Veste militaire éraillée par le temps, pantalon déchiré et lambeau de cette même matière attachée autour de son front pour prévenir une hémorragie trop importante, Samuelle avançait. Sous un soleil déclinant, malgré la douleur, la peine, la fatigue et la soif. Elle ne savait pas où elle était, ou plutôt elle préférait ne pas y penser. Les Limbes, punition divine et cruelle pour une âme aussi pure que la sienne. Condamnée à errer pour le restant de tes jours avec pour seul allié le fusil de son paternel décédé, la demoiselle ne savait guère où aller. Était-ce une éternité de supplice qui l'attendait ? Ou bien la mort pouvait-elle la délivrer ? Mais voulait-elle réellement laisser la Faucheuse s'approcher ? Non. Loin de là. La rouquine voulait se battre. Se battre pour sa vie, pour sa survie. Et ce peu importe où elle avait atterri. Alors elle avançait malgré tout, malgré les doutes qui l'assaillaient, les peurs qui montaient. Un nouveau monde ? Oui. Peuplé ? Peut-être, du moins c'est ce qu'intimaient les structures qui se dessinaient à l'horizon. Des dirigeables ? À moins que ce ne soit des illusions causées par son esprit confus. Main positionnée au-dessus de ses orbites, elle observait. Réfléchissait. Croyances passées qui se mêlaient à ses nouvelles interrogations, une vie s'était alors développée dans le purgatoire ?

Démarche hasardeuse, la perte de tous ses repères l'avait déstabilisé au plus haut point. Voilà à peine deux heures qu'elle s'était réveillée de sa chute. Et plus tôt encore, elle avait osé se suicider en guise de doigt d'honneur à Celui qui était censé veiller sur eux tous. Puis une pensée s'immisça dans son esprit, et si c'était le Diable qui avait récompensé son acte de rébellion, son acte hérétique, en lui offrant une seconde chance ? Perspective qui ne lui était jamais venue à l'esprit, Samuelle soupira simplement à l'idée. Ce qui était fait était fait. Pas de retour en arrière possible. Elle grimpa alors sur une dune plus abrupte que les autres, ses pattes s'enfonçant dans le sable chaud. Les grains s'infiltraient dans ses vêtements, la sueur trempait sa peau et sa gorge s'asséchait peu à peu. Elle ressentait les mêmes sensations que son frère et son paternel avant elle, tous deux déployés dans des pays désertiques pour officiellement maintenir la pays. Une triste ironie quelque part.

Profitant de sa position avantageuse pour mieux observer ses environs immédiats, la demoiselle s'accorda une brève pause et s'assit sur le sol bouillant. Elle ne savait absolument pas où aller. Elle était fatiguée et avait besoin de se reposer. Peut-être que son périple allait vite s'arrêter, qu'elle ne trouverait ni eau potable ni même être vivant, humain comme animal. Ses prunelles se fermèrent une demi-seconde. Avant de réagir à un aboiement. Lointain. Discret. Quelque chose qui venait de plus loin. Sam n'était pas folle. Elle avait distinctement entendu ce son si caractéristique. Alors, elle bondit sur ses pieds et tenta de suivre du regard le bruit. Des silhouettes. Fines. Deux au ras du sol. Une vraisemblablement humaine. Au loin. Expression qui changea de la surprise à la joie, elle plaça ses deux majeurs et ses deux indexes entre ses lèvres avant de siffler. Fort. Extrêmement fort. De toutes ses forces. Pour alerter la personne qui passait au loin, qui s'arrêta d'ailleurs au bout d'un moment. Elle crût même remarquer sa tête se tourner en sa direction. "Hey !" Hurla-t-elle avant de sautiller sur place, levant bien haut les mains pour se faire remarquer. "Venez !" S'époumona-t-elle, manquant de se déchirer les cordes vocales.

Elle n'avait pas vu d'humains depuis plusieurs semaines, voir des mois.