Il balbutie tout comme la nuit, sans savoir où il avance, le temps passe comme au ralentis, l'herbe noir sous ses pieds quand à elle défile à vitesse grand v, il avance mais il ne sait par quel miracle. Sûrement est-il à moitié affalé contre sa sœur, sûrement ses pieds se sont fait automates par nécessités. Sa tête tourne, il voit des anges, la clarté qui perce parmi les grands arbres nimbe le chemin et ses pensés, il chante dans sa tête des louanges au talisman d'invisibilité et en vrai, marmonne sa chanson tel un saoulé.

Que ferait-il sans toi, que ferait-il sans vous, sa famille du désert. Dans ces moments il est tel un nourrisson braillant. Berce-le Kiana, la maladie prend le pas. Vous vous arrêtez un instant, le voilà contre les reste d'un arbre, même assit, il tangue. Ses paupières papillonnent, il a du mal à rester conscient, ses mains tremblotes, cherche ses poches pour quelques remèdes, mais il est si fatigué. Il pense appeler Kiana mais aucun son ne sort d'entre ses lèvres, il a la gorge sèche. Elle est pourtant à côté de toi ne la vois-tu pas ? Ses yeux clos lui semble ouvert, il a l'impression de voir quelques mirages jouer à cache-cache derrière les arbres, la forme lui dit quelque chose, on dirait lui enfant, un moebius d'un autre temps.

Il est l'heure de se relever, tu n'as pas le temps de somnoler longtemps, alors c'est debout que tu rêves, traînant la pattes tel un éclopé, ce que tu peux lui en faire baver. Tu ne sais combien de temps a passé, tu ne t'es même pas rendu compte des allées et venues de ta cher sœur, tout occupé à rêvasser que tu étais. La lumière se tamise, pourtant vous ne vous êtes pas enfoncé dans la forêt, bien au contraire, vous voilà enfermé entre des planches d'arbres tués. N'est-ce pas tel un cocon ? Il y fait tout du moins moins froid que dehors, toi-même vois-tu, trembles moins.

K-Kiana...murmure-t-il, il a les yeux mis-clos, il se racle la gorge, tire sur son col, cherche son air, il étouffe et tout à la fois à froid. il vient enfin tirer une des manche à elle, dans mes poches...réussit-il à articuler, avant de s'étaler contre ses cuisses, tel un grand blessé.

Il aimerait surjouer mais ce n'est pas le cas, il est en ce moment même, perdu entre ici ailleurs, Caer et Paris, la brise et la pluie, il navigue à contre courant du temps, il se noie dans un dédale de moment, ancre le te supplie-t-il en rêve, ramène le à la maison.

La douce torpeur, il expire profondément après avoir pris le traitement. Le voilà tout contre toi, cherchant ses aises. Bien vite néanmoins, il sombre, et ni ses blessures, ni la fièvre ne réussit à le sortir de ces rêves. Il dort ainsi profondément pendant combien de temps ? Il ne sait, tout du moins lorsqu'il s'éveille la clarté extérieur filtre par les interstice de la modeste bâtisse dans laquelle vous vous trouvez. Il reste un instant interdit, prostré dans sa position d’éveil, puis il se racle la gorge, cligne ses yeux humides et toujours fiévreux, avant d'interpeller Kiana.

...il est quelle heure ?

Comme si vous pouviez savoir, enfermé dans cette boîte qui sent le pin et la terre. La fièvre est toujours là, mais tout du moins est-elle supportable. Moebius cherche ses poches et retire une autre dose de médicaments qu'il prend sans attendre, il ne faudrait pas que la vilaine remonte.

Il s'assoit de façon plus convenable qu'avachit contre toi et s'étire autant qu'il le peut dans cet endroit. Vous avez été chanceuxse, personne n'est venu troubler votre sommeil, tout du moins il espère que tu as pu te reposer un peu. Il te regarde alors et te prend la main, la sienne est  toujours chaude.

Merci....

D'être là, toujours, lorsqu'il a besoin de toi. Mais il n'a pas besoin de le dire, elle comprendrait avec ces cinq lettres, c'est suffisant, il ne veut pas la mettre mal à l'aise non plus. Bon, il leur reste encore un sacré chemin à faire, il va falloir que Moebius prenne sur lui pour la suite du voyage. Voit comme il se lève, bien qu'avec difficulté, déjà prêt à mettre les voiles.

Je me sens un peu mieux, on devrait pouvoir faire le retour, si on y va tranquillement...

Bien sûr son monde tangue toujours, mais il a l'habitude maintenant, c'est que la fièvre, c'est une vieille amie à présent. Les médicaments la tienne en cisaille, il ne devrait pas s'en inquiéter pour les prochaine heures, elle sera toujours là, mais tout du moins moins forte que d'usage. Ce qu'il regrette à présent, c'est bien d'être venu léger jusque ici, il n'a pas de sac, donc aucun vivre, un peu de nourriture aurait bien été utile en cette...matinée ? Il n'est pas sûr, il va falloir sortir pour confirmer.

