On a essayé de vous faire croire que tout était normal, mais tu n’y as pas cru. Rien n’était maîtrisé, pas vrai ? Cette histoire de travaux ne tenait pas la route et c’est probablement pour cette raison que tu as demandé à Griffin de t’accompagner dans cette exploration désespérée au fond de ces tunnels sinueux.

Tout ça pour découvrir la vérité.

La lourde porte faite d’acier grince, trahissant votre présence en ces lieux alors que tu t’avances la première dans ces égouts nauséabonds. Une main vient masquer ton nez pour couvrir un juron bien français le temps de te retourner vers tes deux acolytes. « Faites attention où vous mettez les pieds surtout. » Tu n’avais pas envie de te faire engloutir par ces eaux boueuses alors que tu restes de rester au sec sur le petit trottoir longeant les couloirs. Le chemin semblait interminable mais il était indéniable que si vous vouliez atteindre la vérité ces lieux étaient le plus à même de vous dévoiler ces secrets. Vérifiant que tu avais toujours la carte magnétique au fond de la poche de ton blouson tu t’élances sur quelques mètres avant qu’une confrontation ne s’offre à votre groupe.

Deux routes.
Gauche ou droite.

Croisant les bras tu jures à nouveau en jaugeant chacune de ses routes, couloirs similaires l’un comme l’autre en fronçant les sourcils. « Bien … » Un soupir. « Laquelle d’après vous ? Qui a le plan déjà ? Peut-être qu’on pourra trouver une piste ? »

TROP FACILE D’ENTRER.
TROP FACILE DE FAIRE LA FÊTE DANS LES ÉGOÛTS.

Sérieusement, t’as l’impression d’être comme à la maison. Ça a l’air un peu moins confortable, mais ça pue comme les couches de Lizzie. Ah, quelle horreur d’y repenser. T’es quand même sacrément véner qu’on vienne te mentir comme ça, et c’est pour ça que t’es ici, pour tenter de rétablir la vérité. Y’en a marre des tissus de mensonges, et tu te contentes de souffler en essayant d’improviser un masque pour filtrer un minimum les douces odeurs d’eaux usées.

« T’es quand même forte pour nous emmener droit dans les emmerdes. »

À force de marcher, le chemin se sépare en deux, et votre beau groupe a l’air d’avoir du mal à se décider. Tu réfléchis longuement, te rappelant comme tu le peux de tout ce que tu as pu apprendre grâce à tes voyages et à tes escales ici et là, avant de te crasher à Paris pour de longues années.

« Moi, on m’a toujours dit d’aller à droite ! Du coup, bah on y va ? »

Il faut bien se décider, parce que sinon, dans cinq ans, vous y êtes encore. Entamant la marche, tu as l’air d’avoir sacrément confiance.

Tu as lancé un regard mauvais à ton époux, agacée par sa remarque te faisant grincer des dents alors que tu jauges les deux chemins se présentant à vous sans savoir lequel choisir. « Tu ne diras pas la même chose quand JE ferais en sorte de vous sortir de cette merde. » Cette remarque n’est pas tombée dans l’oreille d’une sourde et tu ne comptes pas le laisser s’en sortir aussi facilement ; s’il se doutait du coup de pied au cul qu’il allait prendre en sortant d’ici il n’était pas près de s’en remettre.

Et alors que tu allais donner ton avis sur le chemin à prendre, le grincement de la grille attire ton attention et relevant le regard en te retournant tu remarques ces yeux luisants dans l’obscurité l’espace d’un instant avant que la grille ne lâche, libérant ces créatures des enfers aux dents acérées. Ton sang ne fait qu’un tour et t’accrochant à Griffin tu hurles, tremblante et tétanisée devant cette vision d’horreur. « ON SE BARRE VITE ! » Tu vois Poppy shooter dans l’un des rongeurs à deux têtes et tu n’as pas le temps de faire de même que tu la vois déguerpir comme une furie en se dirigeant vers le chemin à l’opposé de ses mots. « POPPY ATTENDS ! » Tu tends la main, fulmines et finalement en jetant un regard vers le bon chemin tu la suis en attrapant la main de l’homme pour ne pas le perdre. « Viens Finn on ne peut pas la laisser seule, on reviendra sur nos pas au pire ! »

T’as l’autorité d’un parent inexistant on dirait bien. Même si tout le monde semblait être d’accord pour aller sur la droite, il se passe quelque chose d’inattendu, qui te rappelle pourquoi tu as autant peur du noir. Là, c’est carrément tout ce que tu espères ne pas voir dans les ombres qui vient faire son apparition. Des yeux rouges, de quoi te faire hurler pour t’accrocher à ta femme à ton tour.

« J’AURAIS JAMAIS DÛ VOUS SUIVRE ! Abi, tu sais très bien que- ! »

Pas le temps de réfléchir, Poppy décale du mauvais côté et tu pestes, tirant la femme avec toi sur la droite. Pourtant, Abigaël a raison : vous pouvez pas l’abandonner, alors il va falloir plier et éviter ce qui aurait pu être un gentil animal de compagnie pour Lizzie s’ils n’étaient pas magiquement mutants.

« POPPY ! »

Ni une ni deux, tu t’enfonces avec la femme à la poursuite de Poppy un peu plus loin dans l’obscurité, en espérant qu’il n’y ait rien de pire de l’autre côté.

Tu cours, le souffle court, le cœur battant à vive allure. Tu te mords la lèvre, regarde derrière toi sans t’arrêter une seconde. Cours, ne réfléchis pas, reste accrochée à Finn et reste à l’affût. Tout se passe trop vite, tu n’as pas le temps de jauger la situation alors que vous foncez vers cette pièce bien plus spacieuse. Le couinement des rats attire ton attention et en retournant tu finis par te stopper. « ATTENDEZ ! » Observant leur réaction tu fronces les sourcils ; pourquoi est-ce qu’ils refusaient de vous suivre ? Étaient-ils bloqués par quelque chose ? « C’est pas normal ça. » Mais est-ce qu’il y avait quelque chose de normal ici ? Probablement pas. Reprenant ton souffle sans lâcher la main de ton époux tu viens passer une main tremblante dans tes cheveux sablés pour jeter un coup d’œil à ce nouvel environnement.

Un pont.
Simple. Rien de suspect.

C’était trop beau pour être vrai pas vrai ?

« On a pas le choix on doit avancer sauf si vous voulez vous faire bouffer par Ratatouille et sa clique. » Jetant un regard dégoûté aux rongeurs tu sursautes au fracas causé par le reptile sortant de l’eau. Eh merde. « C’est pas vrai bordel de merde ! » Riant nerveusement tu sens tes jambes fléchir sous la peur. Comment est-ce qu’une bestiole aussi grosse pouvait vivre ici et déjà que faisait-il ici ? Chaque seconde passant tu le vois s’approcher de vous alors que tu t’accroches à l’homme, prête à sauter dans ses bras. « ON FAIT QUOI MAINTENANT ?! ON A RIEN POUR SE DÉBARRASSER DE LUI ! »

Et ce n'était pas avec tes maigres pouvoirs que tu allais pouvoir l'envoyer valser.