Nouvelle journée, nouvel entrainement. Les choses étaient un peu différentes cette fois, en partie en raison des derniers événements qui ont chamboulé la vie à Polaris. Ainsi, en raison d’une nouvelle apparition sur les réseaux sociaux, un entrainement particulier a été organisé. Ce n’est pas tellement pour pratiquer vos éventuelles tactiques en vue d’un match ou quoi que ce soit de comparable. Non, cette fois, c’est beaucoup plus subtil que ça, c’est une tentative de profiter de toute la bonne publicité que le club peut avoir. Ça ne te surprend pas en soit, après tout c’est ce qui explique ta présence sur certains plateaux de télévision pour vanter les mérites de l’équipe ou de la position célestienne en général. C’est quelque chose que tu apprécies, pas tellement parce que tu y crois ou que tu trouves ça particulièrement intéressant, mais bien parce que t’aimes la certaine célébrité que ça t’apporte. Ce pourquoi t’abordes la journée en perspective avec une certaine dose d’enthousiasme. Après tout, ça ne peut qu’être une bonne chose de passer du temps avec un influenceur et t’assurer que son buzz apporte un certain avantage au club.

C’est donc avec un grand sourire que tu attends devant le stade qu’un jeune homme se rapproche. Tu le reconnais grâce aux photos que tu as pu voir sur les réseaux sociaux, assez pour avoir une certitude quant à celui que tu salues d’un signe de main. « Worldvolg c’est ça ? » Probablement pas le nom qui lui a été donné à la naissance, mais c’est celui qui vogue sur le net alors c’est peut-être celui qu’il préfère. C’est bien souvent ce qui arrive avec les influenceurs non ? T’en sais trop rien à vrai dire, tu ne t’y attardes même pas d’ailleurs. « Ahsoka, enchantée. » T’es presque tentée de souligner que t’es une attaquante de pointe de l’équipe, qu’il devrait être honoré de pouvoir s’entrainer avec vous de cette façon, mais là n’est pas tellement la question. Ce n’est certainement pas l’objectif de la journée et tu sais qu’il vaut mieux que tu restes concentrée sur la bonne chose.

Ainsi, tu lui fais plutôt signe de te suivre vers les vestiaires. « On va te filer un maillot pour l’entrainement, puis ce sera quelques photos avant qu’on puisse passer aux choses sérieuses. » Toutes les étapes de cette journée te conviennent, t’aimes bien ce genre de planning. Pour l’heure, c’est rien de plus compliqué, juste choisir un maillot. Bon en soit, à tes yeux, c’est aussi quelque chose de sérieux, mais le pauvre jeune homme ne doit pas s’y attendre. « T’as juste à choisir le bon numéro pour ton maillot. Je te conseille le 07. » Et si tu dis la chose avec une légèreté évidente, il ne faut pas croire que ce n’est pas important à tes yeux. La preuve tu désignes le dos de ton propre maillot, celui qui affiche le 07. Il y a des bons choix à faire, notamment porter le meilleur numéro de l’équipe.

Tu sais pas trop ce à quoi tu t’attendais lorsqu’on t’a parlé d’un influenceur, mais autant l’admettre, ça ne ressemblait pas au jeune homme qui se tient devant toi. Il n’a pas l’air très confiant, à des lieues de l’image que toi tu renvoies, celle que tu aurais pu imaginer de la part d’une célébrité. Et pourtant, contre toute attente, il prend la peine de te corriger quant à son pseudonyme. Tu t’arrêtes, un peu surprise. « Ah oui, autant pour moi. Ma langue a fourché. » En même temps, quelle idée de s’appeler Worldvlog, ça veut rien dire ça. Peut-être que t’auras l’occasion de lui faire la remarque au cours de la journée. Pour l’instant, il faut surtout que t’essaies de le mettre un peu plus en confiance. Tu vas pas le manger non plus, tu ne comptes même pas te montrer moindrement désagréable avec lui. Dieu sans que tu en es un peu trop capable lorsque les mauvais côtés de ton caractère reviennent prendre la place. Pas qu’ils soient près de montrer le bout de leur nez alors qu’il vient te surprendre avec une formalité que tu n’imaginais vraiment pas d’un influenceur. Qu’importe. Tu lui serres la main avec un sourire charmeur, parce que ça, c’est quelque chose qui le rendrait plus à l’aise (ou pas).

