Près de Séoul, Mai 2025

  Ce matin-là, ce fut un cri qui réveilla Ji-Hoon. Un cri strident, et emplit de peur. Rapidement suivi d’un bruit de porte qui claque. Sans hésitation, le jeune Coréen sauta de son lit et descendit voir ce qu’il se passait. Il dévala les marches trois par trois et se dirigea en premier vers la cuisine. Il y trouva son aïeule qui faisait les cents pas, le regard baissé sur le sol. Le regard soucieux.

_ Tout va bien, Grand-Mère ? Je t’ai entendue crier jusqu’en haut.

_ Ji-Hoon ! s’exclama-t-elle, avant de réfléchir à sa réponse. Oui, enfin non. Je vais bien, mais j’ai eu une peur bleue en me réveillant. Il y avait un inconnu dans mon lit quand je me suis réveillée ! Tu veux bien me faire plaisir, et aller le chasser d’ici s’il-te-plait ?

_ Un inconnu ? Tu veux dire que ce n’était pas Grand-Père avec toi ?

_ Ton Grand-Père ?

  Elle se tut quelques instants, comme si elle se plongeait au plus profond de son être pour répondre à la question qui lui avait été posée. Une concentration extrême pouvait se lire son visage. Cependant, ses traits se détendirent rapidement et elle posa un regard fatigué et perdu sur son petit-fils. Ce dernier lui fit alors signe de ne pas bouger, et se dirigea vers la chambre parentale. Elle donnait directement sur la cuisine, bien qu’une autre entrée fût possible par le couloir. Ji-Hoon y fut en trois pas. La pièce était sobre. Un lit double trônait au milieu de la pièce tandis que deux commodes étaient posées contre le mur opposé. Il n’y avait aucune autre décoration si ce n’est quelques photos de leurs enfants et petits-enfants.

_ Elle ne me reconnait pas, c’est ça ? déclara une voix légèrement chevrotante en provenance du lit.

_ Selon Grand-Mère, il y a un inconnu dans son lit et quand je t’ai mentionné, elle avait l’air perdue…

_ Le moment est donc arrivé… Elle aura tenu plus longtemps que je ne l’aurais cru.

_ Qu’est-ce qui lui arrive ? Si tu sais ce qu’elle a, tu dois me le dire. Peut-être qu’on pourra l’aider à deux !

_ Malheureusement ni toi, ni moi, ni personne d’autre ne pouvons plus l’aider à présent… Va chercher, Sun-Hwa et je vous expliquerai tout…

_ Mais…

_ Fais-le, c’est tout.

  Plus perdu que jamais, le jeune Coréen sorti de la chambre en passant par le couloir, il n’avait pas le courage de croiser sa grand-mère pour l’instant, et monta lentement les escaliers. Qu’est-ce qu’il pouvait bien lui arriver ? Ses pensées fusaient dans tous les sens, il ne comprenait pas ce qu’elle avait. Comment elle pouvait oublier son propre mari, le père de ses enfants. Rien n’avait de sens dans son esprit. Il frappa à la porte de la chambre de sa sœur.

_ Sun, tu es réveillée ? Grand-Père doit nous parler !

  Les seules réponses qu’il obtint fut un grognement suivi d’un vague « OK ». Cela lui suffisait. Sans plus attendre de réaction, il retourna dans la chambre où son aïeul attendait. Tout était si silencieux. Aucun des deux n’osaient parler en attendant que la jeune fille n’arrive. Aucun des deux ne voulait briser le silence, comme s’il s’agissait d’un dernier hommage. Ce n’est que quelques minutes plus tard que la benjamine arriva. Elle voulu alors aller embrasser le vieil homme, mais ce dernier l’arrêta d’un geste de la main.

_ J’ai quelque chose d’important à vous avouer… Cela va être dur à entendre, mais je veux que vous soyez forts pour moi. Pour votre Grand-Mère. Il fit une pose, ferma les yeux et prit une profonde inspiration. Votre Grand-Mère est atteinte de la Transcendance.

  Ce fut comme si le sol se déroba sous les pieds des deux jeunes Coréens. Suite à l’annonce de la nouvelle, leurs jambes commencèrent à flageoler, leur respiration à s’accélérer tout comme leur rythme cardiaque. C’était comme une nouvelle fin du monde pour eux. Avec leur Grand-Père, elle était toute la famille qu’il leur restait et ils ne voulaient pas la perdre. Plusieurs larmes coulèrent sur les joues de la jeune fille, tandis qu’elle devait s’assoir sur le bord du lit.

