hier soir fut son dernier rêve, il l'avait eut du bout des lèvres, balbutiant des noms à la française entre deux images mirage. Ce matin il se réveil avec ses dernières sueurs ; la fièvre était passée, houleuse, sauvage, mais qui ne s'attarde jamais ; c'est ainsi qu'il la supportait.

Il ne s'est pas levé de suite, prenant le temps d'observer avec tendresse l'aile dans laquelle il est sous cette grande tente. Tant de fois, il finit ici. A chaque fois même. Le métier veut cela, risqué oui, puisque la fièvre peut menacer d'emporter des bouts de lui, comme la première fois, lorsqu'elle lui avait volé la parole. Il le sent parfois, et quelque part, ça le terrifie, car il ne sait pas ce qu'elle pourrait emporter d'autre. Mais la terreur ne vaux rien face à ce qu'il ressent lorsqu'il utilise son pouvoir.
Il y a quelque chose là,
une satisfaction crue,
un déclic qui lui fait oublier, le temps d'une seconde, le violent retour de bâton, et il ne lui faut qu'une seconde
pour appuyer sur le bouton.
Après tout,
il se sait fait pour ça, semer des rêves.

Un sourire nait sur ses lèvres alors qu'il se frotte les yeux, sa dernière commission ? Un régulier, un ancien père de famille qui, aime courir dans des champs de blés, son bébé sur le dos. Le métier, en dehors des rêves salaces qu'on lui demande parfois (souvent), c'est surtout cela : revoir ce que l'on a perdu, toucher du bout des doigts
des fragments d'un ancien soit.
Autant dire qu'il a beaucoup de polariens dans ses petits papiers.

Après un long soupir, il repousse les draps et s'assoit dans le lit, il nage complètement dans sa tunique.
Midi est entrée de plein pieds, il sent d'ici les arômes des bons plats en préparation.
Il peigne en arrière ses cheveux humides avant de se décider à se lever, hélant le médecin en charge au passage pour prévenir qu'il se sent enfin mieux.

Après une toilette convenable le voici donc, ceinture bouclée, bottes chaussées, prêt à se remettre en chasse de boulot mais sur le perron le voilà qui tombe nez à nez avec une demoiselle bien connue au long cheveux roux.

Pardi ! Kiana ! et il se pousse de devant l'entrée pour la laisser passer avec une petite révérence. Ça fait un bail, qu'est-ce qui t'amène ici, attend non dit rien, l'atelier a été un peu revêche ? Il n'y avait bien que lui pour paraitre excité d'une blessure faite dans le cadre du boulot. C'est qui lui manquait comme ça, un petit bout de raison. Sûrement que celle-ci s'était faite la malle avec sa première fièvre, c'est qu'elle avait été ravageuse il vous dira, comme on parle d'un amour destructeur, mais toujours au fond, adulé.

Il s'entiche d'un sourire comme le soleil, ça le ferait presque rire, ce petit tour de réparti.
Mais il se concentre bien vite sur ce que Kiana lui présente, un tout petit peu préoccupé ; bien qu'il n'aime pas le dire, il a ses tendances protecteurs voir poule avec les personnes qu'il apprécie.
Le mouchoir qu'elle lui présente a fleuri carmin. En son centre, pas de pistil, mais un petit pouce tout amoché. pauvre petit qu'il pense, chaque métier a ses risques il suppose. Après qu'elle s'avance pour patienter, il rabat la toile d'entrée et traine derrière elle.  

et tandis qu'elle s'assoit sur un banc, lui attrape une chaise pliante pour s'asseoir en face, sans vraiment trop prendre en compte s'il gène le passage. Il est tout ouïe pour entendre les nouvelle que sa petite Kiana lui rapportera, c'est que ça faisait un bail ! mais celle-ci semble décider à d'abord prendre de ses nouvelles, à lui. Il se gratte son menton sans barbe d'un air distrait quelques secondes, comme le ferait un sage barbu.

