Ton coeur ; un Jolly Rancher

Tu croyais à une vie ennuyeuse au Désert des Oubliés. La blessure est encore beaucoup trop récente. Ta rancune ne fait que s’accroître plus tu y songes. Pourquoi n’avais-tu pas eu l’accès aux pays développés toi aussi ? Rejeter les plus malheureux et les malades. Fermer les yeux à ceux qui en avaient le plus besoin. Quelle justice ; ça te démontre davantage la beauté humaine. Quelle saloperie. Et c’est toujours de la faute des autres, pas vrai, Lucius ? Ta mentalité est dérangée. Des idées pas nettes et des actions incorrigibles. Tes œillères t’empêchent de voir la vérité en face. On a préféré exiler le psychopathe afin de protéger les siens. Ceux qui tiennent à la vie et qui ont un but précis pour celle-ci. Du coup, tu tournes ces inconvénients en avantages. Ici, là où le soleil agonisant transpercent vos êtres de sa chaleur accablante, tu es libre. Libre de faire comme bon te semble. Il n’y a pas d’autorités qui viendront enfreindre ta route. Condamné à vivre dans un Enfer sur Terre, tu ne risques plus les barreaux.

Et il s’y fait à cette liberté délivrante. Son souffle est court, ses pas rapides. On a osé lui causer du tort. Ils viendront à l’apprendre assez tôt : On ne se frotte pas à Lucius Ellstrom. Ses enjambées ; beaucoup plus larges et rapides que les siennes. Il ne tarde pas à rattraper sa proie, agrippant son poignet. « Redonne-moi les et tout se passera bien. » Il n’y a presque rien qui lui appartient dans ce nouveau monde. Alors comme les autres, il repart à zéro. La petite voleuse tente de se défaire de son emprise en vain. « S’il vous plaît… Je voulais seulement… J’ai aussi mon petit frère à nourrir... Je vous en prie. » L’expression du jeune Suédois demeure de marbre sous de tels supplices. Un sourcil légèrement arqué, il la juge quelques secondes :

- Do I look like I give a single fuck ? Faut que tu apprennes… Dans le Désert, c’est ‘eat or get eaten’. Ni plus ni moindre. Et t’es pas tombée sur le plus généreux.

Il serre l’emprise sur son arme avant de remarquer un poing tendu vers lui. Elle est prête à lui redonner son argent ; elle n’a qu’un objectif en tête… Prendre ses jambes à son cou et se sauver. Elle tenait à voir un jour de plus de sa misérable vie. Du coup, il fait de même. Ses griffes relâche son poignet et la fille ne se fait pas prier. Aussitôt, elle lui tourne le dos et court dans cette même direction. Le loup ne fait qu’une bouchée de la brebis. Suivant ses pas, la lame se plonge entre ses deux omoplates. Une fois, puis deux, puis trois… Il en arrive à son vingt-quatrième coup avant de se relever. D’un regard satisfait, il observe son œuvre. Le corps inanimé de la jeune inconnue.

Quel gâchis. Il a l’air d’un enfant après avoir empiffré un spaghetti à la sauce tomate. Ses vêtements, sa peau et ses cheveux sont teintés de cette substance carmine. Un arôme métallique désagréable commence tranquillement à émaner de son être. Et ce n’est pas seulement le sable qui allait nettoyer tout ça. Il part donc en direction de l’Oasis, quittant son campement armé rien que de deux gourdes. C’est presque inquiétant de le voir aller. Il est parmi tant de gens qui, tout comme lui, profite de la seule source d’eau potable du territoire. Et ça lui est insupportable : les voix, les rires, les divers bruits que produisent ces bêtes sauvages. Il tente de les ignorer, eux et leurs regards insistants. À genoux devant l’étendue d’eau, il remplit une première bouteille qu’il se déverse sur la tête. Le liquide maintenant souillé vient s’écraser sur le sable chaud. Faute de serviette ou tout type de tissu pouvant aspirer l’excédent d’eau, il la secoue vigoureusement tel un animal canin.

Son genou creusant dans cette surface sans fin, un objet rigide vient en sa rencontre. Il abandonne alors toute activité afin de déterrer cet élément plutôt agaçant. Miroir, miroir joli, qui est le plus beau au pays ? Investiguant de près sa trouvaille, il passe ses doigts sur le relief au dos de celle-ci. « Tiens, en voilà une drôle de découverte… » qu’il murmure. Il vient à croiser son propre regard dans le reflet. Sur cette surface même s’y présente également un second visage. Lui qui croyait avoir trouvé un petit périmètre tranquille, il se sent presque offusqué par la présence indésirable d’une autre personne dans son territoire.

