Face à ses manières, tu fronces les sourcils. Outrée, choquée, vexée qu'on OSE se moquer de toi. Et pourtant, Mephisto s'était adonné à ce petit jeu depuis le début de votre rencontre.
Tu ne prenais aucun plaisir dans ta vulnérabilité, c'était son assurance décalée qui te séduisait. Et pourtant... Et pourtant ! Ô grand jamais tu ne succomberais totalement, tu te l'étais juré.

Ses mains qui parcourent tes cuisses jusqu'à tes cotes, tu serres à nouveau les dents pour les encaisser. Tu l'observes encore irascible et fulmines à ta vengeance prochaine... te pinçant les lèvres pour garder le contrôle de ton corps qui commençait à s'échauffer.
Dans son concerto sans public, il lâche sa canne et tes mains se libèrent. Tu les poses sur son torse pour le repousser.

— « Je n'ai pas peur de saigner. Si je peux te rendre prisonnier à ton tour, c'est un modeste sacrifice. »

Nier qu'il y avait une tension serait comme mettre un verre dans l'océan et prétendre qu'il ne contient aucun poisson. Tes mains glissent sur ses poignets, que tu serres pour écarter ses doigts de ta peau, brûlante sous le tissu.

— « Je ne te permets pas. »

Mais son corps s'allonge à nouveau sur le tien et tu te retrouves écrasée, te retenant par tous les moyens de ne pas tatouer son épiderme de brûlures, au niveau de ses articulations.
Son sourire, tu le sens sans même l'apercevoir. Ce petit rictus qui le fait frétiller lorsqu'il murmure... Cet homme était sûrement un Diable car on disait de Lucifer qu'il adorait son reflet. Etait-ce une raison de pourquoi le Dieu de ce monde lui avait octroyé la possibilité de le rejoindre à travers le miroir ?

Tu lâches ses poignets et glisses tes doigts dans son dos, ou tu n'enfonces que doucement tes ongles, plaquant ton corps un peu plus contre le sien pour mieux l'hypnotiser. Dans un soupire d'aise,  tu viens mordre son cou et remontes tes mains jusqu'à sa chevelure. Tu te serais presque convaincue dans ton mensonge, tant les sensations étaient belles et bien réelles, consenties.

Son ultime provocation avait fait naitre un orage dans ton coeur. Si tu avais été capable de contrôler le temps, des éclairs éclateraient violemment dans le ciel.
Mais dehors il faisait bien grand soleil, cependant pas assez pour éclairer vos caresses inavouées.

Est-ce que tu appréciais l'humiliation ? Peut-être. Quand c'était toi qui décidait de te laisser humilier.
Si tu ne l'arrêtais pas, si TU ne t'arrêtais pas, personne ne pourrait dire jusqu'ou vous seriez aller. La pression était trop grande et il prenait un malin plaisir à déclencher des images dans ton esprit qui ne faisaient qu'attiser ta férocité.

— « C'est ce qu'on va voir. »

Tes doigts caressant toujours sa chevelure, tu attrapes sa tête pour venir fracasser ton visage contre le sien, l'obligeant à violemment s'écarter de toi dans le choc.
Ton propre nez en sang (sûrement cassé) tu t'étais glissée vers l'arrière pour te prostrer dans un coin près des meubles poussièreux, tapie dans l'ombre, attendant qu'il reprenne ses esprits.

Et lorsqu'il croise ton regard, le tien est dur. Tu essuies lentement l'hémoglobine qui avait coulé à flot sur tes lèvres et étire un léger sourire, à peine discernable à leur commissure.

Tes yeux le fixent comme si un animal sauvage, blottie dans l'obscurité, en reprenant ton souffle peu à peu. Les parois nasales fracturées, ça te faisait mal de respirer par cet endroit, alors tu entrouvris la bouche pour inspirer de l'air et un peu de sang s'y glissa malencontreusement.
Le goût pâteux et le sang se collant au palais, la douleur lancinante t'empêchait de parler. Tu devais contrôler l'adrénaline qui se répandait dans tout ton corps.

Tu l'écoutes sans répondre à son monologue dysphorique, souriant de manière désabusée à chacun de ses fous rires, comme si tu les partageais mais en silence. Tu riais intérieurement, c'est tout.

— « Si j'avais encore... de l'intérêt..." Hm. C'est vrai que ça faisait mal. "J'aurai questionné la cause de ton euphorie. »

Face à sa froideur soudaine, tu te fanes, perdant de ton éclat flamboyant. Tu retrouves une certaine distance, arborant la même attitude que tu avais eu en entrant dans sa boutique.

— « Je vais prendre congé. »

Tu te redresses malgré la douleur qui te lançait afin de récupérer ton épée que tu tiras d'un coup sans faire attention à Mephisto qui se trouvait non loin. Tu ramasses également ta cape, qui jonchait au sol pour l'enfiler et dissimuler à nouveau ton identité.
Un dernier regard avant de passer la porte, tu n'avais même pas pris le temps de nettoyer le sang qui peignait ta figure d'un nouveau visage.