_ Et je veux que vous partiez avant qu’il ne soit trop tard pour elle.

_ QUOI ?! Tu voudrais qu’on t’abandonne ? Qu’on vous abandonne ? Jamais !

_ Si vous allez partir avant que la maladie n’arrive à terme, et je resterai ici pour m’occuper d’elle. Cela fait plus de cinq ans maintenant qu’elle fait de son mieux pour cacher ses symptômes. Je l’ai pratiquement tout de suite découvert, mais elle ne voulait rien vous dire. Elle ne voulait pas vous inquiéter. Alors nous avons fait de notre mieux pour donner pour vous donner la meilleure vie possible, pour vous apprendre tout ce que nous savions. Perdre vos deux parents, notre fille, n’était pas facile et ne l’est toujours pas. Alors nous voulions vous changer les idées, vous faire penser à autre chose. Nous voulions former une nouvelle famille pour vous. Je vous le redemande une seconde fois, partez avant que tous ces souvenirs ne soient entachés à jamais.

  Toujours assise sur le coin du lit, les larmes de Sun-Hwa s’étaient transformées en un torrent. Elle ne savait plus quoi faire, elle ne savait plus quoi penser. Ils avaient déjà perdu leurs parents une fois, et maintenant ils allaient perdre leurs grands-parents ? C’en était trop pour elle et elle n’allait pas pouvoir le supporter. De son côté, Ji-Hoon restait silencieux et son visage était complètement fermé. Il essayait d’assimiler tout ce qu’il venait d’apprendre. Il essayait de le rendre réel. Mais il n’y arrivait pas. À la place, il repoussait tous ses sentiments et les niait. Il ne pouvait pas les accepter. Il fut le premier à briser le silence au bout de plusieurs minutes.

_ Et tu viendras avec nous ?

_ Tu sais bien que non, mon grand. Je ne peux pas abandonner ta Grand-Mère. Toutefois, vous devriez essayer de retrouver votre oncle. Je suis sûr qu’il acceptera de vous accueillir.

  Ils restèrent ensuite de longues minutes dans la même position. Aucun des deux petits-enfants n’arrivaient à comprendre ce qu’il se passait. Aucun d’entre eux n’arrivaient à l’assimiler. Le désespoir commençait à s’emparer d’eux. Quand est-ce que cela allait finir ? Quand pourraient-ils enfin souffler ? Ces six dernières années s’étaient si bien passées. Ils commençaient à peine à guérir de la perte de leurs parents que le destin leur envoyait un nouveau défi. Ils ne voulaient pas retrouver leur oncle, ils voulaient garder leur famille. Ils connaissaient à peine le frère de leur père et ne l’avaient vu qu’à de rares occasions. Et ils ne l’appréciaient pas spécialement… Le seul réconfort qu’ils pouvaient trouver était l’un dans l’autre. Le frère était toujours là pour sa sœur et vis versa… Finalement, à force de couler, les larmes se stoppèrent d’elles-mêmes et la jeune fille pu se calmer. Son aîné se rapprocha alors d’elle, lui frotta le dos comme il en avait l’habitude et lui proposa d’aller voir leur grand-mère. Elle acquiesça.
La Coréenne fut la première à passer la porte, suivie de son frère. Leur Grand-Père préférait rester à l’écart pour l’instant, il ne voulait pas l’affoler. Aussitôt leurs narines furent assaillies par tout un tas d’odeur aussi délicieuses, les unes que les autres. Leur Grand-Mère avait préparé le déjeuner tandis qu’ils discutaient dans la pièce d’à côté ! Cependant, ils n’arrivaient pas à se réjouir d’un tel festin…

_ Je voie que tu as été chercher ta maman, Ji-Hoon, déclara-t-elle en s’approchant de celle qu’elle prenait pour sa fille. Comment vas-tu ma chérie ? Je ne te vois plus souvent depuis que tu déposes ton fils ici quand tu travailles…

  Sun-Hwa se contenta d’acquiescer. Elle n’avait pas la force de parler, et encore moins de la contredire. Elle ne se souvenait plus d’elle pour l’instant, et elle ne pouvait rien y faire. À la place, elle se contenta de s’assoir à table et de manger. Quoique l’appétit n’y était pas. Aucun d’entre eux ne purent avaler beaucoup de nourriture. Personne ne parla. Ce n’est que quand tout fut froid que Ji-Hoon eut le courage de prendre la parole.