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Sa tête se déplace de quelques millimètres, toujours accroupi devant l’Oasis. Il se sert de ta silhouette afin de s’épargner les rayons du soleil qui pourraient lui transpercer la rétine. C’est donc toi l’être nuisible qui vient l’interrompre dans l’un de ses rares instants de paix. Il abandonne ses gourdes qu’il recouvre de sable histoire de conserver le plus de fraîcheur possible. Ses sentiments envers toi ressortent de la contrariété ; un peu plus et il roulait ses yeux vers l’arrière. Quel chic type ce petit Suédois, super sympathique envers le premier venu. Lentement mais sûrement, sa colonne se redresse accompagné d’un soupire et il te fait face, plongeant le marron de ses iris dans les tiennes. La prise qui détient le miroir se resserre.

- D’accord… Et tu es… ? Il baisse les yeux sur sa trouvaille. Ah ça ? C’est à toi ?

Lucius ne te croit pas une seule seconde. N’importe qui peut déclarer un objet perdu sien et il n’était pas prêt à le rendre si facilement. Il le fait pivoter, l’observant sous tous ses angles : « Au dernière nouvelle, y a pas de nom écrit dessus. » Et puis après, ça serait quoi de te le redonner ? La solution est si simple… Vue d’un autre œil que le sien. Il a cette mentalité enfantine : Qui trouve, qui garde. Les détails et le matériel ne semblent pas non plus faire preuve d’un travail bâclé. En effet, rien que par son allure, il en devine sa valeur. La ‘modique somme’ que tu es prêt à lui offrir n’égalerait sûrement pas celle qu’il obtiendrait en le revendant.

Son refus exprimé, il retourne à sa position initiale. Ayant camouflé le miroir sur sa personne, le garçon agit maintenant comme si tu ne t’étais jamais pointé,  ignorant ta présence. En toute honnêteté, il n’était pas en moyen de se battre, ayant laissé ses armes à son campement. Celles-ci avaient été dissimulées à l’intérieur d’un coffre verrouillé à double tours puis recouvert d’un bout de tissu quelconque. Or donc, il ne pouvait se permettre de s’absenter plus longtemps qu’il n’en avait besoin. « Je ne changerai pas d’idée, ne me fais pas perdre mon temps, il est compté tu sais », il t’avertit en versant de l’eau sur ses avant-bras, le sang séché devenu pourpre. Il n’a qu’un but en tête : Se dépêcher et retourner là où ses biens et matériels ont été laissés sans surveillance. S’il a un peu de chance, il viendrait à attraper un voleur la main dans le sac. Fais attention, Maverick, le garçon a la mèche courte et la pression ne fait que la raccourcir.

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Le démon était prêt à t’épargner, Maverick… Il était retourné à ses occupations, espérant s’en sortir aussi facilement. Il est plutôt rare que le Suédois garde son calme. Et il y a une raison derrière cette retenue. Le loup s’était lui-même attaché la muselière. Ne pouvant que montrer les crocs, il se devait de gérer la situation sans un seul moyen de défense. Parce qu’au fond, il le sait qu’il a rarement l’avantage sans ses précieuses armes. Sans l’ombre d’un doute, ta masse musculaire est nettement plus travaillée et imposante que la sienne. Néanmoins, ça ne l’arrêtera en rien. Son corps frêle et chétif serait prêt à affronter un tas de muscle, rien que pour ne pas avoir à piler sur son orgueil.

Tu commences à brandir le drap rouge devant le taureau et ses actions s’interrompt, comme s’il était figé dans le temps. Tes mots ont l’effet d’un crachat au visage, voire pire, une bonne baffe sur la gueule. Le silence plane. Ses méninges s’activent et il cherche les bons mots afin de trancher les tiens. On ne va pas se mentir, les débats et confrontations verbales n’ont jamais fait bon ménage avec ce psychopathe. Il répond toujours en faisant couler le sang. Faute de manque d’éducation ? Probablement. Aussitôt qu’il put rejoindre les bancs d’écoles, le garçon était toujours turbulent… Un problème sévère d’attention ? Probablement. On le transféra au moins une ou deux fois d’établissement car le gamin cherchait toujours la bagarre. Il en venait parfois à insulter ses instituteurs aussi. Une vraie peste incontrôlable. Inévitablement, un tel comportement ne put aider dans son développement psychologique.

