Il y a quatre ans...

tap tap tap
claques les chaussures contre les escaliers, sur la pointe elles se mettent, crissent contre la pierre. Une petite main tendue tout doigt dehors s'étire...s'étire, enfin l'index arrive a attraper la bien haute sonnette. tap tap tap s'échappe l'oiseau, vite bien vite elle s'enfuit son méfait commis, si tant est qu'on peut l'appeler ainsi, elle ne dérange personne n'est-ce pas elle préviens juste du courrier qu'elle a livré plus tôt, papier voltant dans l'air avant de glisser avec aisance par dessous la porte.

Poussant son cortège le long de la route, elle rentre au bureau de poste, et tend sa main tout en mouflée au réceptionniste, montrant le sac vide, elle ne parle pas, fait juste un signe de "donne" de la main. Le jeune homme au guichet est amusé mais il lui tend le papier qu'elle rempli scrupuleusement, avant de lui redonner, en échange il lui donne le sacré argent avec lequel on peut faire tant. Elle regarde les petites pièces dans sa moufle briller, avant de sortir une sorte de portefeuille cousu avec des restes de vêtements, elle les glisse dedans et remet celui-ci à sa place dans l'une de ses grandes poches de manteaux.

Elle se  frotte les mains et attrape sa luge, le sac dessus est vide, elle passe le cordage par dessus une épaule et elle se dépêche de rentrer. Elle n'aime pas être loin de son logis de fortune, elle a peur de perdre le peu de ce qu'elle a. Elle est installée prêt des grilles de métro, loin de la bouche, juste sur le passage, essayant de profiter de la brise chaleureuse qui s'en réchappe.

On lui avait bien déjà dit qu'il y avait des appartement de disponible
mais les maisons sont faite pour vivre en famille, tel un animal, Mariette, esseulée de celle-ci préfère dormir à la rue. Elle ne veut plus se construire de famille, plus jamais, elle en a qu'une, elle n'en avait qu'une, si celle-ci mourrait, alors le mot entier mourrait avec elle.  

De plus,
ce carton c'était son propre petit paradis, loin de tout ses adultes voleurs et grognant, même si elle ne peut pas toujours leur échapper, régulièrement elle doit déménager ce dernier pour ne pas se faire attraper par les autorités qui essaie de la placer dans des familles d'accueil ou même encore pire, des maisons d'enfants plus communément appelé orphelinat. Qu'est-ce qu'elle hait ce mot, elle n'est pas orpheline, elle a un papa et une maman, et un jour iels seront là. Un jour... (heureusement sa petite taille, même pour son âge, lui permet de s'échapper par tous les dédales, plus rapide qu'un rat).

La voilà déjà qui arrive, sa tournée l'a épuisée, elle pousse sa luge derrières des poubelles dans ce recoin de ruelle et se met en boule dans son cocon de carton. Tout emmitouflée comme elle est, on pourrait presque la prendre elle aussi pour une poubelle, ses bottes, usé jusqu'à la semelle sont bien ficelées par dessus au moins quatre paires de chaussettes plus ou moins chaudes, elle porte plusieurs leggings en guise de pantalon qui la boudine et son haut disparaît dessous la grosse doudoune coupe-vent qu'elle a revêtit, ses cheveux fou enfin, son caché, emmitouflé dans plusieurs foulards dignes des plus vieilles babouchka.

Elle est tel un chat des rues, ne dormant que d'un œil, prête à hisser sur le premier venu qui viendrait lui chercher des noises, ou s'enfuir si la police reviens, ce qui n'est jamais bien loin. Elle ne fera pas de doux rêve, voilà bien longtemps que ceux-ci l'on quitté, ses nuits sont parcourut de cauchemar saupoudré de gris couleur débris et de cris, de prière aussi, elle qui ne croit qu'aux conte de fées. Malgré tout même dans ses rêves les plus désespérés elle reste cette farouche gamine qui se croit capable de tout faire mieux que les grands. Elle ne se traite jamais en victime, et dans ses rêves, son courage la poursuit.

