qu’une bande de gamins les suivent eux aussi, prenant même l’escalier à côté de Rolf. Il leur sourit et se présente brièvement, leur présence ne le gêne pas le moins du monde et il se doutait que les plus téméraires viendrait voir cet inconnu à leur orphelinat. Chaque nouveau visage qui franchit la porte d’entrée doit être une source de questions infinies pour eux, alors autant les laisser profiter un peu et répondre à leurs éventuelles questions avant qu’ils ne soient tous arrivés au grenier. Il se rapproche de Mathilde d’un pas, tout en gardant une distance respectable, pour lui parler :

« Les enfants sont vraiment adorables, ça fait plaisir de les voir aussi souriants et curieux ! »

C’est un compliment de sa part, mais il n’osera pas en dire trop de peur que cela paraisse déplacé. En tout cas, le grenier ne semble plus très loin et les joyeux lurons ne semblent pas vraiment prêt à lâcher Rolf d’une semelle. La boîte à outils qu’il a apporté avec lui semble aussi être un objet des plus intrigants pour eux, peut-être auront-ils la chance de le voir à l’œuvre ? Ça dépendra du bon vouloir de Mathilde. En tout cas, les voilà à l’accès au grenier, le réparateur commence donc à scruter des yeux chaque coin du toit qui va nécessiter quelques travaux de sa part.

Lorsque Rolf entend la voix de Mathilde qui s'adresse aux enfants, il ne peut s'empêcher d'avoir un sourire en coin: dans un sens, il aurait aimer avoir ce genre de relations avec ses parents, qu'ils lui disent des choses aussi simples mais pourtant indispensables pour les éloigner d'un potentiel danger. Dans le fond, c'est peut-être le géant aux pupilles rouges qui va finalement profiter le plus de son court séjour ici si l'ambiance est toujours dans un ton semblable à celui-ci. Il se retient aussi de dire un mot de plus lorsque la directrice de l'établissement lui indique de ne pas répéter ce qu'il vient de dire aux enfants, sinon il subira une véritable invasion!

L'idée ne lui déplairait pas, mais en effet, dans un endroit avec des dangers non identifiés, même lui préfère être le seul à se trouver ici, au moins le temps qu'il puisse faire les réparations nécessaires.

"Je vois, ce trou est probablement le plus préoccupant, mais je ferais un tour complet du grenier pour m'assurer de l'état du bois."

Le réparateur se sait capable de gérer un trou de ce genre dans le toit, mais il sait aussi que s'il date un peu, le grenier pourrait avoir quelques vices cachés et plutôt que simplement recouvrir le trou, il préfère faire la chasse aux petits problèmes qui pourraient survenir par la suite. Rolf affiche un air assez sérieux au moment de donner son avis sur les réparations, mais lorsqu'il entend Mathilde lui adresser la parole à nouveau, un sourire chaleureux vient balayer son air sérieux pour n'afficher qu'un air amical.

"Je suis bien capable de réparer tout ça, ne vous en faites pas! Dans le doute, j'avais prévu un peu de café dans mon sac, mais je serais ravi de goûter à une de vos boissons chaudes un peu plus tard."

Son air confiant et motivé devrait aider la jeune femme à reprendre un peu le sourire mais il ne peut s'empêcher de voir que la directrice de l'orphelinat ne semble pas un moral à tout épreuve en cet instant. Pas sûr que Rolf soit capable de comprendre ou imaginer ce qui l'a met dans un tel état, mais il pose délicatement sa main sur l'épaule de Mathilde en gardant le même sourire sur les lèvres.

"Je vous promet que je ne repartirais pas avant d'avoir fait toutes vos réparations. Vous me connaissez à peine mais croyez-moi: quand je me décide à faire quelque chose, je n'abandonne pas, je suis... une sorte de tête de mule, mais dans le bon sens du terme! Alors faites moi confiance et souriez, je m'occupe de ça pour vous!"

Ce coup-là, c'est peut-être déplacé de sa part d'agir ainsi mais au-delà du fait qu'il veuille essayer de lui remonter un peu le moral, Rolf se plait à vouloir aider Mathilde aussi bien que la bande de joyeux lurons qui les ont suivi jusqu'à l'entrée du grenier et qui les observent toujours. C'est peut-être même la première fois qu'il se sent aussi galvanisé par l'idée de faire des réparations pour autrui: cette fois, son travail aura potentiellement un impact positif sur des gens qui comptent sur lui. Comment ne pas sourire face à un tel challenge?!