Altagracia pensait sincèrement que tout animal avait sa place dans ce monde. Que les tuer injustement ne ferait qu'aggraver le courroux d'un quelconque esprit de la nature. C'est alors tout naturellement que la jeune femme avait sorti le lapin du piège. Si l'on pouvait appeler ça un lapin. Une mâchoire plus proéminente laissait dépasser de tranchantes dents. Tel un requin perdu sur terre. Empêtré dans le corps d'un rongeur. D'un blanc crème, elle trouvait la petite bête tout simplement magnifique, et ce malgré son acharnement à vouloir la mordre. La faune et la flore d'Althea la surprenait toujours, même après toutes ces années. Les petites mais non moins étranges différences avec son monde natale concernant la nature animal la passionnait..

Une simple ballade en forêt. Peut-être un peu trop loin du reste de l'humanité. Jusqu'à tomber sur cette boule de poil, la patte brisée dans ce qui ressemblait fort à un piège à loup. Jeune femme préférant de loin la présence animal à celle de l'humain, elle l'avait libéré sans se poser de question. Jusqu'à ce que la bestiole la morde férocement à la main de ses grosses dents pointues et tâche son chemisier blanc de son sang. Son chemisier préféré.

La détective aurait bien volontier délaissé l'affreuse bestiole - elle n'était finalement plus si magique que ça - si son amour eternel pour les animaux n'était pas si grand. S'empressant de rebrousser chemin, s'égratignant les jambes entre deux arbustes mal placés, la vitrine d'un vétérinaire lui tendit finalement les bras. Calant pour la millième fois le pauvre animal ne cessant de gigoter dans ses bras et refermant de force sa mâchoire pour de pas finir avec un membre en moins, la cubaine entra finalement, quelque peu essoufflée. Et certainement pas présentable. Une feuille retomba de sa courte chevelure emmêlée par le vent tandis que du sang venait se rependre goutte à goutte sur le sol de l'entrée. Sa main la faisait souffrir, elle ne pouvait néanmoins pas imaginer la souffrance que devait endurer l'animal, la patte pendante.

« Bonjour-j'ai-un problème-vous-pouvez-le-soigner ??»

D'une traite, comme à son habitude elle avait oublié de respirer.

La buée sur la vitre du cabinet était très présente ce jour-là. L'ambiance que cela donnait à son lieu de travail lui plaisait particulièrement, un brin hivernal, or il ne faisait pas si froid que cela à l’extérieur. La  matinée commençait par habitude de la même manière chaque jour, un thé chaud et une petite liste de tâches et d'idées. Nous imaginons tous ce qu'il peut se passer à l’intérieur de ce type d'endroit généralement rempli d'animaux à la santé faiblarde, mais pour l'heure Thelma n'avait rien de pressant. L'étude qu'elle avait entamé, d'un drôle d'insecte découvert quelques jours avant, touchait à sa fin. Elle devait donc terminer de répertorier ses découvertes dans le carnet dédié à cela, avant d'entamer un brin de ménage dans l'une des petite pièce à l'arrière.

Le balais entre les mains, le tintement délicat du mobile de l'entrée se fît remarquer alors, un peu plus tard. Cette jeune femme semblait très embarrassée et surtout, le sang qui coulait de sa manche annonçait bel et bien un tout nouveau programme pour la jeune vétérinaire.

« Oh, j'arrive ! »

Elle ne s'affolait pas pour autant, attrapant au passage une caisse transparente qu'elle utilisait généralement pour transporter les animaux. Elle s'approcha alors de la demoiselle, remarquant au passage une blessure. Ni une ni deux, le lièvre fût déposé dans le réceptacle et il s'allongea immédiatement grâce à une empreinte magique de calmement intégrée à cette caisse de transport. L'animal était maintenant rassuré et les humains à son contact, en sécurité.

« J'imagine qu'il vous a mordu, je vais vous soigner cette vilaine blessure. Suivez-moi. »

Elle s'engouffra alors à travers l'épais rideau qui séparait la pièce d’accueil des suivantes et fît un geste de la main à la jeune femme brune. Traversant la première salle remplie d'équipements en tout genre accrochés au murs et rangés dans des caisses de bois empilées, elle ouvra la porte, sur la salle de consultation/opération. Thelma posa la caisse magique sur la table en métal puis attrapa le bras de la demoiselle, avec la délicatesse qui la représente. Une main tout près de la blessure de l’individue, Thelma se concentra un instant, ferma les yeux quelques secondes et prit bien soin de laisser sa main au dessus de celle de la brune encore quelques secondes supplémentaires. Une caresse pour terminer, parce que Thelma est comme ça. Elle releva la tête enfin pour contempler enfin son visage.