Elle dorlote ses cauchemars, si épuisée par sa tournée, elle s'est endormit pour une fois à poing fermé. Alors c'est dans un sursaut que la voix la réveille, bien que celle-ci soit douce comme un été. Elle sursaute tel un chat et renverse sur le côté son carton, elle en prime, les quatre fer en l'air. Bien vite elle se redresse, un pied puis l'autre devant l'autre, de long cheveux s'échappant en tout sens de ses foulards. Elle regarde avec de grands yeux effrayés l'homme qui s'est approché. Mais bien vite sa mine se fronce, ses sourcils surtout et sa moue se tord.
Sa peur s'enfuit, ce n'est pas la police, c'est un homme bien habillé, comme il y en a tant d'autre qui passe et repasse le long de la chaussé. Peut-être a-t-il un regard plus attendrit mais elle refuse de le voir, c'est un adulte, ils sont tous pareil pour elle.
Alors elle aboie à défaut de pouvoir mordre :

C'est qui q'tu traite d'ange !? Pas touche !! Reculez !! Y a rien à voir passez ton chemin !

Sa langue est approximative, elle siffle hisse, se rebelle contre cette doucereuse voix qui veut à son tour la dorloter. Il n'y a de place dans ses bras que pour ses cauchemars, elle ne veut pas d'autre, pas d'autre ! Tous les autres sont comme un poids pour elle, elle ne veut pas s'en encombrer, elle se débrouille très bien d'abord ! Elle n'a pas besoin d'eux, pas besoin de ces adultes encombrant avec leur grands mots.

Elle tourne la tête en tout sens, cherche autour d'elle d'un regard, puis fini par attraper sa luge pour la tenir devant elle tel un bouclier, bien maigre défense, mais elle ne sait pas quoi faire d'autre, elle ne peut pas s'échapper car l'homme est devant la seule entrée de la ruelle, et se recroqueviller tout au fond de celle-ci n'est pas une solution non plus. Elle ne sait pas encore s'il lui veut du mal et si c'est le cas, il faut qu'elle reste proche de la grande rue pour appeler à l'aide.

Après tout, même si imaginons qu'elle ne fut pas biaisé, comment savoir qu'il ne lui veut pas de mal ? Ce n'est pas parce qu'on est à Polaris, cité ultra surveillée qu'elle peut s'y penser en sécurité. Ce n'est qu'une enfant, à l'imagination débordante et dans cette situation, elle débordait du mauvais côté. Elle s'avance d'un pas vers lui, poussant la luge par à-coup comme pour lui montrer que s'il s'approche plus elle le frappera avec. Oh toi étranger ne prend pas à la légère la brebis retranchée, elle sait être violente, elle a de ses colères qui en ferait pâlir plus d'un, prend tes jambes à ton cou, pourquoi insister, pourquoi rester, elle même ne comprendrait pas qu'on puisse vouloir l'aider, tout n'est qu'entrave, réussiras-tu a apprivoisé pareil chat sauvage ?

C'est ça qu'elle pense, encore un qui pense pouvoir l'adopter, encore un qui pense pouvoir la dompter, encore un qui ne se met pas à sa hauteur, encore un encore un, l'enfant bout et ses joues s'empourpre de colère. Rouge elle sera ! Tu t'excuse de tes manières, elle renifle bruyamment l'air de dire qu'elle s'en fiche, ce n'est pas tes manières qui l'incommode, c'est tout ton être.

Tout toi, ce toi trop adulte, au habits trop joliment repassés, à l'allure de grand monsieur qui d'habitude ne se retourne pas sur les moins fortuné.e.s. Est-elle sensée être ta bonne action de la journée ? Il n'y a rien qu'elle hait plus que la pitié, ne l'a prend pas par ces pincettes là, elle risquerait de te pincer, vois comme son visage se tord, d'un air dégouté. Elle gargouille dans sa gorge, puis crache à tes pieds.

