Eclats de rire entre les murs décrépis, ça se bouscule et ça chuchote avec l’empressement d’un colibri, là pelotonnés comme des siamois à même le sol usé. Bellamy et ses deux sœurs, tout attentifs face à l’écran en noir et blanc où blaguent leurs personnages de dessin-animé préférés. La pièce est petite, sombre et sous les quelques meubles, la poussière du désert s’amasse, s’affale comme une reine sur son trône ébréché. Ils pouffent, la main sur la bouche pour ne pas déranger la mère qui dans une pièce juste derrière, lave pour la millième fois les mêmes assiettes fissurées.
Ca s’exclame, essaye de deviner la fin. Un coup de feu dans le lointain, suivie d’un deuxième,
d’un troisième
et on ne compte plus car surement ce n’est qu’un corps de plus écroulé sur le pavé.
Le sol tremble un peu oh si peu. Personne n’y fait attention ; l’habitude.
Et quand les cris se rapprochent et que les balles plombent les rues, plus personne ne rit
plus personne ne parle.
L’écran grésille, se fend dans une large gamme de gris, oh bel appel de mort. Et la série continue, sous le regard des enfants recroquevillés, se faisant petits comme s’ils n’avaient jamais existé.
Muets jusqu’à ce que les armes se vident de munition,
ou les hommes de leur sang.
La mère crispée dans une mince détermination, essuis les verres sans pourtant s’arrêter. Et quand le sol tremble à nouveau sous une lointaine explosion,
quand la vaisselle encore humide tintent et s’échappe au sol dans un craquement presque apaisant,
elle ne détourne pas le regard, toute résolue à continuer son activité quand plus loin, les enfants finissent par se détendre.
Si elle ne pleure pas, ils ne pleureront pas non plus.

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Le vieil appartement a tenu, des années et bien plus encore. Fidel ami aux os décharnés, refuse de s’écrouler.
Ils n’ont pas quitté la ville non, dans l’attente d’un père parti l’arme au poignet. Dans l’attente d’un signe qui se fait attendre ; un an deux ans dix ans. Et si la mère guette encore par la fenêtre, la nostalgie au corps et l’infime espoir au visage, Bellamy a lui, bien longtemps cessé d’y croire.
Enseveli sous un bâtiment écroulé ou le cœur arraché, non Bellamy ne veut pas savoir, ne veut pas s’apitoyer sur un père parti un jour, parti trop tôt pour une cause qui résonne encore à ses oreilles la nuit venue ; sursaut dans un cauchemar de feu et de cendre. L’angoisse au ventre quand il n’a plus que ses sœurs pour se raccrocher au jour.

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Il a peur Bellamy, si peur que les mains tremblent sous ses épais gants ; ne savent comment s’arrêter. Il observe les tours de feu s’élever plus haut toujours plus haut. Engagé comme pompier pour parvenir à joindre les deux bouts, nourrir ceux qui comptent. On l’avait pourtant prévenu qu’il n’y aurait rien de plus dur. Rien de plus brulant qu’un puit de pétrole flambant sous ses yeux ; la fumée comme seule compagne, la sable comme unique témoin, grattant les yeux comme une faucheuse impatiente.
Il a eu peur Bellamy, les tripes tendues dans une sourde angoisse, quand il n’y a plus rien, plus rien que le désert et l’odeur des corps qui brûlent, brûlent sans jamais rien laisser derrière.
Mais quand cinq jours après un puit flambait à nouveau, il n’a pas hésité.
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Le sol tremble, vieux souvenirs qui ressurgissent. Il attend la deuxième explosion Bellamy, attend les armes, attend les hommes.
Attend le fracas des balles contre les corps et les derniers cris des condamnés. Baisserait presque la tête pour prier, les mains recroqueviller sur son manteau qu’il peine à raccommoder de ses mains cisaillées.
Mais le sol tremble tremble encore et il fronce les sourcils devant les murs qui se resserrent, les étagères qui chavirent. Eclat de d’effroi, son vieil immeuble n’y survivra pas cette fois, il le sait.
Au loin, le bruit de l’explosion ne vient pas ; jamais. A la place, il se sent plonger, glisser vers le néant ; tout juste un cri trop longtemps retenu alors qu’il pense à son père.
Lui non plus
Lui non plus, il ne rentrera jamais.

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Nouvelle terre, nouvelle ère. Bellamy se veut optimiste, pacifiste. Bellamy se veut illusion quand dans ses doigts naissent les premiers dons. Doux chatoiement pour les regards assombris, peinés ; dévastés.
Des semaines, des mois. Il n’était que le magicien de rue, assez débrouillard pour illuminer les allées de Requiem, embellir les cœurs et faire pleuvoir les sourires. Homme poussiéreux qui n’a pas hésité,
à s’installer
à rester
à enflammer les scènes, marchander dans un espoir rusé ; animé.
à tout connaitre car il se veut homme du jour homme de nuit ; bientôt réputé bientôt estimé.

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- Sa mère est la personne qu’il admire le plus au monde, il est fier de sa détermination et de tout ce qu’elle a pu faire pour lui et ses sœurs
- A passé son enfance à vendre des bricoles sur les marchés aux côtés de sa famille
- Traces de brûlure sur le haut du dos, Bellamy a eu du mal à sortir à temps d’un incendie lorsqu’il travaillait alors comme pompier. Des cicatrices qui le répugnent, il se montre rarement torse nu.