« La douleur risque d'être présente encore quelques minutes, mais c'est refermé. »
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hrp : Lièvre-crochu, c'est une idée du nom que cet animal mutant pourrait porter, tu en penses quoi ? Si tu as une meilleure idée, n'hésites pas ! 

Altagracia avait un don naturel pour les animaux. Se prenait de passion avant même d'y avoir pensé, chérissait sans compter. Appréciait depuis son plus jeune âge les écailles du serpent, les milliers d'yeux de l'araignée et les fragiles ailes du scarabée. N'aurait pu dire non à un pauvre lapin sans défense. Poisseux d'un sang qu'il n'aurait du verser, tremblant de peur face à la cruauté des hommes.

Une jeune femme brune aux grands yeux bleus fait son entrée. Douce et efficace, elle s'empresse de mettre la pauvre bête en cage. Cage semblant avoir un effet calme et apaisant. Fini l'affreuse bestiole se tortillant pour échapper à l'emprise de la détective. Les yeux clos, le lapin semblait maintenant prêt à s'endormir malgré sa patte blessée.

Observant sa propre en main en grimaçant, Altagracia ne pu qu'acquiescer face aux paroles de la brune. Elle la suivit donc jusqu'à l'arrière boutique. Sans rater une miette de tout ce qu'elle pouvait bien voir. Sachant pertinemment que sa curiosité excessive et sa manie de tout vouloir savoir ne lui serait pas d'une grande aide ici. La détective était parfois beaucoup trop professionnelle en dehors du travail. Cherchant à percer des secrets inexistants et des mystères qu'elle s'inventaient.

« Cette pauvre bête avait la patte coincée dans un piège... elle m'a malheureusement mordu quand j'ai essayé de la libérer. »

Toujours aussi douce et efficace, la vétérinaire plaça sa main au dessus de la sienne. Bientôt, un apaisante sensation se repend dans ses doigts. Sa main, sa blessure. La douleur devient plus faible, pour n'être plus qu'une sourde démangeaison. Un don de soin. Simple et pourtant si beau. Apaiser l'horreur pour cicatriser les plaies, ne laissant qu'une douce caresse en guise de réconfort. La brune se senti soudain bien ridicule avec ses dons mentaux, forts inutiles pour le commun des mortels. Aurait aimé pouvoir soigner le monde, en ressortir plus vivante que jamais.

Un franc sourire accueilli les paroles de la vétérinaire malgré la douleur encore légèrement présente. Le sang ne coulait plus et la plaie c'était entièrement refermée.

« Merci beaucoup ! Elle plia et deplia la main quelques secondes, heureuse de la retrouver entière malgré les taches de sang souillant sa peau. « Votre don est fascinant... la plaie est totalement refermée ! »

Se sentant soudain confuse, Altagracia fit la moue, les vétérinaires n'étaient pas là pour soigner les petits bobos des humains. Elle n'était pas la priorité.

« Je suis vraiment désolée d'avoir débarqué comme ça, j'ai un peu paniqué... »

Effectivement. Elle ne s'était à vrai dire pas non plus attendu à être elle-même soignée.

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Hrp : Lièvre-crochu... j'aime beaucoup ! Ça part sur ça !

Un sourire rassurant. Il était tout naturel chez Thelma de venir en aide à autrui, toujours. La circonstance actuelle la poussait d'autant plus à agir ainsi. Elle savait que l'animal rapporté par la demoiselle était de nature nerveuse et elle savait également, que dans cette cage il serait calme et serein. Au premier coup d’œil à la blessure du l'animal, la jeune docteure avait pu diagnostiquer le piège. Elle en avait déjà trouver, elle même, des animaux pris dans ces morceaux de ferraille rouillés par l'humidité, elle savait donc quel serai les geste à avoir une fois la bête calmée.

« C'est naturel, vous avez bien fait. » Dit-elle en repassant le pas de la porte d'examen sans prévenir la brune en face.