Ohoh...évidemment je suis toujours mieux placé sur le marché que certain narcotique, j'ai la côte. Et de là il lui envoi un clin d’œil. un infirmier qui passe par là lui demande de se pousser car il est en plein milieu du passage, sans faire d'histoire, Moebius s'excuse rapidement en se redressant, il plie la chaise en deux-deux et viens s'asseoir aux côtés de Kiana, un bras autour de ses épaules comme de bon vieux amis. Il reprend la conversation comme si de rien n'était :

Pourquoi ? Intéressée par un petit tour de magie ? de la poudre aux yeux, une couverture de sable chaud ? tu sais que je t'aime bien, je te fais la première séance gratuite, la seconde à prix d'ami, qu'est-ce que tu en dis ? Non attend ne dis rien...c'est pas vraiment le moment n'est-ce pas ?

et il rigole, parce que c'est un peu une blague, elle n'est pas là pour ça après tout il le sait bien, et leur relation n'est pas basé autour de ça non plus, même si pour de vrai, il lui offrirait la première fois si ça la  tentait, si elle avait besoin, comme beaucoup d'autre. Il ne la jugerait pas. Tout le monde a un petit point de faiblesse. Lui aime si faufiler telle une anguille, et totalement à l'aise dans cette eau trouble, ça ne le troublerait pas d'apprendre celles, faiblesses, de sa vieille jeune amie.
il lui tapote l'épaule avant de continuer et de la serrer un peu contre lui.

Mais pour de vrai, si tu as besoin de quoi que se soit, tu peux compter sur moi, tu le sais ça j'espère Kiana, je suis là pour vous, humble serviteur.

et bien encore une fois, qu'il y a une note d'amusement dans sa voix, il est sérieux, pas de sa faute s'il a la voix facilement chantonnant-e.

Elle pose une main sur toi, ça ne te dérange pas Moebius, bien que d'usage tu n'aimes pas que les autres soit aussi familier que tu le fut avec elleux. Kiana avait le droit parce qu'elle faisait parti de la famille maintenant. Comme tout le monde ici.
Même s'il n'y est pour rien il se sent fier lorsque tu laisses entendre que t'as bosse roule sans caillou sur le chemin. Tout deux, en quelques années vous avez changé sans vraiment vous transformer. Peut-être que c'était l'effet désert, les grains de sable fouettés par les vents vous ont polit et révélé votre éclat naturel sans rien ajouter. Il ne sait pas si c'est la même pour toi, mais lui en tout cas n'a jamais rêvé que cela change.
Le désert lui convient
Il ne l'échangerait pour rien au monde, ni lui, ni ce qu'il y a trouvé de précieux.
Aucun voleur ne pourrait ficeler ce bien là.
(un rictus, léger, sur ses lèvres naquit tandis qu'elle parle, c'est un rictus plein de tendresse, alors qu'il pense à tout ceci, à quel point ce monde vous a grandit, vous, pauvre brebis galeuses égarées)

Et lorsque tu lui fait face, il te répond avec la même intensité, il n'a pas peur de ton regard, pourquoi le fuirait-il  ? Alors qu'il le sait empli de vérité camouflée. Comme dans une confession, il y fait doublement attention, mais à la place, c'est un sermon que tu lui offre. Son rictus est toujours fiché là, figé. Tu as un doux cœur Kiana, qu'il pense.

Mais il n'a pas le temps de le dire qu'un infirmier vous interromps, brisant votre contact visuel. De sa main gauche, ses doigts tapotent contre le banc une calfeutrée mélodie. Vous voilà de nouveau entre vous deux.
Il ne sait plus ce qu'il voulait dire, mais tu le regardes à nouveau. Il maintient ton regard. regardez-les, ces deux âmes si proche de la peine, et pour autant, vivant dans le moment. Il y a tant à pleurer il est vrai, mais tout autant il y a de célébration, et c'était en ce jour cette heure ce que vous aviez décidé de choisir, au lieu de vous plaindre des fièvres, des blessures, vous voilà le sourire au lèvres cueillant la rencontre comme elle venait.
Moebius aime cela, naviguer sur la peine. Il s'agit là, de sa zone de confort aime-t-il se dire.

J'ai vu, j'ai entendu des orphelins parler de toi, c'est ravissant ce que tu fabriques, plein d'émotion non-dit garde-t-il pour lui. Mais tu me fend le cœur tu le sais j'espère, renchérit-il d'un ton joueur, une main sur le cœur, la fièvre, c'est comme l'accouchement, sur le coup on se dit plus jamais, mais on fini tout de même avec dix marmots.
Et il rit,
il s'imagine père de toutes ses rêveries.
Mais il se reprend vite, comme pour se rassurer plus que la rassurer elle.

