T’es pas surprise que ce qui la met dans cet état soit en rapport avec sa fiancée. Même qu’à bien y penser, t’aurais du t’en douter depuis le début. Ça explique certaines choses, ça en complique d’autres. Tu connais pas grand chose de leur relation - ou de Lexie en général en soit - mais t’as bien compris qu’elle n’est jamais rationnelle quand ça concerne Ridley. T’aurais donc surement du faire plus attention en insistant ou plutôt t’aurais du t’avouer vaincue à ce moment là. Tu ne le fais pas, il n’y a rien de surprenant dans un tel comportement de ta part, mais tu t’en mords rapidement les doigts. Tu t’attendais pas à une telle réponse de sa part. Ça te fait mal, bien plus que tu ne voudrais l’admettre. Tu pourrais répliquer quelque chose de brillant si ce n’était du fait que son commentaire te blesse. Tu figes, incapable de rétorquer que t’es peut-être qu’une sportive, mais que ça implique justement de prendre soin de soi à un niveau qui dépasse sans doute ce que Lexie a l’habitude de faire. T’aurais mille et une choses à répondre si ce n’était du fait que sa réplique frappe un peu trop fort, frappe une zone sensible de ton estime personnelle.

C’est peut-être pour ça que tu réagis aussi drastiquement. Tu penses aider en lui retirant son téléphone. Ça ne sert à rien d’obséder sur une conversation avec sa fiancée qui ne semble pas avancer. Tu lui demandes même pas ce dont il en retourne, c’est pas ton rôle dans l’histoire. Non, toi tu veux juste l’aider, lui changer les idées et pour ça, faut que tu lui retires son téléphone. Le problème ? C’est que si cette fois tu t’attends à ce qu’elle réagisse mal, tu ne réalises pas à quel point. « T’es peut-être une adulte, mais tu fais n’importe quoi. » Et c’est ton rôle d’amie de l’empêche de se laisser consommer par ses mauvaises décisions. Sauf que vous n’êtes probablement pas autant amies que tu ne l’aurais cru. Parce que sa réaction dépasse largement ce que tu aurais pu imaginer. Tu la vois se dresser devant toi sous sa forme animal. Tu songes un instant à essayer de la fuir quand même - au moins ça la fait courir après tout - mais si tu peux imaginer la dépasser un bref instant grâce à ton don, tu doutes que ça soit plus efficace que ça.

De toute façon, tu n’en as pas l’occasion que la bête devant toi - ton amie supposément - te bondit dessus et te fait tomber au sol. T’as pas mal. T’es peut-être juste blessée dans ton égo (encore un peu plus). Tu la laisses faire alors qu’elle récupère son téléphone et son sac de sport, n’écoutant qu’à moitié ce qu’elle te dit. T’as compris le message. T’as compris ce que ça veut dire. « Ouais c’est bon fais ce que tu veux. » Tu voudrais dire que t’en as rien à faire de ce qu’elle fait au final, mais c’est loin d’être le cas. Tu comprends juste qu’elle se laisserait pas faire de toute façon, alors à quoi bon. Tu attends qu’elle reparte avant de te relever. Tu comptes justes rentrer et te laisser entrainer dans une quelconque idée de Nathan. Ça te fera du bien. Ça te permettra d’oublier le commentaire qu’elle t’a fait, de te considérer comme plus qu’une sportive qui fait que taper dans un ballon.