Cette année, Pavel voulait faire quelque chose de bien pour Rachel. Il y avait tant à fêter : son anniversaire, leur 1 an mouvementé de vie de couple et l’agrandissement de leur famille. C’est pour toutes ces raisons qu’il se trouvait devant la boutique de la star de Masterchef, Athena. À vrai dire, ça l’avait étonné de la découvrir à Australis ; il se souvenait vaguement qu’elle était de Caer Hrid. Alors qu’il se perdait dans les méandres du pourquoi du comment, Pavel en vint à la conclusion qu’au final, les raisons n’étaient pas très importantes en soi.

Puis, il franchit le seuil de la porte et tout de suite, il fût assailli par l’odeur du sucre et du pain frais. Et le rose. Le ROSE. Il prit quelques secondes afin de s’ajuster à l’ambiance de la pâtisserie avant d’attirer son attention.

« Ma-madame Athena ? » Il ne sut si elle était occupée à ses fourneaux ou autre, mais il l’appela de nouveau (juste pour être sûr). « Madame Athena ? » En toute honnêteté, ça le rendait nerveux de partager le même air qu’une célébrité (surtout à l’échelle international). Côtoyer Ahsoka ne l’avait certainement pas préparé à faire face à un tel charisme.

« C’est Pavel, on… » Non, il n’oserait pas affirmer la connaître ; ils avaient partagé le même plateau de tournage, mais à peine lui avait-il adressé la parole. « On a pris rendez-vous. » Oui, voilà qui est mieux, et surtout, le rouquin n’avait pas les nerfs suffisamment solides pour affronter la file d’attente ou encore les fans. Ou encore ses propres fans.

L’espace d’un instant, le cerveau de Pavel bug et il ne comprend pas pourquoi les gens pourraient le reconnaître. Puis, ça lui revient comme un mauvais souvenir : ah oui, il était participant lui aussi. Sans résistance, il la suit en cuisine. « Ah… ne vous excusez pas, » qu’il lui dit, agitant les mains négativement. Ces précautions étaient justes et lui-même ne savait vraiment comment agir en présence d’une star. « En même temps, c’est compréhensible, votre création était de loin celle… qui avait l’air le plus comestible. » Oui, parce qu’il n’avait pas goûté, même s’il aurait bien voulu, mais il fallait être équitable pour tous. Et pour ce qui est de l’enfer… Pavel essayait tant bien que mal de de ne pas se souvenir qu’il était devenu un meme. Les clients et leur remarque le faisait rire jaune.

Puis elle lui demande la raison de sa visite.

« J’aimerais un gâteau. » Duh. Pavel se râcle la gorge avant d’ajouter de l’enrobage à sa demande. « En fait… vous n’êtes pas sans savoir que ma copine est enceinte… » Oui, elle et le monde entier. « Et j’aimerais souligner l’occasion… mais aussi, le 14 mai est le jour de son anniversaire. » Il pause, lui laisse le temps de prendre des notes au besoin. « Et, euh… le 16, c’est nos uns ans. » Et aussi le fiasco de la FC, ah jour damné.

« Donc j’aimerais la surprendre avec un gâteau ou je ne sais pas, une pâtisserie qui représenterait tous ces événements, vous voyez ? »

Dans tout Althea, c'était Athena qui pouvait relever un tel défi.

« Ah… euh, merci, » qu’il dit, se grattant nerveusement le menton. C’est que ce n’était pas son intention de brag des petites fortunes qui eurent frappées sa vie. Mais, probablement qu’il s’en faisait (pour rien), car de ce qu’il avait pu constater sur les plateaux de Masterchef, Athena faisait partie de ceux ne prêtant pas de mauvaises intentions à leur pair.  Pavel sourit timidement quand la pâtissière souligne les prouesses culinaire sa douce moitié. Ah, ça oui, pour avoir des goûts particuliers, elle en avait ; il se souvenait encore du gâteau tomates et cressons. « Elle aime les épinards… et le jus de carotte…… »

Et avant qu’Athena le regarde en mode : ‘bruh, t’es sérieux là’, il se ravise, agite les mains dans tous les sens : « je veux dire… on penserait que ce ne sont pas des ingrédients pour des sucreries, mais j’ai cru comprendre que c’est hype maintenant de glisser des épinards dans les smoothies. » Donc pourquoi pas un gâteau. Mais bon, pour ce qu’il y connaissait côté pâtisserie… et c’est exactement pourquoi il était là, devant cette professionnelle (et couronnée championne). « Avec les carottes… peut-être un gâteau avec du fromage à la crème ? » Pourquoi n’avait-il pas une copie gaga des fraises, ç’aurait été plus facile.