Te voilà qui rajoute une couche sur la peinture encore fraîche. Son sang se réchauffe et tranquillement, il se rend à ébullition. Un mot de plus et ton fameux miroir se serait retrouvé dans le fond de l’Oasis. Car dorénavant, il n’en avait qu’à faire de cette cochonnerie. Tu es frotté à lui, tu viendras certainement à te piquer. Il se relève encore dans un soupire, mais cette fois-ci, un sourire est accroché à ses lèvres ; desquelles s’en échappent un ricanement.

- Je vois… Tu veux jouer au plus malin. Tu aurais pu t’éviter ça, tu sais. Trop tard, tu l’auras chercher.

Il t’affirme tout ça en tenant bien droit devant toi. Son poing gauche se resserre, tant que les nerfs commencent à lui faire mal. D’un seul mouvement rapide, ses jointures viennent se fracasser contre la partie supérieur de ta joue droite. Il arrête ensuite ton vacillement en empoignant ta tignasse brune, forçant vos pupilles à se rencontrer. « Tu me fais chier pour si peu ? T’as qu’à aller t’en acheter un autre si c’est aussi cheap que tu le laisses prétendre. J’ai d’autres chats à fouetter qu’un raté comme toi. J’en tue des tonnes des vermines de ton genre. Il serait mieux que tu me foutes la paix. » Il te balance vers l’arrière en relâchant l’emprise sur ton crâne.

Comparées à tes ripostes, ses paroles ont beaucoup moins d’impacte. Du coup, il se montre menaçant. Sans même être certain que la partie était gagnée. Il était prêt à détourner les talons et partir en direction de son campement. Certainement, tu n’allais pas te laisser faire. Il demeure confident dans ses derniers gestes. Il espère bien avoir instauré en toi une crainte qui te fera reculer. Pauvre Lucius, s’il savait à qui il avait à faire…

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Ton coeur ; un Jolly Rancher

Lucius Ellstrom c’est la feuille qui s’envole au vent. Il joue les durs, tandis qu’il n’a pas la moindre chance pour la plupart du temps. Sauf qu’il a le crâne épais le petit, et lui forer une leçon à l’intérieur est quasi impossible. La souris ose tenir tête au chat ; prenant tes paroles avec une touche d’insignifiance. Il se moque totalement de toi. C’est presque marrant de voir le Suédois tenter d’éviter un conflit (inévitable). À l’instant qu’il sent ta main sur son épaule et le retourner, il s’exclame.

- Mais fous-moi la p—

Au ralenti… Il voit tes jointures lui faire face et s’écraser contre sa figure. L’impact provoque automatiquement un vacillement et il en perd sa balance. Franchement, il ne s’attendait pas à une telle force. Parce qu’il était convaincu que ses mots avaient suffit. Un avertissement ; le chien pouvait mordre à tout instant et ce serait finit pour toi. Ne se doutant pas une seconde que ta mâchoire était plus puissante et tes crocs plus acérées encore.

Ses tentatives échappatoires n’arrivent pas à contrer les prises que tu lui fais subir. Tes techniques sont infaillibles et il ne saurait comment les contrer. Il ne s’était pas encore tout à fait remis de cette droite qui transforma ses dents en un véritable piège à ours pour sa langue. Le sang s’accumule dans sa gueule qu’il recrache également sur le sol. Les grains de sable lui picotant la moitié de son visage, ils se collent aussi à ses cheveux toujours humides. Avec son bras libre, il tente de s’appuyer dessus afin de se relever… En vain, entièrement cloué par ton poids.

Ça ne fait que le foutre davantage en rogne. Lorsque Lucius n’a pas le contrôle de la situation, ça le fait sentir mal. Effectivement, il est misérable. Tu étais venu le voir d’un entrain plutôt sympathique, réclamant ce qui était tiens. Nombreux (si pas tous) porteraient à dire qu’il n’a ce qu’il mérite. Pourtant, ton coup n’a pas suffit à lui remettre les pendules à l’heure et s’il le pouvait… Il te tuerait à cet instant même. Il vient à y rêver : Admirer ton corps inanimé dans une flaque écarlate suite à une trentaine de coups de lame. Pourquoi une trentaine ? Il se serait défoulé. Toute cette rancune qu’il accumule se déverserait dans chaque élan. Il juge que tu ne mérites pas la mort par balle ; ce serait trop rapide.