_ Grand-Mère, nous devrons partir quand nous aurons fini de déjeuner. On rentre à la maison.

  Quitte à devoir tout abandonner une nouvelle fois, il préférait le faire le plus rapidement possible. Six ans auparavant, il se trouvait déjà chez ses Grands-Parents quand la catastrophe s’était produite. Il était chez eux quand il avait vu les nouvelles à la télévision. C’était eux qui l’avaient consolé et qui lui avait donné un nouveau but. Pendant ces dernières années, il avait étudié toutes les plantes qui étaient utiles en herboristerie auprès de ses grands-parents. Il avait appris à les reconnaitre et à les préparer, à savoir lesquelles étaient utiles et celles qui étaient toxiques. Il trouvait ça intéressant, mais surtout cela lui permettait d’oublier ses parents. D’oublier la souffrance. Cependant, elle revenait et il voulait l’arracher d’un seul coup.

On va aller préparer nos affaires, puis nous partirons.

  C’est vrai qu’il commençait à être temps, depuis le temps qu’on attend ta maman. Je vais faire la vaisselle, va chercher ce qu’il te faut !

Les deux jeunes Coréens se levèrent alors de table et montèrent sans un mot dans leur chambre. C’était peut-être la dernière fois qu’ils empruntaient les escaliers. La dernière fois qu’ils allaient dans leur chambre. Ils prenaient donc bien leur temps pour rassembler leurs effets personnels et pour enregistrer autant de détails qu’ils pouvaient. Ils ne voulaient rien oublier. Finalement, au bout d’une demi-heure, ils eurent fini. Ils ne pouvaient plus retarder le moment fatidique. Main dans la main, le frère et la sœur descendirent les escaliers. Leur grand-mère les attendait aux pieds de ceux-ci, prête pour les aurevoirs. Leur grand-père en fit de même, mais à l’extérieur. Aucune larme ne coula. Ils n’en avaient plus.

Je suis désolé, murmura-t-il à leur oreille.

  Selon lui d’aussi jeunes personnes n’avaient pas à vivre des choses aussi durent. L’enfance et l’adolescence devaient être doux. On ne devait pas perdre sa famille, deux fois. Finalement, Ji-Hoon et Sun-Hwa s’éloignèrent de la maison en faisant de grands signes d’adieux. En une demi-journée, ils venaient de perdre ce qu’ils avaient déjà perdu six ans plus tôt et qu’ils avaient eu tant de mal à reconstruire. Pire encore, ils devaient l’abandonner d’eux-mêmes suite au souhait de leur grand-père.

  Le trajet se passa dans le silence le plus complet. Ils ne voulaient pas parler. Ils ne le pouvaient pas et n’en avaient pas la force. Ils se contentaient d’observer le paysage dans le calme le plus complet. Au bout d’un certains temps, les arbres commencèrent à s’écarter, et l’horizon se dégagea. Et ils étaient arrivé à Séoul. Enfin, là où se trouvaient avant la Capitale. Maintenant, ce n’état plus qu’un grand trou au fond duquel leurs parents se trouvaient peut-être. Peut-être… Les deux jeunes s’approchèrent alors du bord, et se penchèrent pour voir ce qu’il y avait au fond. Cependant, mis à part une infinie obscurité ils ne purent rien observer.

_ Et si on sautait ? s’exclama subitement Sun-Hwa.

_ Ça ne va pas ? T’es folle ou quoi ? Tu veux mourir ?

_ Non, mais tu ne vas pas me dire que les millions de personnes qui étaient dans les capitales sont tous morts. Ils ne peuvent pas l’être. Et puis, depuis qu’elles sont de nouveaux accessibles, j’ai entendu que plusieurs ont essayé… Et on n’a rien à perdre.

_ Si justement, il nous reste encore des choses à perdre…

  Une larme coula sur la joue de la jeune fille. Elle avait déjà pris sa décision. Cela faisait longtemps qu'elle avait décidé de ce qu'elle allait faire.

_Plus maintenant, dit-elle calmement avant de basculer en arrière.