Es-tu seule ?
En quoi ça te regarde
N'y a t il pas de lieux
Est-ce que ça te regarde ?
Vraiment... v r a i m e n t
Qu'est-ce que ça peut faire si ici c'est chez moi ?! Qu'est-ce t'y vas y faire hein ?!

et elle bout, mais quand bien même elle bout de cette phénoménale colère, de celle qu'on l'on éveille que par mégarde, et qui tonne le long des collines, ses épaules se délasse, ses bras abaisse un peu la luge. Paradoxalement elle s'apaise. Après tout tu lui laisses champ libre pour si elle veut s'enfuir. Mais elle ne veut pas s'enfuir, elle essaie de savoir quel genre de type tu es, si elle peut te pousser à bout, si tu es de ceux trop gentil qui va lui offrir de quoi manger gratuit, car à ça, elle dirait pas non tu vois. Elle reste pragmatique malgré ces rêveries, c'est qu'il fait froid dehors, et on ne dit jamais non à se faire inviter, alors elle tâte le terrain à sa manière :

Tu crois t'es un s-a-m-ma-maritain ? Ou alors t'es de la police ? est-ce que t'es de la police ?! c'est une nouvelle technique pour me mettre en famille ?! NON !

Et elle tape du pied, ses yeux s'emplissant de larmes, elle déborde en elle, elle repose la luge pour agripper tous ses cartons et dans ses bras trop petits, ils dépassent en tout sens. Elle est prête à courir si jamais il s'avère qu'il est de ces messieurs aux képis, de ceux qui veulent la placer quelque part, comme si elle pouvait se recréer une famille sans rien dire, comme si elle n'en avait pas déjà une quelque part...elle secoue la tête de droite à gauche, sèche ses larmes de cette manière sauvage. Elle ne se laissera pas faire, elle ne se laissera jamais faire, elle se l'était promit, pour elle, pour elleux. Un papa elle en avait déjà un, qu'est-ce que tu essaies de faire là ? tu ne le sera jamais pour elle.

NON ! Il résonne encore comme une sentence dans son crâne. Ce doux mot qu'elle souhaite prononcer jusqu'aux confins du mont glacé. Son cri est si fort, il tonne dans la ruelle et en pensé elle s'imagine avalanche, qu'elle s'écroule sur tes épaules, affaisse ta taille imposante, renverse tes sourires, étouffe ta bonté. Avant que cette dernière ne la rattrape. Mais quelque part il est trop tard, sens-tu le changement ? Elle ne pleure plus, elle a décidé, et ses cartons glissent un peu de son emprise alors que tu dis t'inquiéter pour elle. Bah, iels disent toustes la même chose ! mais ça ne veut rien dire pour elle, si on s'inquiétait vraiment d'elle alors on lui rendrait ses parents ! On essayerait pas de lui chercher des pâles remplaçants ! Mais tu n'es pas un poulet c'est tout ce qui compte à présent.

Tu es donc de ces bons monsieur bien habillé qui pense faire un bon marché, un peu d'ego contre de la nourriture à une gueuse, quoi de mieux ? Elle renifle encore mais ne cherche pas à te cracher à nouveau dessus. Elle relève même le menton, vois-tu comme elle est fière ? C'est un Lion, et sa crinière qui s’échappe de ses tissus frappe son visage de mèches ébouriffées. Derrière ses lèvres asséchées par le froid elle imagine déjà la chaleur du chocolat contre celles-ci. Elle dégluti en te prenant toujours de haut, et sur le ton le plus hautain possible elle énonce comme une évidence :  

Un chocolat chaud et des pâtisseries, montrez le chemin.