Tu le laisses un peu plus tranquille lorsque vient le temps de choisir son chandail. Tu ne veux pas trop empiéter sur sa bulle et le laisser vaquer te permet de réfléchir un peu pour essayer de comprendre d’où vient sa gêne. Est-il vraiment si intimidé à l’idée de côtoyer quelques célébrités ? C’est une hypothèse qui plait bien à ton égo, mais tu doutes qu’elle soit véridique. Un peu perdue dans tes pensées, tu reportes ton attention vers lui lorsqu’il tente un dernier titre à mettre avant ton nom. « Ahsoka c’est suffisant. » Tu l’interromps peut-être dans sa lancée, mais tu te dis que c’est le genre de chose qu’il faut préciser. T’as pas non plus envie que l’on t’appelle madame pour une journée entière. T’es pas si vieille que ça non plus, t’es surtout trop jolie pour être résumée en une formule de politesse, ton prénom est nettement mieux dans le genre.

Puis la question de comment s’adresser à toi se trouve rapidement aux oubliettes lorsqu’il parle d’un secret à avouer. Tu te tournes vers lui, hoches légèrement la tête pour lui faire signe de poursuivre. Oh. C’est tout ce qui te vient en tête lorsqu’il termine sa tirade. Tu restes sérieuses un bref instant avant de rire un bon coup. « Et t’as un nom, monsieur le nobody ? » Est-ce vraiment la question importante de son aveu ? Probablement pas, mais au moins t’aurais pas utiliser son surnom débile. C’est une bonne chose à tes yeux. « On s’en fiche un peu en fait. Visiblement tout le monde croit que t’es lui, ça me suffit. » Tu t’en fiches complètement en fait. T’es pas là parce que t’es fan de Worldvlog, t’es là parce qu’on te l’a demandé, rien de plus rien de moins. Tu t’approches du jeune homme pour lui donner quelques tapes franches sur l’épaule. « Puis t’es plutôt chanceux en fait, il y a plusieurs personnes qui voudraient être à ta place. » Comme si ça pouvait avoir une quelconque importance pour lui qui semble si mal à l’aise. T’essaies de lui montrer le bon côté des choses, c’est sympa de ta part non ?

Oui mais ? Tu retournes la tête à ses mots pour l’observer. A-t-il vraiment une objection à formuler ? Ou plutôt, pourquoi aurait-il une objection à formuler ? Tu ne comprends pas vraiment, tu ne sais pas si ça t’intéresse en fait. T’attends qu’il continue, qu’il te dise le problème, mais sa réponse ne t’éclaire pas beaucoup plus. Oui d’accord, penser à lui un peu, mais… tu sais pas trop ce que ça implique. Tu le regardes donc, perplexe, cherchant à comprendre ce qu’il veut bien dire par là. Faute de trouver par toi-même assez rapidement à ton goût, tu te contentes de demander : « C’est-à-dire ? » Parce que bon, t’as beau te creuser la tête, tu ne t’expliques pas pourquoi il semble aussi nerveux, paniqué même. Après tout, à tes yeux, c’est un bon moment pour tout le monde, surtout pour lui, surtout s’il n’est qu’un inconnu et qu’il n’a pas l’habitude de la gloire. Il ne semble pas du même avis que toi, pas vraiment convaincu par tes dires que tu considères être une évidence. « Oui chanceux. C’est une belle opportunité. » Une chance même, c’est pour ça que t’as commencé avec ça. Tu le penses vraiment. Ton égo te le permet, sans compter le fait que tu ne seras pas la seule présente sur place et que par conséquent, la chance de participer à un événement avec vous n’est que rehaussée.

