let's have fun

Mauvaise idée. Quoique, peu importe ce que tu tenterais serait sûrement une mauvaise idée. Alors tu grimaces, inconfortable, soulevée du sol pour ensuite le rencontrer de nouveau assez durement. Le combat se poursuit, tu es, de toute évidence, en désavantage et voilà que l’instant suivant, il te tient solidement, t’empêches de te redresser et, finalement, c’est son nom qui résonne dans la pièce. Trop de secondes passent et tu connais les règles. Il a gagné, chose qui était à prévoir mais tu penses au moins avoir pu te défendre un minimum. La foule s’emporte, encouragements vis-à-vis du vainqueur qui te relâche finalement, t’amenant à rouler pour te retrouvée allongée sur le dos, le visage levé vers le plafond et un sourire sur tes lèvres.

- Oulah, je n’ai définitivement pas le niveau. Tu ne sembles pas bien embêtée de ce fait, même que ça semble t’amuser. Après tout, face à lui qui s’entraîne depuis des années, il était évident que tu ne pourrais pas mener la danse. Tu peux juste être fatiguée, ce qui est assez étonnant, maintenant que tu y penses, comme tu es dans une réalité virtuelle. Ils ont fait des choses merveilleuses, ici, à Celestia. Dommage qu’ils n’aient toujours pas réussi à vous ramener à la surface. - Je sais plus s’il y a une histoire de rounds. Tu fais mine de réfléchir. - Mais dans tous les cas, tu es le grand gagnant. Car même s’il y avait plus de rounds, toi, t’étais bien comme ça, allongée dans le ring alors qu’il y avait encore cette foule toute autour de vous. Ça te change de tout ce que tu as toujours connu, des combats que tu as mené. C’est plus agréable comme ça, en fait. T’as jamais été très fan de l’écho macabre qui se fait entendre sur les champs de bataille.

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Oui, c’était fun. Pour ça, tu ne peux qu’être d’accord. Puis, ça t’a fait du bien. Vraiment. T’entraîner t’as toujours permis de te changer les idées, de faire le vide dans ton esprit et c’est bien là l’une des raisons pour lesquelles tu suis fréquemment Ahsoka à la salle de sport. Toutefois, le combat comme ça, ça te ramène aussi à ta vie d’avant, même si c’est pas exactement la même chose. Ça te ramène aux entraînements. À ceux que tu envoyais au tapis. Et les autres qui t’envoyaient au tapis. C’était du donnant-donnant et tu étais loin d’être infaillible. Compétente, oui, mais comme dans tout, il y en avait des plus forts que toi. - Oui, on se referra ça. Puis c’est bien, ici, ça laisse plus de liberté. Tu souris doucement, te redressant pour t’asseoir et porter ton regard vers lui. - On pourra même changer de décor. Bon, pas que je connaisse beaucoup de rings comme celui-ci mais je suis sûre que combat dans la jungle, ça peut avoir son charme. Tu lances l’idée comme ça, sur un ton léger, alors qu’au final, ici, votre limite était ce que vous pouviez vouloir, imaginer.

Face à sa proposition, tu hoches de la tête. Tu n’es pas pressée, tu n’as rien à faire pour le moment et tu te dis qu’avec le monde qui s’ouvrait à toi, ça pouvait être pas si mal. Mais pour aller où ? Tenter d’imaginer votre monde d’avant ? Explorer ce monde que tu n’as pas eu le temps de découvrir avant d’être retenue prisonnière au sein de Polaris ? - Tu viens d’où ? Quel coin du monde, donc. Où se trouvait-il avant la chute, avant ce désastre qui vous avait amené ici ? Après tout, peut-être que tu pourrais lui faire visiter de là où tu viens, ces décors qui te manquent tant ? Ou pas, tu sais pas trop. T’as pas trop d’idées. Puis, c’est pas comme si t’étais la meilleure lorsque venait le temps d’interagir avec les autres.

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Tu le laisses vous transporter, te relevant pour finalement te retrouver dans un ring bien moins impressionnant que celui où vous vous trouviez précédemment. Mais tu souris. Tu souris en reconnaissant le drapeau. Tu souris en comprenant que, pour le moment, t’as l’impression de ne plus être à Althea, de pouvoir respirer un grand coup et presque voir ta vie d’autrefois. Tu l’écoutes aussi avec une attention non feinte, tu rapprochant pour voir les trophées, quittant même le ring en passant sous les cordes pour observer les photos qu’il te désigne d’un geste de la main.

- Ils ne sont pas tombés avec toi ? Question délicate. Parce que c’est sans doute mieux qu’ils soient restés à la surface. Tu penses. Tu ne sais pas vraiment comment est la vie là-haut. Ou alors peut-être qu’ils sont effectivement tombés et qu’ils n’ont pas survécu. Pour ta part, tu as dû enterrer tes parents, qui étaient dans la même pièce que Ridley et toi lors du désastre. - Je suis jamais allée au Mexique. Que tu ajoutes finalement, peut-être pour ne pas trop te pencher sur ce que tu suspectes être des souvenirs plus amers, si tu en crois le ton employé et son regard un peu plus sombre. Pour ta part, tu regardes les photos, les trophées, tentant de garder un doux sourire sur tes lèvres. - Un jour tu pourras même accroché la ceinture. Celle qui lui avait été remise quelques instants plus tôt.