  Ji-Hoon ne put que la regarder disparaitre dans les profondeurs du gouffre. Il n’avait pas eu le temps de réagir qu’elle avait déjà disparue. Sans réfléchir, il sauta à son tour. S’il avait une chance de survivre, il ne voulait pas la laisser seule. Mais surtout, il ne voulait pas rester seul. Tandis qu’il chutait, il se sentait calme et apaisé. Il ne craignait plus rien.

Grotte d’Althéa, Mai 2025

  Quand il se réveilla, la première chose qu’il ressentit fut la pierre dure et froide dans son dos. Ses yeux papillonnèrent tandis qu’il se demandait s’il s’était cassé quelque chose dans sa chute. Cependant, il n’avait pas mal. Rien. Pas de côte fêlée, pas de jambe ou de bras cassé. Rien. Il allait parfaitement bien. Doucement, il se redressa alors pour s’assoir. Ses muscles ne le faisaient aucunement souffrir, pas plus que sa tête ou ses articulations. Puis des souvenirs de ce qu’il venait de se passer lui revinrent en mémoire… Sa sœur avait sauté dans le vide avant lui ! Ses yeux dardèrent ses environs immédiats à la recherche de la jeune fille et la trouvèrent à quelques mètres de lui. Étendue sur le sol. Elle n’était toujours pas revenue à elle. Ji-Hoon se rendit donc à quatre pattes tout en répétant son nom à plusieurs reprises. Toujours pas réponses. Une fois remarqua un détail qui l’aurait fait tomber s’il n’avait pas été accroupi. Ses yeux étaient ouverts, le regard vide.

  Cependant, il ne voulait pas y croire. Cela ne pouvait pas être vrai ! Il écouta alors sa respiration et son rythme cardiaque. Rien. Il ne pouvait pas abandonner ! Il commença un massage cardiaque pour essayer de la ranimer, il devait y arriver. Cela dura une heure au bout de laquelle il s’écroula à côté du corps inanimé. Il n’avait plus de force. Il n’y arrivait pas, il n’y arrivera pas. Le Coréen voulait abandonner, il voulait rester étendu à côté de sa sœur jusqu’à ce qu’il la rejoigne, elle et sa famille. Tandis que tout un tas de pensées similaires fusaient dans son esprit, une en particulier se détacha. Qu’aurait voulu Sun-Hwa ? Clairement pas qu’il abandonne. Elle aurait voulu qu’il aille au bout de ce qu’ils avaient commencé, qu’il se reconstitue une famille pour toujours cette fois-ci. Et pourquoi pas retrouver leurs parents si une telle chose était possible ! Il devait faire quelque chose.

  Le jeune homme repoussa une nouvelle fois ses sentiments, et se concentra sur le présent. Il rassembla toute son énergie, se leva et souleva délicatement sa benjamine. La première chose à faire était de sortir d’ici, et pour ça il devait bouger de là. Il emprunta toutes les galeries qu’il pouvait trouver, et n’hésitais pas à revenir en arrière. Il devait sortir le plus rapidement possible. Son regard passait régulièrement des murs du labyrinthe sous-terrain à sa jeune sœur, elle avait l’air si paisible. Finalement, il sembla avoir erré une éternité avant qu’un réel changement ne sa fasse ressentir. Un point lumineux était apparu à l’extrémité de son champ de vision. C’était la sortie ! Il accéléra alors le pas. Tandis que l’intensité de la lumière augmentait, Ji-Hoon se sentait de plus en plus stressé et excité. Il ne savait pas du tout ce qu’il allait trouver là-bas… De plus grandes grottes où la civilisation s’était établie ? L’extérieur ? Même s’il ne comprenait pas comment ce serait possible. Bref, il y avait beaucoup de possibilité. Puis il fut ébloui par le changement soudain de luminosité. Il ne voyait plus rien.

Caer Callabus, Septembre 2025

Le Soleil tapait fortement sur la vitrine de la petite boutique ce matin-là. Le petit panneau sur la porte d’entrée affichait ouvert depuis déjà une demi-heure, quand la petite clochette retentit. C’était une vieille dame. Elle s’avança au milieu de la pièce tandis qu’elle jetait des coups d’œil autour d’elle. Des dizaines de petits pots étaient poser sur les étagères, et ils contenaient toutes sortes de produits. Il y avait des crèmes, des tisanes et même des plantes entières pour certains.

