narcisse – jeune homme de belle famille il
n’arborait pas encore le nom de la fleur il
était un prince charmant l’héritier du nom (des hautes sphères de russie) –
ce n’était point de l’aristocratie cependant rien que
les tranchées sanglantes de la bourgeoisie en tourmente.
d’une mère au nom clinquant il avait hérité
les traits délicats et élégants ;
de son père chirurgien il n’avait hérité
(pas grand-chose sinon rien qui n’aurait mérité
un regard de sa part ou un pardon pour
son existence).
narcisse éthéré ne s’intéresse ni à la médecine ni à la guerre
ni à l’art dépravé de
s’emparer des âmes par les mots
emberlificoter les espoirs de ces gens pour sa propre gloire (politique).
d’un regard dédaigneux il s’était fait rejeter d’une
moue hargneuse il avait décidé (de faire autrement)
pour aller danser aux pointes sur les meilleurs ballets ;
des tutus des jeunes étoiles il enviait la folie splendeur (enchaîné dans ses bas moulants aux
collantes candeurs).
(mais au fond on l’avait toujours traité de
fleur au pétales desséchées – ce n’était qu’une blague que pour rire,
aux brimades que le nom narcisse était né).
narcisse avait fini par
admirer son propre travail sa propre force sa propre
beautépour se pourfendre du monde qui l’avait (semblait-il)
délaissé.
la nuit en cachette il dansait sur
les mélodies de ses pairs mais en
femme il s’échappait.
(ce n’était rien que le temps d’une douce gymnopédie qu’à ses parents serait pris
la tachycardie de la folie – s’ils ne pouvaient que voir l’immensité de sa beauté qu’une
nuit seulement il s’admirait dans les miroirs de la salle de danse ;
narcisse était si jolie dans ses tulles endormies à ses pieds
les chaussons de danse aux pointes déchirées que la nuit et la lune et les étoiles et
la bénédiction d’aphrodite caressait (du bout des doigts elle avait parcouru son corps
en une
caresse désirée.))
fuite en avant – narcisse s’en alla à paris la belle
capitale
de la danse il rêvait dans les plus hautes intuitions il poursuivait
son rêve dans ce monde étrangement normé
(mais en cachette comme seuls hyde et jekyll ne le sauraient ;
la nuit de vénus apportait sa bénédiction sur la prose en fleur ;
l’immensité de sa beauté en terreur).
les temps passèrent loin de sa famille tyrannique – une pause idyllique
il y rencontra l’amour qu’aphrodite lui avait laissé en
remerciement de sa rare beauté (il n’était que
convaincu de lui-même jusqu’à
le rencontrer).
- il était devenu honte de sa famille mais maître de sa destinée qu’un onirisme ne pouvait qu’apprécier.
c’était une belle époque définitivement ; loin des
ardeurs indécentes de moscou la défiante il
(s’embrasait aux bras de son amant aux définitions même de l’amour en étiole il
s’en allait chancelant de son rêve éclatant).
puis le temps passa et vint – la folie des
(ecroulement du monde entier sous terre la nuit il
s’était éveillé en stupeur pour courir retrouver son amour charmeur ; aux)
premières lueurs des secousses parcourir les sinueuses rues de paris en cavale pour
ne plus jamais perdre la chaleur de son souffle.
(mais tout s’effondra la même nuit que le prédateur qui avait si loin sévit revint de ses
pires cauchemars lui enlevaient tout de la vie.)
sous les décombres aux poussières étouffantes qu’il n’était que rattrapé par
ses démons passés (aux satans penchés sur le corps encore chaud de son aimé) –
tout devint flou qu’un instinct sauvage s’emparait du beau narcisse de la belle
etoile qu’il avait tant voulu être – rien ne se distinguait plus qu’une douleur aiguë alors
que les visages des démons penchés devenaient peu à peu ceux de son père tant (haï)
que ne se retrouvait plus qu’il ne contrôlait plus (peut-être était-ce réellement ce chirurgien
paternel
tant.
il ne savait plus.
si la médecine légale avait encore eu cours, alors peut-être qu’aucune des deux morts n’aurait été déclarée
naturellement due à l’avalanche du kamikakushi.
(on le voyait encore
s’éloigner en trébuchant dans la poussière encore
flottant dans l’atmosphère brumeuse qu’il récupérait peu à peu ou encore
de ses traits tant rêvés, féminins à souhait – était-ce un don ou une punition pour lui rappeler sans cesse et encore
ce passé à la douleur aiguë, frémissant sanglant encore
dans le creux de sa main tremblante
encore.)
(il partit rejoindre une contrée à la nuit éternelle pour ne devenir qu’elle,
il partit rejoindre le futur aux plantes vertes et mûres ;
qu’elle accepta cette belle tourmente de redonner la vie pour celles
qu’elle perdit tant d’année auparavant).