Le message était arrivé plus tôt dans la semaine, et elle eut un certain mal à se séparer de la pernicieuse boule d'angoisse qui se forma dans son estomac lorsqu’elle le lu. La scientifique savait pertinemment que d'une façon ou d'une autre ils seraient amenés à se revoir, et bien malgré elle, elle se vit anticiper leur nouvelle rencontre avec un lavis d'angoisse. Malgré tout, elle lui avait indiqué son adresse, une petite maison sur la périphérie, bien éloignée de la vie bruyante et lumineuse du cœur de Polaris, l'invitant à venir discuter de leur arrangement lorsqu'il le souhaitait.


Le jour venu, elle avait essayé de tenir le planning qu'elle s'était fixé, et ne connaissant pas les éventuelles habitudes de voleur et fouineur d'Alessio, avait passé la matinée à ranger avec grand soin chaque flacon, chaque boite, dans des armoires fermées à clef de son bureau. Rangeant la clef de son espace de son travail dans sa poche, elle se dit que pour le bien de tout le monde, suspicieuse ou non, elle ne voudrait pas que quelqu’un rentre et se mette en danger avec ses travaux par sa négligence.

Dehors, les nuages s’amoncelaient, probablement chargés d’une pluie lourde vu la température. Elle espérait qu’il pleuve, l’idée de pouvoir prévoir une excursion dans les jours suivants lui occupant rapidement l’esprit.

L’heure approchait, et elle se doutait déjà qu’il ne la ferait pas attendre. Tentant de paraitre comme une hôte convenable, elle fit couler un pichet de café pour qu’il soit chaud le moment venu. L’odeur légère s’échappant de la machine crachotante empli la pièce, plus chaleureuse que ce que laisserai penser l’attitude de la femme. Tapis au sol, canapé ayant pris la forme de l’usage, rangée bocaux remplit d’eau et de plantes sur ses étagères encombrées, la pièce lumineuse donnait sur un petit couloir qui semblait conduire à la petite serre que l’on pouvait observer de l’extérieur.

Elle ne fit aucun effort de tenue pour cette rencontre, et blouse blanche de travail remontée sur les avant-bras, cheveux pincés à l’arrière du crâne dans un nid d’oiseau blond, elle vint ouvrir la porte alors qu’on sonnait à l’heure qu’ils avaient convenus. Elle le salua d’un ton égal, l’invitant à rentrer.

« Je vous en prie, faites comme chez vous. »