Quoi qu’il en soit, ça n’importe que très peu puisqu’il enfile tout de même le maillot recommandé. Tu lui adresses un sourire, contente de ce dénouement. Il finit par te poser une question qui t’étonne un peu. On ne lui a rien expliqué avant de l’envoyer ? Tu n’es pas surprise, c’est le genre de chose qui arrive souvent, mais bon ils auraient pu faire un effort. Pour ce qui est de la demande qu’il te fait, tu n’as rien contre. Tu supposes que ce n’est pas ce que les membres du marketing de l’équipe veulent, mais est-ce que ça t’importe vraiment ? Non, bien sur que non. Ils auraient pu faire une meilleure recherche avant tout. Puis au moins, ça te permettrait d’un peu mieux paraitre devant l’éventuel public, que demander de plus ! « Rien de bien compliqué. Quelques photos, un petit entrainement, peut-être un match si tu le sens. » C’est avant tout une opération de marketing alors au fond, c’est surtout une question de bien faire paraitre toutes les personnes impliquées. « Puis t’inquiètes, Pavel c’est plus facile à utiliser. » Surtout vu comment ta langue a fourché quand t’as essayé de dire le surnom. Puis si ce n’est pas lui, tu ne te vois pas l’utiliser.

Sans plus de cérémonie, maintenant qu’il a enfilé un maillot, tu lui fais signe de te suivre. Tu ne vas pas t’attarder mille ans dans les vestiaires non plus. « T’as déjà taper dans un ballon quand même ? » Le sport c’est un peu plus que ça, c’est pour ça que tu y dévoues tout ce temps, mais au final, pour ceux qui n’en font pas vraiment, tu supposes que c’est une bonne description. Puis, il faut dire que tu as vu le petit génie du centre de recherche manquer son coup complètement, alors tu te dis que ce n’est pas plus mal de commencer plus simplement. « De toute façon c’est juste pour le plaisir. » C’est fois c’est vraiment le cas. Bon, ce serait une toute autre réalité s’il se révélait être un footballeur hors pair, mais franchement t’en doutes.  

Au final, tu ne comprends vraiment la position du jeune homme, mais puisqu’il n’insiste pas sur la question, tu ne vois pas l’intérêt de le faire. À la place, tu te contentes d’esquisser un sourire, de te montrer encourageante, même lorsque tu réalises qu’il flotte dans le chandail qu’il porte. « Faut croire que t’es un peu fin. » Pas une critique en soit, juste une observation que tu ne peux retenir en le regardant. T’hésites un peu, avant d’ajouter. « Tu peux surement trouver quelque chose d’un peu plus à ta taille si tu veux. » Ce n’est pas très important au fond. Le chandail est accessoire, ça ne l’empêcherait pas de courir sur le terrain dans tous les cas. Peut-être que c’est dérangeant s’il veut bien paraitre sur les photos, mais tu ne penses pas qu’il s’agit vraiment de l’une de ses priorités.

Non à la place, il semble plutôt surpris (pas dans un bon sens) par ton annonce comme quoi il aurait droit à un entrainement ou même un match. Tu te retiens d’éclater de rire devant l’horreur que tu peux déceler dans sa réaction. Faut croire qu’il panique encore plus qu’avant, pourtant t’as rien dit de particulier. Tu te contentes donc d’hausser les épaules et de lui adresser un sourire qui se veut encourageant. « Ça va bien se passer t’inquiètes. » Tu vois pas trop ce que tu pourrais dire de plus sauf peut-être le laisser partir, mais tu doutes que ce soit vraiment une possibilité au fond. La séance de pub est bénéfique au FC Celestia et à… l’organisation ? Le département ? Tu sais pas trop ce qu’il fait dans la vie, mais ses patrons l’ont envoyé là alors ill serait étonnant qu’ils le laissent se la couler douce en la matière. Vaut mieux qu’il t’accompagne, ce qu’il semble se résigner à faire.

C’est donc avec un enthousiasme certain que tu le mènes jusqu’au terrain. Sur place se trouve quelques membres de ton équipe qui s’entrainent comme à l’habitude, mais aussi quelques reporters qui gardent les caméras braqués sur le terrain. Tu salues certains journalistes que tu reconnais, sans doute ceux qui ont été invité à assister à la séance. « On va commencer par quelque chose d’un peu plus amusant, ils prendront des photos en même temps. » Tu sais pas trop si c’est ce qu’il préfère. T’as bien vu la panique quand t’as parlé de match, mais de là à te dire que c’est le problème… Tu penses pas comme ça. Tu te dis même que ça doit être mieux que des entrevues. « On échange quelques passes et après tu pourras tenter les tirs au but. » Tu pourrais lui proposer de faire office de gardien, mais tu supposes que ce serait un peu trop méchant alors qu’il semble paniqué à l’idée de seulement faire du sport.