« C'est une espèce de lièvre comme vous l'avez surement constater, je l'ai étudié un peu il y a deux années de cela, regardez... »

Elle posa alors sur la table en acier, un carnet un peu abîmé. Il s'agissait bel et bien d'un bestiaire qu'elle avait commencé à rédiger à son arrivée sur Althéa, doucement. Seulement une trentaine de bêtes y était représentée et pas mal d'informations manquantes sur certaines. Thelma avait beau être passionnée, le temps lui avait manqué pour mener chaque étude correctement, elle savait de toute manière qu'elle continuerai à alimenter correctement ce cahier, elle n'est pas du genre à abandonner. Après avoir passé plusieurs pages raturées, aux quelques dessins gribouillés, sa main glissa alors enfin sur la page du lièvre-crochu. La jeune vétérinaire ne restait jamais insensible aux autres humains qui semblaient s’intéresser à l’espèce animal, c'est pour cela qu'elle se permit alors de lui montrer son carnet.

« Vous semblez sensible aux animaux vous aussi, n'est-ce pas ? »

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hrp : Un peu court mais c'est plus simple pour développer la rencontre huh. 

Les mots de la jeune femme lui firent chaud au coeur. Effectivement, elle avait bien fait. De sauver la pauvre bête de l'horreur humaine et de la mort certaine qui l'attendait. Intéressée au plus haut point par l'excentrique faune d'Althea, Altagracia observa le livre avec un intérêt palpable. Répertorier ses propres trouvailles ne l'avait jamais réellement intéressé. La cubaine préférait de loin capturer les petites bêtes, même pour quelques secondes et les observer avec l'avidité d'une passionnée. Ses longues et interminables rédactions étaient réservées aux enquêtes la passionnant pourtant tout autant. Mystères à dévoiler autant chez l'être humain que chez l'animal et ses espèces encore inconnues. Mais la brune n'était pas une chercheuse. Simplement observer lui suffisait. Observer et comprendre.
Se penchant sur le carnet, elle hocha la tête, captivée.

« Lièvre-crochu... ce nom lui va tellement bien. »

Sur les pages un peu jaunies par le temps s'étendait un croquis plus que réaliste de la bête amenée quelques minutes plus tôt. Et des dizaines de phrases décrivant minutieusement l'animal. Altagracia était impressionnée, laissant la surprise se peindre sur son visage. Tournant une ou deux pages pour feuilleter le carnet, elle tomba sur une réplique parfaite d'un araignée aux magnifiques reflets violets. Pattes crochues et multiples yeux. La jeune femme se redressa pour sourire à la vétérinaire, désignant la page du bout des doigts.

« J'ai exactement la même chez moi, une araignée têtue qui ne cesse de sortir de sa cage. Je l'ai appelée Cookie. » Rigolant de ce nom qu'elle avait pourtant elle-même trouvée, la jeune femme porta à nouveau son regard sur le vieux carnet. « J'adore les animaux oui ! Principalement les plus étranges que l'on puisse trouver...bravo pour ce bestiaire, il est magnifique. »

La brune était on ne peut plus sincère. Pourrait se perde dans ce genre de bestiaire pendant des heures entières. Et principalement au chapitre des insectes, araignées ou étranges bestioles en tout genre.
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Hrp : t'inquiète pas, c'est mieux comme ça oui !

Le rire timide de Thelma vînt se cacher au milieu de celui plus franc d'Altagracia. Voilà un nom bien amusant pour une araignée de compagnie- si l'on peut la nommer ainsi. Après tout, il y avait déjà des mygales en cage dans l'ancien monde et même si la vétérinaire ne comprit jamais réellement l'engouement, elle respectait évidemment le choix de chacun de s'accompagner de l'animal qu'il préférait. Voir des animaux enfermés sans que ce soit pour une quarantaine ou pour un soin spécifique, lui faisait mal au cœur, réellement. Un pincement fort comme la sensation de ressentir la tristesse qui pouvait alors transpercer cette bête, à chaque fois.

« Merci beaucoup, ce n'est même pas du travail pour moi. » Dit-elle en souriant, posant son coude sur la table.

Le menton au creux de sa paume, elle observait alors la jeune brune en face, contempler avec une curiosité poussée le gros carnet. Les lèvres étirées, bienveillante. Elle semblait alors bel et bien avoir un point en commun et pas des moindre, Thelma fût émue.

« Vous ne devez jamais hésiter à m'amener vos animaux si besoin de soins, surtout. »

Et en se relevant, alors que son bras se tendait en direction de la main de son interlocutrice, elle lança enfin :

« Je suis Thelma, enchantée de vous rencontrer. Vous êtes ? »

Alors qu'elle n'avait plus vraiment regardé l'heure, midi sonna sur son horloge et la machine à thé s'enclencha seule, faisant couler le liquide chaud dans une tasse ornée de paresseux s’entrelaçant de manière artistique. Elle s'empressa de poser son doigt sur le bouton off de celle-ci, le mug n'étant alors rempli qu'à la moitié.