mais tu sais ce n'est plus pareil, ce n'est pas la même que je côtoie, pas comme la première, celle là, elle en tenait une couche, mais depuis j'arrive à m'en remettre tu vois bien, bien sûr je ferai pas croire que parfois, la possibilité que je m'en tape une comme lors de la chute ne m’effraie pas. Et sur ces mots il coupe le contact visuel en soupirant, comme gêné tout d'un coup de cette proximité, il observe ses doigts, les refait jouer contre le bois. Mais ça n'arrivera pas, j'ai l'impression de mieux en mieux maitriser mon pouvoir, tu parles depuis le temps, il serait temps hein ! et le voilà reparti dans un léger rire, décidément, il ne sait pas rester pessimiste longtemps. Et toi alors, il veut changer de sujet, il estime avoir assez parlé de lui, Miroir Oh mon miroir ! t'en sors-tu un peu mieux avec ton don ?

hmm.....

Il comprend et acquiesce fasse à ses difficultés, c'est un phénomène partagé. Néanmoins vu qu'elle ne s'attarde pas dessus, lui non plus. A la place, elle laisse de la place pour ce qui compte vraiment, les petites victoires. Il acquiesce à nouveau d'un hochement de tête, un air fier pour elle placardé contre son faciès. Ça ne le surprend pas lorsqu'elle enchaine par une référence au Père Lewis, au manque d'eau, aux cristaux. Lui, croise les bras, réfléchit, le regard perdu sur les lits parfois vide, parfois occupés autour d'elleux. Il n'y avait jamais réfléchi avant, ça ne fait clairement pas parti de ses priorités.

Je ne sais pas, y a rien vraiment qui m'a tapé dans l’œil pour l'instant je suppose, et puis, je suis le genre à vouloir perfectionner mon art avant tout. J'ai encore du progrès en ce qui concerne ma maîtrise de ce dernier...

Il n'en ajoute pas plus sur le coup, il possède des objectifs concernent son don, mais il serait indécent de les partager avec la miss. Oh il a une bonne  raison de ne pas vouloir la tenir dans le secret, ce n'est pas vraiment pour ses clients régulier qu'il cherche cette amélioration, mais plus pour ces "autres" missions, celles se finissant par la prise d'une vie.
Il n'accepte que les bas de gammes,
rarement,
car l'art de l'assassinat est bien plus difficile à maitriser encore que les don à son humble avis. Il s'entraine donc en secret, un peu chaque jour, à essayer de plonger dans de jolis rêves des personnes au hasard. Il n'y arrive pas du tout encore, mais il a de l'espoir. Une fois qu'il aura acquis cette compétence, ses assassinats seront beaucoup moins périlleux. Il pourrait simplement ne pas accepter ce genre de mission, mais elle paye facilement dix fois ce qu'il gagne en temps normale, ce n'est pas une somme négligeable pour le désert.

Tout cela fait parti de son jardin secret, tout un chacun en possède un n'est-ce pas ? parfois il y a des histoires que même la famille ne doit jamais savoir.

...mais je te reconnais bien là, son sourire rieur est de retour, vouloir trouver une autre source d'aide pour les orphelins, quel cœur ! il décroise ses bras pour venir poser ses mains sur ses hanches dans un soupir. je devrai prendre un peu plus exemple sur toi, cela fait un bail que je n'ai pas visité le Père. Faut dire que mon métier me fait pas mal vagabonder... Il lève une main pour la reposer sur l'épaule de Kiana après l'avoir tapoté. Vraiment je suis plus vieux que toi mais tu es celle qui semble avoir le plus les pieds sur terre entre nous deux. Heureusement que je ne déteins pas sur toi.

Ses mots sont comme une mauvaise blague pataude, il en ricane plus qu'il en rit. Qui sait où on retrouverait Kiana s'il déteignait sur elle. C'est ce qu'il se dit, sa fonction de grand frère l'aveugle, il n'arrive pas à se rendre compte que Kiana bourlingue pas mal d'elle-même, dans toutes sortes d'aventures en dehors de son champ d'action. Peut-être préfère-t-il imaginer que non, qu'elle reste sage à tisser des poupons et ainsi, qu'elle ne se mette pas en danger dans ce monde sans scrupule.

quand bien même s'il eut su, il n'aurait pas pu l'empêcher de partir à l'aventure, qui est-il pour se permettre ceci ? Elle est majeur est vacciné aux dernières nouvelles, elle n'a pas besoin de son autorisation. De toute façon il ne chercherait pas à l'en empêcher. Il y a en lui un besoin trop primaire d'escapade pour qu'il accepte de passer les chaines à d'autre. Il comprend le sentiment.