« Si ça devient trop tu me le dis. » Que tu finis par lâcher avant d’aller récupérer un ballon que tu frappes d’un coup de pied dans sa direction. « C’est juste pour s’échauffer. » Une partie de plaisir en somme, vous aviez pas besoin de faire beaucoup d’efforts ou de montrer des prouesses. Tu t’efforces même de ne pas frapper trop fort histoire de ne pas l’intimider plus que nécessaire. Ouais, en fait tu fais des efforts même dans ton élément, histoire qu’il se sente pas trop mal.  

Est-ce que tu remarques l’augmentation du malaise de ton compagnon de la journée ? Absolument pas. Étant on ne peut plus dans ton élément, tu ne parviens à imaginer comment il pourrait paniquer à l’idée de se lancer un ballon ou le frapper d’un coup de pied bien placé pour marquer un but. Pour toi, c’est ta vie de tous les jours, c’est la routine, rien de plus. Tu fais quand même des efforts pour le ménager, mais il ne fait aucun doute que tu ne vois pas le coeur du problème. C’est pour ça que tu te laisses convaincre par sa réponse positive à ta question, c’est ce que tu voulais entendre après tout. Tu lui adresses un nouveau sourire alors que tu l’amènes sur le terrain. Il pouvait le faire qu’il disait, alors pourquoi te poser plus de questions ? Pour rien, parce que toi t’es bien à t’entrainer avec ou sans lui. Cette fois c’était avec lui et un public de caméras, rien de particulièrement stressant. Si tu peux performer pendant un match, ce n’est pas quelques caméras qui allaient te gêner. Et même si tu le prends avec des pincettes, tu te dis qu’une fois dans l’action ça irait bien pour lui aussi.

Ce n’est donc pas étonnant que ton coup de pied envoie précisément le ballon dans sa direction. Ensuite tu te contentes de l’observer, de le voir se préparer à taper sa cible… pour la manquer. T’es un peu surprise, principalement parce que t’étais certaine de bien avoir visé. Tu t’apprêtes à le rassurer, à lui dire que ce n’est pas très grave lorsque tu vois une chaussure foncer dans ta direction. Probablement que tu l’aurais reçu en plein visage si ce n’était de ton don. Au dernier moment, tu augmentes ta vitesse pour te déplacer d’un pas avant d’éclater de rire. Ta réaction aurait surement été différente si la chaussure avait trouvé ton visage, mais puisque tu as pu l’éviter, tu préfères en rire. « Tu sais que normalement c’est le ballon qu’il faut lancer ? » Enfin taper, mais pour le coup, c’est plus représentatif de ce qui s’est passé. Tu te recules pour récupérer son soulier que tu lui lances, espérant qu’il parvienne à l’attraper sans se le prendre en plein visage à son tour. Tu te ramènes ensuite à côté de lui. « Tu préfères peut-être les tirs au but ? Il y a moins de risque d’attaquer quelqu’un. » Tu rigoles encore un coup en passant le commentaire. Il faut dire que sa maladresse t’amuse plus qu’autre chose. Est-ce que tu ris de lui ? Peut-être un peu, même si au fond, tu te défendrais en disant que tu ris avec lui (même s’il n’a pas l’air de trouver ça si drôle.

Sans vraiment attendre de réponse de sa part, tu lui fais signe de te suivre jusqu’au but qui n’était pas actuellement occupé par tes coéquipières. Autant qu’il s’habitue avant que tu lui mettes des adversaires dans son chemin. S’il n’arrive pas à marquer des buts sans gardien, il y arrivera encore moins s’il y a quelqu’un pour le bloquer. Tu t’éloignes quelques instants le temps de ramener un bac avec des ballons. « Comment t’as fait pour qu’on pense que t’es Worldvlog ? » T’es curieuse, après tout, ça semble le déranger, tu doutes donc qu’il ait cherché à se faire méprendre pour la sensation qu’il avait usurpé. « C’est certainement pas en faisant du football. » Tu plaisantes un peu (encore) à ses dépends, mais tu ne t’étends pas sur la question préférant envoyant un premier ballon dans le but, l’invitant à en faire de même.