lurking in the shadows

Surprenant ? Peut-être. Après tout, tu n’as pas la confiance qu’ont généralement les sportifs de haut niveau. Ça t’a jamais empêché de ramener des médailles d’or chez toi mais il suffit de voir comment tu étais, face aux caméras, pour comprendre que tu n’as pas le même charisme que d’autres, hors de la glace du moins. Peut-être qu’en y regardant plus près, certains ont pu remarquer ce vide qui habitait ton regard, ces paroles articulées sans réelles convictions, discours répété encore et encore pour satisfaire celle qui t’affichait comme d’autres le feraient avec un joli sac à main. Quant à la suite, tu comprends que tu n’as peut-être pas été bien claire, dans tes paroles. Peut-être qu’elle a compris un certain regret vis-à-vis de ta vie d’avant, dans ce que tu lui as dit ? Alors tu secoues doucement la tête, comme pour lui indiquer qu’elle n’a pas besoin de s’excuser, pas plus devrait-elle te souhaiter de trouver de quoi qui te passionne tout autant.

T’as pas envie de revivre ça. De revivre quelque chose de similaire. - Je n’ai jamais vraiment aimé le patinage artistique. Que tu dis d’une voix calme. - Du moins, les compétitions. En soit, tu aimes ton art tout comme tu aimes la danse. Tu aimes performer. Tu aimes la légèreté que cela t’apporte, cette grâce devenue naturelle dans tes mouvements. Tu aimes glisser sur la glace, te laisser porter par la musique. Tu n’aimes juste pas la pression. Les regards pesant. Les commentaires. Cette déception que tu pouvais lire dans le regard de ta mère alors que toi, tu voulais juste être fière de cette médaille d’or qui pesait autour de ton cou. - C’est ma mère qui a décidé pour moi. Tu ne sais pas trop pourquoi tu lui dis ça à elle, peut-être pour expliquer tes dernières paroles. Ou alors pour justifier ton caractère effacé, cette vie inintéressante que tu as eu.

Une fois arrivée à destination, tu pourrais rentrer chez toi. Tu allais le faire, juste pas maintenant. À la place, tu t’assois à ses côtés, encore intimidée par sa présence, pas certaine quant au pourquoi est-ce qu’elle reste. Elle te parle de là où tu vis et toi, tu peux juste hausser des épaules. Drôle d’endroit ? Oui, sûrement. Comme toute l’île. Mais finalement, c’est pas si mal ici et tu profites d’une certaine liberté. Chose que tu n’as jamais connu et qui a cruellement manqué dans ta vie. - Je… Tu marques une pause. Hésites. Tu te sens ridicule face à sa question, tout ça parce que tu ne connais pas la réponse. Aspirer à plus ? Mais quoi ? Tu n’as jamais rien voulu pour toi-même.

Tu n’as jamais existé pour toi-même.

La réponse te vient finalement assez naturellement avec cette constatation. - C’est bien, ici. Parce qu’ici, tu peux espionner les autres, laisser tes oreilles traîner. Ici, Mephisto peut compter sur toi, peut-être même être fier de toi. Pour une fois, une seule fois dans ta vie, peut-être que ce que tu faisais allait être assez aux yeux de quelqu’un. - Et toi ? J’imagine qu’être générale doit être… Stressant. Prendre des décisions ? Très peu pour toi. Tu laisses les autres décider à ta place, te contentant de suivre le rythme de leur vie pour ainsi ne jamais te démarquer. Après tout, suivre le rythme, c’est tout ce que tu as toujours fait, que ce soit à la surface ou maintenant. Tu te laisses bercer par la musique, tout ça pour rester en harmonie avec ton environnement. Avec les autres.