« En ce qui concerne les allergies, tout ce qui est arachide est à éviter. » Puis, il se fait une liste mentale de tous les critères, commence à réaliser que ça fait beaucoup et puis, lentement, il y a l’anxiété qui le gagne. « Vous pensez que c’est possible ? » Parce que lui, non.

Pavel ne peut s’empêcher de remarquer qu’à la naissance, Athena a du tomber tête première dans une marmite d’optimisme. Il comprend, d’entrepreneur à entrepreneur, que la satisfaction du client et un bon service sont la clé d’une publicité en santé. Toutefois, ce n’est pas une raison pour accepter tout et n’importe quoi, surtout si la requête est déraisonnable, un peu comme la tienne. Car même si Athena a la douceur de le rassurer sur ses choix, Pavel (qui a le jugement particulièrement facile) trouve que des épinards dans un gâteau sonne incroyablement dégueulasse.

Et ce n’est pas parce qu’il doute de ses capacités en tant que chef (après tout, n’avait-elle pas été la coéquipière de l’homme merguez ?), mais Pavel voulait quand même qu’elle garde un bon souvenir de cette commande. Alors, lorsqu’elle récapitule, il se rétracte un peu :

« Vous savez… je pense, même si Rachel raffole des épinards, qu’il n’est peut-être pas nécessaire d’en inclure dans le gâteau ? » Même si en soit, ça représentait un défi de taille. « Tant qu’il y a des carottes… c’est suffisant. » Et le reste, elle fait comme elle veut, il imagine.

Puis, la question suivante le surprend à un tel point qu’il sursaute.

« Eh ? Oh non, ça c’est, c’est mon air habituel, ha ha ha. » qu’il dit se frottant l’arrière de la tête, mais l’appelle d’une pâtisserie ne se refuse pas alors il choisie une chocolatine (haha) et s’empresse de prendre une bouchée. Pas qu’il n’avait de doute, mais l’explosion chocolaté en bouche confirme qu’Athena est effectivement la meilleure. « Merci ! Et vous, vous allez bien ? » Il se souvenait qu’elle avait mentionné les difficultés d’être un visage connu, mais c’est que souvent, avec la popularité vient la fatigue. « Ce n’est pas trop difficile d’être reconnue de tous ? »

Ouais bon, Pavel n’était pas certain que les épinards autre que dans un sandwich soit bon, mais c’était elle l’experte. Il faut dire que la chocolatine qu’il a en bouche l’empêche de dire quelconques conneries, mais de toute façon il ne peut que s’exclamer : « c’est délicieux ! » Finalement, si craintes il y avait, elles se sont volatilisées. Son point de vue vis-à-vis la célébrité l’intéressaient, et ç’aurait été mentir de dire qu’il partageait l’opinion. Bien sûr, il y avait des avantages (comme toutes choses), mais pour lui, depuis le fiasco avec Wordlvlog, la célébrité s’apparentait à un cauchemar.

« C’est important, oui. » Faire attention à soi, et il ne la connait pas tant que ça, Athena, mais elle lui semble être le genre à se perdre facilement à aider tous et chacun. Mais il aime bien son optimiste qui contraste avec sa vision plus sombre, plus pessimiste. « Des, des prétendants ? » Comme des amoureux là ? Pavel s’étouffe un peu avec sa salive avant de toussoter et la regarder inquiétude. « Faites attention, la célébrité envoie plusieurs gold-digger. » Oh, il en savait quelque chose. « Et de fans dérangés. » Pour l’avoir vécu.

Le sujet emprunte une route plus ou moins sérieuse.

« Oh, euhm, moi je pense que tant que le produit est bon, » et lui montre la chocolatine dont il ne reste plus grand-chose au final, « le bouche-à-oreille fera des miracles. » Certes, les réseaux sociaux et la notoriété de l’émission aideraient, mais si le fond n’y est pas, la popularité sera un couteau à double-tranchant. « Vous planifier ouvrir une branche à Caer ? » Ça fait sens, s’expandre. « Malheureusement je connais qu’une apprentie-pâtissière, mais vous la connaissez déjà et je doute que… vous la voulez dans votre cuisine. » Ticket d’or vers une faillite prématurée. « Sinon, je connais une jeune fille réservée, débrouillarde et, ah, sans jeu de mots, une vraie crème, mais euh, je la garde pour moi. » Oui, car des employés modèle comme Ophelia, il s’en faisait plus, ou alors très peu.

« Du coup, pour la commande, quels sont les délais et le coût ? Avez-vous besoin d’un dépôt ? »