Et elle s'apprête à lui emboîter le pas, reposant définitivement ses cartons. Des qu'il tourne son dos un large sourire vient habiller son visage, elle est excitée à l'idée d'être au chaud pendant un instant. Soulagée aussi, peut-être qu'elle pourra réchauffer ses pauvres doigts, les gants ne suffisait pas. Elle le suit tout en tenant ses distances, tel un chaton effrayé qui tâte le terrain. Elle continue de regarder autour d'elle, comme si le danger est imminent et qu'il peut venir de partout, elle essaie de se faire petite souris, que les chats dansent donc, elle ne veut pas aller au bal. Non elle préfère en catimini suivre cette montagne aux larges épaules en face d'elle. Elle observe ses cheveux gominés, sa belle stature. Mariette se demande s'il a des enfants, si elle lui fait de la peine car il pense à eux en la voyant. Elle se demande bien oui, ce qui pousse cet homme autre que cette pauvre excuse que demain elle sera adulte, à bien vouloir l'aider. Dans sa tête il n'y a pas beaucoup de possibilité, et bien qu'elle penche pour le fait qu'il la prenne en pitié, elle n'en est pas assuré.

Arrivé devant l'échoppe les yeux de mariette s'émerveille, elle reste un instant interdit, est-ce qu'on va la laisser rentrer avec ces usés habits ? Elle hésite, mais te vois lui faire une révérence et sa confiance remonte alors le menton levé elle te passe devant sans dire merci, comme si c'est de droit qu'elle passe devant toi. A l'intérieur la chaleur est tel un cocon, elle se répand sous toutes ses couches de vêtements. Elle s'avance et une dame vient demander pour combien de personne c'est. Mariette regarde ses pieds en répondant "deux", puis, vous voilà invité.e.s à prendre place sur l'une des nombreuses tables. Il y a quelques personnes et leur discussion créée un brouhaha rassurant. Mariette décide d'aller s'installer là où il y a un canapé bien moelleux. Sur la table, la carte est posée, elle la prend entre ses mains et la redresse, faisant disparaitre son visage concentré derrière. Il y a tellement de chose sur cette carte elle ne sait pas quoi commander, elle lit et relit mais elle ne connait pas la plupart des desserts qui sont inscrit. Elle est titillée entre prendre un moelleux au chocolat qui est une valeur sûr, ou quelque chose au nom qui lui semble exotique, comme des profiteroles, des macarons, un succès, tant de jolis noms ! Enfin la dame revient avec un petit calepin, et Mariette bafouille.

Euh des...euh...un chococlat chaud, elle rougit devant le mot fourché mais se reprend vite, et des pro-pro-fiter-oles.

Elle reste le visage résolument derrière la carte, mais voilà que la serveuse l'attrape pour lui retirer, Mariette retiens par instinct la carte entre ses mains ce qui rend très confuse la serveuse, celle-ci se penche vers elle pleine d'empathie et lui demande si elle veut bien lui rendre la carte, ce à quoi une mariette toute rouge ne répond pas, mais ferme cette dernière avant de lui tendre comme si de rien n'était.

Voilà
vous êtes face à face
elle ne sait pas quoi te dire
elle a peur de toi de ta gentillesse de tes mots tous doux comme des chocolats.
est-ce que tu vas la faire fondre dit ? Elle ne veut pas, tu n'es pas de sa famille, qui es-tu si ce n'est un inconnu
et inconnu tu resteras, un inconnu d'une fois, qu'une fois lui avait donné pitance.

La chaleur commence à devenir insupportable, elle n'a plus l'habitude, alors elle se défait de quelques couches de vêtements, retire sa doudoune et s’empêtre dans ses foulards, elle pose le tout à côté d'elle en plus de ses gants en soupirant comme si ça lui demande un effort de retirer le tout. Sous sa doudoune elle porte un pull à col roulé un peu mité. Par les petits trou on peut apercevoir qu'elle porte un haut coloré dessous.