S'il avait pu choisir, s'il avait pu être choisi, il aurait voulu se loger ici, au creux d'une vallée étoilée.
S'il avait pu seulement, mais sa nuit lui avait été volée par une fiévreuse maîtresse, ainsi son destin fut scellé.
Moebius au rêve dévorant, Moebius au touché somnolent, a mit le pied dans la porte, fait sonner le clairon.
S'il vient en guerre, celle-ci est contre lui-même. Paradoxalement, la paix il recherche, et vient chercher en ces lieux. Ainsi est-ce un drapeau blanc qu'il soutient à son front, une mine soucieuse comme un cachet, un sourire en guise de tromperie pour quelques diables.

Son soucis est dément, il l'a lié au lit, roué de chaleur, fait suer de frayeur. Rêver ? pourquoi faire la vilaine a pensé ! elle l'a fait fondre dans ses souvenirs, s'oublier pour mieux se redécouvrir. Cela faisait depuis un moment que ses fièvres devenaient insoutenable, et pourtant, il continuait de les supporter. Les concoctions du désert, à force de les avaler, avait un effet affaiblis sur la maligne. Il lui fallait une autre solution, peut importe le prix. Il le pensait toujours, là, le pied dans la porte, le tintement résonnant dans l'antre sombre. Est-ce seulement ouvert ? il est encore tôt, le voyage a été long et il a perdu la notion du temps.  

Venir a Requiem ne fut pas une paire de manche, surtout que la dernière fois qu'il était venu, les raisons avait été douteuses, une histoire de vengeance et de cauchemar ; heureusement il avait eut une commande de rêveries dans le même secteur, ce qui lui avait permis d'entrer, et avec encore plus de chance, il avait réussi lors de sa maudite revanche, à ne pas se faire attraper (tout au plus une rencontre fortuite avec une chienne de garde, sans morsure heureusement).

Il passe la porte, cette boutique respire la nature mis en bocal, les étagères sont pleines, le monde ici semble s'écouler au ralenti, à la hauteur de pousse des plantes. Moebius tente quelques échos :

Il y a quelqu'un ? J'ai besoin de votre guidance...

Un, deux pas, il referme avec précaution la porte derrière lui et prend le temps d'observer les étiquettes, soulevant de ci une boîte, de là une potion. Il parle tout haut comme s'il est sur scène, dans le doute qu'on l'entende là, quelque part, comme si lae tenant de ces lieux pouvait se tenir tapis dans l'ombre, ou bien même dans une ombre. Il y a bien un cristal comme ça non ?

J'ai besoin de quelque chose de fort contre les états fiévreux, voir délirant, quelque chose de tenace qui permette de tenir debout, tenir le coup, vous êtes là ...?

et par là le voilà qui se rapproche d'une porte dérobée, essaie de voler des coups d’œil derrière celle-ci, n'osant la franchir par peur de transgresser.

Dans la pénombre du lieu dansent les ombres, il recule de quelques pas étant toujours interdit à traverser la porte mais il n'a pas à le faire qu'une voix s'élève de l'au-delà. Une voix claire et chantonnant, comme un orgue, Moebius ne sait pas quoi en penser, de cette façon de parler, on dirait qu'il est rentré dans l'échoppe d'un.e voyant.e, avec ses cachoteries à chaque mots, ces facéties à demander le passé pour mieux conter l'avenir.

Mais quelque part, ça lui plait, ça lui rappel lui-même sa façon de vendre ses rêves : avec une part de mystique. Enrobe le donc dans tes mots sucrés, il n'est pas farouche et dans ton écho il reconnait le sien. Vient donc l'endormir entre tes mains, il n'en demande pas moins, qu'une caresse bienveillante vienne voler le sort que la vilaine fièvre lui a lancé. Et lorsque tu apparais dans l'encadrement de la porte il ne t'imaginais pas autrement : vacillant.e telle une flamme, il ne saurait te genré par tes si doux traits. Il reste comme un enfant sur place, fasciné par tant de théâtre. Mais voilà que sa bouche se meut, il faut bien te répondre :

Des fièvres...le contre-coup de l'utilisation de mon cristal. De fortes fièvres qui durent plusieurs jours, qui m'abattent sans rien demander, des vilaines qui s'accroche à mon sein dès que l'occasion se pointe, il me faut les amadouer, mais voilà depuis un moment que les remèdes du désert me desserre. Je ne sais plus quoi faire, je m'en remet à vous, vous me sembliez expert...