Tu te retournes finalement vers lui, abandonnant les photos des yeux, tous ces gens que tu ne connaissais pas, certains qui n’avaient peut-être pas survécu, qui étaient morts, comme bien d’autres, en cette journée tragique qui avait gâché ta vie. - Avec un peu de chance, ils vont bien. À la surface, tu parles. Et donc, de ce fait, il allait pouvoir les retrouver, une fois que vous seriez remontés en haut.

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S’il y a vraiment une chose que tu devrais apprendre à faire, Lexie, c’est d’apprendre à te la fermer. Parce que t’es mal à l’aise, en ce moment, alors qu’il te dit qu’ils sont six pieds sous terre, ces gens à qui il tenait. - Je suis désolée. D’avoir tenté d’être optimiste ? Tu sais pas trop quoi lui répondre, en fait, alors que tu regardes la photo qu’il te montre. Sa famille. Il était normal que ces gens-là lui manquent. T’esquisses un sourire. Un sourire un peu triste alors que tu reviens à des souvenirs désagréables. Votre arrivée ici, à Althea, à Ridley et à toi. - J’ai enterré mes parents après la chute. J’étais chez eux lorsque c’est arrivé. Tu préparais ton mariage, même. Vous étiez tous autour de la même table à revoir certains détails. Et maintenant, que restait-il de cet événement supposé être heureux ? Un souvenir auquel tu te raccrochais, refusant de laisser derrière toi tout ce qui t’avait rendu si heureuse.

- Je sais pas si je fais vraiment avec. Honnête, tu sais pas trop pourquoi tu l’es. Parce que lui aussi t’a partagé de son passé qui s’avère douloureux maintenant ? Tu secoues la tête, fait danser ta crinière sombre sur ta tête avant de poursuivre. - J’arrive pas à l’accepter, rien de tout ça. Votre situation, donc. Ce qu’il vous était arrivé à tous lors de cette journée qui était cruellement imprimée dans ton esprit. - J’ai pas non plus envie de l’accepter. Tu lèves une main, ramènes tes cheveux vers l’arrières. - Je veux pas considérer tout ça comme étant… Normal ? Accepter ta vie ici, en somme. Tu veux pas le faire. T’as l’impression que si tu le fais, si tu en viens à considérer cette vie comme étant normal, comme étant ta réalité désormais, ce serait tirer un trait sur le passé. Quelque chose que tu n’es pas prête à faire. - C’est ridicule, je sais. Ou pas. Mais c’est comme ça tu vois les choses. - Mais la vérité c’est que je veux juste rentrer chez moi, mettre la robe que j’ai acheté et marier la fille que j’aime. C’était pourtant pas tant demandé, non ?

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Évidemment qu’elle allait remonter avec toi, que vous alliez vous marier. Tu vois pas les choses autrement, en fait. Tu te dis pas qu’elle pourrait tenir à sa vie ici. Parce que tu ne veux pas envisager qu’elle puisse tenir à une vie dans laquelle tu n’es pas. Tu grimaces un peu avec la suite, secouant doucement la tête. - Je ne sais pas non plus, à vrai dire. Ou, enfin, si, tu sais. Toi, tu ne peux pas partir. Ils ne te laisseraient pas partir. Et elle ? Elle n’a jamais semblé très intéressée à l’idée de venir te rejoindre ici, à Polaris. Tu sais même pas si ce serait possible, si elle pourrait vraiment quitter Caer Hrid pour se retrouver dans ces contrées enneigées. - Mais ça va, c’est temporaire. T’as envie d’y croire que c’est temporaire. T’as besoin d’y croire, en fait. De te raccrocher à quelque chose pour ne pas défaillir. - Tout va s’arranger quand on va remonter. C’était ce qui te permettait de te lever tous les matins depuis cinq ans, cette conviction que tu avais qu’une fois loin d’ici, tous tes problèmes s’envoleraient. Tu voulais pas concevoir qu’il puisse en être autrement.

Tu finis par hocher de la tête. Oui, il valait sûrement mieux changer d’endroit. - Désolée, j’aurais pas dû parler de tout ça. Tu te concentres avant de faire changer le décor. Vous êtes quelque part en Angleterre, sur la base militaire. Vous êtes tout de même assez loin des bâtiments car, même après autant de temps, tu restes une militaire loyale et tu ne voudrais tout de même pas être accusée d’avoir révélé certains secrets. Ce serait ironique, compte tenu de ta situation actuelle. - Moi c’était ici que je passais le plus clair de mon temps. Tu souris un peu plus franchement tandis que l’endroit semble abandonné, des bâtiments effondrés ici et là. - Je faisais la majorité de mes essaies ici. Avec les explosifs, j’entends. Tu pointes ensuite un terrain vague plus loin. - Et là-bas, je faisais mes exercices de déminage. Ton regard se lève vers le ciel tandis que tu reprends. - Je n’ai jamais aimé blesser les autres. Ce n’est pas pour ça que tu as rejoint l’armée. - Mais j’ai toujours aimé faire exploser des trucs. Tu dis ça en riant. Ça explique sans doute beaucoup de ton caractère flamboyant, cette passion évidente que tu avais pour les explosifs et ce, même si celle-ci avait été mise de côtés depuis les dernières années.