Les bras t'enlacent et tu te confonds dans ce confort qu'il t'accorde avec bravoure et générosité. Tu ordonnais, se contentait de donner. Et tu prenais. Tu ne t'étais toujours senti protégée que par toi même, au même titre que tu ne te sentais servie également que par ta personne. On t'avait rapidement fait comprendre que dans ce monde, on attendait de toi de l'anticipation, de la force de caractère mais surtout une capacité à marcher sur les décisions des autres si tu les jugeais dangereuses pour la survie et la prospérité de Caer.

Partager une simple embrassade avec quelqu'un relevait d'un miracle. Mephisto n'était ni plus fort que toi, et n'avait en rien jurer de te protéger... et pourtant la tête contre son torse tu te sentais en sécurité, la tête vide et l'esprit envoûté par son parfum.
Quand il t'annonce rester, et donc obéir, tu veux d'abord le remercier. Pourtant aucun son ne s'échappe d'entre tes lèvres. Est-ce que vous en êtes réellement encore à ce stade ?
Après quelques secondes d'hésitation, tu articules finalement d'une voix douce :

— « Je te remercie. »

Sa voix vient chatouiller ton oreille, toujours recroquevillée comme un bouclier humain, dans le creux de son corps. Il t'interpelle, alors que l'hypnose avait déjà commencé à te faire la cour. Ton histoire ? Tu y songeais souvent, et tu aurais pris plaisir à la raconter, si on te l'avait plus souvent demandé. Encore une fois, il visait toujours juste, sans le préparer. Mephisto aurait été un bon joueur au poker.
Tes doigts parcourent sa peau, l'ongle grattant l'épiderme comme pour découvrir ce qu'il se cache sous sa première couche.

— « Alexander a tout fait pour mériter sa gloire. » Tu prends un peu de recul, pour poser sa tête sur l'oreiller et ainsi le regarder en même temps que tu lui parles. « Il m'a sauvé, tu sais. Sans lui, je serais sûrement morte à me vider de mon sang. Je suis la plus jeune de notre fratrie, tous les autres ont été retrouvé morts. Nos parents aussi. »

Ton regard se durcit et ta mâchoire se serre. Tu ne t'étais jamais apitoyé sur ton sort et seul le roi lui même avait pu voir par le passé le désespoir et la détresse t'envahir. « C'est un homme gentil, derrière son masque. Il aime jouer l'impitoyable pour se faire écouter des forts. » Tu étires un sourire. « Je pense qu'il faut se battre pour la dignité des faibles. »

Tu souffles sur son visage pour faire fuir une poussière et te redresse, les draps tombant à la naissance de ton bassin.

— « Je voulais être générale pour prouver à tous le monde que j'en étais capable. Au final, en voulant bien faire, Alexander a souillé ma fierté. Je ne suis pas là ou j'en suis car je suis sa soeur, mais parce que je me suis entrainé sans relâche pour être la hauteur. »

Tu fronces les sourcils.

— « Qu'est-ce que ça fait, de n'avoir aucune attache, Mephisto ? De vivre dans l'illusion de la liberté ? »