Il est sûr de ne pas s'être trompé, derrière cette allure halluciné il sait que tu es la personne qui lui faut, qui lui rendra ses nuits douces et confortable lors de ses plus grandes sueurs.

Il lae regarde, avec attention, faire sa mixture avec une concentration de grand maître. C'est un.e peintre de choix il comprend bien en lae voyant tournicoter les mixtures, les rendre toutes brillantes, pleine d'une magie tout autre que celle d'althéa, une magie toute savante. Moebius laisse retomber sa capuche en arrière, il attrape son masque et le retire, c'est la moindre des choses qu'il a faillit oublier, ce qu'il manque de décence dit donc, il a été transfixé c'est pour cela, par le beau travail, par les bonnes odeurs. Et devant cette potion là, il reste interdit, comme ayant peur de la toucher, elle a l'air si fragile, la bouteille comme les doigts qui la tiennent.

Comment ?

Il n'est pas sûr d'avoir tout compris, est-ce qu'il ne doit pas en prendre beaucoup sous peine de mourir, est-ce bien cela ? Ou doit il revenir le lendemain pour une autre préparation ? Il ne sait pas, cette façon de parler si joliment le rendait quelques peu fiévreux sans l'être, c'est que les mots roulent tout ronds et se perdent dans des tréfonds de sens dont il n'a pas l'habitude. Pour le coup il se sent un peu benêt.

Je dois en prendre avec parcimonie c'est ça ? Ou....je dois revenir demain....?

Il essaie de deviner en parlant doucement, d'une voix qui tâtonne sur le chemin. Il cherche dans ses poches à droites et à gauche sa bourse, jusqu'à la déposer sur le comptoir dans un joli son chantant, elle est pleine de lumas.

Est-ce que c'est suffisant ? Vous pouvez compter...je ne connais pas trop les prix par ici...

Ces lumas il les a durement gagnés, à la sueur de son front, et à celle d'un homme à présent qui mange des marguerites. Mais ainsi va la vie au désert, il ne faut pas trop en être choqué. Lui même ne s'en fait pas tant que ça, accepte toutes monnaies d'échange pour ses méfaits.

Parcimonie il retiens, oui donc juste un peu sinon c'est couic, c'est cela ? il a bien compris au moins là, et il faut revenir le lendemain ? Ah bon ? pour que ça macère ? Il se gratte le menton en se demandant s'il comprend bien tout, lui n'y connait rien à cette affaire là il lui faut plus d'éléments, mais soit, sûrement que lae apothicaire ne veut pas révéler tout de ses mixtures.

Mais il n'a pas le temps d'entendre la parti concernant le paiement que cette dernière est coupée dans son élan. Voilà que tel.le un.e pince.sse désœuvré.e iel s'évanouit devant lui. Heureusement Moebius qui a le pas léger, et l'habitude avec ces protégé des piques de sommeils, il vient de justesse rattraper lae bel.le. Un instant plus tard et son museau aurait frappé le plancher. Moebius soupire et te laisse reposer doucement contre le sol. Il te met en position de sécurité et vérifie ton pouls, toujours vérifier le pouls, ça il a l'habitude, il le fait toujours pour les personnes qu'il tue, pour s'assurer de leur sommeil profond, sans retour. Le pouls semble stable, il est déjà rassuré, tu semble bien respirer aussi. Es-tu narcoleptique ? Il ne sait. Tout ce qu'il sait est qu'il faut qu'il te veille. Il pousse la porte de l'arrière boutique et te traine dans celle-ci, te traine jusqu'à trouver un canapé ou quelque chose où t'allonger plus confortablement, parmi les plantes. Il passe tes cheveux derrière tes oreilles, ce que tu as un joli visage, il n'y a pas que ta voix qui est pleine de beauté.

