UNDISPUTED ERA

Tu l’espères. T’as pas envie d’une guerre. T’as encore moins envie d’une guerre entre Celestia et Caer Hrid. Parce que Ridley est là-bas. Parce que t’as pas envie qu’elle se retrouve impliquée dans tout ça, qu’elle se mette en danger. Tu sais qu’elle a abandonné la médecine, qu’elle s’est enrôlée dans l’armée du royaume l’ayant recruté. Raison de plus pour espérer que rien n’éclate, qu’elle ne se retrouve pas dans une position où elle ne serait plus en sécurité. Malgré la distance, malgré ton silence, tu tiens encore à elle. T’attends avec impatience le jour où vous pourriez être de nouveau ensemble, enfin réunies.

- T’as pas tort.

T’aimerais qu’il ait pas tort, que les chefs de royaumes pensent effectivement comme ça.

- On a déjà essuyé une catastrophe, ce serait stupide de s’en retrouver avec une seconde sur les bras.

Vous étiez tous des survivants de cette chute, cinq ans plus tôt. Celle qui vous avait arraché beaucoup, que ce soit famille, amis ou même votre vie. Toi, elle t’avait presque tout pris, la seule chose qui te restait étant Ridley, la seule raison pour laquelle tu te levais encore chaque matin. Tu passes à autre chose, parce que c’est jamais une bonne idée lorsque tu te mets à penser un peu trop à Ridley, parce que tu réalises dès lors qu’elle te manque beaucoup et tout devient un peu plus difficile. Autant te concentrer sur ce qui pourrait t’aider à te changer les idées, comme son horaire, par exemple. Savoir lorsque tu pourrais t’entraîner avec lui.

Recevant ses informations, tu en fais de même, comme ça il te sera sans doute plus facile pour vous d’entrer en contact. Du moins, pour toi. Qu’en est-il de lui ? Et bien, tu réponds rarement aux messages qu’on t’envoie, souvent distraite pour une raison ou pour une autre, te promettant de répondre plus tard, que là t’es occupée, avant d’oublier.

- Je peux y être assez tôt, ce serait une bonne façon de commencer certaines de mes journées avant de me rendre au travail.

Ce qui serait sûrement pas mal. Peut-être même que tu serais un peu moins à cran, si t’avais la chance de t’entraîner avant de te retrouver entourée de tes collègues qui jouaient un peu trop sur tes nerfs par moment.

- J’essaierai de pas être trop nulle alors.

Tu rigoles doucement, faisant preuve d’un peu d'autodérision. Ça a jamais fait de mal à personne de rire un peu de soi-même. Toi aussi, t’as un peu perdu la main, tu penses. T’es plus militaire alors ça fait quelques années que t’as pas eu d’entraînements digne de ce nom. Ça te ferait du bien de reprendre. Observant la salle autour de vous, tu réalises assez rapidement que vous étiez désormais seuls, tous les autres, fans et combattants compris, étaient rentrés. Ça t’amènes donc à te lever, parce que tu te dis que toi aussi (et lui, du même coup) devrais peut-être y aller.

- J’irai peut-être même m’entraîner un peu, avant notre premier affrontement. Que tu ais un minimum d’opposition.

Tu doutes pas tant que toi, tu sais que t’as des années d’entraînements et que ça ne se perd pas comme ça. Mais t’es aussi fière et t’as pas envie de simplement te faire étaler en quelques secondes à peine. Parce que si t’étais compétente, lui semblait ne s’être jamais vraiment arrêté.

UNDISPUTED ERA

Lui aussi semble comprendre la même chose que toi, qu’il serait peut-être temps de quitter l’endroit. Après tout, tout le monde est parti, ou presque, tout est démonté et il ne reste que vous sur vos chaises à discuter. Au moins, t’as passé une bonne soirée, ça tu peux pas dire le contraire. Un spectacle que t’as apprécié regarder et une discussion qui aura eu le mérite de te changer les idées, ça fait toujours plaisir. Puis t’aimes rencontrer de nouvelles personnes. Pas toujours et pas n’importe qui, mais lui était assez sympathique pour que ça ne te déplaise pas.

- C’est bon, je fais ça.

Lui envoyer un message, donc, une fois tu serais rentrée. Tu le vois prendre ta chaise et le remercie silencieusement, parce que t’aurais sûrement pu t’en occuper toi-même, levant ta main pour lui adresser un signe de main à ton tour alors que tu t’éloignes. Tu chasses l’ombre qui passe dans ton regard lorsqu’il parle de Caer Hrid, un endroit pour lequel tu serais prête à donner beaucoup pour pouvoir visiter, pas tant parce que la place t’intéresse que parce qu’il y a Ridley, mais ça, ce n’est pas important. Tout comme t’as arrêté, depuis le temps, de jalouser ceux pouvant sortir et voyager plus ou moins à leur guise. T’as compris que c’était quelque chose dont toi, tu devais te passer.

- Sois prudent dans ce cas-là ! Je voudrais pas perdre mon futur partenaire d’entraînement avant même d’avoir commencé.

Tu plaisantes, mais t’es sérieuse. Du peu que tu sais du désert, ça semble pas être le meilleur endroit où voyager. Pas que tu pourrais vraiment savoir, en fait.

- À la prochaine, Fenrir le combattant.

Autant répondre sur le même ton. Tu quittes finalement la place, prenant la direction de chez toi sur un pas plus léger. T’aimes toujours pas tes soirées où t’es seule, ces nuits passées dans un lit trop grand pour toi et pourtant, tu te dis qu’après cinq ans, tu devrais t’y être fait. Mais une autre partie de toi veut pas oublier ce manque, parce que c’est ce qui te motive, ce qui te garde sur le bon chemin. Parce que c’est faute de ce manque, faute de son absence, que t’as tant envie de remonter à la surface, tout pour lui offrir le futur qu’elle mérite, pour toi avoir droit à une vie avec elle à tes côtés.

Une fois chez toi, tu t'empresses d'envoyer un message à Fenrir, avant d'oublier surtout, comme t'es passée maîtresse à pas répondre à ton holokit, avant d'aller te cuisiner quelque chose. Tu jettes aussi un regard voir si les filles sont là, si elles ont besoin de quoi que ce soit, une routine qui s'est installée avant que tu te retrouves finalement à manger seule avec comme seule compagnie des documents que t'as ramené du boulot.