Je reviens il faut que j'aille au petit coin.

Et le voilà qui s'en attendre, va ouvrir la porte avec précaution, il se faufile dehors, la fraîcheur du matin l'accueil, il tremble, ses sueurs sont toutes aussi froides. Il referme sans bruit la porte derrière lui et commence à s'éloigner pour trouver quelques buissons, retournant vers la forêt. Une fois soulagé, il revient au cabanon.

Je n'ai vu personne, sûrement que tout le monde dort à cause de la fête d'hier soir...

Il s'appuie contre le mur en bois pour tenir debout, la mine fatiguée malgré la bonne nuit qu'il a fait. Sa balafre qui n'a pas été désinfectée lui donne une bien vilaine mine et lui fait tirer une grimace sous la douleur lancinante.

La marche est rude, Moebius suit à la traine sa sœur, il voit un peu flou et est clairement ailleurs pour le coup. Il y a un beau ciel c'est déjà ça, il ne manquerait plus que la pluie pour rendre le voyage pire qu'il n'est déjà pour lui.  Mais il ne se plaint pas, étrangement, il se sent même bien, son esprit a glissé dans une torpeur toute douce comme une couette chaude, il a un sourire béat contre le visage, tel un idiot. Enfin au bout de ce qui semble avoir été tout autant une éternité qu'une courte durée une ferme se profil à l'horizon. Vous vous approchez avec précaution mais personne ne semble à la maison. Les propriétaires doivent sûrement être dans les champs. Kiana se penche à une fenêtre ouverte pour subtiliser du pain qui reposait là en bordure. Moebius accepte gracieusement l'offre du bout de miche qu'il range dans l'une des poches de sa large cape. Il la mangera lorsqu'iels seront dans un endroit plus à couvert, moins dangereux. Kiana continue d'avancer et le hèle par rapport à des chevaux mais Moebius ne l'écoute qu'à moitié il regarde toujours par la fenêtre.

Hmhm....

Il décide de se faufiler par l'ouverture et c'est une jolie cuisine rustique tout équipée dans laquelle il se retrouve. Il ouvre les tiroirs, le frigo, les portes et fini par trouver adjacent à la cuisine, ce qui semble être le cellier, à l'intérieur des fromages, des bouteilles étiquetées. Il n'arrive pas à lire avec sa vues brouillées mais il retire quelques bouchon et renifle par dessus jusqu'à trouver ce qu'il est venu chercher : une bonne gnôle. Lorsque son méfait est commit, il ressort par la fenêtre, bouteille en main. Une fois dehors il la débouche à nouveau et la dresse au dessus de sa tête, il vide le contenu, yeux fermés, sur son visage en échappant des râles gutturaux qu'il retient du mieux qu'il peut, avant de lancer la bouteille vide au sol pour évacuer sa rage et sa douleur. Ses mains se crispent en poing, il trépigne, tourne en rond sur place en tapant du pied, agonise sans crier, il balance ses mains d'avant en arrière souffle un bon coup voir même plusieurs pour essayer de se calmer. Ça brûle mais il sait que c'est pour le mieux, c'est rudimentaire oui, mais ça suffira pour l'instant.

Après son petit cinéma, il retourne voir Kiana et hoche la tête concernant les chevaux, dont il vient flatter le flanc de l'un d'eux. Les montures ne sont pas scellées mais iels n'ont pas vraiment le loisir de faire les fines mouches, il faudra monter sans. Ce qui est bien est que les chevaux ont déjà leur mors, certainement sont ils préparé pour aller labourer les champs bientôt. Il faut alors que Kiana et Moebius se dépêche pour ne pas se faire attraper. Il n'a lui non plus, aucun soucis avec le vole, c'est un oublié après tout, parfois ça ne tenait que ça, entre passer une autre journée ou dépérir dans un coin de sable chaud. Il passe un bras autour d'un des chevaux et saute pour se hisser dessus, il ne réussit pas du premier coup car son corps est comme engourdis par son état fiévreux, mais la seconde est la bonne. Il attrape les rênes et les claques doucement pour faire avancer sa monture. De l'alcool goute encore de son visage mais il ne cherche même pas à l'essuyer, le vent fera l'affaire, il valait mieux que ça reste comme ça, le picotement le rassurait. Il avait peur de faire une septicémie si ça ne se désinfectait pas. Il avait appris quelques rudimentaire d'argot médicale bon dieu, en passant autant de temps à l'hôpital.

Allons-y sœurette, ces chevaux ont l'air de bonne facture, on va pouvoir aller loin avec.  

mais elle est tout à fait agréable je te rassure, va, allons-y !  