- Oh, les choses que je te ferais subir si je le pouvais…

Sa mâchoire se resserre sous la pression que tu ajoutes sur son bras que tu lui replis derrière le dos. C’est dommage… Il était beaucoup trop tard pour qu’il envoie le miroir faire trempette dans l’Oasis. Il s’en veut de ne pas l’avoir fait plus tôt. « Go fuck yourself » est sa réponse définitive. Il aurait un couteau sous la gorge que sa détermination serait la même. Peu importe la valeur de cette trouvaille, il ne comptait pas te la rendre de son gré. Tu lui fais connaître humiliation devant quelques paires de yeux qui assistent malgré eux à la scène. Ça lui devient insupportable.

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You gon' bark all night, huh, little doggy? Or you gonna bite?

Dans ses yeux miroite tant de haine en ton égard. Tu as bien raison, il est étonnamment tenace le petit Suédois. Tu le tiens entre tes crocs, mais il espère toujours que ton emprise ne se défasse qu’une seconde le temps qu’il reprenne le dessus. Mais tu as presque réussit, Maverick. Le sourire s’est estompé de son visage et il ne rigole plus. Au lieu de t’attaquer physiquement, il tente de faire usage de sa langue. Ça n’a pas grand effet sur toi, certes, donc il revient toujours à la charge. Cherchant les mots pour te provoquer. À quoi en viendra-t-il ? Son obstination ne le mènera nulle part et il ne s’aide en rien. Sauf qu’il ne le voit pas. Et il ne se résignera pas à s’avouer vaincu. Ça heurterait beaucoup trop son égo. Ça ferait de lui un faible et il ne pourrait se le pardonner.

Enfin, tu le libères une fraction de seconde et il en profite pour s’appuyer sur son avant-bras. Juste assez pour ne pas qu’il continue à se manger du sable plein la gueule. Néanmoins, ton poids le retient de tout mouvement supplémentaire. Ta nouvelle position n’étant pas des plus rassurantes, il en devine rapidement ton intention. « Dra åt helvete » il te crache avant que tu lui assènes le coup critique. Il n’a pas le temps de l’anticiper que son humérus quitte la glène. La douleur parcourt une partie de son bras et son muscle pectorale. Il aurait bien aimé de démontrer de l’indifférence, mais il en est incapable. Essayant tout de même d’étouffer un cri, tu peux l’entendre gémir les dents serrées.

Ton pied fracasse sa cage thoracique et il te fait maintenant face, complètement vulnérable. Ça le dégoûte… Il se revoit dans cette pièce crade avec cet adorable géniteur qui le roue de coups. Pour le faire apprendre qu’il prétextait. Parce que le gamin n’a jamais pu apprendre ce qui était jugé bon ou mauvais. C’est au moment où il inspire qu’il se rend compte… Chaque gonflement de ses poumons est insupportable. Ses griffes viennent à agripper ton avant-bras. Ton visage surplombe le sien, envers lequel il y voue une haine sans limite. L'arôme métallique se fait de plus en plus discrète quoiqu'il profite de ce dernier instant pour te cracher le reste dans la figure. S’il aurait la mâchoire d’un canidé, il se ferait une joie terrible à te la dévorer. Sentant chacun de tes muscles se déchirer sous une dentition pointue et acérée. Il voudrait te défigurer ; ne plus jamais être témoin de ton air hautain. Et ainsi, tu aurais à craindre les reflets.

De cette démonstration, tu lui as injecté un sédatif qui le calme. Bien qu’extérieurement, il laisse son bras retomber sur le sol. Félicitations Maverick, tu as mordu le husky à l’oreille ; tu as dompté la bête féroce ! La malice quitte peu à peu ses traits et un regard déviant prend la place. Il n’y a pas seulement ton corps qui l’écrase, mais aussi l’humiliation que tu lui fais subir. « Ça va… J’ai compris. Relâche-moi que je te redonne ta cochonnerie. » Le sens-tu venir ? Peux-tu réellement lui faire confiance ? Une chose est certaine, il ne tentera de t’en mettre une autre.

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