Il attendra
le temps qu'il faut
pour que cette doucereuse sieste prenne fin
et que tu reviennes à toi
car payer il te veut et puis plus simplement
il veut être sûr que tout va bien, pouvoir aller quérir un médecin s'il voit que ton état s’aggrave. Il ne sait pas quoi faire d'autre en attendant alors il regarde autour de lui, les lieux dans lequel il se trouve, l'arrière boutique est encore plus pleine de plantes, de bocaux, il plisse les yeux pour lire les petites étiquettes griffonnées de là où il est. Sans grand succès il faut dire, mais il passe le temps comme il peut.

Tu dors à point fermé, il te veille comme il le ferait pour n'importe laequelles de ses dormereuses usuelles.
Tu reposes à ses côtés et il ne peut qu'apprécier, tes cils fins et remplies, la courbe de ton arc de cupidon, la pointe de ton nez, lui qui n'a rien à faire d'autre que de te protéger, contre quelques maux qui pourrait surgir tel des assassins et venir te voler le peu de souffle que tu as. Mais il est là, il restera là jusqu'à ton éveil car lui même est de ses prédateurs qui rodent aux heures tardives (et donc bien équipé pour les affronter). Heureusement, personne d'autre n'entre dans la boutique, et les heures s'écoulent sans que rien ne viennent troubler ton sommeil.
Moebius est patient, il ne s'endort pas, il ne bouge pas, il reste contre toi, tel un protecteur contre quelques fantômes qui passeraient par là.

Et enfin, sonne l'heure.
Tu ouvres les yeux et te redresse, bien preste.
Lui te regarde avec un petit sourire sans rien dire, ça lui fait plaisir de te voir requinqué.
Il aimerait bien t'offrir un bon thé, mais il n'est pas chez lui, ne connait pas l'étendu de cette maison-ci.

Je ne devrai pas être ici ? Moebius en rit, d'un rire sonore qui chute contre les murs, dégringole le long de ses épaules qui tressautent sous le poids de son ton. Je ne pouvais pas te laisser au sol dans la boutique quand même ! Imagine si un client était rentré et qu'il t'aurait vu là étendu, sup, ça aurait pu se retourner contre moi !

Mais maintenant qu'il y pense il n'a même pas pensé à fermer la porte et mettre l'écriteau pour clore la boutique, n'importe qui aurait pu rentrer, n'importe qui aurait pu le surprendre sortir de l'arrière boutique et le prendre pour un vilain voleur. Heureusement la chance a été de son côté il faut croire, maintenant qu'il y repense, il l'a échappé bel ! Mais soit, ce n'est pas le sujet.

Qu'aux effets escomptés ? Oooh...il vient de comprendre, Non non, je ne suis pas fiévreux maintenant, c'est pour utiliser plus tard ! Je ne sais pas quand je l'utiliserai, c'est bien embêtant tout ça...n'y a t-il pas un moyen pour que je puisse te payer maintenant ? Si tu refuses l'argent je peux te payer en rêverie, d'un joli rêve tout frais tout chaud choisi rien que pour toi, qu'est-ce que tu en dis ? Je sais que tu viens de faire un petit somme mais eh, et il hausse les épaules, ne sachant que te proposer d'autre.

Voudras-tu bien t'endormir à nouveau ? Entre ses bras te faire enfants et te blottir dans un rêve chaud, chaud comme le sable de son désert, doux comme une tombe dans laquelle on entre de plein gré, voudras-tu bien venir te perdre dans ses contrées ? de celles pleines de vallées qui dansent avec les nuages et s'endorment dans des brouillards imagés. Brume de nuit comme de jour, brume d'esprit. Brumeuses aventures qu'il offre pour tenir compagnie tout au long des nuits.