« Un thé ? Je vais soigner notre grand blessé juste après.  »

Un coup d’œil bienveillant en direction du lièvre paisiblement endormi.
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hrp : // 

Feuilleter le carnet aurait pu l'occuper toute la journée. Elle s'y perdrait, labyrinthe de croquis et de mots qu'elle arpenterait sans se poser la moindre question. À découvrir de nouvelles bestioles toutes plus fascinante les unes que les autres. Pour ne pas s'y oublier, la détective referma le livre et plongea ses yeux dans ceux de la vétérinaires, hochant la tête.

« Ne vous inquiétez pas au moindre soucis je vous les amènes ! »

Savoir que ses animaux serait ici entre de bonnes mains avait quelque chose de très réconfortant. La brune se releva à son tour, serrant la main bienveillante qui lui était tendue.

« Altagracia, enchantée. Je suis la propriétaire du bureau de détective privé pas très loin d'ici. Vous non plus n'hésitez pas si vous avez un jour un problème. »

Dernière phrase avec une petite touche d'humour, elle doutait que la demoiselle en face d'elle soit du genre à se retrouver dans les ennuis. Mais ne sait-on jamais, elle serait heureuse de l'accueillir dans son bureau, ne serait-ce que pour avoir un peu de compagnie.
Sursautant au son de l'horloge, elle accepta volontiers l'offre de Thelma.

« Oh avec plaisir, je vous avoue que courir jusqu'ici avec ce lièvre n'arrêtant pas de bouger m'a donné soif... »

Le lièvre endormi n'avait pas l'air de souffrir, paisible dans sa cage si particulière.

« Petite, je rêvais de devenir vétérinaire. »elle rigola un peu. « J'aurais peut-être pu devenir votre collègue, qui sait ! »

Malheureusement sa vie avant la chute était telle que cette voie n'avait pas été envisageable. Inimaginable.

Une tasse de thé chaud dans chaque main, elle avance à pas de loup afin de ne rien renverser sur son passage, ce qu'elle réussi à merveille. Une fois les mugs posés sur le bureau en dessous du comptoir, elle invite sa compagnie à s'installer derrière celui-ci, avec elle.

« C'est pour ma part un métier qui m'a toujours été évident, mais j'avoue qu'avec la chute ma curiosité n'en est que plus vive. Des tas de mutations étranges et de nouvelles espèces sont, je suis sur, cachés parmi nous. » dit-elle avant de siffler un peu bruyamment, la première gorgée de thé brûlant.

En cinq années, la métisse n'eu fait que quelques rencontre fortuite à son cabinet, particulièrement des clients. Elle n'eu jamais la force d'aller se mélanger au reste de la population de Requiem, particulièrement les trois premières années durant. Elle ne pensait qu'au passé, la peur au ventre d'oublier un jour son amoureux disparu. Et puis l'ouverture du cabinet, l'aida un peu. Elle entrevoyait un futur paisible doucement, à base d'animaux en tout genre et de découvertes toujours plus fascinantes. C'est en cela qu'elle entrevît l'idée de vivre plus sereinement sans effacer l'espoir de croiser un jour sur ces terres, son Adrian.

« Oh ! C'est intriguant comme métier ! Vous devez connaître tout un tas de personne ici alors ? »

Cette jeune femme semblait tellement curieuse, un trait qu'elle partageait alors avec Thelma. Mais à contratio de notre vétérinaire, elle semblait aussi très à l'aise et beaucoup plus vivante. La bridée avala une nouvelle gorgée de breuvage alors qu'elle détaillait discrètement chaque détail de cette nouvelle rencontre, envieuse et admirative. Il serait temps, de s'ouvrir un peu aux autres, se disait-elle de plus en plus souvent. La solitude est précieuse mais elle deviendrai assurément maladive pour elle. Heureusement qu'elle eu tout de même, une ou deux personnes précieuses qui ont surgit dans son entourage sans même le chercher car sans cela, elle serait probablement encore ratatinée dans son chagrin.
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hrp : // 

Admirant la démarche gracieuse de la jeune femme, Altagracia ne se fait pas prier pour la rejoindre au bureau. Une pause thé ne pouvait que lui faire du bien, aussi la voila qui s’empare du mug avec avidité. Faisant fi de la chaleur brûlant ses mains, la langue tel un feu ravageur, la première gorgée fut bien vite avalée. Murmurant un "merci" à son attention et hochant la tête, elle ne pouvait que comprendre ses paroles.