_ Oh vous êtes bien matinale aujourd’hui, Madame Lucie. Comment allez-vous ?

_ Comme toujours, je fais ce que je peux avec ce que j’ai… Aujourd’hui, mes rhumatismes me font particulièrement souffrir, mais je ne suis pas à plaindre. Loin de là ! Tu verrais Anne… C’est de pire en pire !

_ Vous feriez bien de me l’envoyer pour voir si je peux faire quelque chose pour elle haha Je vais chercher, votre teinture. J’en ai refait récemment justement !

  Le jeune homme s’éclipsa alors dans son arrière-boutique. Si l’avant était déjà fortement chargé, l’arrière n’avait rien avoir. C’était bien pire. Rien n’était rangé. Des boîtes de plantes fraîches ou séchées trainaient ci et là, le sol était jonché de morceaux de plantes inutiles et les pots vides et remplis se trouvaient un peu partout. Si bien qu’on pouvait à peine se déplacer dans tout ce capharnaüm. Heureusement que Ji-Hoon savait exactement où tout se situait ! Il marcha donc directement vers ce dont il avait besoin, attrapa un flacon et retourna près de sa patiente.

_ La voici, déclara-t-il en déposant le médicament sur le comptoir. Au même prix que d’habitude, bien sûr.

_ Merci, mon Grand. Heureusement qu’il y a encore des jeunes comme toi pour s’occuper des vieux comme nous. Avec tous ces « riches » qui ne pensent qu’à s’amuser, c’est difficile de croire que ce pays tourne bien. Au fait, je ne t’ai pas demandé comment tu allais ? Je dois devenir gâteuse hihi Comment vas-tu ? Tu t’es trouvé une petite copine ? Un beau jeune homme comme toi !

_ Oh mais il n’y a aucun souci ! Vous savez, j’ai dû travail toute la journée. Entre les clients, les préparations et mes plantes, j’ai pas beaucoup de temps pour moi.

  « Et c’est tant mieux. » voulu-t-il ajouter. Cela lui évitait de penser à des choses auxquelles il n’avait pas envie de penser. C’était encore trop dur pour lui pour le moment. Il s’avait qu’à partir d’un certains temps, il voudra essayer de retrouver ses parents. Ou du moins savoir s’ils avaient survécu. Il voulait même fonder sa propre famille ici, à Caer Callabus mais ce n’était pas pour tout de suite. Dans un premier temps, il devait faire son deuil si une telle chose était possible. Ensuite seulement, il songerait à aller de l’avant. Tant pis, si ça devait lui prendre plusieurs mois ou plusieurs années. Et ce n’était pas pour tout de suite !

  Une fois que la vieille dame eut payé, elle parla encore quelques instants avec le Coréen avant de quitter la boutique. Laissant le propriétaire seul. Il profita que la matinée soit calme pour se rendre dans la petite cour derrière le bâtiment. Il y faisait pousser toutes sortes de plantes comme sa grand-mère le lui avait appris. En fait, il avait passé ses premiers mois à chercher et à récolter toutes les plantes et les fleurs qu’il connaissait, et qu’il avait pu trouver. L’herboristerie était la seule chose qu’il avait apprise, et la plupart des métiers qu’il aurait pu exercer sans formation ne l’intéressaient pas. Toutefois, il y avait certaines plantes, ainsi que les arbres, qu’il ne pouvait pas cultiver. Il devait donc sortir régulièrement hors des murailles pour partir à la recherche de ce qu’il lui fallait.

  Ji-Hoon s’accroupit devant le carré de terre et commença à enlever des mauvaises herbes. Le travail était facile mais fastidieux. Mais surtout il devait le recommencer un jour sur deux s’il ne voulait pas devoir replanter tous ses simples. Tout en retournant la terre pour enlever les racines des plantes envahissantes, son esprit commença à divaguer. Il pensa rapidement à sa famille et à sa sœur, avant de repousser bien vite les sentiments qui commençaient à monter en lui et qui risquaient de le submerger. Ensuite, il pensa à la vie qu’il menait à Caer Callabus. Elle était calme, simple et il commençait à se faire des amis. Il n’y avait plus le moindre danger à l’intérieur de ces murs. Il pouvait enfin se relaxer. Il n’avait pas du tout envie de changer de vie pour l’instant. Il ne voulait pas risquer de tout perdre une nouvelle fois…