Il sourit et son sourire se transforme en grimace, tire sur ses fraiches blessures. Il regarde le ciel pour se situer au niveau des coordonnées et pointe tout droit vers l'est. Iels ont du chemin à faire. Il donne à son tour un coup contre les flanc de l'animal et le fait galoper, se retournant de temps en temps pour s'assurer que Kiana suivait toujours bien à l'arrière. Il n'a pas peur de tomber, il a l'habitude des chameaux et dromadaires où l'équilibre était beaucoup plus précaire alors un cheval à côté, c'est juste une aubaine ! La course n'est pas folle, elle est maitrisée il n'essaie pas de pousser l'animal à bout, mais il essaie de le presser tout de même un peu car il a besoin d'un médecin, et avec ce qui c'est passé dans les souterrain il vaut mieux que les oubliés déguerpissent le plus rapidement possible. Il ne sait pas après tout si les gardes qui ont vu leur visage vont faire un signalement, il ne peut pas prendre le risque d'être d'autant plus en danger, kiana compris.

Au bout de deux heures, il est temps de faire une première pause, reposer les chevaux. Iels ont déjà traversé nombre de petites routes, de versant, de chaumières sur le bas côté des chemins. Le paysage est vraiment magnifique à Caer, si verdoyant. Moebius profite à présent de la vue alors que son cheval se désaltère dans une flaque d'eau. Il n'ose pas se glisser en bas du cheval, quand bien même ses cuisses le cuise, il n'est pas sûr de réussir à remonter s'il descend, la fièvre le rend fébrile et il lui a bien fallut donner de lui-même pour rester en selle, il faut croire que lui aussi à besoin de se reposer de ces deux heures passées.

Il te regarde, vous êtes dans un sentier de verdures entre des prés, à l'ombre des cyprès. Il n'y a pas un chat, la campagne pure vous entoure. Il te regarde et il a des questions, des questions qui l'accompagne depuis cette nuit, et bien qu'il avait laissé passer la tourmente plus tôt, là que vous avez du temps, tout le temps du monde, elles lui reviennent en bouche, se laisse couler contre son palais.

Alors, Mephisto hein, depuis combien de temps tu le connais cet énergumène ?

Le cheval broute de l'herbe, il y a une petite brise, de quoi faire frémir sa joue. Droit comme un piquet, il reste toujours à cheval, tenant à peine debout, alors que tu lui expliques ta rencontre avec Mephisto.
Alors c'est ainsi, juste une rencontre fortuite, une histoire de miroir. Quelle malchance qu'il se dit, mais Kiana n'est pas du genre à lui mentir, elle n'est pas comme lui, non, qui ment comme il respire. Et la conversation aurait pu s'arrêter là, elle aurait dû oui, mais c'est alors que Kiana, d'un ton accusateur, le pointe du doigt.
Et lui
et lui alors ?
D'où ?

Moebius se sent plein de sueurs
d'où ?
C'est vrai ça, pourquoi tu le connais, ce petit démon ?
d'où ?
il éponge son front d'un revers de manche, ses blessures le lance, il lève les yeux au ciel un instant pour réfléchir avant de les reposer sur toi.

Je le connais du marché noir, je l'ais vu trainer là-bas, c'est un informateur où je me trompe ?

Il essaie tant bien que mal de se rattraper, espère que son petit tour de passe-passe n’éveillera pas les soupçons, il n'a vraiment pas, mais alors vraiment pas le temps pour ces histoires là, celles de ses cauchemars. Car si Moebius est bien le premier à avoir lancé ce sujet de conversation, il est bien le dernier à vouloir avouer une vérité bien gardée. Il regarde le crin de son cheval, essaie de changer la conversation.

A ton avis, ils doivent se reposer combien de temps les chevaux ? J'ai tellement chaud, j'ai hâte de rentrer...

Il fait mine de tanguer, se reprend au dernier moment, pour accentuer son côté fiévreux, alors qu'en réalité il se sent beaucoup mieux, si ce n'est pour ces blessures. Oula...t'inquiète va, je vais tenir le coup. Tout n'est que mirage, il préfère détourner son attention, jouer de son amour oh pardonnez-lui il ne peut juste pas s'avancer sur ce terrain glissant, c'est un chemin sans retour, alors mieux vaut rebrousser chemin. Oublie tout ceci, oublie ce qu'il a dit, revenez-en à dos de cheval à chevaucher cette belle contrée dans laquelle vous n'aviez même pas été accepté.e.s, même pas considéré.e.s, vous les rebuts du désert, vous les enfants du sable. Et puis qu'est-ce que ça pouvait faire, qu'il le connaisse après tout, tu le connais bien toi, ce n'est pas étrange n'est-ce pas, une rencontre au marché noir, on en rencontre tous les jours des types louches là-bas, et au désert on est bien obligé de faire avec, tu ne chercheras pas plus loin Kiana n'est-ce pas ? pas avec lui dans cet état non ? Tu ne lui ferais pas ça va....va....c'est une discussion pour un autre jour, un jour qui ne viendra jamais buté comme il est, car tu es tout ce qu'il a de famille, il ne veut pas voir dans tes yeux, cette déception qu'il craint tant.