« Évidemment, il nous reste tant de chose à découvrir. Je ne sais où donner de la tête avec toutes ces mutations. »

Effectivement, ce nouveau monde était tellement grand que la jeune femme ne savait par où commencer. Quel pays explorer, quel animal observé.
Souriant, elle repensa à ses nombreux clients et ses affaires qui en avaient suivi. Parfois calme, sa clientèle était malheureusement bien souvent aussi excentrique qu’elle-même. Ne comptant plus le nombre de fois où elle avait du persuader une femme de la fidélité de son mari lorsque celle-ci prétendait le contraire à force de cris et de pleure. Un métier complexe et certes peu monotone. Qu’elle ne voudrait échanger pour rien au monde. Sources de rires et d’exaspérations, les demandes de certains auraient pu faire flancher n’importe qui. Mais c’était bien là ce que la cubaine préférait : l’incertitude de ses missions, la touche de mystère d’une filature et le souffle du secret mis à nue. Ne pouvant s’empêcher de vouloir dévoiler ces derniers. Cherchant le secret dissimulé derrière chaque parole, chaque visage. Thelma ne faisait pas exception. Douce et calme, le monde semblait s’apaiser en sa présence. Sourire et apprécier le moment, comme Altagracia prenait habituellement si peu le temps de le faire.

« Un métier passionnant, l’espèce humaine est parfois bien étrange. J’ai fini par connaître pas mal de monde effectivement. De superbes rencontres, d’autres que je préférerait oublier. » Elle se pencha tout d’un coup vers l’autre brune, comme pour la mettre dans la confidence.  « L’autre jour par exemple, Mme Herzt, la vieille boulangère au coins de la rue est venue me demander d’exorciser les fantômes qui logeaient dans sa cave ! Je suis détective, pas une quelconque prêtresse… si vous voulez mon avis, le seul fantôme qui occupera bientôt les lieux sera le sien. »

Parce qu’effectivement, elle commençait à se faire bien âgée. Et bien que ces histoires de fantômes l’amusent au plus haut point, il était hors de question que la cubaine fasse semblant de les exorciser simplement pour amuser la galerie. Que cette vieille laisse donc ces pauvres esprits en paix. Souriant, Altagracia reprit une grande gorgée de son thé, le savourant pleinement.

Thelma dévoila alors son rire délicat. Les ragots n'était pas quelque-chose avec lesquels elle était familière par ici mais cela avait le mérite de souvent, plonger une situation dans un climat jovial et souriant. Et elle adore rire.

« J'avais bien constaté que cette femme était pour le moins originale, mais alors ça c'est excellent ! »

Une ambiance décontractée s'installait alors tranquillement au cabinet, si bien que la belle vétérinaire en oubliait ses obligations. En effet, elle devait recevoir cet après-midi un jeune homme pour effectuer un entretien d'embauche. Elle commençait à avoir besoin d'un peu de soutien pour les opérations importantes et l'organisation des horaires. Jusqu'à présent, elle fermait simplement le cabinet lorsqu'elle était concentré en salle opératoire. Las d'avoir sous sa porte, des mots et des numéros de téléphone, il fallait que quelqu'un puisse alors l'aider à tenir cette espace correctement. Mais pour l'heure, elle continuait simplement de boire doucement son thé qui commençait à être un peu moins brûlant en écoutant la brune. Programme qui semblait bien évidemment lui convenir parfaitement.

«  Et bien, nous ne changeront jamais l’espèce humaine. Quel dommage d'avoir peur des fantômes, moi j'adorerai discuter avec eux.  »

Sourire aux lèvres, elle se souvînt alors d'une situation assez rigolote.

«  Mais ouiiii, c'était elle ! J'ai eu aussi la chance d'avoir à faire aux drôleries de cette cette vieille femme. Elle est venue une fois ici, m'assurant alors que son sous-sol était infesté de rats géants. Elle voulait alors que je m'occupe de les faire disparaître. Résultat : une famille de chats avait élu domicile sur un vieux matelas abandonné dans les parties communes des caves. Elle avait dû voir un animal passer, une fois, et tirer une bonne grosse conclusion hâtive. Ah les vieilles personnes... »

Et manifestement, elle se prenait très facilement au jeu des rumeurs de quartier. Et dire que ce début de journée s'annonçait d'un calme plat, elle pouvait maintenant jouir d'une compagnie agréable. Elle n'avait pas du tout l'impression de travailler en cet instant, elle se sentait légère.

«  Nous pourrions peut-être nous tutoyer, non ?  »

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hrp : //